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Les meilleurs romans de Doris Lessing – Notre sélection

Doris Lessing en 10 romans – Notre sélection

Doris Lessing (1919-2013), née Doris May Tayler à Kermanshah en Iran, est une écrivaine britannique majeure du XXe siècle. Élevée en Rhodésie (aujourd’hui Zimbabwe) où sa famille s’installe en 1925, elle quitte le foyer familial à 15 ans pour travailler comme aide-soignante. Après deux mariages et trois enfants, elle s’établit à Londres en 1949 où elle entame sa carrière littéraire.

Son premier roman, « Vaincue par la brousse » (1950), la propulse sur la scène littéraire. Son chef-d’œuvre, « Le carnet d’or » (1962), témoigne de ses désillusions politiques, notamment vis-à-vis du communisme. Auteure prolifique engagée contre l’apartheid et les injustices sociales, elle publie près de soixante ouvrages au cours de sa carrière. Son œuvre est couronnée par le prix Nobel de littérature en 2007. Elle s’éteint à Londres le 17 novembre 2013.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Vaincue par la brousse (1950)

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Premier roman de Doris Lessing paru en 1950, « Vaincue par la brousse » s’ouvre sur l’annonce d’un meurtre dans la Rhodésie coloniale (actuel Zimbabwe) des années 1940. Mary Turner, épouse d’un fermier blanc, a été tuée par son domestique noir, Moïse. Le meurtrier avoue immédiatement son crime.

Le récit remonte alors dans le temps pour dévoiler le parcours de Mary, une jeune femme indépendante qui mène une vie paisible en ville comme dactylo. À trente ans, sous la pression sociale, elle épouse Dick Turner, un modeste fermier. Le couple s’installe dans une exploitation isolée du veld, sous un soleil implacable. La vie s’y révèle rude : la maison est sommaire, sans plafond, couverte d’un simple toit de tôle. Dick accumule les échecs, incapable de faire prospérer sa terre. Mary, elle, ne supporte ni la solitude ni la proximité des domestiques noirs qu’elle tyrannise.

L’arrivée de Moïse bouleverse cet équilibre précaire. Entre la maîtresse de maison et le serviteur s’instaure une relation trouble, mélange d’attraction et de répulsion. Dans cette atmosphère étouffante, Mary sombre peu à peu dans la dépression et la folie.

Le roman dépeint avec une intensité rare la désintégration d’un couple et d’une femme, sur fond de tensions raciales propres à l’Afrique australe de l’époque.

Aux éditions J’AI LU ; 320 pages.


2. Le carnet d’or (1962)

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Londres, années 1950. Anna Wulf, écrivaine et mère célibataire, vit de son premier roman à succès mais ne parvient plus à écrire. Pour tenter de retrouver l’inspiration et de mettre de l’ordre dans ses pensées, elle tient quatre carnets distincts : un noir pour ses souvenirs d’Afrique, un rouge pour son engagement communiste, un jaune pour ses projets de fiction, et un bleu pour son journal intime.

Militante de gauche désabusée par les révélations sur le stalinisme, Anna traverse une profonde crise existentielle. Elle cherche sa place dans une société en pleine mutation, où les repères traditionnels volent en éclats. Ses relations avec les hommes sont insatisfaisantes : elle aspire à l’amour tout en revendiquant son indépendance. Son amie Molly, une actrice divorcée, partage les mêmes questionnements sur la condition féminine.

Au fil des pages, la santé mentale d’Anna se dégrade. Les frontières entre réalité et fiction s’estompent. Elle commence alors la rédaction d’un cinquième carnet, le carnet d’or, qui devient le lieu où convergent toutes les facettes de sa personnalité.

Ce roman singulier dessine le portrait d’une femme en lutte avec son époque, ses désirs contradictoires et ses aspirations artistiques. À travers son héroïne, Doris Lessing livre une réflexion sur la place des femmes et la création littéraire.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 960 pages.


3. Le cinquième enfant (1988)

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Dans l’Angleterre des années 1960, Harriet et David, deux jeunes gens à contre-courant de leur époque, partagent le même rêve : fonder une famille nombreuse. Ils achètent une immense demeure victorienne en banlieue de Londres et y accueillent bientôt quatre enfants, ainsi que parents et amis lors des fêtes de Noël et de Pâques. Leur bonheur semble parfait, jusqu’à l’arrivée inattendue d’une cinquième grossesse.

Dès les premiers mois, Harriet ressent une force hostile qui la torture de l’intérieur. À sa naissance, Ben se révèle différent : laid, doté d’une force surhumaine, dépourvu d’émotions. Sa violence effraye ses frères et sœurs. Peu à peu, famille et amis désertent la maison. Le couple s’effrite tandis qu’Harriet, déchirée entre son devoir maternel et son aversion pour cet enfant monstrueux, tente désespérément de préserver ce qui reste de sa famille.

