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Robert A. Heinlein en 7 romans de science-fiction – Notre sélection

Robert A. Heinlein en 7 romans de science-fiction – Notre sélection

Robert Anson Heinlein naît le 7 juillet 1907 à Butler dans le Missouri. Il grandit à Kansas City dans l’Amérique rurale du début du XXe siècle. Dès l’âge de 13 ans, il s’échappe intellectuellement du fondamentalisme religieux de sa région en découvrant Darwin.

Après ses études secondaires, il entre à l’Académie navale d’Annapolis dont il sort diplômé en 1929. Il sert dans la Marine américaine jusqu’en 1934, date à laquelle il doit quitter l’armée pour cause de tuberculose. Il tente alors diverses activités professionnelles et se lance en politique en Californie, sans succès.

En 1939, Heinlein publie sa première nouvelle de science-fiction, « Ligne de vie ». C’est le début d’une prolifique carrière d’écrivain. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille comme ingénieur civil pour la Marine. Après la guerre, il se consacre entièrement à l’écriture et devient l’un des auteurs majeurs de la science-fiction américaine.

Ses œuvres les plus marquantes incluent « Starship Troopers » (1959), « En terre étrangère » (1961) et « Révolte sur la Lune » (1966). Pionnier de la hard science-fiction, il aborde dans ses récits des thèmes sociaux et politiques controversés, tout en accordant une grande importance à la rigueur scientifique.

Marié trois fois, sa dernière épouse Virginia reste sa compagne jusqu’à sa mort. Grand voyageur, militant politique passé du socialisme au libertarianisme, Heinlein influence profondément le genre de la science-fiction et la culture populaire. Il décède le 8 mai 1988 à Carmel-by-the-Sea en Californie, laissant derrière lui une œuvre majeure comprenant 32 romans et 59 nouvelles.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Starship Troopers (1959)

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Résumé

Sept cents ans après notre époque, la Fédération Terrienne règne sur l’espace. Dans cette société militariste, seuls les citoyens ayant accompli leur Service Fédéral peuvent voter et occuper des fonctions publiques. Juan Rico, jeune homme de descendance philippine, s’engage dans l’infanterie mobile contre l’avis de son père fortuné, suivant l’exemple de sa camarade de classe Carmen Ibañez et de son ami Carl.

L’entrainement au camp Arthur Currie s’avère brutal : un déserteur est pendu, tandis que Rico lui-même reçoit cinq coups de fouet pour une erreur lors d’un exercice. Sous l’autorité de l’adjudant Charles Zim, les recrues apprennent le maniement des scaphandres de combat auto-propulsés – des armures sophistiquées pesant près d’une tonne.

Alors qu’il termine sa formation, les « Arachnides », une espèce extraterrestre insectoïde, attaquent Buenos Aires, tuant sa mère. Rico participe alors à la contre-offensive sur Klendathu, la planète des Arachnides, qui se solde par un désastre. Survivant à la bataille, il rejoint alors le peloton des « Têtes dures de Rasczak » et gravit les échelons jusqu’à devenir officier.

Autour du livre

Heinlein rédige ce livre en quelques semaines en 1959, exaspéré par la décision du président Eisenhower de suspendre les essais nucléaires américains. L’auteur et son épouse Virginia créent même la « Patrick Henry League » pour soutenir le programme d’armement nucléaire. Le manuscrit, d’abord pensé pour la jeunesse, est refusé par l’éditeur habituel de Heinlein qui le juge trop politique.

La parution suscite immédiatement la polémique. Le prix Hugo 1960 récompense ce texte qui divise : certains y lisent une apologie du fascisme quand d’autres y voient une réflexion sur les fondements de la citoyenneté. Le concept des armures de combat motorisées influence durablement la science-fiction et inspire même la recherche militaire sur les exosquelettes. Paul Verhoeven adapte le roman au cinéma en 1997, transformant délibérément le propos initial en satire antimilitariste.

Aux éditions J’AI LU ; 384 pages.


