William Wilkie Collins naît le 8 janvier 1824 à Londres, fils du peintre paysagiste William Collins. À l’âge de 12 ans, il voyage en Italie et en France avec sa famille, où il apprend l’italien et le français. À 17 ans, il quitte l’école pour devenir apprenti dans une entreprise de thé. C’est à cette époque qu’il écrit son premier roman, « Iolani », qui ne sera publié qu’en 1999.
En 1851 se produit une rencontre déterminante : Collins fait la connaissance de Charles Dickens, qui devient son ami et mentor. Une collaboration fructueuse s’établit entre les deux hommes, si bien que plusieurs romans de Collins paraissent en feuilleton dans l’hebdomadaire de Dickens, All the Year Round.
La vie privée de Collins est peu conventionnelle pour l’époque victorienne. Il ne se marie jamais mais partage sa vie entre deux femmes : Caroline Graves, une veuve avec qui il vit à partir de 1858, et Martha Rudd, qu’il rencontre en 1868 et avec qui il a trois enfants.
Collins souffre de la goutte et devient dépendant au laudanum, un dérivé de l’opium qu’il prend pour soulager ses douleurs. Cette addiction influence son écriture, notamment dans « Pierre de Lune » (1868), où il décrit les effets de la dépendance à l’opium. Il connaît son plus grand succès avec « La dame en blanc » (1859), qui le propulse au rang des auteurs les plus populaires de son époque.
Pionnier du roman policier et du roman à suspense, Collins développe également dans ses œuvres une critique sociale de la société victorienne, particulièrement concernant la condition des femmes. Il continue d’écrire jusqu’à sa mort le 23 septembre 1889 à Londres, laissant derrière lui une œuvre considérable comprenant 27 romans, plus de 50 nouvelles, et de nombreuses pièces de théâtre.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. La dame en blanc (1859)
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Résumé
Par une nuit de Lune à Londres en 1849, Walter Hartright, un jeune professeur de dessin, croise une mystérieuse femme vêtue de blanc qui semble fuir quelque chose ou quelqu’un. Cette rencontre énigmatique va bouleverser sa vie.
Le lendemain, Walter prend ses fonctions au manoir de Limmeridge House dans le Cumberland, où il doit enseigner l’art à deux jeunes femmes : Laura Fairlie, une héritière d’une grande beauté, et sa demi-sœur Marian Halcombe, moins avenante mais d’une vive intelligence.
Walter et Laura tombent amoureux, mais cette dernière est promise à Sir Percival Glyde, un baronnet de l’Hampshire. Malgré un avertissement anonyme concernant Sir Percival, le mariage a lieu. Le couple s’installe à Blackwater Park en compagnie de Marian et de deux nouveaux arrivants : le comte Fosco, un Italien à l’esprit brillant mais inquiétant, et son épouse.
Laura découvre rapidement que son mari ne l’a épousée que pour sa fortune. La situation se dégrade lorsque Sir Percival tente de forcer Laura à signer des documents sans lui en révéler le contenu. Pendant ce temps, la mystérieuse femme en blanc réapparaît, affirmant détenir un secret qui pourrait ruiner Sir Percival…
Autour du livre
« La dame en blanc » naît dans les pages du magazine All the Year Round de Charles Dickens, où il paraît en feuilleton de 1859 à 1860. Collins puise son inspiration dans les archives judiciaires françaises qu’il découvre lors d’une promenade parisienne avec Dickens. Dans une lettre à sa mère, il confie avoir trouvé le sujet de son roman dans « des volumes défraîchis de compte-rendus de crimes français ».
L’engouement pour cette histoire se manifeste immédiatement. Les lecteurs victoriens se passionnent pour ce mystère aux multiples ramifications, spéculant dans les pubs sur le secret de Sir Percival Glyde. Le nom de « Walter » devient un prénom prisé pour les nouveau-nés, tandis que « Fosco » s’impose comme appellation de choix pour les chats au comportement sournois. Des parfums, des bonnets et des capes estampillés « The Woman in White » envahissent le marché, tandis que les partitions de valses et de quadrilles s’inspirent du roman.
