Tom Wolfe (1931-2018) est un écrivain et journaliste américain majeur du XXe siècle. Né le 2 mars 1931 à Richmond, en Virginie, il devient l’une des figures de proue du « Nouveau Journalisme » dans les années 1960, en conjuguant littérature et reportage.
Diplômé de Yale, il se fait connaître d’abord comme journaliste avant de connaître un succès mondial avec son premier roman « Le bûcher des vanités » (1987). Chroniqueur acéré de la société américaine, il publie plusieurs romans remarqués dont « Un homme, un vrai » et « Moi, Charlotte Simmons », sur fond de tensions raciales et sociales aux États-Unis.
Conservateur assumé, il est paradoxalement devenu une icône de la contre-culture des années 60 grâce à ses écrits sur le mouvement hippie. Il s’éteint le 15 mai 2018 à New York, à l’âge de 88 ans.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Le bûcher des vanités (1987)
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New York, années 1980. Sherman McCoy règne sur Wall Street. À 38 ans, ce trader arrogant gagne un million de dollars par an et vit dans un appartement somptueux de Park Avenue avec son épouse et sa fille. Il se considère comme le « Maître de l’Univers ».
Un soir, alors qu’il raccompagne sa maîtresse Maria de l’aéroport dans sa Mercedes, il rate une sortie d’autoroute et se retrouve égaré dans le Bronx. Dans la confusion qui s’ensuit, leur voiture renverse un jeune homme noir qui finira dans le coma. Ils prennent la fuite.
Cette collision va déclencher une spirale infernale. L’affaire enflamme les tensions raciales dans la ville. Un procureur carriériste, un révérend manipulateur et un journaliste britannique alcoolique se jettent sur ce fait divers comme des vautours. Chacun y voit l’occasion de servir ses propres intérêts. La machine médiatique et judiciaire s’emballe. Pour Sherman McCoy commence une longue descente aux enfers.
Avec cette intrigue haletante, Tom Wolfe livre une satire musclée de la société new-yorkaise des années 1980 : les traders arrogants de Wall Street, les médias sans scrupules, la justice corrompue, le cynisme des politiciens. Ce roman publié en 1987 raconte aussi les fractures sociales et raciales d’une ville où l’argent fait la loi. Une œuvre majeure qui résonne encore aujourd’hui avec force.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 917 pages.
2. Un homme, un vrai (1998)
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Dans l’Atlanta de la fin des années 1990, Charlie Croker incarne le self-made man par excellence. Cet ancien champion de football universitaire devenu magnat de l’immobilier mène grand train : jet privé, résidence luxueuse, femme-trophée de trente ans sa cadette. Mais à soixante ans, son empire vacille. Un projet pharaonique menace de le conduire à la faillite tandis que ses créanciers s’impatientent.
En parallèle, un drame secoue la ville : Fareek Fanon, une jeune star noire du football, est accusé du viol d’une étudiante issue de la haute société blanche. L’affaire cristallise les tensions raciales qui couvent dans cette métropole où coexistent deux mondes : l’Atlanta noire des quartiers populaires et l’Atlanta blanche des buildings cossus. Le maire, lui-même noir, redoute des émeutes.
Dans l’ombre de ces événements, un modeste manutentionnaire, Conrad Hensley, perd l’emploi qu’il occupait dans l’un des entrepôts de Charlie Croker. Sa vie bascule alors dans une spirale tragique qui le mène jusqu’en prison, en Californie. C’est là qu’il découvre par hasard les écrits d’Épictète, un philosophe stoïcien dont l’influence dépassera les murs de sa cellule.
Tom Wolfe entrecroise ces destins avec maestria dans cette fresque sociale de l’Amérique contemporaine. Son regard acéré dissèque les rapports de classe, les préjugés raciaux et l’hypocrisie d’une société obsédée par l’argent. Un roman magistral.
Aux éditions POCKET ; 1024 pages.
3. Moi, Charlotte Simmons (2004)
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Sparta, Caroline du Nord. Dans ce patelin perdu des Appalaches, Charlotte Simmons fait la fierté de sa famille et de ses professeurs. Cette jeune fille studieuse vient de décrocher une bourse pour étudier à l’université de Dupont, l’une des plus sélectives du pays. Première de sa lignée à accéder aux études supérieures, elle quitte son foyer modeste avec de grands espoirs.
Le choc est brutal. Sur le campus, Charlotte découvre un monde aux antipodes de ses attentes. Les étudiants, issus des meilleures familles, se soucient davantage de leurs conquêtes amoureuses que de leurs études. L’alcool coule à flots dans les soirées des confréries. Les sportifs sont adulés et dispensés de tout effort intellectuel. Sa colocataire Beverly, une fille gâtée superficielle, la méprise ouvertement. Déchirée entre ses valeurs morales et son désir d’intégration, Charlotte se rapproche tour à tour de trois garçons…
Avec « Moi, Charlotte Simmons », Tom Wolfe dresse un portrait cinglant de l’élite universitaire américaine des années 2000. À travers le regard de son héroïne, il décortique les codes sociaux, la hiérarchie et la superficialité qui dominent ce microcosme. Le roman décrit la transformation progressive de Charlotte, tiraillée entre son désir de rester fidèle à ses principes et la tentation de s’intégrer à tout prix.
Aux éditions POCKET ; 1024 pages.
4. Bloody Miami (2013)
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Miami, début des années 2000. Nestor Camacho, un jeune flic cubano-américain, accomplit un acte héroïque qui va lui coûter cher : il parvient à faire descendre un clandestin cubain agrippé au sommet d’un mât de bateau. L’exploit est retransmis en direct à la télévision. Mais dans sa communauté, le geste est perçu comme une trahison puisque le réfugié sera expulsé vers Cuba.
Cette disgrâce marque le début d’une période difficile pour Nestor. Sa petite amie Magdalena le quitte, sa famille lui tourne le dos. Rejeté par les siens, il déménage et se lie d’amitié avec un journaliste du Miami Herald qui l’entraîne dans une enquête sur un oligarque russe suspect d’escroquerie dans le monde de l’art.
Tom Wolfe, alors âgé de 82 ans, signe un portrait au vitriol de Miami. Son écriture singulière, truffée d’onomatopées et de répétitions qui miment le rythme de la ville, traduit la fièvre d’une métropole où les communautés se côtoient sans jamais se mélanger.
Aux éditions POCKET ; 832 pages.