Charlotte Brontë (1816-1855) est l’une des figures majeures de la littérature anglaise du XIXe siècle. Née à Thornton dans le Yorkshire, elle grandit à Haworth où son père est pasteur. Son enfance est marquée par des tragédies successives : la perte de sa mère puis de ses deux sœurs aînées.
Après des études pour devenir institutrice, elle se tourne vers l’écriture. Un séjour à Bruxelles pour apprendre le français marque profondément sa vie et son œuvre. En 1847, sous le pseudonyme masculin de Currer Bell, elle publie « Jane Eyre », roman qui connaît un succès retentissant. Cette période de triomphe littéraire est assombrie par la mort rapprochée de son frère et de ses sœurs Emily et Anne entre 1848 et 1849.
En 1854, elle épouse Arthur Bell Nicholls, le vicaire de son père, mais leur bonheur est de courte durée. Charlotte Brontë meurt le 31 mars 1855 à Haworth, probablement enceinte, laissant derrière elle une œuvre qui révolutionna le roman victorien par sa profondeur psychologique et son intensité émotionnelle.
Voici notre sélection de ses meilleurs romans.
1. Jane Eyre (1847)
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Dans l’Angleterre victorienne, une petite fille orpheline grandit sous le toit hostile de sa tante, Mrs Reed. Rebelle face aux injustices qu’elle subit, Jane Eyre est envoyée à Lowood, un pensionnat religieux aux méthodes impitoyables. Elle y passe huit années, d’abord comme élève puis comme enseignante, avant de partir à la recherche d’une nouvelle vie.
Le destin la mène à Thornfield Hall, imposante demeure où elle devient la gouvernante d’Adèle, la pupille du propriétaire. Edward Rochester, homme orgueilleux et tourmenté, est d’abord intrigué puis séduit par cette jeune femme sans beauté mais dotée d’un esprit vif et d’une grande droiture morale. Leur amour naissant se heurte bientôt à un lourd secret qui hante les couloirs de Thornfield.
Charlotte Brontë signe avec « Jane Eyre » un roman puissant qui dépeint l’éveil d’une conscience féminine dans une société corsetée. Son héroïne, qui refuse de sacrifier ses principes sur l’autel des conventions sociales, incarne une voix nouvelle dans la littérature de l’époque. Entre passion romantique et noirceur gothique, le roman tisse une intrigue où l’amour et la morale s’entrechoquent dans un style d’une remarquable finesse.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 539 pages.
2. Shirley (1849)
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Dans le Yorkshire des années 1810, alors que les guerres napoléoniennes paralysent le commerce britannique, Robert Moore tente de sauver sa manufacture de tissus de la faillite. Déterminé à redorer le blason familial, cet industriel d’origine flamande se heurte à l’hostilité de ses ouvriers qui, menacés par l’arrivée des machines, détruisent son matériel. Sa cousine Caroline Helstone, jeune orpheline élevée par un pasteur austère, nourrit pour lui un amour secret que Robert, absorbé par ses difficultés, ne remarque pas.
L’arrivée de Shirley Keeldar, riche héritière du domaine voisin, bouleverse leur existence. Cette jeune femme au tempérament affirmé, qui gère ses terres avec autorité, se lie d’amitié avec la timide Caroline. Mais leurs relations se tendent lorsque Robert, en quête d’un mariage avantageux, commence à courtiser Shirley.
Dans ce second roman publié après « Jane Eyre », Charlotte Brontë peint avec finesse les tensions sociales du début de l’ère industrielle. Elle y développe aussi des thèmes qui lui sont chers : la condition féminine, l’émancipation par le travail, les mariages de convenance. Son écriture sensible donne vie à une galerie de personnages complexes, notamment ces deux héroïnes que tout oppose mais qui partagent une même soif de liberté.
Aux éditions HUGO POCHE ; 867 pages.
3. Villette (1853)
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Publié en 1853, « Villette » est le dernier roman de Charlotte Brontë. L’histoire se déroule dans les années 1830 et suit Lucy Snowe, une jeune Anglaise de 23 ans, orpheline et sans fortune. Après avoir passé quelques années chez sa marraine Mrs Bretton, puis comme dame de compagnie d’une vieille dame, Lucy décide de quitter l’Angleterre pour tenter sa chance à l’étranger. Elle s’installe à Villette, capitale du royaume fictif de Labassecour (inspiré de la Belgique), où elle trouve un poste d’enseignante d’anglais dans un pensionnat dirigé par Mme Beck.
Dans cette institution catholique où Lucy, protestante convaincue, se sent étrangère, elle doit composer avec une directrice autoritaire qui espionne son personnel, des élèves parfois hostiles, et le professeur Paul Emmanuel, un homme colérique et tyrannique qui la bouscule sans cesse. Peu à peu, Lucy retrouve d’anciennes connaissances et noue de nouvelles relations, notamment avec le Dr John, un médecin dont elle s’éprend secrètement.
Le roman sonde la solitude et les tourments intérieurs de cette jeune femme réservée mais déterminée, qui cherche à préserver son indépendance dans une société victorienne contraignante. À travers le regard lucide et parfois mordant de Lucy, Charlotte Brontë livre une critique des différences sociales, culturelles et religieuses de son époque.
Aux éditions ARCHIPOCHE ; 713 pages.
4. Le Professeur (1857)
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Premier roman écrit par Charlotte Brontë mais publié de manière posthume, « Le Professeur » suit le parcours de William Crimsworth dans l’Angleterre victorienne. Orphelin issu d’une famille autrefois prospère, le jeune homme refuse la carrière ecclésiastique que ses oncles lui destinent et part travailler comme commis dans l’usine de son frère aîné Edward. Face à l’hostilité permanente de ce dernier, William quitte l’Angleterre pour la Belgique, muni d’une lettre de recommandation.
À Bruxelles, il devient professeur d’anglais dans un pensionnat de garçons dirigé par M. Pelet, puis enseigne également dans l’établissement voisin pour jeunes filles que dirige Mlle Reuter. D’abord séduit par cette dernière, William découvre qu’elle doit épouser M. Pelet. Il reporte alors son attention sur Frances Henri, une jeune enseignante de couture qui assiste à ses cours. Entre eux naît une relation fondée sur le respect mutuel et l’amour de la connaissance.
Le roman s’inspire largement de l’expérience personnelle de Charlotte Brontë, qui enseigna elle-même à Bruxelles. Si l’écriture manque parfois de la puissance dramatique qu’on trouve dans « Jane Eyre », elle séduit par sa finesse psychologique et sa description minutieuse des rapports humains dans le milieu scolaire du XIXe siècle. L’auteure y aborde également des thèmes qui lui sont chers : l’indépendance, la condition féminine et les différences culturelles entre l’Angleterre protestante et la Belgique catholique.
Aux éditions HUGO POCHE ; 379 pages.