Thomas Hardy (1840-1928), écrivain et poète britannique, naît à Stinsford dans une famille modeste du Dorset. D’abord architecte à Londres, il retourne dans sa région natale pour se consacrer à l’écriture.
Entre 1871 et 1896, il produit une œuvre romanesque majeure incluant « Loin de la foule déchaînée » (1874), « Tess d’Urberville » (1891) et « Jude l’obscur » (1895). Ses romans, ancrés dans le sud-ouest de l’Angleterre, se distinguent par leur regard critique sur la société victorienne.
Après 1896, il se tourne exclusivement vers la poésie, publiant notamment « Les Dynastes » (1903-1908). Marié deux fois, il s’éteint à Dorchester en 1928, laissant une œuvre qui influencera durablement la littérature anglaise.
Voici notre sélection de ses meilleurs romans.
1. Loin de la foule déchaînée (1874)
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Dans l’Angleterre rurale du XIXe siècle, Thomas Hardy dépeint le destin d’une jeune femme indépendante, Bathsheba Everdene. À la mort de son oncle, elle hérite d’une ferme prospère et décide de la gérer seule, chose rare pour l’époque. Trois hommes vont se disputer son cœur : Gabriel Oak, un berger humble et dévoué qui l’aime d’un amour inébranlable, William Boldwood, un riche fermier voisin à la passion dévorante, et le séduisant sergent Francis Troy, dont le charme superficiel masque une nature volage.
L’histoire se déroule dans le Wessex, région fictive inspirée du Dorset natal de l’auteur. Hardy y restitue avec finesse la vie paysanne, le rythme des saisons, les travaux des champs. Entre les orages qui menacent les récoltes et les brebis à tondre, la jeune fermière doit faire ses preuves dans un monde d’hommes. Si elle excelle dans la gestion de son domaine, ses choix amoureux s’avèrent plus hasardeux. Sa beauté et son caractère bien trempé suscitent des passions qui la dépassent.
Ce roman de 1874, premier grand succès de Thomas Hardy, se distingue par son héroïne moderne qui refuse les conventions de son temps. Sans jamais s’appesantir, il recrée la vie rurale dans ses moindres détails : les moissons menacées par l’orage, la tonte des moutons, les foires aux grains. Son écriture sobre et précise fait surgir les paysages et les êtres avec une force remarquable. À travers cette histoire d’amour aux multiples facettes, il questionne la place des femmes dans une société qui peine à accepter leur émancipation.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 768 pages.
2. Tess d’Urberville (1891)
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Dans l’Angleterre rurale de la fin du XIXème siècle, Tess Durbeyfield mène une vie simple aux côtés de ses parents, modestes paysans du Wessex. Tout bascule le jour où son père apprend qu’il descend d’une illustre famille normande : les d’Urberville. Poussée par ses parents qui rêvent de retrouver leur grandeur passée, la jeune fille part travailler chez de riches cousins éloignés. Là-bas, elle fait la connaissance d’Alec d’Urberville, qui abuse d’elle avant de l’abandonner. Enceinte, Tess retourne chez les siens où elle met au monde un enfant qui meurt peu après sa naissance.
Cherchant à fuir son passé, elle trouve un emploi dans une laiterie loin de chez elle. C’est là qu’elle rencontre Angel Clare, fils de pasteur qui apprend le métier de fermier. Entre eux naît un amour profond et sincère. Mais Tess hésite à accepter la demande en mariage d’Angel, tourmentée par son secret. Lorsqu’elle se décide enfin à lui avouer la vérité sur son passé, sa vie bascule une nouvelle fois.
Thomas Hardy signe avec « Tess d’Urberville » une œuvre puissante qui dénonce l’hypocrisie de la société victorienne et la condition des femmes. À travers le destin tragique de son héroïne, il livre un roman d’une grande modernité, porté par une écriture sensible qui allie la poésie des descriptions champêtres à une critique sociale acerbe.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 474 pages.
