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Stefan Hertmans en 3 romans – Notre sélection

Stefan Hertmans en 3 romans – Notre sélection

Stefan Hertmans est un écrivain belge néerlandophone né à Gand le 31 mars 1951. Après une scolarité dans une école catholique puis à l’Athénée royal de Gand, il étudie la philologie germanique à l’Université de Gand. Dans les années 1970, il commence par jouer du jazz avant de se consacrer à la littérature.

Bien qu’écrivant de la poésie depuis son adolescence, il ne publie son premier roman, « Ruimte », qu’en 1981. Sa carrière d’enseignant le mène à l’Académie royale des beaux-arts de Gand, et il donne également des conférences dans plusieurs universités prestigieuses à travers le monde.

Son œuvre, traduite dans de nombreuses langues, est particulièrement diversifiée : romans, poésie, essais, pièces de théâtre. Il connaît un succès international avec « Guerre et Térébenthine » (2013), roman basé sur les carnets de son grand-père relatant son expérience durant la Première Guerre mondiale. Ce livre est traduit dans 24 langues et reçoit plusieurs prix prestigieux.

Hertmans vit actuellement à Bruxelles, où son épouse Sigrid Bousset dirige la librairie Passa Porta. Son travail a été récompensé par de nombreux prix littéraires, et il a été fait commandeur de l’ordre de la Couronne de Belgique en 2017.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Le cœur converti (2016)

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À la fin du XIe siècle, dans une France médiévale marquée par les tensions religieuses, la jeune Vigdis Adelaïs, issue d’une noble famille normande, tombe amoureuse de David Todros, fils du grand rabbin de Narbonne venu étudier à la yeshiva de Rouen. Cet amour impossible entre une chrétienne et un juif les contraint à fuir vers le Sud, poursuivis par des chevaliers mandatés par le père de Vigdis.

Le couple trouve refuge à Narbonne, où Vigdis se convertit au judaïsme et prend le nom d’Hamoutal. Mais la menace persiste et le couple trouve refuge à Monieux, un village reculé du Vaucluse. Leur répit sera de courte durée : en 1096, le pape Urbain II appelle à la première croisade. Le passage des croisés à Monieux se transforme en pogrom. David est massacré dans la synagogue. Leurs enfants sont kidnappés. Seule avec son dernier-né, Hamoutal entreprend une quête éperdue qui la conduira jusqu’au Caire.

Cette histoire authentique a été exhumée par Stefan Hertmans après deux décennies de recherches. Une lettre de recommandation, miraculeusement préservée dans la genizah d’une synagogue égyptienne, témoigne du destin de cette femme hors du commun. Le livre entremêle la reconstitution médiévale et l’enquête contemporaine, montrant comment les stigmates du passé imprègnent encore les pierres de Monieux, où l’auteur réside une partie de l’année.

Aux éditions FOLIO ; 416 pages.


2. Guerre et Térébenthine (2013)

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En 1981, Stefan Hertmans hérite des carnets légués par son grand-père Urbain Martien. Pendant trente ans, il n’ose pas les ouvrir. Ces six cents pages retracent l’existence d’un homme né en 1891 dans les quartiers pauvres de Gand, fils d’un peintre d’église et d’une mère issue de la bourgeoisie. Adolescent, Urbain travaille dans une fonderie tout en nourrissant le rêve de devenir artiste comme son père.

La Grande Guerre bouleverse sa trajectoire. Sur le front belge, le jeune caporal affronte l’horreur des tranchées. Les soldats flamands, méprisés par leurs officiers francophones, subissent les assauts allemands sur l’Yser. Blessé à trois reprises, Urbain survit mais garde en lui les stigmates du conflit. À son retour, il perd Maria Emelia, son grand amour, emportée par la grippe espagnole. Il épousera sa sœur Gabrielle et mènera une vie discrète, peignant inlassablement des copies de tableaux célèbres.

En 2013, à l’approche du centenaire de la Première Guerre mondiale, Hertmans décide enfin de raconter cette histoire. Le texte prend la forme d’un triptyque : l’enfance dans la Flandre industrielle, les années de guerre, puis l’après-guerre marqué par le deuil et la peinture. Entre chronique familiale et fresque historique, ce récit dévoile la complexité des relations entre francophones et néerlandophones qui traverse encore la Belgique aujourd’hui.

Couronné par le prix AKO aux Pays-Bas et traduit en dix-sept langues, « Guerre et Térébenthine » a connu un retentissement international. En 2017, le metteur en scène Jan Lauwers en a tiré une adaptation théâtrale.

Aux éditions FOLIO ; 432 pages.


3. Une ascension (2020)

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En 1979, Stefan Hertmans achète une maison délabrée dans le quartier populaire du Patershol à Gand. Vingt ans plus tard, il découvre que sa demeure fut jadis habitée par Willem Verhulst, un SS flamand impliqué dans la collaboration avec le régime nazi. Cette révélation le pousse à enquêter sur cet ancien propriétaire, ses motivations, son parcours.

Willem Verhulst incarne l’ambiguïté du nationalisme flamand d’avant-guerre. Fils de diamantaire marqué par la perte d’un œil durant l’enfance, il devient un fervent défenseur de l’identité flamande face à la domination francophone. Durant l’Occupation, il gravit les échelons de la hiérarchie nazie, établissant des listes de personnes à arrêter depuis son bureau de l’École des Hautes Études de Gand. Sa femme Mientje, protestante néerlandaise aux convictions pacifistes, tente de préserver leurs trois enfants de l’influence paternelle, tandis que sa maîtresse Griet partage son idéologie.

Le récit alterne entre la visite de la maison en 1979 et la reconstitution minutieuse de la vie des Verhulst. Les archives familiales, journaux intimes et témoignages des deux filles encore vivantes permettent de retracer le destin de cet homme qui, condamné à mort à la Libération puis gracié, n’exprima jamais le moindre remords. En épilogue, une terrible ironie : peu avant sa mort, il demande à être enterré auprès de sa première épouse – qui était juive.

Aux éditions FOLIO ; 560 pages.

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