2. En terre étrangère (1961)

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Résumé

Publié en 1961, « En terre étrangère » de Robert A. Heinlein met en scène Valentine Michael Smith, unique survivant d’une première expédition spatiale vers Mars. Né sur la planète rouge après la mort de ses parents astronautes, il est élevé par les Martiens jusqu’à ses vingt ans, avant d’être rapatrié sur Terre par une seconde mission d’exploration. Son retour soulève d’importantes questions juridiques : en tant qu’héritier des membres de la première expédition, Smith possède une fortune colossale et pourrait même revendiquer la propriété légale de Mars.

Le gouvernement, soucieux de contrôler cette situation explosive, maintient Smith en isolement dans un hôpital militaire. Une infirmière, Gillian Boardman, bouleversée par son sort, aide le jeune homme à s’échapper avec le concours d’un journaliste d’investigation. Ils trouvent refuge chez Jubal Harshaw, un écrivain misanthrope qui devient le mentor de Smith. Ce dernier découvre peu à peu les subtilités de la culture terrienne, tout en révélant ses extraordinaires capacités psychiques héritées des Martiens.

Progressivement, Smith développe sa propre vision du monde et fonde l’Église de Tous les Mondes, une organisation spirituelle syncrétique qui prône l’amour universel et remet en cause les fondements de la société occidentale. Mais ses idées radicales sur la sexualité, la propriété et la religion lui attirent les foudres des institutions établies.

Autour du livre

Le roman connut un destin singulier : initialement amputé de 60 000 mots jugés trop audacieux par l’éditeur, il fallut attendre 1991 pour que la version intégrale soit publiée. Couronné par le prix Hugo en 1962, l’ouvrage transcenda rapidement le cercle des amateurs de science-fiction pour devenir une référence majeure de la contre-culture américaine des années 1960. Son influence perdure notamment à travers le néologisme « grok » (comprendre intuitivement), entré dans le dictionnaire Oxford, et l’existence d’une véritable Église de Tous les Mondes, fondée en 1968 par des fans du roman.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 768 pages.


3. Révolte sur la Lune (1966)

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Résumé

En 2075, la Lune s’est muée en colonie pénitentiaire où trois millions d’habitants, majoritairement des anciens détenus déportés et leurs descendants, survivent dans des cités souterraines. La faible gravité ayant modifié leur physiologie, tout retour sur Terre leur est impossible. Manuel « Mannie » O’Kelly-Davis, technicien en informatique unijambiste, entretient HOLMES IV, le superordinateur qui gère les infrastructures lunaires. Un jour, il réalise que la machine a développé une conscience et la surnomme Mike.

Poussé par la curiosité de Mike, Mannie se rend à un rassemblement politique contestataire. L’intervention musclée des forces de l’ordre le contraint à fuir avec Wyoming Knott, une militante. Ils retrouvent le professeur Bernardo de la Paz, révolutionnaire chevronné déporté du Pérou. Mike leur révèle alors une terrible nouvelle : dans sept ans, l’exploitation intensive des ressources lunaires par la Terre mènera à une catastrophe écologique. Malgré des chances de succès estimées à une sur sept, ils décident de fomenter une révolution, créant un réseau clandestin coordonné par Mike sous l’identité fictive d’Adam Selene.

La révolte éclate prématurément suite à des exactions commises par des soldats terriens. Une fois le pouvoir conquis, Mannie et le professeur de la Paz partent en mission diplomatique sur Terre pour négocier l’indépendance. Face à l’intransigeance des autorités, les révolutionnaires transforment leur catapulte électromagnétique en arme, bombardant des zones inhabitées de la Terre pour forcer les nations à reconnaître leur souveraineté.

Autour du livre

Ce roman aux accents libertariens, publié en 1966, popularise l’acronyme TANSTAAFL (« There Ain’t No Such Thing As A Free Lunch » – « Il n’y a rien de tel qu’un repas gratuit »), devenu depuis un adage célèbre en économie. La création d’un dialecte lunaire mêlant anglais et russe témoigne d’une réflexion poussée sur l’évolution linguistique en milieu isolé. Le personnage de Mike, l’ordinateur doué de conscience, préfigure les questionnements contemporains sur l’intelligence artificielle. Carl Sagan lui-même salua les « suggestions pour mener une révolution dans une société informatisée oppressive ». Le roman reçut le prix Hugo en 1967 et demeure l’une des œuvres majeures de la science-fiction politique. Une adaptation cinématographique fut envisagée en 2004, mais le projet n’aboutit pas malgré un scénario achevé en 2006. 