Collins innove en structurant son récit comme une succession de témoignages, à la manière d’un procès. Cette technique narrative novatrice permet d’aborder l’histoire sous différents angles et de maintenir le suspense. Le personnage de Marian Halcombe transcende les conventions de l’époque : femme forte et indépendante, elle refuse de se conformer aux stéréotypes victoriens malgré les contraintes sociales qui pèsent sur elle.
Les critiques contemporains accueillent l’œuvre avec une certaine hostilité, mais le public ne s’y trompe pas. Dans son classement des cent meilleurs romans policiers de tous les temps établi en 1990, la Crime Writers’ Association place « La dame en blanc » à la 28ème position. Robert McCrum, écrivant pour The Observer en 2003, classe le roman au 23ème rang des 100 plus grands romans de tous les temps. La BBC le positionne à la 77ème place suite à son sondage The Big Read.
Dès 1860, le Surrey Theatre monte une version scénique. S’ensuivent plusieurs adaptations cinématographiques marquantes, notamment la version américaine de 1948 avec Alexis Smith et Sydney Greenstreet. La BBC produit plusieurs séries télévisées, dont la plus récente date de 2018 avec Ben Hardy et Jessie Buckley. En 2004, Andrew Lloyd Webber adapte le roman en comédie musicale. Il inspire également des jeux vidéo, comme « Victorian Mysteries: La Femme en blanc » de Big Fish Games.
Aux éditions ARCHIPOCHE ; 847 pages.
2. Pierre de Lune (1868)
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Résumé
En 1799, lors de la prise de Srirangapatna en Inde, le colonel Herncastle dérobe un diamant sacré, la Pierre de Lune, après avoir assassiné trois prêtres hindous chargés de sa protection. Cinquante ans plus tard, le colonel lègue le joyau à sa nièce Rachel Verinder pour son dix-huitième anniversaire. Le soir même où elle reçoit ce précieux héritage, trois mystérieux jongleurs indiens rôdent autour du manoir familial. La jeune fille arbore fièrement le diamant lors de la fête donnée en son honneur, mais au petit matin, la pierre a disparu de sa chambre.
Le sergent Cuff, célèbre détective de Scotland Yard passionné par les roses, est appelé pour mener l’enquête. Les soupçons se portent tour à tour sur les jongleurs indiens, sur Rosanna Spearman, une femme de chambre au passé trouble qui se suicide peu après dans des sables mouvants, et sur Rachel elle-même qui refuse étrangement de coopérer avec la police. Franklin Blake, cousin et prétendant de Rachel, s’implique dans l’investigation, mais la jeune femme l’évite désormais avec une incompréhensible hostilité.
L’enquête piétine et les relations entre les protagonistes se tendent, tandis que les trois brahmanes, déguisés en saltimbanques, poursuivent inlassablement leur quête pour récupérer la pierre sacrée…
Autour du livre
Publié d’abord en feuilleton dans le magazine All the Year Round dirigé par Charles Dickens, du 4 janvier au 8 août 1868, « Pierre de Lune » connaît immédiatement un succès retentissant. Des foules se pressent devant les bureaux de l’hebdomadaire pour s’arracher les derniers épisodes. Collins rédige ce roman dans des conditions difficiles : frappé par la mort de sa mère et terrassé par une crise de goutte qu’il qualifie lui-même de « la plus cruelle affliction de ma vie », il doit dicter une grande partie du texte. Pour soulager ses souffrances, il consomme d’importantes quantités de laudanum, un dérivé de l’opium, au point de ne plus se souvenir d’avoir écrit certains passages.