Dans ce roman glaçant, Doris Lessing trace avec une redoutable précision le portrait d’une femme confrontée à l’impensable. Son écriture sèche sonde les limites de l’amour maternel et questionne notre rapport à la différence. Un texte dérangeant qui marque durablement les esprits.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 186 pages.


4. Le monde de Ben (2000)

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Dans les rues de Londres, Ben attire tous les regards. Ce jeune homme de dix-huit ans présente une anatomie déconcertante : une carrure imposante, une force colossale et une pilosité anormale lui confèrent l’aspect d’un homme bien plus âgé. Son intelligence, celle d’un enfant, contraste avec son physique intimidant. Abandonné par les siens, il subsiste grâce à l’aide d’une vieille dame charitable, Ellen Biggs.

Le destin de Ben bascule le jour où Rita, une prostituée, le prend en affection. Son proxénète profite de sa crédulité pour l’impliquer dans un trafic de drogue vers la France.

Doris Lessing poursuit ici l’histoire amorcée dans « Le cinquième enfant ». À travers Ben, elle révèle la cruauté d’une société face à l’altérité. Si quelques âmes bienveillantes – surtout féminines – perçoivent sa fragilité, d’autres n’hésitent pas à l’utiliser comme un objet.

Aux éditions J’AI LU ; 192 pages.


5. Le rêve le plus doux (2001)

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Dans le Londres des années 1960, une vaste demeure abrite une famille peu ordinaire. Julia Lennox, une dame âgée d’origine allemande, y héberge sa belle-fille Frances et ses deux petits-fils, Andrew et Colin. Le père des garçons, Johnny, militant communiste convaincu, brille par son absence et son incapacité à assumer ses responsabilités familiales.

La maison devient rapidement un refuge pour de nombreux adolescents en rupture avec leurs parents. Frances, qui a dû renoncer à sa carrière théâtrale, accueille ces jeunes âmes tourmentées autour d’une grande table où se mêlent débats politiques enflammés et questionnements existentiels. Parmi eux se trouve Sylvia, la fille de la seconde épouse de Johnny, une jeune fille anorexique qui trouvera peu à peu sa voie.

La seconde partie du roman se déroule dans les années 1980 en Zimlie, un pays africain fictif. Devenue médecin, Sylvia y affronte la corruption politique et la tragédie du sida dans un village reculé. Le récit suit ainsi cette famille sur quatre décennies, de la guerre froide à la chute du communisme, des espoirs des sixties aux désenchantements des années 1980-1990.

Aux éditions J’AI LU ; 640 pages.


6. Mara et Dann (1999)

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Dans un futur lointain, la Terre est méconnaissable. Le Nord est prisonnier des glaces, tandis que l’Afrique, rebaptisée « Ifrik », s’est transformée en un immense désert. La civilisation s’est effondrée. Les survivants errent de point d’eau en point d’eau, ignorant tout de leur histoire et du fonctionnement des vestiges technologiques qui les entourent.

C’est dans ce monde hostile que grandissent Mara et son frère Dann. Enfants mystérieux dont l’identité doit rester secrète, ils sont recueillis par une vieille femme dans un village isolé du Sud. La sécheresse les pousse bientôt à fuir vers le Nord, où persistent encore, dit-on, des fleuves et des terres fertiles. Sur leur route, ils affrontent la soif, la faim, des créatures monstrueuses et la brutalité des hommes.

Dans ce roman d’anticipation écrit en 1999, Doris Lessing mêle les codes du conte traditionnel à une réflexion sur l’écologie et la condition humaine. Le texte résonne aujourd’hui avec une force particulière, alors que les questions climatiques et migratoires occupent le devant de la scène.

Aux éditions FLAMMARION ; 560 pages.


7. Alfred et Emily (2008)

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Dans « Alfred et Emily », publié en 2008, Doris Lessing entreprend une reconstruction littéraire de la vie de ses parents, tous deux marqués à jamais par la Première Guerre mondiale. Le roman se divise en deux parties qui se répondent et se complètent : d’abord une fiction qui imagine ce qu’auraient pu devenir Alfred et Emily sans la tragédie de 14-18, puis un récit biographique qui relate leur existence réelle.

La première moitié du livre relève de l’imaginaire : l’auteure y imagine la vie de ses parents dans une Angleterre où la Grande Guerre n’aurait pas eu lieu. Alfred devient un fermier épanoui, marié à Betsy avec qui il a des jumeaux. Emily, de son côté, épouse un éminent cardiologue et, après son veuvage, se consacre à la création d’écoles pour enfants défavorisés.