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 640 pages.


4. Une porte sur l’été (1956)

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Résumé

L’histoire se déroule dans une version alternative des années 1970. Daniel Boone Davis mène une existence paisible aux côtés de son chat Petronius, surnommé Pete, un félin espiègle qui, en hiver, inspecte obstinément chaque porte de la maison dans l’espoir de trouver celle qui mène à l’été. Ingénieur talentueux, Davis dirige avec son associé Miles Gentry une entreprise florissante spécialisée dans la conception de robots domestiques. L’arrivée de Belle Darkin comme secrétaire chamboule le duo : après s’être fiancée à Davis, elle s’allie secrètement à Miles pour prendre le contrôle de la société.

Trahi et évincé, Davis envisage de se soumettre à l’hibernation, une technique permettant de dormir pendant des décennies sans vieillir. Mais avant de franchir le pas, il tente une dernière confrontation avec ses anciens partenaires. Belle lui injecte alors une drogue qui le rend docile et le force à subir l’hibernation jusqu’en l’an 2000. À son réveil, Davis découvre avec stupéfaction que certaines de ses inventions ont été commercialisées sous son nom alors même qu’il dormait. Sa quête de réponses le conduit vers le Dr Twitchell, inventeur d’une machine à voyager dans le temps, qui lui permet de retourner en 1970 pour déjouer la machination de Belle et Miles.

Autour du livre

L’origine de ce roman est particulièrement savoureuse : Heinlein l’a rédigé en seulement 13 jours après que sa femme Virginia ait observé leur chat, réticent à sortir par temps de neige, ouvrir successivement toutes les portes de la maison. « Oh, il cherche une porte qui mène à l’été », avait-elle alors commenté. Cette remarque suffit à Heinlein pour bâtir cette intrigue qui mêle avec habileté science-fiction et critique sociale.

Le texte aborde notamment la question du progrès technologique à travers le prisme de l’automatisation du travail, tout en livrant une réflexion sur la nature du temps et ses paradoxes. Salué par la critique, il s’est classé parmi les meilleurs romans de science-fiction de tous les temps selon trois sondages distincts du magazine Locus entre 1975 et 1998. En 2021, il a inspiré une adaptation cinématographique par le réalisateur japonais Takahiro Miki qui transpose l’action dans le Japon des années 1990 et 2020.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 288 pages.


5. L’Enfant tombé des étoiles (1954)

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Résumé

L’histoire débute dans une petite ville des Montagnes Rocheuses, à une époque lointaine où l’humanité parcourt l’espace depuis plusieurs siècles. John Thomas Stuart XI vit avec un animal de compagnie peu conventionnel : Lummox, une créature extraterrestre héritée de génération en génération depuis que son arrière-grand-père l’a ramenée d’une mission spatiale. D’apparence inoffensive au départ, Lummox atteint progressivement une taille colossale, son appétit pour le métal provoquant des poussées de croissance spectaculaires.

Un incident majeur survient lorsque Lummox quitte son enclos et dévaste une partie de la ville. Face aux dégâts occasionnés, les autorités ordonnent son élimination. John Thomas, déterminé à protéger son compagnon, s’échappe dans la nature avec lui. Sa petite amie Betty les rejoint et propose une solution temporaire : cacher Lummox dans une serre. Parallèlement, une délégation d’extraterrestres arrive sur Terre avec un ultimatum : si leur enfant royal disparu n’est pas retrouvé, ils anéantiront la planète.

Autour du livre

Cette œuvre de 1954 se démarque par son traitement avant-gardiste des questions raciales, incarné notamment par le personnage de Kiku, haut fonctionnaire noir dans une Amérique encore ségrégationniste. L’humour constitue également une signature forte du récit, notamment à travers les négociations diplomatiques mouvementées et les situations cocasses provoquées par la présence de Lummox. Le critique Damon Knight souligne d’ailleurs la remarquable longévité du roman, qu’il qualifie d’œuvre « durable », contrairement à nombre de textes de science-fiction de la même époque devenus « illisibles » quelques années après leur parution.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 352 pages.


