Né le 19 février 1976 à Herblay, Maxime Drouot, qui écrit sous les noms de plume Maxime Chattam et Maxime Williams, est le fils d’un père directeur artistique dans un magazine et d’une mère secrétaire de direction. Durant son enfance, il effectue de nombreux voyages aux États-Unis, notamment à Portland, dans l’Oregon, en 1987, ville qui influencera plus tard ses écrits. En 1988, un séjour dans la jungle thaïlandaise lui donne l’occasion de tenir un journal, sa première expérience significative avec l’écriture.
Après des études au lycée Montesquieu d’Herblay et une formation au Cours Simon à Paris où il tente sa chance comme comédien, Chattam poursuit des études de lettres modernes, puis se forme à la criminologie à l’université de Saint-Denis. Cette formation lui permet d’acquérir les bases de la psychologie criminelle, de la police technique et scientifique, ainsi que de la médecine légale.
Sa carrière d’écrivain démarre véritablement en 2002 avec « L’Âme du mal », premier volet d’une trilogie qui le fait connaître du grand public. Il choisit alors le pseudonyme de Chattam, en référence à une ville de Louisiane. Son succès ne se dément pas depuis : en 2019, son éditeur annonce avoir vendu 7 millions d’exemplaires de ses ouvrages. Il est marié à Faustine Bollaert et est père de deux enfants, Abbie et Peter. En 2021, il devient président de la commission du Fonds d’aide au jeu vidéo du CNC.
Auteur prolifique jonglant entre thriller, fantastique et science-fiction, il continue aujourd’hui de s’essayer à différents genres littéraires tout en restant fidèle à son goût pour le suspense et les atmosphères sombres.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Que ta volonté soit faite (thriller policier, 2015)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Carson Mills, petite bourgade paisible du Midwest américain des années 1960. C’est là que vit Jon Petersen, un être né dans des circonstances tragiques. Ses parents, un père méthodiste et une mère luthérienne, meurent le jour de sa naissance dans un règlement de comptes entre leurs famille respectives, opposées par leurs croyances divergentes. Élevé par son grand-père Ingmar et ses tantes dans une atmosphère austère, Jon manifeste dès l’enfance des comportements foncièrement inquiétants, tels que la torture méthodique de fourmis puis l’agression brutale d’un camarade de classe.
Les années passent tandis qu’une série de crimes sordides frappe Carson Mills : des viols, le meurtre d’une bibliothécaire, des disparitions d’animaux domestiques. Le shérif Jarvis Jefferson, sans pouvoir établir formellement la culpabilité de Jon Petersen, le soupçonne d’être l’auteur de ces actes. Malgré cette ombre qui plane sur lui, Jon parvient à mener une vie en apparence normale : il se marie avec Joyce Flanagan, devient père d’un garçon prénommé Riley et travaille comme équarrisseur.
Mais sous ces dehors de respectabilité, la violence de Jon ne cesse de croître. Il terrorise sa famille, force son épouse à se prostituer et soumet son fils à des actes de cruauté insoutenables. Riley, jeune garçon sensible, découvre peu à peu l’effroyable vérité sur son père tandis que le shérif Jefferson, proche de la retraite, s’obstine à faire éclater la vérité. Dans cette petite ville où chacun se connaît mais où personne n’ose parler, la tension monte inexorablement. Jusqu’où Jon Petersen ira-t-il dans l’horreur avant que quelqu’un ne l’arrête ?
Autour du livre
« Que ta volonté soit faite » occupe une place singulière dans la bibliographie de Maxime Chattam. S’éloignant des codes du thriller traditionnels, son vingtième livre s’inscrit davantage dans la tradition du roman noir américain. L’influence de Stephen King est palpable, notamment dans la description minutieuse de cette petite ville du Midwest et de ses habitants. La narration, confiée à un mystérieux témoin des événements dont l’identité n’est révélée qu’à la toute fin, constitue l’un des aspects les plus novateurs du livre.
Le roman est remarquable par son traitement original de la figure du psychopathe. Jon Petersen n’est pas présenté comme un tueur en série conventionnel, mais comme une incarnation presque métaphysique du Mal. Chattam s’émancipe des ressorts habituels du genre en privilégiant une approche psychologique. Les interrogations sur l’origine du Mal, la responsabilité individuelle et collective, la nature de la justice traversent l’ensemble des pages.
