Ernest Miller Hemingway (1899-1961) est l’un des écrivains américains les plus influents du XXe siècle. Né à Oak Park, Illinois, il débute comme journaliste avant de s’engager comme ambulancier pour la Croix-Rouge pendant la Première Guerre mondiale, où il est gravement blessé en Italie.
Dans les années 1920, il s’installe à Paris où il côtoie la « Génération perdue » et publie son premier roman majeur « Le soleil se lève aussi » (1926). Sa carrière d’écrivain est marquée par des œuvres puissantes comme « L’adieu aux armes » (1929) et « Pour qui sonne le glas » (1940), inspirées par ses expériences de guerre. En 1952, « Le vieil homme et la mer » lui vaut le Prix Pulitzer, suivi du Prix Nobel de littérature en 1954.
Journaliste engagé, aventurier passionné et écrivain novateur, Hemingway développe un style d’écriture dépouillé qui révolutionne la littérature moderne. Souffrant de problèmes de santé graves, notamment d’hémochromatose, il met fin à ses jours à Ketchum, Idaho, le 2 juillet 1961.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Le vieil homme et la mer (1952)
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« Le vieil homme et la mer », écrit par Ernest Hemingway en 1952, met en scène Santiago, un pêcheur cubain vieillissant qui n’a pas attrapé le moindre poisson depuis quatre-vingt-quatre jours. À La Havane, sa malchance lui vaut d’être considéré comme maudit par les autres marins. Même Manolin, le jeune garçon qui l’accompagnait en mer depuis ses cinq ans, a dû le quitter sur ordre de ses parents pour rejoindre un bateau plus chanceux. Pourtant, leur amitié reste intacte : chaque jour, l’enfant apporte au vieil homme du café et des journaux.
Un matin, Santiago décide de partir seul en mer, bien décidé à briser cette série noire. Il s’aventure plus loin que d’habitude dans le Gulf Stream et accroche enfin un espadon gigantesque, plus grand que sa propre barque. S’engage alors une lutte épique de trois jours et trois nuits entre l’homme et l’animal. Le vieux pêcheur, tenaillé par la faim, la soif et l’épuisement, refuse d’abandonner malgré ses mains en sang et son dos meurtri. Il voue un profond respect à ce poisson qu’il considère comme son frère, son égal.
Ce roman court, parfois qualifié de « fable » ou de « récit allégorique », a été un tournant dans la carrière de l’écrivain. Il lui a valu le prix Pulitzer en 1953, puis a contribué à l’obtention de son prix Nobel de littérature en 1954.
Aux éditions FOLIO ; 144 pages.
2. Pour qui sonne le glas (1940)
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En 1937, la guerre civile espagnole fait rage. Robert Jordan, un Américain idéaliste venu combattre dans les Brigades internationales aux côtés des Républicains, se voit confier une mission : dynamiter un pont pour entraver l’avancée des troupes franquistes lors d’une offensive imminente.
Spécialiste des explosifs, il s’infiltre derrière les lignes ennemies et trouve refuge auprès d’un groupe de guérilleros dans les montagnes de Ségovie. Le moral des partisans vacille sous l’autorité chancelante de leur chef Pablo, homme brisé par l’alcool. Sa compagne Pilar, femme indomptable aux allures de pythie, tient le groupe d’une main de fer. Dans cette atmosphère électrique, Robert s’éprend de Maria, jeune femme meurtrie par les sévices des phalangistes.
Le roman se concentre sur les trois jours qui précèdent l’opération. Le temps suspendu de l’attente fait surgir les démons de chacun. Les doutes s’installent sur les chances de survie après le sabotage. Entre les préparatifs minutieux et les tensions qui couvent, une romance intense se noue entre Robert et Maria, comme un défi lancé à la mort qui rôde.
Ce roman puissant, nourri par l’expérience d’Hemingway comme reporter de guerre, dresse un tableau sans concession du conflit espagnol. L’écriture, dépouillée et percutante, traduit la violence des combats comme la profondeur des sentiments. Les dialogues, parsemés d’expressions espagnoles, insufflent une authenticité poignante à ce récit où l’héroïsme côtoie la barbarie.
Aux éditions FOLIO ; 512 pages.