Ce livre marque un tournant dans l’histoire de la littérature en posant les jalons du roman policier moderne. Collins y met en place de nombreux ressorts qui deviendront des archétypes du genre : un vol dans une maison de campagne anglaise, une liste conséquente de suspects, un détective professionnel confronté à des policiers locaux incompétents, de fausses pistes savamment distillées, des indices ténus mais significatifs, et une reconstitution minutieuse du crime. La technique narrative, novatrice pour l’époque, fait alterner les témoignages de différents personnages qui livrent chacun leur version des événements. Le majordome Gabriel Betteredge, qui voue un culte au « Robinson Crusoé » de Daniel Defoe, et la cousine Drusilla Clack, bigote insupportable qui parsème la demeure de tracts religieux, comptent parmi les narrateurs les plus savoureux.
T. S. Eliot considère « Pierre de Lune » comme « le premier, le plus long et le meilleur des romans policiers modernes anglais ». Dorothy L. Sayers, célèbre autrice de romans policiers, le qualifie de « probablement la meilleure histoire de détective de tous les temps ». G. K. Chesterton affirme qu’il s’agit « sans doute du meilleur roman de détective au monde ». « Pierre de Lune » occupe la huitième place dans le classement des cent meilleurs romans policiers établi par la Crime Writers’ Association en 1990, et la septième position dans la liste des Mystery Writers of America en 1995.
Le roman a connu de multiples adaptations à l’écran depuis 1909. Parmi les plus notables figurent le film muet de Frank Hall Crane en 1915, la version de la Monogram Pictures Corporation en 1934, les séries télévisées de la BBC en 1959, 1972 et 2016, ainsi qu’une mini-série allemande en 1974. Il a également été adapté pour la radio par la BBC à plusieurs reprises, notamment en 1945, 1953 et 2011.
Aux éditions LIBRETTO ; 624 pages.
3. Secret absolu (1857)
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Résumé
En 1829, dans le manoir de Porthgenna Tower situé sur la côte des Cornouailles, Mrs Treverton se trouve sur son lit de mort. Elle convoque sa femme de chambre, Sarah Leeson, et lui dicte une lettre destinée à son mari, le capitaine Treverton. Cette missive renferme un lourd secret que Sarah est la seule à connaître. Bien que Mrs Treverton fasse jurer à Sarah de remettre la lettre à son époux après sa mort, la domestique, tourmentée, cache le document dans une pièce abandonnée du manoir – la Chambre aux Myrtes – avant de s’enfuir.
Quinze ans plus tard, Rosamond, la fille des Treverton, épouse Leonard Frankland, un jeune homme devenu aveugle. Le couple projette de s’installer à Porthgenna Tower, désormais propriété de la famille Frankland. Sur le chemin du retour vers le manoir, Rosamond donne naissance prématurément à son premier enfant. Une mystérieuse garde-malade, qui n’est autre que Sarah Leeson sous une fausse identité, prodigue ses soins à la jeune femme. Dans un moment de faiblesse, Sarah murmure à Rosamond : « Quand vous irez à Porthgenna, ne pénétrez pas dans la Chambre aux Myrtes ». Cette mise en garde éveille la curiosité de Rosamond qui, une fois installée dans le manoir familial, n’aura de cesse de percer le mystère de cette pièce condamnée…
Autour du livre
Publié d’abord en feuilleton dans Household Words, le magazine hebdomadaire dirigé par Charles Dickens, de janvier à juin 1857, « Secret absolu » paraît la même année en volume chez Bradbury & Evans. Cette première expérience de publication sérialisée permet à Wilkie Collins d’affiner sa technique narrative, particulièrement dans l’art du suspense et des fins de chapitres en forme de cliffhangers.
Le roman mêle habilement les codes du gothique victorien à une observation fine des rapports sociaux. L’imposant manoir de Porthgenna Tower, avec son aile nord abandonnée et ses chambres condamnées, incarne parfaitement cette tradition gothique. Mais Collins transcende le simple exercice de style en y insufflant des préoccupations sociales : la condition des domestiques, les préjugés de classe, le rôle des femmes dans la société victorienne. Le personnage de Sarah Leeson, dont les cheveux prématurément gris trahissent les tourments intérieurs, symbolise le poids écrasant des conventions sociales sur les plus vulnérables.