La structure temporelle du roman, qui s’étend sur trois décennies, permet de suivre l’évolution inexorable du protagoniste. Le premier chapitre, particulièrement marquant, pose d’emblée le ton et l’atmosphère oppressante qui caractérisent l’ensemble du livre. Le motif récurrent du coquelicot, symbole ambigu de beauté et de mort, constitue l’une des trouvailles les plus saisissantes du roman.
La réception critique s’est montrée largement favorable à cette nouvelle orientation de Chattam. Les chroniqueurs saluent majoritairement l’atmosphère particulièrement réussie du roman. La comparaison avec « Le Diable, tout le temps » de Donald Ray Pollock revient fréquemment, tout comme les parallèles avec les ouvrages de Stephen King. Le dénouement inattendu divise cependant les lecteurs : certains y voient un coup de maître tandis que d’autres le jugent artificiel.
Aux éditions POCKET ; 384 pages.
2. Le Signal (thriller fantastique horrifique, 2018)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
En 2018, la famille Spencer quitte l’agitation new-yorkaise pour s’installer à Mahingan Falls, une petite ville paisible de Nouvelle-Angleterre située près de Salem. Tom, qui peine à retrouver le succès après sa première pièce de théâtre, et son épouse Olivia, présentatrice télé en quête d’anonymat, espèrent offrir une vie plus sereine à leurs enfants. Ils emménagent avec Chad, leur fils de treize ans, Owen, leur neveu du même âge adopté après la mort de ses parents, et Zoey, leur fillette de deux ans, dans une vaste demeure isolée surnommée « La Ferme ».
Les premiers signes inquiétants ne tardent pas à survenir. Dans la maison, la petite Zoey se réveille terrorisée chaque nuit. Leur chien refuse obstinément d’approcher la forêt voisine. En ville, une série de morts violentes inexpliquées commence à secouer la communauté, tandis que d’étranges cris parasitent les ondes radio.
Alors que le lieutenant Ethan Cobb tente d’élucider ces mystérieux événements, Chad et Owen parcourent la région avec leurs nouveaux amis. Leurs découvertes les mènent sur la piste d’un terrible secret : leur ville porte les stigmates d’un passé sanglant mêlant sorcellerie et massacres d’Indiens. Ces forces occultes, longtemps endormies, semblent désormais s’éveiller pour réclamer vengeance.
Autour du livre
Avec « Le Signal », Maxime Chattam délaisse le thriller pur pour s’aventurer sur les terres du fantastique horrifique. Les clins d’œil à Stephen King abondent, notamment à travers la ville fictive qui rappelle Derry, le groupe d’adolescents qui fait écho au « Club des Ratés » de « Ça », ou encore les scènes dans les champs de maïs peuplés d’épouvantails menaçants. L’influence de H. P. Lovecraft transparaît également, avec des mentions d’Arkham et de Dunwich, ainsi que dans le traitement des forces obscures qui menacent la ville.
La structure narrative alterne habilement entre plusieurs points de vue, créant une tension croissante. La violence graphique des scènes d’horreur contraste avec des moments plus intimes centrés sur la famille Spencer, dont la composition n’est pas sans rappeler celle de l’auteur lui-même – Tom et Olivia partageant les professions respectives de Maxime Chattam et son épouse.
La critique s’est montrée divisée sur ce roman de près de 900 pages. Certains saluent l’efficacité du récit et son ambiance oppressante, tandis que d’autres pointent du doigt une trop grande proximité avec l’œuvre de Stephen King, questionnant la frontière entre l’hommage et le plagiat. La longueur du texte fait également débat, certains critiques évoquant des passages qui auraient gagné à être condensés.
Sans révolutionner le genre, « Le Signal » parvient à déployer une intrigue efficace qui maintient le lecteur en haleine. La quatrième de couverture pose une question provocante : « Avez-vous déjà eu vraiment peur en lisant un livre ? » Si les avis divergent sur la réponse, l’immersion dans les ténèbres de Mahingan Falls promet une expérience de lecture intense, particulièrement pour qui suit le conseil de l’auteur de lire ce livre la nuit, accompagné de la playlist musicale qu’il a spécialement constituée.