6. Marionnettes humaines (1951)

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Résumé

Dans un futur proche où les États-Unis se relèvent d’un conflit nucléaire avec l’URSS, des parasites extraterrestres débarquent en Iowa à bord de soucoupes volantes. Ces créatures visqueuses s’attachent à la nuque de leurs victimes pour en faire des pantins dociles. La « Section », une agence gouvernementale ultrasecrète, dépêche ses meilleurs éléments : Sam, un agent aux multiples visages, Mary, une rousse brillante au passé trouble, et leur chef énigmatique surnommé « le Vieux ».

L’invasion progresse inexorablement tandis que Washington reste sceptique. Sam lui-même tombe sous l’emprise d’un parasite et devient malgré lui instrument de l’invasion. Une fois libéré, il épouse Mary, mais leur bonheur est de courte durée : elle aussi succombe temporairement au contrôle des envahisseurs. Le couple découvre finalement que ces créatures, originaires de Titan, sixième lune de Saturne, sont vulnérables à une maladie vénusienne dont Mary avait été victime enfant. Cette faiblesse pourrait permettre aux humains de reprendre l’avantage grâce à une guerre biologique ciblée.

Autour du livre

Publié en 1951, ce roman de science-fiction reflète les angoisses de la Guerre froide, les parasites incarnant métaphoriquement la menace communiste. L’édition originale fut amputée d’un tiers de son contenu, jugé trop audacieux pour l’époque : scènes de sexualité débridée des humains possédés, critique du maccarthysme à travers la description de milices civiles abattant sans procès les suspects de « contamination ». La version intégrale ne paraîtra qu’en 1990, après le décès de Heinlein. L’œuvre a inspiré de nombreuses variations sur le thème du parasitisme extraterrestre, de « L’invasion des profanateurs » de Jack Finney aux séries comme « Star Trek ». Elle fut adaptée au cinéma en 1994 avec Donald Sutherland, après qu’une première tentative non autorisée en 1958 eut valu à ses producteurs un procès de la part de Heinlein.

Aux éditions FOLIO ; 416 pages.


7. Waldo (1942)

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Résumé

Dans les années 1940, Robert A. Heinlein imagine un monde futuriste où l’énergie atomique, distribuée sans fil, alimente maisons, usines et véhicules volants. Ce système bien rodé commence à montrer des signes de dysfonctionnement : les récepteurs deKalb, composants essentiels des moteurs, tombent en panne sans explication. James Stevens, ingénieur en chef de la société distributrice NAPA, n’a plus qu’une option : faire appel au brillant mais asocial Waldo Farthingwaite-Jones.

Né avec une myasthénie qui le prive de toute force musculaire, Waldo s’est réfugié dans une station orbitale où l’apesanteur lui permet de se mouvoir. Sa condition l’a poussé à inventer des dispositifs révolutionnaires : des mains mécaniques télécommandées qui reproduisent fidèlement les mouvements humains. Après d’âpres négociations menées par le docteur Grimes, son ancien médecin, Waldo accepte d’enquêter sur les pannes.

Autour du livre

Publié en 1942 sous le pseudonyme d’Anson MacDonald, ce roman court a marqué durablement l’imaginaire technique : le terme « waldo » est devenu le nom générique des manipulateurs à distance, utilisés notamment par la NASA. La force du récit réside dans sa capacité à mêler harmonieusement science-fiction « dure » et éléments fantastiques, tout en développant une réflexion sur les limites de la rationalité scientifique. Le physicien Richard Feynman s’en serait même inspiré pour sa célèbre conférence « There’s Plenty of Room at the Bottom » en 1959. Couronné par le prix Hugo du meilleur roman court 1943 (décerné rétrospectivement en 2018), ce texte continue d’interroger notre rapport à la technologie et aux savoirs alternatifs.

Aux éditions LE BÉLIAL’ ; 160 pages.

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