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Edward Bulwer-Lytton en 2 romans – Notre sélection

Edward George Earle Bulwer-Lytton naît le 25 mai 1803 à Londres, dans une famille de la noblesse britannique. Son père, le général William Earle Bulwer, meurt alors qu’il n’a que quatre ans. Sa mère l’élève seule à Londres avec ses deux frères aînés.

Brillant étudiant à Cambridge, il remporte en 1825 la médaille d’or du Chancelier pour la poésie anglaise. En 1827, contre l’avis de sa mère qui lui coupe les vivres, il épouse la belle irlandaise Rosina Doyle Wheeler. Cette union s’avère malheureuse : les infidélités de Bulwer-Lytton ainsi que ses activités littéraires et politiques mettent le couple à rude épreuve. Ils se séparent en 1836.

Sa carrière littéraire démarre véritablement en 1828 avec le succès de son roman « Pelham ». Il devient alors l’un des auteurs les plus en vue de son époque. Il multiplie les succès avec notamment « Les derniers jours de Pompéi » (1834) et « Rienzi » (1835). En parallèle, il mène une carrière politique : d’abord député whig de 1831 à 1841, puis conservateur de 1851 à 1866. Il accède même au poste de Secrétaire d’État aux Colonies en 1858.

Les dernières années de sa vie sont marquées par des problèmes de santé, notamment une maladie de l’oreille qui le pousse à s’installer à Torquay. C’est là qu’il meurt le 18 janvier 1873, après une opération qui tourne mal. Contre sa volonté, il est inhumé à l’abbaye de Westminster, consécration ultime de son importance dans la société victorienne.

Son héritage perdure notamment à travers des expressions qu’il a créées, comme « la plume est plus puissante que l’épée », et par le concours littéraire ironique qui porte son nom et se moque gentiment de son style parfois ampoulé.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Les derniers jours de Pompéi (1834)

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Résumé

Pompéi, an 79 après J.-C. Le jeune et séduisant Glaucus, un noble athénien, s’éprend de la ravissante Ione, une Grecque d’origine napolitaine. Leur amour naissant suscite la fureur d’Arbacès, un puissant prêtre égyptien du culte d’Isis et tuteur d’Ione, qui nourrit pour sa protégée une passion dévorante. Pour écarter son rival, Arbacès ourdit un complot : il fait administrer à Glaucus une potion qui le rend temporairement fou, puis l’accuse du meurtre d’Apaecidès, le frère d’Ione. Condamné à périr dans l’arène, Glaucus ne doit son salut qu’à Nydia, une jeune esclave aveugle secrètement éprise de lui. Mais alors que les intrigues se dénouent dans l’amphithéâtre, nul ne prête attention aux grondements inquiétants du Vésuve qui surplombe la ville.

Autour du livre

L’inspiration du roman provient d’une toile du peintre russe Karl Brioullov, « Le Dernier Jour de Pompéi », contemplée par Edward Bulwer-Lytton lors d’un séjour à Milan en 1833. Cette rencontre artistique, conjuguée à une visite des ruines de Pompéi en compagnie de l’archéologue William Gell, l’incite à ressusciter la cité ensevelie. Il achève la rédaction à Naples au cours de l’hiver 1833-1834, et publie l’ouvrage en septembre 1834. Par un hasard providentiel, la parution coïncide avec une nouvelle éruption du Vésuve.

La description minutieuse des lieux s’appuie sur les découvertes archéologiques récentes des années 1750. Bulwer-Lytton anime avec brio la « Maison du Poète tragique », la villa de Diomède ou encore le temple d’Isis, donnant chair aux vestiges figés dans la lave. Cette reconstitution méticuleuse du quotidien pompéien, enrichie de références aux textes antiques comme ceux de Pline le Jeune, confère au récit une authenticité documentaire remarquable. Les tensions entre paganisme déclinant et christianisme émergent se reflètent dans les débats théologiques qui opposent les adorateurs d’Isis aux premiers chrétiens. La ville elle-même est un personnage, microcosme de la civilisation romaine où se manifestent toutes les grandeurs et les décadences de l’époque.