La seconde partie nous ramène à la brutale réalité : Alfred, amputé d’une jambe dans les tranchées, et Emily, traumatisée par ses années d’infirmière auprès des blessés, tentent de reconstruire leur vie en Rhodésie (actuel Zimbabwe). Leur mariage difficile, leur existence précaire de colons et leurs espoirs déçus façonnent l’enfance de leur fille Doris. À travers cette double narration qui mêle fiction et autobiographie, la romancière tente de s’affranchir d’un héritage familial marqué par la violence de l’Histoire.

Aux éditions J’AI LU ; 320 pages.


8. Victoria et les Staveney (2003)

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Dans ce court roman de Doris Lessing, Victoria, une fillette noire de neuf ans, vit à Londres avec sa tante malade. Un soir glacial, alors qu’elle attend désespérément qu’on vienne la chercher à l’école, le destin la conduit chez les Staveney. Cette famille blanche aisée l’héberge pour une nuit. Victoria n’oubliera jamais cette soirée ni Edward, le fils aîné qui s’est montré si attentionné envers elle.

Des années plus tard, Victoria recroise par hasard Thomas, le frère cadet d’Edward. Une liaison passionnée naît entre eux pendant un été. De cette relation naît Mary, une petite fille métisse dont Victoria cache l’existence à son père pendant six ans. Après un mariage et la naissance d’un second enfant, Victoria, devenue veuve, décide de révéler la vérité aux Staveney.

Les Staveney, famille blanche aux idées progressistes, accueillent Mary avec enthousiasme. Mais leur bienveillance affichée masque des préjugés tenaces. Victoria fait alors face à un dilemme déchirant : permettre à sa fille d’accéder à une vie meilleure en la laissant fréquenter cette famille, au risque de la perdre peu à peu.

Avec ce texte bref, Doris Lessing dépeint les mécanismes du racisme ordinaire et des inégalités sociales dans la société britannique. À travers le regard lucide de Victoria, elle dévoile l’hypocrisie d’une bourgeoisie progressiste qui se targue d’être ouverte tout en perpétuant les clivages de classe et de race.

Aux éditions J’AI LU ; 128 pages.


9. Un enfant de l’amour (2003)

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À l’été 1939, James Reid, un jeune Anglais rêveur, passionné de poésie, est mobilisé pour rejoindre l’Inde avec son régiment. Le trajet en bateau s’avère cauchemardesque : entassés sur un ancien paquebot de croisière, les soldats subissent la chaleur écrasante, le manque d’eau douce, les maladies et la peur constante des sous-marins ennemis.

Lors d’une escale au Cap, James est hébergé par Daphné Wright, l’épouse d’un officier britannique. En quatre jours, une passion fulgurante naît entre eux. Mais le jeune homme doit repartir vers l’Inde, où il apprend quelques mois plus tard que Daphné a eu un enfant.

Persuadé d’être le père, James s’enferme dans une obsession qui ne le quittera plus. Il écrit des lettres qu’il n’envoie jamais, rêve de retrouvailles impossibles. Les années passent. James se marie sans amour et mène une existence en demi-teinte, hanté par ces quatre jours au Cap et cet enfant qu’il ne connaîtra pas.

Avec « Un enfant de l’amour », Doris Lessing dresse le portrait mélancolique d’un homme qui refuse la réalité et passe à côté de sa vie, prisonnier d’un souvenir idéalisé. Une méditation sur les ravages du romantisme et l’incapacité à habiter pleinement le présent.

Aux éditions J’AI LU ; 192 pages.


10. Les grand-mères (2003)

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À Baxter’s Teeth, une station balnéaire baignée de soleil, deux femmes d’une soixantaine d’années contemplent l’océan en compagnie de leurs fils et petites-filles. Roz et Lil incarnent une certaine réussite sociale : belles, indépendantes, propriétaires de maisons qui se font face. Leur amitié remonte à l’école primaire. Elles se sont mariées presque simultanément, ont eu chacune un garçon. Puis la vie a éloigné les époux : l’un est mort, l’autre a divorcé.

Dans ce huis clos en bord de mer, les deux femmes ont élevé leurs fils comme des jumeaux. Tom et Ian sont devenus de superbes jeunes hommes. C’est alors que l’impensable s’est produit : Roz a entamé une liaison avec Ian, le fils de son amie, tandis que Lil est devenue l’amante de Tom. Ces relations scandaleuses se sont poursuivies pendant des années, protégées par le silence et l’isolement. Jusqu’au jour où Mary, l’épouse de Tom, a mis la main sur des lettres compromettantes. Le château de cartes s’est effondré.

Publié en 2003, ce court roman de Doris Lessing aborde des thèmes délicats : l’amour interdit, la sexualité des femmes mûres, les secrets de famille. Sans jugement moral, elle dépeint des personnages pris dans une situation qui les dépasse.

Aux éditions J’AI LU ; 96 pages.

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