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Blaise Pascal en 4 livres majeurs – Notre sélection

Blaise Pascal en 4 livres – Notre sélection

Blaise Pascal naît le 19 juin 1623 à Clermont (aujourd’hui Clermont-Ferrand) dans une famille bourgeoise. Il perd sa mère très jeune, à l’âge de trois ans. Son père Étienne, passionné par les sciences et les mathématiques, prend en charge son éducation ainsi que celle de ses deux sœurs.

Dès son plus jeune âge, Pascal manifeste des capacités intellectuelles exceptionnelles. À seize ans, il publie un traité de géométrie projective qui impressionne les plus grands esprits de son temps. À dix-neuf ans, il invente une machine à calculer, la « pascaline », pour aider son père dans ses calculs.

Sa vie est marquée par l’alternance entre périodes scientifiques intenses et moments de profonde spiritualité. En 1646, il découvre le jansénisme qui influence profondément sa pensée religieuse. Le 23 novembre 1654, il vit une expérience mystique intense, sa « nuit de feu », qui le conduit à se consacrer davantage à la réflexion religieuse.

Il s’engage alors dans la controverse janséniste et publie « Les Provinciales » (1656-1657), série de lettres polémiques contre les jésuites qui constituent un chef-d’œuvre de la prose française. En parallèle, il continue ses travaux scientifiques sur la pression atmosphérique et développe le calcul des probabilités.

Souffrant toute sa vie de graves problèmes de santé, Pascal consacre ses dernières années à la rédaction d’une apologie de la religion chrétienne qui restera inachevée. Ces fragments seront publiés après sa mort sous le titre des « Pensées ». Il meurt le 19 août 1662 à Paris, à l’âge de 39 ans, laissant une œuvre qui marque profondément la pensée occidentale, tant sur le plan scientifique que philosophique et littéraire. À la fois mathématicien, physicien, inventeur, philosophe et écrivain, Pascal incarne la figure du génie universel, capable de concilier foi et raison, science et religion.

Voici notre sélection de ses livres majeurs.


1. Pensées (1670)

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Les « Pensées » constituent l’œuvre majeure et inachevée de Blaise Pascal. Initialement conçu comme une vaste apologie du christianisme destinée à convaincre les libertins et les athées, ce projet ambitieux fut interrompu par la mort prématurée de l’auteur en 1662. Le texte se compose d’environ mille fragments manuscrits que Pascal avait commencé à organiser en une soixantaine de liasses thématiques, dont seules vingt-sept furent effectivement classées selon un plan cohérent.

L’argumentation s’articule autour d’une démonstration méthodique de la condition humaine. Pascal établit d’abord le constat de la misère de l’homme sans Dieu : un être déchiré entre grandeur et petitesse, incapable de vérité certaine, esclave de son imagination et de ses passions. De cette condition tragique, l’homme se réfugie dans le divertissement pour éviter de penser à sa finitude. Le philosophe développe ensuite sa célèbre théorie du pari : puisque la raison ne peut prouver ni l’existence ni l’inexistence de Dieu, il est plus avantageux de parier sur son existence, car celui qui croit ne risque rien à se tromper mais peut tout gagner s’il a raison.

Pascal aborde également les relations entre justice et force, la critique des philosophies stoïcienne et sceptique, ainsi que les preuves historiques du christianisme à travers l’analyse des prophéties et des miracles. Il y développe sa conception des « trois ordres » – celui des corps, celui des esprits, celui de la charité – entre lesquels existe une discontinuité radicale.

L’histoire du texte est singulière : les quelque mille fragments laissés par Pascal furent d’abord publiés en 1670 par ses amis de Port-Royal dans une version expurgée et réorganisée. Cette édition princeps, fruit d’un compromis avec l’orthodoxie catholique de l’époque, occulta pendant près de deux siècles la véritable architecture de l’œuvre. La découverte progressive des manuscrits originaux au XIXe siècle révolutionna la lecture des « Pensées » et permit d’en mesurer la portée intellectuelle.