La réception critique immédiate s’avère enthousiaste. Le Morning Post salue en 1834 la capacité de Bulwer-Lytton à « insuffler la vie aux ruines ». L’archéologue William Gell, pourtant réputé pour son élitisme, adopte le roman comme livre de chevet. Même Mary Shelley, qui visite Pompéi en 1818 puis en 1843, loue la manière dont Bulwer-Lytton parvient à « diriger nos passions et nos espoirs vers des objets auparavant inanimés ». Les guides touristiques napolitains s’approprient rapidement le livre en citant des passages entiers lors des visites. Cet engouement traverse les décennies : en 1948, le petit-fils de l’auteur témoigne que les guides continuent à se référer au roman pour leurs commentaires.

Le cinéma s’en empare dès 1900 avec une première version muette britannique. Les studios italiens produisent ensuite plusieurs versions spectaculaires en 1908, 1913 et 1926, cette dernière disposant d’un budget d’un million de lires. Hollywood s’y intéresse en 1935 avec une production RKO mettant en scène Preston Foster et Basil Rathbone. « Les derniers jours de Pompéi » inspire également des adaptations télévisuelles, dont une ambitieuse mini-série britannico-italienne en 1984 avec Laurence Olivier, ainsi que plusieurs opéras, notamment celui de Victorin de Joncières créé au Théâtre Lyrique de Paris en 1869.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE JEUNESSE ; 256 pages.


2. La race à venir (1871)

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Résumé

Dans les profondeurs d’une mine, un jeune Américain fortuné chute accidentellement dans une crevasse. Au fond de l’abîme, il découvre les Vril-ya, une civilisation antédiluvienne réfugiée sous terre depuis des millénaires. Ces êtres d’apparence angélique maîtrisent une énergie omnipotente qui leur confère des pouvoirs extraordinaires : guérison, télékinésie, destruction à distance. Leur société de douze mille familles se distingue par sa technologie avancée et ses mœurs singulières – les femmes, plus grandes et plus fortes que les hommes, y choisissent leurs époux.

Le narrateur s’intègre progressivement à la communauté et gagne la confiance de ses hôtes. Mais lorsque Zee, la fille de son protecteur, tombe amoureuse de lui, sa situation devient périlleuse : les Vril-ya considèrent les humains comme une espèce inférieure et condamnent tout métissage. Plus alarmant encore, il comprend que ce peuple surpuissant projette de quitter ses cavernes devenues trop étroites pour conquérir la surface, quitte à exterminer l’humanité…

Autour du livre

Edward Bulwer-Lytton rédige « La race à venir » dans les années 1860, à une époque où la planète a été presque entièrement cartographiée. Ne pouvant plus situer sa civilisation imaginaire dans des contrées inexplorées comme ses prédécesseurs, il choisit de la placer sous terre. Pour rendre son récit crédible, il s’appuie sur les théories scientifiques de son temps concernant les « espaces creux » terrestres. Le concept du « vril » s’inspire quant à lui des découvertes récentes sur l’électricité et le magnétisme, que l’auteur mêle habilement aux spéculations sur le « fluide vital » alors en vogue.

Bulwer-Lytton y déploie une critique acerbe de la société victorienne à travers le miroir déformant des Vril-ya. Il s’attaque aux mutations de son époque : l’essor du féminisme, l’industrialisation, la montée de la démocratie. Il interroge également la notion de progrès : si les Vril-ya ont atteint une forme de perfection sociale et technologique, ils ont perdu en contrepartie le goût de l’art et de la création. Bulwer-Lytton soulève ainsi la question du prix à payer pour construire une utopie.

« La race à venir » rencontre un succès considérable à sa sortie. La popularité du concept de « vril » dépasse rapidement le cadre de la fiction : en 1886, le nom « Bovril » est choisi pour un extrait de bœuf en référence à cette énergie supposée donner force et vitalité. Des théosophes comme Helena Blavatsky considèrent même le roman comme une révélation occultiste déguisée. Cette lecture ésotérique perdure jusqu’au XXe siècle, certains mouvements pré-nazis s’appropriant l’idée d’une « race supérieure » cachée.

Les critiques contemporains jugent sévèrement ce texte vieilli. Serge Bertrand estime dans Fiction que « l’ouvrage atteint un coefficient d’illisibilité rarement égalé ». George W. Barlow y voit un « livre au ton didactique et aux doctrines rancies ». La majorité s’accorde néanmoins sur son importance historique comme précurseur du genre de la science-fiction, notamment pour son influence sur les récits de « Terre creuse » d’Edgar Rice Burroughs et Abraham Merritt.

Aux éditions CAMION BLANC ; 170 pages.

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