Aux éditions POCKET ; 912 pages.
3. Un(e)secte (thriller policier, 2019)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Los Angeles. Le corps d’un journaliste est retrouvé dans un zoo désaffecté. Ou plutôt ce qu’il en reste : un squelette nettoyé jusqu’aux os, encore vêtu de ses habits imbibés de sang. Plus troublant encore, des centaines d’insectes écrasés jonchent le sol autour de la scène de crime. L’inspecteur Atticus Gore, passionné d’entomologie et mis au ban par ses collègues du LAPD, hérite de cette enquête déconcertante : comment un corps peut-il se décomposer aussi rapidement, alors que la victime était encore en vie la veille ?
À l’autre bout du pays, à New York, la détective privée Kat Kordell recherche une jeune femme disparue, Lena Fowlings. Sa mère a reçu un mystérieux SMS avant que sa fille ne s’évapore dans la nature. En enquêtant sur sa disparition, Kat découvre des liens inquiétants avec le milieu de l’occultisme.
Ces deux affaires en apparence distinctes vont finir par converger et révéler une vérité glaçante, mêlant manipulation mentale et expérimentations sur les insectes. Atticus et Kat vont se retrouver confrontés à une organisation dont le pouvoir dépasse l’entendement, capable de contrôler ces minuscules créatures qui nous entourent par milliards…
Autour du livre
Maxime Chattam signe avec « Un(e)secte » un thriller aux frontières de la science-fiction qui joue habilement sur les phobies primales. Le titre même dissimule un double sens éloquent, entre les insectes de l’enquête d’Atticus et la dérive sectaire que traque Kat. Cette dualité se retrouve dans la structure narrative qui jongle entre Los Angeles et New York, deux métropoles dont Chattam dépeint les bas-fonds avec une précision chirurgicale.
Les deux protagonistes se distinguent par leur marginalité assumée. Atticus Gore, policier homosexuel fan de metal, nage à contre-courant dans un LAPD conformiste. Kat Kordell cultive sa solitude tout en conservant une détermination sans faille dans ses enquêtes. Ces deux électrons libres donnent une dimension sociale au récit, en marge d’une société standardisée.
Le texte soulève aussi des questions brûlantes sur notre époque : l’hégémonie des GAFAM, la manipulation des masses par les réseaux sociaux, l’avenir de l’humanité face aux défis environnementaux. La menace des insectes peut ainsi se lire comme une métaphore d’un monde qui échappe à tout contrôle.
Si le prologue s’inscrit dans une veine horrifique avec une scène d’attaque d’insectes particulièrement oppressante, le reste du récit privilégie une tension psychologique plus subtile. Cette modération dans l’horreur permet au texte de maintenir sa crédibilité, même lorsqu’il frôle les limites du fantastique.
Le Figaro salue « un thriller horrifique dans lequel les insectes sèment la terreur », tandis que Le Parisien note que « Maxime Chattam noue son intrigue comme une araignée tisse sa toile ». La critique souligne majoritairement l’efficacité du récit mais regrette parfois un dénouement trop rapide. Les lecteurs apprécient particulièrement la documentation scientifique sur les insectes, qui confère une inquiétante plausibilité à cette fiction.
Aux éditions POCKET ; 552 pages.
4. Prime Time (thriller psychologique, 2024)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Pendant que des millions de Français regardent le journal de 20 heures sur MD1, première chaîne nationale, un homme masqué à la voix déformée fait irruption sur le plateau et prend en otage Paul Daki-Ferrand, le présentateur vedette. Sa menace est claire : si le direct est coupé, il tuera l’otage. Le preneur d’otage, qui se fait appeler Kratos, exige également une rançon de 50 millions d’euros.
Dans la régie, Charlène, la cheffe d’édition, se retrouve propulsée malgré elle dans le rôle de négociatrice, épaulée par Yanis, un agent du GIGN. Tandis que l’équipe technique reste prisonnière sur le plateau, une deuxième prise d’otage se déroule simultanément dans un pavillon de Boulogne-Billancourt, où la femme et la fille de Paul sont retenues captives.
Le GIGN déploie ses forces autour du studio, mais la situation se complique : entre l’obsession de l’audience qui anime les dirigeants de la chaîne, les pressions politiques et la frénésie des réseaux sociaux, chaque minute qui passe rend l’issue plus incertaine.