L’influence de l’œuvre fut considérable : traduite dans de nombreuses langues, elle inspira des penseurs aussi éclectiques que Voltaire, Rousseau, Nietzsche ou Camus. Les « Pensées » demeurent l’un des sommets de la littérature philosophique française, où la rigueur du raisonnement mathématique se met au service d’une méditation sur la condition humaine et la quête de transcendance.

Aux éditions FOLIO ; 912 pages.


2. Les Provinciales (1656-1657)

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« Les Provinciales » naissent en 1656 d’une controverse théologique majeure : la condamnation imminente du janséniste Antoine Arnauld par la Sorbonne. Pour défendre son ami, Blaise Pascal entame la rédaction d’une série de dix-huit lettres qui paraîtront jusqu’en mars 1657. Il imagine un stratagème ingénieux : se faire passer pour un Parisien, Louis de Montalte, qui correspond avec un ami provincial pour lui relater les débats doctrinaux qui enflamment la capitale.

Les quatre premières lettres s’attachent à défendre la position janséniste sur la grâce divine contre les accusations d’hérésie. Mais après la condamnation d’Arnauld, Pascal change brutalement d’angle d’attaque : à partir de la cinquième lettre, il dévoile et ridiculise la morale accommodante des casuistes jésuites. Avec une verve satirique, il expose leurs raisonnements spécieux qui permettent de justifier mensonges, vols et même meurtres. Les dernières lettres prennent un ton plus grave pour répondre aux contre-attaques des jésuites, démontant méthodiquement leurs tentatives de réfutation.

La publication de ces lettres relève de l’exploit logistique. Traqué par la police, Pascal se cache dans des auberges parisiennes sous un faux nom tandis que ses textes sont imprimés clandestinement, parfois dans des conditions rocambolesques. Malgré les obstacles, le succès est immédiat : les lettres circulent dans les salons, sont lues à la Cour, jusqu’au roi.

Cette œuvre polémique marque un tournant décisif dans l’histoire religieuse et littéraire. Si elle n’empêche pas la victoire institutionnelle des jésuites – les lettres sont condamnées par le roi et le pape – elle ébranle durablement leur crédit moral. Le pape Alexandre VII, tout en les condamnant publiquement, finit par ordonner une révision des textes casuistiques. Par-delà la controverse religieuse, ces lettres ouvrent la voie à une nouvelle forme d’argumentation alliant rigueur intellectuelle et efficacité rhétorique. Leur influence se retrouve jusque chez des auteurs comme Voltaire et Rousseau.

Aux éditions FOLIO ; 416 pages.


3. De l’esprit géométrique et de l’art de persuader (1658)

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Rédigé vers 1658, « De l’esprit géométrique et de l’art de persuader » devait initialement servir de préface à un manuel de géométrie destiné aux Petites écoles de Port-Royal. Ce projet ne vit jamais le jour sous la plume de Pascal, puisque c’est finalement Arnauld qui écrivit ce traité neuf ans plus tard. Le texte se structure en deux parties qui correspondent aux deux aspects fondamentaux de la démonstration : d’une part, prouver chaque proposition individuellement, d’autre part, organiser l’ensemble des propositions dans un ordre optimal.

Dans la première partie consacrée à l’esprit géométrique, Pascal établit une méthode rigoureuse pour conduire la raison. Il part du constat qu’une science parfaite exigerait de tout définir et de tout démontrer – une ambition impossible puisqu’elle mènerait à une régression infinie. La géométrie propose alors un compromis : elle s’appuie sur des termes premiers (comme l’espace, le temps, le mouvement) qui sont évidents par eux-mêmes et n’ont pas besoin d’être définis. Cette approche permet d’atteindre une certitude comparable à celle d’une science idéale, même si elle reste moins convaincante dans sa forme.