3. Jude l’obscur (1895)
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Dans l’Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle, un jeune orphelin, Jude Fawley, grandit chez une tante acariâtre dans le village de Marygreen. Avide de savoir, il rêve d’étudier à l’université de Christminster et consacre ses soirées à apprendre seul le latin et le grec. Mais sa condition modeste et un mariage précipité avec Arabella, une jeune paysanne manipulatrice, compromettent ses ambitions. Après l’échec de cette première union, Jude s’éprend de sa cousine Sue Bridehead, une jeune femme cultivée aux idées progressistes qui refuse les conventions sociales et religieuses de son époque.
L’histoire de Jude et Sue se déroule sur fond de critique sociale dans une Angleterre victorienne rigide et conformiste. Leur relation, qui défie les conventions du mariage et de la morale religieuse, les expose au jugement impitoyable de leurs contemporains. Thomas Hardy dresse le portrait d’êtres en avance sur leur temps, écrasés par le poids des traditions et des préjugés sociaux.
Ce roman audacieux, publié en 1895, fut le dernier de Thomas Hardy. Sa critique des institutions provoqua un tel tollé que l’auteur renonça définitivement au genre romanesque. L’ouvrage demeure l’une des critiques les plus virulentes de la société victorienne et de ses carcans moraux.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 480 pages.
4. Le Maire de Casterbridge (1886)
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Dans l’Angleterre rurale du XIXe siècle, Michael Henchard, simple ouvrier agricole, commet l’irréparable : lors d’une foire de village, ivre de rhum et de colère, il vend aux enchères sa femme Susan et leur petite fille à un marin de passage. Le lendemain, rongé par le remords, il jure de ne plus boire une goutte d’alcool pendant vingt ans et part en vain à leur recherche.
Dix-huit ans plus tard, Henchard est devenu un puissant marchand de grains et le maire respecté de Casterbridge, une bourgade du Wessex. C’est alors que Susan et Elizabeth-Jane, qu’il croyait perdues à jamais, réapparaissent dans sa vie. Le marin qui les avait achetées est mort en mer. Henchard, qui se présente depuis des années comme veuf, décide d’épouser à nouveau Susan pour réparer sa faute passée. Mais l’arrivée de Donald Farfrae, un jeune Écossais ambitieux qu’il prend sous son aile, va précipiter sa chute.
Thomas Hardy compose un roman sombre et poignant sur la rédemption impossible d’un homme rattrapé par ses démons. À travers le parcours tourmenté de son personnage principal, l’auteur brosse le portrait d’une société rurale en mutation, où les traditions ancestrales se heurtent aux premières modernisations de l’agriculture.
Aux éditions ARCHIPOCHE ; 451 pages.
5. Les Forestiers (1887)
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Dans l’Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle, au cœur d’une région boisée du Wessex, le marchand de bois George Melbury a placé tous ses espoirs dans l’éducation de sa fille unique Grace. De retour dans son village natal de Little Hintock après des études en pension, la jeune femme se trouve tiraillée entre deux hommes : Giles Winterborne, ami d’enfance issu du même milieu modeste qu’elle, à qui son père l’avait initialement promise, et le nouveau médecin du village, l’élégant et cultivé Edred Fitzpiers.
Sous la pression paternelle et sociale, Grace épouse finalement Fitzpiers, choix qui s’avère désastreux. Son mari volage ne tarde pas à la trahir avec Mrs Charmond, la châtelaine du coin. Dans ce drame sentimental qui met en scène les ravages de l’ambition sociale et du mariage malheureux, Thomas Hardy dépeint la vie d’une communauté rurale où les destins s’entremêlent inexorablement. La forêt, omniprésente, n’est pas un simple décor mais presque un personnage à part entière, tantôt protectrice, tantôt menaçante.
Ce roman de 1887, considéré comme l’un des chefs-d’œuvre méconnus de Thomas Hardy, allie la puissance d’une tragédie classique à une peinture méticuleuse de la société rurale anglaise. L’auteur y développe ses thèmes de prédilection : l’impossibilité du bonheur en amour, le poids des conventions sociales et la force implacable du destin.
Aux éditions LIBRETTO ; 496 pages.