Collins excelle également dans l’art du portrait. Le roman fourmille de personnages secondaires mémorables, comme l’oncle Joseph au grand cœur, Mr Phippen l’hypocondriaque, ou encore le duo comique formé par le majordome Munder et sa gouvernante Mrs Pentreath. Cette galerie de personnages hauts en couleur allège la tension dramatique tout en enrichissant la texture sociale du récit.
Si certains critiques saluent une progression par rapport au précédent roman de Collins, « Cache-cache », d’autres pointent une construction narrative perfectible, notamment dans le traitement du secret central. Le magazine Athenaeum juge ainsi le mystère « trop étiré pour trop peu de matière ». Néanmoins, la critique moderne reconnaît dans « Secret absolu » une étape importante vers la maîtrise que Collins atteindra avec « La dame en blanc » deux ans plus tard.
Aux éditions LIBRETTO ; 512 pages.
4. Sans nom (1862)
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Résumé
Angleterre victorienne, 1846. La famille Vanstone mène une existence paisible dans leur résidence de Combe-Raven, dans le Somerset. Andrew Vanstone, son épouse et leurs deux filles, Norah, 26 ans, et Magdalen, 18 ans, coulent des jours heureux aux côtés de leur ancienne gouvernante, Miss Garth.
Magdalen, belle et impétueuse, se découvre un talent pour le théâtre lors d’une représentation amateur et tombe amoureuse de Frank Clare, le fils séduisant mais oisif d’un voisin. Leur projet de mariage est approuvé par leurs pères respectifs, mais un drame bouleverse soudainement leur existence : M. Vanstone périt dans un accident de train et son épouse meurt en couches peu après.
L’avocat de la famille, M. Pendril, révèle alors aux deux sœurs que leurs parents n’étaient mariés que depuis quelques mois, ce qui invalide le testament de leur père. Considérées comme illégitimes, les deux jeunes femmes perdent leur nom, leurs droits et leur fortune, qui reviennent à leur oncle Michael Vanstone, brouillé depuis longtemps avec la famille. Celui-ci refuse catégoriquement de leur venir en aide.
Si Norah accepte son sort avec résignation et devient gouvernante, Magdalen refuse une telle injustice. Bien décidée à récupérer son héritage par tous les moyens, elle s’allie au Capitaine Wragge, un parent éloigné qui se présente lui-même comme un escroc professionnel. Ensemble, ils élaborent un plan audacieux pour reconquérir la fortune familiale…
Autour du livre
Publié initialement sous forme de feuilleton dans le magazine All the Year Round de Charles Dickens en 1862, « Sans nom » s’inscrit dans la lignée des « sensation novels », un genre en vogue dans l’Angleterre des années 1860. Ce livre constitue le deuxième des quatre « grands romans » de Collins, publié après « La dame en blanc » (1859) et avant « Armadale » (1866) et « Pierre de Lune » (1868).
L’intrigue s’articule autour d’une situation juridique particulière qui permet à Collins de dénoncer l’injustice des lois victoriennes concernant les enfants illégitimes. En tant qu’ancien étudiant en droit, il maîtrise parfaitement les subtilités légales qu’il met en scène. Par la voix de l’avocat M. Pendril, il condamne sans ambages une législation qu’il juge « honteuse pour la nation », car elle « fait porter aux enfants le poids des péchés de leurs parents » et « encourage le vice en privant les pères et mères du plus puissant des motifs pour réparer leur faute par le mariage ».
Le roman est remarquable pour ses personnages complexes et ambigus, à commencer par Magdalen, héroïne peu conventionnelle pour l’époque victorienne. Son refus de la passivité traditionnellement associée aux femmes et sa détermination à obtenir justice en font un personnage transgressif. Le Capitaine Wragge, qui se qualifie d’ « agriculteur moral », et Mrs Lecount, la redoutable gouvernante, se livrent à un duel d’intelligence et de duplicité qui constitue l’un des points forts du récit.
