Nicolas Rey est un écrivain et scénariste français né le 8 mai 1973 à Évreux. Après des études au lycée Georges-Dumézil à Vernon et un bref passage en classe préparatoire HEC, il s’installe à Paris où sa rencontre avec l’écrivain Philippe Djian s’avère déterminante pour son parcours littéraire.
Il publie son premier roman « Treize minutes » en 1998 et remporte le prix de Flore en 2000 pour « Mémoire courte ». Auteur d’une quinzaine de romans publiés principalement aux éditions Au diable vauvert, il y dépeint notamment les tourments sentimentaux et l’instabilité de sa génération. Son œuvre est en partie autobiographique, abordant notamment ses addictions dans « Un léger passage à vide » (2010).
Parallèlement à sa carrière d’écrivain, Nicolas Rey se fait également connaître comme chroniqueur à la radio (France Inter) et à la télévision (Canal+). Il s’aventure aussi dans le cinéma, coréalisant avec Emma Luchini le court-métrage « La Femme de Rio » (2014), qui remporte le César du meilleur court métrage en 2015.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. La marge d’erreur (2021)
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À 47 ans, Gabriel Salin reçoit une sentence sans appel : un cancer du poumon ne lui laisse que trois mois à vivre. Cette nouvelle tombe alors qu’il se remet à peine de sa rupture avec Joséphine, survenue deux ans plus tôt. Journaliste au Figaro, il mène une existence solitaire rythmée par les antidépresseurs, les somnifères et les séries en streaming.
Gabriel choisit le silence. Personne ne saura – ni son fils Hippolyte qu’il chérit, ni sa sœur Émilie, ni ses parents. Il poursuit sa routine : interviews d’influenceuses, reportages à l’étranger, soirées devant la télévision. Son projet de revoir les femmes importantes de sa vie est chamboulé par l’arrivée de Diane, sa nouvelle voisine. Une relation passionnée s’installe, compliquée par son impuissance due aux médicaments.
Ce roman de Nicolas Rey, paru en pleine période Covid, dresse le portrait d’un homme qui refuse de se laisser abattre par la mort annoncée. L’humour noir côtoie la crudité des scènes érotiques, tandis que la tendresse affleure dans les moments partagés avec son fils. L’auteur y transpose sa propre expérience de la dépression et de la dépendance, dans un exercice d’autofiction qui fait mouche.
Aux éditions J’AI LU ; 288 pages.
2. Crédit illimité (2022)
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Interdit bancaire et criblé de dettes, Diego Lambert n’a plus le choix : il doit demander de l’argent à son père, un magnat de l’industrie céréalière qu’il déteste. Antonio Lambert accepte de lui donner 50 000 euros, mais à une condition : que son fils de 49 ans, éternel adolescent, ex-toxicomane, prenne temporairement la direction des ressources humaines d’une de ses usines pour licencier quinze personnes.
Dans les locaux d’Ovadis à Saint-Omer, Diego découvre un monde qu’il ne connaît pas. Entre deux cigarettes et quelques verres, il reçoit un à un les salariés condamnés : un magasinier père de quatre enfants, un couple fusionnel, un homme pour qui le travail est le seul lien social… Ces rencontres bouleversent sa vision des choses, d’autant que l’entreprise dégage des bénéfices confortables.
Refusant d’être le bras armé d’une restructuration purement financière, Diego élabore un plan pour contrer son père. En parallèle, Diego tente maladroitement de conquérir sa psychanalyste, dont il est éperdument amoureux depuis deux ans.
Avec cette farce grinçante publiée en 2022, Nicolas Rey s’éloigne pour la première fois de l’autofiction. Le roman conjugue critique sociale du capitalisme et complexe d’Œdipe, tout en conservant l’humour mordant caractéristique de l’auteur. Cette satire du monde de l’entreprise se double d’une réflexion sur la figure paternelle et le passage à l’âge adulte.
Aux éditions DIABLE VAUVERT ; 224 pages.
3. Médecine douce (2024)
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À cinquante ans, Martin Faubert exerce la médecine générale à Paris sans grande conviction. Désabusé par sa profession et sa vie conjugale morose, il s’est créé son propre code de conduite : surtaxer les patients fortunés qui l’irritent et offrir des consultations gratuites aux plus démunis. Seule sa fille de sept ans, Chloé, avec qui il entretient une relation fusionnelle, lui apporte un peu de réconfort.
Sa vie bascule le jour où Aurore Rosier, sublime cheffe d’entreprise, franchit la porte de son cabinet. Fou amoureux dès le premier regard, il imagine un stratagème pernicieux pour la revoir : trafiquer ses analyses médicales en lui diagnostiquant une fausse syphilis. Ce mensonge initial va déclencher une spirale infernale qui mettra en péril sa carrière et bouleversera deux familles.
