Christiane Singer (1943-2007) est une écrivaine et essayiste française née à Marseille. Issue d’une famille aux racines multiples – un père juif hongrois et une mère d’origines russe et tchèque – elle grandit dans un contexte marqué par l’histoire, ses parents ayant fui les persécutions en Europe centrale pour s’installer en France en 1935.
Après des études de lettres à Aix-en-Provence, où elle obtient un doctorat, sa vie prend un tournant décisif en 1968 lorsqu’elle rencontre le comte Georg von Thurn-Valsassina, qu’elle épouse. Elle s’installe avec lui en 1973 au château de Rastenberg en Autriche, où elle élèvera ses deux fils et organisera des séminaires de développement personnel.
Son œuvre littéraire, récompensée par plusieurs prix prestigieux dont le prix des libraires (1979) et le prix Albert-Camus (1989), se caractérise par une réflexion spirituelle, mêlant sensibilité chrétienne et sagesse orientale, sans jamais tomber dans le dogmatisme. Elle écrit aussi bien des romans que des essais, en abordant notamment les thèmes de l’âme, de la spiritualité et des étapes de la vie.
Atteinte d’un cancer en 2006, elle consacre ses derniers mois à l’écriture d’un journal intime, « Derniers fragments d’un long voyage », avant de s’éteindre à Vienne en avril 2007, à l’âge de 64 ans.
Voici notre sélection de ses livres majeurs.
1. Derniers fragments d’un long voyage (2007)
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Le 1er septembre 2006, un médecin annonce à Christiane Singer qu’une tumeur maligne ne lui laisse que six mois à vivre. Cette femme de lettres, conférencière et écrivaine décide alors de tenir un journal intime de ses derniers jours. Durant ces mois d’hospitalisation, elle consigne sur des petits carnets ses pensées, ses ressentis et ses expériences face à la maladie.
Sans pathos ni apitoiement, elle relate son quotidien entre souffrances physiques et moments de grâce. La mort rôde, s’approche puis s’éloigne, dans un ballet incertain. Mais plutôt que de céder au désespoir, Christiane Singer choisit de célébrer la vie jusqu’au bout. Elle évoque l’amour de ses proches, les visites réconfortantes, les prières qui puisent dans différentes traditions spirituelles – du christianisme au bouddhisme en passant par le soufisme.
Ce dernier texte, remis à son éditeur quelques semaines avant sa disparition en avril 2007, brille par sa sincérité désarmante. Sans jamais verser dans le mélodrame ni la résignation, ces pages incarnent un hymne à la vie qui transcende les clivages religieux. La force du témoignage réside dans cette capacité à nous faire sentir, plutôt que comprendre, comment faire face à l’inévitable avec dignité et même une forme de sérénité.
Aux éditions ALBIN MICHEL ; 140 pages.
2. Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies (2000)
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Dans cet essai d’une centaine de pages, Christiane Singer entrelace réflexions personnelles et contes traditionnels pour questionner la nature de l’engagement conjugal. Le livre s’ouvre sur la mort de son grand-père, tout juste revenu d’un camp de concentration, avant de remonter le fil de son histoire d’amour avec Julia, la grand-mère de l’autrice. Cette trame personnelle sert de fil conducteur pour aborder les différentes facettes du mariage.
À travers des références diverses – une nouvelle de Kleist, un roman de Döblin, des contes orientaux, des légendes de Silésie – Singer développe une réflexion sur ce qui pousse deux êtres à s’unir malgré les incertitudes. Elle déconstruit les idées reçues sur la vie conjugale pour révéler ce qu’elle considère comme la véritable nature du mariage : non pas une prison dorée, mais un espace de transformation mutuelle.
Publié dans un contexte de hausse des divorces et de remise en question du mariage traditionnel, ce livre prend le contrepied des discours dominants. Sa force réside dans sa capacité à conjuguer profondeur intellectuelle et simplicité d’accès. Les lecteurs témoignent souvent de l’impact durable de cette lecture sur leur perception du couple, certains allant jusqu’à dire que ce texte les a convaincus de franchir le pas du mariage.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 128 pages.
3. Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? (2001)
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« Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? » rassemble 14 textes de Christiane Singer qui forment une méditation sur notre rapport au monde contemporain. Le titre, emprunté au mystique Angelus Silesius, pose d’emblée la question centrale : pourquoi chercher ailleurs ce qui se trouve en nous ?
Christiane Singer décortique les mécanismes de notre société moderne qui nous poussent à fuir notre intériorité. Elle met en lumière ce « pacte diabolique » que nous aurions conclu : accepter d’oublier notre nature profonde pour devenir de simples consommateurs. Des écrans omniprésents à la frénésie du quotidien, tout semble nous détourner de l’essentiel. Pourtant, Christiane Singer nous rappelle que la vraie vie pulse en nous, dans notre capacité à nous émerveiller, à aimer, à faire face à la mort.
Ces textes, nés de diverses interventions et conférences, tissent des liens entre spiritualité et vie quotidienne. Sans jamais prêcher ni imposer de doctrine, ils nous invitent à redécouvrir une sagesse ancestrale : celle qui sait que le visible et l’invisible se nourrissent mutuellement. Cette pensée lumineuse continue de résonner quinze ans après sa disparition, peut-être plus pertinente que jamais dans notre monde en quête de repères.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 152 pages.
4. N’oublie pas les chevaux écumants du passé (2005)
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Ce livre de Christiane Singer prend la forme d’une conversation intime au cours de laquelle l’écrivaine partage ses méditations sur notre rapport au temps et à la mémoire. À travers sept séquences thématiques, elle aborde des sujets comme la transmission, la modernité, l’altérité ou le vieillissement. Son point de départ : un adage japonais qui nous exhorte à ne pas oublier notre passé dans un monde obsédé par l’instant présent et l’avenir.
L’auteure puise dans ses souvenirs personnels, convoque des contes traditionnels et s’appuie sur des textes mystiques pour tisser sa réflexion. Elle met en lumière la complexité miraculeuse de la vie, comme ces vingt mille processus simultanés qui se déroulent dans une seule cellule du foie. Elle interroge aussi notre rapport à l’autre, notamment à travers le prisme de l’explosion démographique et des peurs qu’elle suscite.
Nourrie par ses racines juives hongroises, Christiane Singer fait dialoguer les traditions spirituelles, du Talmud au bouddhisme. Ce livre, publié peu avant sa disparition en 2007, apparaît comme le testament intellectuel d’une femme qui a consacré sa vie à l’enseignement et au partage. Les références culturelles abondent mais servent toujours un propos accessible, ancré dans notre quotidien.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 128 pages.
