Née le 1er avril 1970 à Nice, Valérie Zenatti est une écrivaine, traductrice et scénariste française. À 13 ans, elle émigre en Israël où elle effectue son service militaire de 1988 à 1990. De retour en France, elle étudie l’histoire et l’hébreu avant de devenir journaliste puis professeure d’hébreu.
À partir de 1999, elle se consacre à l’écriture et à la traduction, notamment celle des œuvres d’Aharon Appelfeld. Son roman « Une bouteille dans la mer de Gaza » (2005) connaît un succès international et est adapté au cinéma. En 2015, elle reçoit le Prix du Livre Inter pour « Jacob, Jacob », et en 2019, le Prix Essai France Télévisions pour « Dans le faisceau des vivants ».
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Une bouteille dans la mer de Gaza (2005)
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À Jérusalem en 2003, Tal ne supporte plus la violence des attentats qui secouent la ville. Cette Israélienne de 17 ans ressent le besoin urgent de comprendre ceux qu’on appelle « les ennemis ». Elle glisse une lettre dans une bouteille et demande à son frère militaire de la jeter dans la mer de Gaza. Son espoir : entrer en contact avec une jeune Palestinienne de son âge.
C’est finalement un certain « Gazaman » qui lui répond par mail. D’abord cynique et distant, ce jeune homme de 20 ans finit par se livrer davantage. Entre eux naît une correspondance secrète, intense, où chacun dévoile sa réalité quotidienne de part et d’autre du mur qui sépare leurs deux peuples.
Ce roman épistolaire de Valérie Zenatti dresse le portrait de deux adolescents ordinaires confrontés à une situation extraordinaire. Sans jamais tomber dans le piège du sentimentalisme facile, l’autrice tisse une histoire d’amitié improbable sur fond de conflit israélo-palestinien.
L’évolution de la relation entre Tal et Naïm constitue la force du récit. D’abord marquée par la méfiance et l’agressivité du jeune Palestinien, leur correspondance se transforme progressivement en un espace de dialogue authentique. Valérie Zenatti évite les écueils du manichéisme ou de l’angélisme. Elle montre avec justesse comment la guerre façonne le quotidien des deux côtés du mur : les attentats à Jérusalem, l’enfermement à Gaza. Le roman ne prétend pas résoudre le conflit mais suggère que la compréhension mutuelle reste possible, même dans les circonstances les plus difficiles.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 224 pages.
2. Jacob, Jacob (2014)
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Constantine, 1944. Dans le quartier juif de la ville aux ponts vertigineux, Jacob Melki illumine la vie des siens. À dix-neuf ans, ce fils de cordonnier brille par son intelligence et sa douceur. Il représente l’avenir pour sa famille pauvre, où les hommes règnent par la force et où les femmes se taisent.
L’armée française l’arrache aux siens. Avec d’autres jeunes Algériens – juifs, musulmans, chrétiens – il traverse la Méditerranée pour participer au débarquement de Provence. Son périple le mène ensuite jusqu’aux combats d’Alsace, tandis que sa mère Rachel parcourt l’Algérie à sa recherche.
Ce destin brisé préfigure celui de toute une communauté : quelques années plus tard, la guerre d’Algérie chassera les juifs de leur terre natale.
Dans ce roman inspiré de son histoire familiale, Valérie Zenatti mêle la petite et la grande Histoire. Elle entrelace trois dimensions narratives majeures. La première est intime : le portrait d’un jeune homme exceptionnel par sa douceur et son intelligence, qui tranche avec la rudesse de son milieu familial. La deuxième est historique : le paradoxe de ces juifs d’Algérie que la France exclut puis appelle à mourir pour elle. La troisième est sociale : la peinture d’une société coloniale complexe où cohabitent juifs, musulmans et chrétiens, avant que les événements ne la déchirent.
Aux éditions POINTS ; 192 pages.
3. Quand j’étais soldate (2002)
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En 1988, Valérie Zenatti, une jeune Française installée en Israël depuis l’âge de 13 ans, s’apprête à effectuer son service militaire obligatoire. À 18 ans, fraîchement bachelière, elle intègre Tsahal pour deux années qui marqueront son entrée dans l’âge adulte.
Dans ce récit autobiographique, l’autrice raconte sans fard son quotidien de soldate : les réveils à quatre heures du matin, les corvées, l’apprentissage du maniement des armes et la discipline de fer. En pleine première Intifada, elle doit composer avec la réalité du conflit israélo-palestinien tout en continuant à nourrir ses rêves de devenir écrivaine.
Entre camaraderie et moments de solitude, permissions et entraînements intensifs, la jeune femme s’interroge sur son identité, le sens de son engagement et ses espoirs de paix. Son regard sensible et lucide offre un témoignage éclairant sur cette expérience formatrice.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 336 pages.
4. Les âmes sœurs (2010)
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Une femme décide de tout plaquer pour une journée. Emmanuelle, quarante ans, trois enfants, un mari, un emploi qui ne la satisfait plus, prétexte la maladie de son fils pour s’offrir quelques heures de liberté. Elle part déambuler dans Paris avec pour seule compagnie l’héroïne du roman qu’elle lit : Lila Kovner, une photographe endeuillée par la mort soudaine de son amant.
Tandis qu’Emmanuelle erre dans la ville, ses pensées vagabondent. Elle songe à Héloïse, son amie proche emportée par un cancer, à sa mère morte alors qu’elle n’avait que dix ans. Elle observe les passants, s’arrête dans des cafés, monte dans des trains sans destination précise.
Les deux femmes ne se croiseront jamais. Pourtant leurs destins semblent liés par une étrange correspondance, comme si elles partageaient la même mélancolie. Un roman sensible de Valérie Zenatti sur la solitude et le besoin vital de reprendre souffle.
Aux éditions POINTS ; 160 pages.
5. Qui-vive (2024)
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Paris, novembre 2016. Mathilde apprend la mort de Leonard Cohen. Cette professeure d’histoire-géographie, mariée et mère d’une adolescente, passe ses nuits à regarder une vidéo du chanteur en concert à Jérusalem. Les années qui suivent l’assaillent de coups durs : pandémie, guerre en Ukraine, décès de son grand-père.
Les symptômes s’accumulent. D’abord l’insomnie chronique. Puis la perte du sens du toucher. Dans les affaires de son grand-père, elle trouve des feuillets énigmatiques qui l’obsèdent. Sans prévenir, elle prend un vol pour Israël.
Sur cette terre de contrastes et de tensions, elle parcourt le pays en solitaire. Un cousin lui parle des concerts de Cohen pendant la guerre de Kippour. D’autres rencontres jalonnent son périple, tandis qu’elle cherche à réconcilier son monde intérieur avec une réalité tourmentée.
« Qui-vive » tisse plusieurs fils narratifs : la crise existentielle d’une femme, les soubresauts de l’Histoire contemporaine et la présence tutélaire de Leonard Cohen. Valérie Zenatti saisit le malaise d’une époque à travers son personnage de Mathilde, dont le désarroi fait écho aux bouleversements du monde – attentats, pandémie, guerres.
Aux éditions DE L’OLIVIER ; 176 pages.