La seconde partie aborde l’art de persuader en distinguant deux voies par lesquelles les opinions pénètrent l’esprit : l’entendement et la volonté. Si la première relève de la démonstration rationnelle, la seconde fait appel à l’agrément et aux inclinations naturelles – une voie que Pascal juge plus commune bien que moins noble. Il expose alors huit règles essentielles pour construire des démonstrations solides, dont cinq qu’il considère comme absolument nécessaires.

Ce traité constitue un moment charnière dans le parcours intellectuel de Pascal. Les réflexions sur la double infinité mathématique – cette propriété du nombre, de l’espace et du temps d’être indéfiniment divisibles et augmentables – nourrissent directement sa méditation sur la condition humaine développée dans les « Pensées ». Le texte révèle aussi une tension féconde entre raison et foi : la géométrie, poussée à ses limites, conduit paradoxalement à reconnaître ce qui la dépasse. Cette dimension apologétique transparaît notamment dans l’analyse de « l’ordre du cœur », qui supplante la raison dans la connaissance des premiers principes. Les archives de Port-Royal attestent que Pascal remania plusieurs fois son texte, cherchant à parfaire l’articulation entre rigueur démonstrative et visée spirituelle. Ses réflexions sur la méthode géométrique ont durablement marqué l’histoire de la philosophie, influençant notamment la conception cartésienne du raisonnement mathématique.

Aux éditions FLAMMARION ; 248 pages.


4. Trois discours sur la condition des Grands (1660)

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Les « Trois discours sur la condition des Grands », rédigés par Blaise Pascal vers 1660 et retranscrits par Pierre Nicole en 1670, constituent un texte fondamental sur la nature du pouvoir et la responsabilité morale des puissants. Ces discours prennent la forme d’une leçon adressée au jeune Charles-Honoré d’Albert, futur duc de Chevreuse, alors que Pascal fréquente les cercles jansénistes de Port-Royal.

Le premier discours s’ouvre sur une parabole : celle d’un naufragé échoué sur une île dont les habitants le prennent pour leur roi disparu. Cette méprise initiale permet à Pascal d’illustrer comment le pouvoir repose sur le hasard et la convention plutôt que sur un droit naturel. Le philosophe développe l’idée de la « double pensée » que doivent cultiver les grands : agir conformément à leur rang tout en gardant conscience que leur position ne découle d’aucun mérite intrinsèque.

Le deuxième discours établit une distinction entre les « grandeurs d’établissement », qui relèvent des conventions sociales (comme les titres de noblesse), et les « grandeurs naturelles », qui tiennent aux qualités personnelles (comme l’intelligence ou la vertu). Pascal montre que ces deux types de grandeur appellent des respects différents : un respect cérémoniel pour les premières, une estime véritable pour les secondes.

Le troisième discours parachève cette réflexion en opposant le « royaume de la concupiscence », fondé sur les désirs terrestres, au « royaume de la charité » incarné par Dieu. Pascal y dévoile la nature du pouvoir temporel : les grands ne sont suivis que parce qu’ils possèdent les biens convoités par leurs sujets. Leur devoir est donc d’user de cette position avec bienveillance, tout en aspirant à une grandeur plus authentique.

L’originalité de ces discours réside dans leur articulation entre philosophie politique et morale chrétienne. Rédigés pendant la période troublée de la Fronde, ils témoignent d’une volonté de réformer l’exercice du pouvoir de l’intérieur, en insufflant aux élites une éthique de la responsabilité. La postérité de ce texte fut considérable : le duc de Bourgogne s’en inspira dans son projet de réforme de la monarchie, et leur influence se retrouve jusque chez des penseurs contemporains comme Pierre Manent ou Marcel Gauchet. Ces discours constituent ainsi un des rares textes où Pascal aborde directement la question politique, toujours d’actualité, la légitimité du pouvoir et ses devoirs.

Aux éditions FOLIO ; 176 pages.

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