La critique de l’époque s’est montrée partagée face à ce roman qui bousculait les conventions morales de la société victorienne. Le personnage de Magdalen a particulièrement suscité la controverse, son comportement étant jugé scandaleux par certains. Aujourd’hui, les critiques littéraires soulignent la modernité de l’œuvre dans sa critique sociale et sa représentation d’une héroïne qui défie les normes de genre.
« Sans nom » a connu plusieurs adaptations. En 1864, Collins lui-même, avec Wybert Reeve, en a tiré une version théâtrale intitulée « Great Temptation ». Plus récemment, en 2014, Jeffrey Hatcher a proposé une nouvelle adaptation scénique au Carthage College avant de la présenter au Festival Fringe d’Édimbourg. La BBC a également produit plusieurs adaptations radiophoniques, notamment une série en six épisodes diffusée sur BBC Radio 4 en 1989, rediffusée sur BBC Radio 4 Extra en 2013, 2019 et 2021.
Aux éditions LIBRETTO ; 832 pages.
5. Pauvre Miss Finch (1872)
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Résumé
Dans le Sussex des années 1870, Madame Pratolungo, une Française veuve d’un révolutionnaire sud-américain, devient la dame de compagnie de Lucilla Finch, une jeune femme de vingt-et-un ans aveugle depuis l’enfance. Lucilla vit dans une aile séparée du presbytère de son père, le révérend Finch. Son existence paisible bascule lorsqu’elle tombe amoureuse d’Oscar Dubourg, un artisan métallurgiste aussi fortuné que timide.
Suite à une agression, Oscar développe une épilepsie qu’il ne peut traiter qu’avec du nitrate d’argent, un médicament qui a pour effet secondaire de teindre sa peau en bleu foncé. Cette transformation s’avère problématique car Lucilla, malgré sa cécité, nourrit une phobie irrationnelle des couleurs sombres.
L’arrivée de Nugent, le frère jumeau d’Oscar, complique davantage la situation : non seulement il présente à Lucilla un oculiste allemand qui pourrait lui rendre la vue, mais il tombe également amoureux d’elle. Lorsque l’opération réussit et que Lucilla recouvre progressivement la vue, Nugent profite de sa ressemblance parfaite avec son frère pour la manipuler, tandis qu’Oscar, désespéré par son apparence, s’exile…
Autour du livre
Publié en 1872, « Pauvre Miss Finch » marque un virage dans la bibliographie de Wilkie Collins. Contrairement à ses précédents romans à sensation comme « La dame en blanc » ou « Pierre de Lune », il s’éloigne ici des intrigues policières pour proposer une étude de la cécité. Collins a minutieusement documenté son sujet, s’attachant à dépeindre avec justesse l’expérience d’une personne aveugle de naissance confrontée à la possibilité de recouvrer la vue. Cette recherche d’authenticité se manifeste notamment dans la description des difficultés de Lucilla à appréhender visuellement son environnement après l’opération, ou encore dans l’évocation de sa perception particulière des conventions sociales victoriennes, n’ayant jamais été soumise au regard d’autrui.
La narration, confiée à Madame Pratolungo, s’inscrit dans la tradition des narrateurs singuliers qui caractérisent l’œuvre de Collins. Cette Française aux idées révolutionnaires apporte un regard extérieur critique sur la société anglaise, tout en insufflant une dose d’humour à travers ses observations mordantes et son franc-parler.
L’accueil critique de l’époque s’est montré mitigé. John Ruskin a notamment critiqué l’accumulation d’éléments mélodramatiques : « L’héroïne est aveugle, le héros épileptique, et le frère importun est retrouvé mort les mains gelées dans les régions arctiques. » T. S. Eliot s’est en revanche montrée enthousiaste. Les critiques modernes soulignent la finesse avec laquelle Collins aborde le thème du handicap en évitant les stéréotypes pour présenter Lucilla comme un personnage complexe et autonome.
Aux éditions LIBRETTO ; 544 pages.