6. Les yeux bleus (1873)
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Dans l’Angleterre victorienne du XIXe siècle, au cœur du Wessex, Elfride Swancourt mène une existence paisible auprès de son père pasteur. Cette jeune femme de 19 ans, orpheline de mère, se distingue par ses yeux d’un bleu particulier, « vaporeux comme les brumes automnales sur les collines ». Sa vie bascule avec l’arrivée de Stephen Smith, un jeune architecte venu restaurer l’église du village. Entre eux naît rapidement un amour sincère, mais le père d’Elfride s’oppose catégoriquement à leur union : les origines modestes de Stephen, fils d’un simple maçon, le rendent indigne de sa fille selon lui.
Face à ce refus, les amoureux tentent une fuite pour se marier en secret. Mais au dernier moment, Elfride recule, effrayée par les conséquences d’un tel acte. Stephen part alors pour les Indes, espérant faire fortune et revenir digne d’épouser celle qu’il aime. Durant son absence, Elfride rencontre Henry Knight. Cet homme cultivé éveille en elle de nouveaux sentiments, plus profonds peut-être que les premiers. La jeune femme se retrouve alors prisonnière d’un dilemme moral et sentimental, tiraillée entre deux hommes que tout oppose.
Thomas Hardy livre avec ce roman une analyse fine des conventions sociales de l’époque victorienne et de leurs effets dévastateurs sur les destins individuels. Son écriture, d’une grande sensibilité poétique, fait la part belle aux paysages sauvages du Wessex qui servent d’écrin à cette histoire d’amour aux accents tragiques.
Aux éditions RIVAGES ; 512 pages.
7. Le retour au pays natal (1878)
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Dans la lande du Wessex, le vent balaie sans relâche les étendues d’ajoncs et de bruyères. C’est là que Clym Yeobright choisit de revenir s’installer après avoir connu l’effervescence parisienne. Son ambition : instruire les enfants de ce pays rude qu’il n’a jamais cessé d’aimer.
Le retour du jeune homme bouleverse l’équilibre fragile de la petite communauté. Rapidement, il s’éprend d’Eustacia Vye, beauté sauvage qui suffoque dans l’atmosphère étouffante de la campagne et dont le seul désir est de s’échapper vers la capitale française. À leurs côtés gravitent Thomasine, la cousine de Clym, promise au séduisant Damon Wildeve.
Dans les replis de la lande se glisse la silhouette de Diggory Venn, le marqueur de moutons dont la peau porte la trace écarlate de son travail, qui observe ces jeux amoureux d’un œil attentif. Les passions qui couvent finissent par embraser ces vies. Les couples se forment dans l’espoir du bonheur, mais les désirs contradictoires et les secrets inavoués tissent peu à peu leur toile funeste.
Hardy cisèle chaque scène avec une précision implacable, donnant à la lande le premier rôle dans cette tragédie où s’entrechoquent les aspirations individuelles et le poids des traditions.
Aux éditions ARCHIPOCHE ; 371 pages.
8. À la lumière des étoiles (1882)
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« À la lumière des étoiles », roman paru en 1882, se déroule dans la campagne anglaise de l’époque victorienne. Lady Viviette Constantine, une jeune femme de 29 ans, mène une existence solitaire dans son château pendant que son mari chasse le lion en Afrique. Sans nouvelles de lui depuis des lustres, elle trouve ses journées d’une monotonie accablante jusqu’à sa rencontre avec Swithin St Cleeve, un astronome de dix ans son cadet.
Ce jeune homme passionné s’est approprié la tour d’observation située sur le domaine de Viviette. Il y passe ses nuits à scruter les constellations, rêvant de faire de grandes découvertes malgré sa condition sociale modeste. Entre ces deux êtres que tout sépare – l’âge, le rang, les conventions – naît un amour aussi intense qu’impossible.
Thomas Hardy dépeint avec brio cette relation contrariée, où l’amour se heurte aux normes sociales, tout en livrant une méditation sur la place des femmes dans la société victorienne.
Aux éditions FLAMMARION ; 352 pages.