3. L’adieu aux armes (1929)
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En 1915, alors que l’Italie s’enfonce dans la Grande Guerre, un jeune Américain, Frederic Henry, sert comme lieutenant dans le corps des ambulanciers de l’armée italienne. Dans un hôpital militaire près du front, il fait la connaissance de Catherine Barkley, une infirmière anglaise.
Ce qui commence comme un flirt se transforme en amour passionné lorsque Frederic, grièvement blessé par un obus, se retrouve patient dans l’hôpital où travaille Catherine. Leur idylle prend de l’épaisseur pendant sa convalescence à Milan, loin des combats. Mais le retour au front est inévitable, et la débâcle de l’armée italienne à Caporetto précipite leur destin : Frederic, menacé d’exécution comme déserteur, s’enfuit avec Catherine vers la Suisse.
Publié en 1929, ce roman s’inspire largement de l’expérience d’Hemingway comme ambulancier volontaire en Italie. Son style caractéristique, fait de phrases courtes et dépouillées, donne au récit une force singulière. Les scènes de guerre, racontées sans pathos ni grandiloquence, traduisent l’absurdité des combats et la désillusion des soldats.
L’histoire d’amour entre Frederic et Catherine occupe une place centrale dans le roman. Leur relation apparaît comme une tentative de préserver leur humanité dans un monde ravagé par la violence. Le contraste entre leurs moments de bonheur et la brutalité de la guerre crée une tension dramatique qui culmine dans un dénouement tragique. Hemingway signe là une œuvre majuscule sur la perte des idéaux et la recherche du sens dans un univers chaotique.
Aux éditions FOLIO ; 320 pages.
4. Le soleil se lève aussi (1926)
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Paris, années folles. Jake Barnes, correspondant de presse américain, traîne sa mélancolie dans les cafés de la rive gauche. Une blessure de guerre l’a rendu impuissant, condamnant son amour pour Lady Brett Ashley à demeurer platonique. Belle et impétueuse, Brett attise les passions parmi le cercle d’amis de Jake : Robert Cohn, écrivain tourmenté par ses origines juives, Mike Campbell, aristocrate écossais qui noie son spleen dans l’alcool, et Bill Gorton, compagnon de beuveries.
L’atmosphère s’alourdit quand le groupe décide de se rendre à Pampelune pour assister aux célèbres fêtes de la San Fermin. Entre les courses de taureaux et les soirées arrosées, les rivalités s’exacerbent. Brett succombe au charme de Pedro Romero, jeune torero dont la fougue et la grâce dans l’arène fascinent Jake. Cette liaison provoque une onde de choc au sein du groupe, cristallisant les failles et les fragilités de chacun.
Dans ce premier roman majeur paru en 1926, Hemingway brosse le portrait d’une génération désenchantée, marquée par la Grande Guerre. Son style incisif et dépouillé sert admirablement cette chronique amère où l’alcool coule à flots pour masquer les blessures intimes. L’auteur saisit avec acuité le désarroi de ces êtres qui tentent d’oublier leur mal de vivre dans une quête effrénée de sensations fortes.
Aux éditions FOLIO ; 352 pages.
5. En avoir ou pas (1937)
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Publié en 1937, « En avoir ou pas » met en scène Harry Morgan, un marin qui loue son bateau à des touristes pour la pêche au marlin entre la Floride et Cuba. L’action se déroule dans les Keys, ces îlots qui prolongent la péninsule floridienne jusque dans les eaux chaudes des Caraïbes.
Le jour où un client malhonnête détruit son matériel de pêche et disparaît sans payer, Harry se retrouve dans l’impossibilité de poursuivre son activité. Pour nourrir sa femme et ses trois filles, il n’a d’autre choix que de basculer dans des trafics illicites : alcool de contrebande d’abord, puis transport de clandestins chinois.
Dans ce roman âpre aux dialogues ciselés, Hemingway dresse le portrait d’un homme qui refuse de plier malgré l’adversité. Le titre fait écho à cette dualité : en avoir ou pas – du courage, de l’argent, de la chance ? Harry possède les « cojones », comme le dit plusieurs fois l’auteur, mais cela ne suffit pas toujours face aux coups du sort.
Le récit alterne les points de vue et s’attarde dans sa dernière partie sur d’autres personnages, notamment des bourgeois désœuvrés sur leurs yachts luxueux, contraste saisissant entre deux mondes qui ne se croisent que dans les bars du soir.
Aux éditions FOLIO ; 280 pages.