Dans cette satire musclée du corps médical, Nicolas Rey joue sur plusieurs tableaux : la critique sociale à travers le défilé de patients aux pathologies plus ou moins imaginaires, la déconstruction d’un coup de foudre tardif et ses conséquences dévastatrices, une réflexion sur la morale médicale. Le personnage de Nicolas Royant, patient cocaïnomane devenu confident du médecin, apporte une dimension métaréflexive intrigante puisqu’il apparaît comme un double de l’auteur.
Aux éditions DIABLE VAUVERT ; 288 pages.
4. Dos au mur (2018)
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Un matin de 2018, Nicolas Rey reçoit une proposition des éditions de la Férinière : écrire un recueil de nouvelles. Le problème ? L’inspiration l’a déserté. Jadis enfant terrible des lettres françaises, il n’est plus que l’ombre de lui-même après deux décennies d’addictions qui lui ont valu une pancréatite chronique. Sans le sou, il dépend financièrement de son père et peine à assumer son rôle de père auprès d’Hippolyte, son fils de 12 ans.
Une nuit d’angoisse et de cocaïne, un ami lui propose une solution : lui céder une nouvelle pour compléter son recueil. Cette main tendue se transforme en piège quand l’ami réclame 100 000 euros de dommages et intérêts pour plagiat. Le scandale enfle dans le microcosme littéraire parisien. Dos au mur, Rey décide de tout avouer : ses mensonges répétés, ses trahisons, sa déchéance.
Entre confession et autofiction, ce livre brouille les frontières du vrai et du faux. La prétendue affaire de plagiat sert de prétexte pour dévoiler les coulisses d’une vie d’écrivain en perdition. Les courts chapitres s’enchaînent comme autant de polaroids d’une existence cabossée, entre humour noir et lucidité tranchante.
Aux éditions J’AI LU ; 256 pages.
5. Mémoire courte (2000)
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À l’aube des années 2000, Gabriel se perd dans les méandres de sa vie parisienne. Rédacteur pour la radio, il vient d’épouser Sophie mais doute déjà de ses sentiments. Son quotidien se délite entre prises de cocaïne, soirées alcoolisées et Lexomil. Un fossé se creuse entre l’homme qu’il était – attentionné, drôle, amoureux – et celui qu’il est devenu.
La nuit précédant son mariage, Gabriel sort avec son ami Denis et un certain Franck Lespinasse. Cette soirée, dont il ne garde que des bribes de souvenirs, marque un point de bascule. Obsédé par ce trou noir dans sa mémoire, il cherche à reconstituer les événements de cette nuit, quitte à affronter les conséquences les plus sombres de ses actes.
Paru en 2000 aux éditions du Diable Vauvert, « Mémoire courte » a remporté le prix de Flore la même année. Ce premier roman de Nicolas Rey dépeint sans concession la dérive d’une génération désabusée. Entre humour noir et désespoir, le texte alterne scènes crues et moments de grâce fugaces, touchant à l’essence d’une masculinité en crise dans le Paris de la fin du millénaire.
Aux éditions J’AI LU ; 160 pages.
6. Un léger passage à vide (2010)
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Dans ce récit autobiographique paru en 2010, Nicolas Rey livre le portrait sans fard d’un trentenaire parisien qui oscille entre paternité et autodestruction. Alors que sa femme Marion attend leur premier enfant, il s’enfonce dans une spirale d’addictions : trois grammes de cocaïne quotidiens, alcool dès le réveil, anxiolytiques en cascade. La naissance de son fils Hippolyte ne suffit pas à le sortir de ses démons.
Le départ de Marion, lassée par ses excès, le pousse à entamer une cure de désintoxication. Entre les murs de l’hôpital psychiatrique, il affronte ses dépendances avec l’aide des soignants et des autres patients. Son producteur Yves Kléber reste l’un de ses rares points d’ancrage avec l’extérieur. Une nouvelle histoire d’amour avec Audrey lui redonne espoir, jusqu’à ce qu’elle parte « faire le point » à New York.
À travers une succession de courts chapitres percutants, le livre navigue entre cynisme et tendresse, notamment dans les scènes avec son fils. L’autodérision permet d’aborder des sujets graves – drogues, alcool, rupture – sans pathos ni complaisance. Les critiques ont souvent rapproché ce récit des œuvres de Frédéric Beigbeder, tous deux chroniquant les errances d’une génération de trentenaires parisiens en proie au doute et aux excès.
Aux éditions J’AI LU ; 160 pages.