Autour du livre
Dans la veine de films comme « Money Monster » ou « On The Line », « Prime Time » métamorphose une prise d’otage classique en un réquisitoire saisissant contre les dérives du monde médiatique. Cette nuit d’angoisse se mue en un huis clos où s’affrontent les ambitions personnelles, l’éthique journalistique et la manipulation de l’opinion publique. À travers le personnage de Paul Daki-Ferrand, Maxime Chattam esquisse le portrait d’une figure médiatique adulée mais moralement ambiguë, dont la notoriété masque des zones d’ombre inquiétantes.
L’originalité de ce thriller tient à son immersion dans deux univers rarement associés : celui des médias et celui des forces d’intervention d’élite. Le fonctionnement du GIGN, ses protocoles d’intervention et ses techniques de négociation sont décrits avec une précision qui témoigne d’un travail de recherche considérable. Cette documentation méticuleuse s’étend également aux coulisses d’un journal télévisé, de la préparation des sujets jusqu’aux enjeux d’audience, offrant un regard sans concession sur l’industrie de l’information.
Le roman aborde plusieurs thématiques contemporaines brûlantes : la toute-puissance des groupes médiatiques, l’impact toxique des réseaux sociaux, les abus de pouvoir ou encore le mouvement #MeToo. La figure de Charlène incarne particulièrement bien ces questionnements : cette femme qui a survécu à un burn-out se retrouve au cœur d’une situation extrême où elle doit composer avec les pressions hiérarchiques tout en tentant de sauver des vies.
Les critiques saluent majoritairement ce retour aux fondamentaux du thriller psychologique après « Lux », jugé plus clivant. Si certains pointent des longueurs dans les passages techniques ou une fin parfois devinée, beaucoup louent la maîtrise du suspense et la pertinence de la critique sociale. La presse souligne particulièrement la construction intelligente de l’intrigue et la tension maintenue tout au long des 560 pages.
Aux éditions ALBIN MICHEL ; 560 pages.
5. L’Âme du mal (thriller policier, Trilogie du Mal #1, 2002)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Portland, automne 2000. Joshua Brolin, jeune inspecteur de trente ans formé au profilage par le FBI, mène l’enquête sur une série de meurtres abominables. Le « Bourreau de Portland » laisse derrière lui des cadavres de femmes atrocement mutilés : leurs avant-bras sont sectionnés avec précision et leur front porte des marques de brûlures à l’acide. L’affaire connaît un dénouement provisoire quand Brolin parvient à sauver Juliette Lafayette, étudiante en psychologie, des griffes du tueur. Au cours de l’intervention, il abat le meurtrier Leland Beaumont d’une balle dans la tête.
Un an plus tard, l’horreur ressurgit. De nouvelles victimes sont découvertes avec exactement la même signature : membres amputés, visages rongés par l’acide. Plus troublant encore, les analyses révèlent l’ADN de Leland Beaumont sur les scènes de crime. Brolin et son équipe font face à une terrible énigme : comment un homme mort et enterré peut-il continuer à tuer ?
Le meurtrier envoie des lettres mystérieuses à la police, dans lesquelles il cite des passages de la Divine Comédie de Dante. Ces messages macabres suggèrent qu’il ne travaille peut-être pas seul. Rapidement, Juliette se retrouve impliquée dans l’enquête grâce à ses connaissances en psychologie. Elle aide Brolin à décrypter la personnalité de celui que la presse surnomme désormais « le fantôme de Leland ». Commence alors une course contre la montre pour arrêter ce tueur qui semble avoir ressuscité…
Autour du livre
Premier volet de la « Trilogie du Mal », publié en 2002 aux éditions Michel Lafon, « L’Âme du mal » marque les débuts de Maxime Chattam sous ce pseudonyme, après la publication du « Cinquième Règne » sous le pseudonyme de Maxime Williams. La genèse du roman s’inscrit dans le prolongement direct des études de criminologie suivies par l’auteur en 1998. Chattam consacre deux années entières à documenter son récit ; il s’immerge dans les arcanes de la police scientifique, de la médecine légale et de la psychiatrie criminelle.
Cette approche documentée se manifeste dans la précision quasi chirurgicale des descriptions d’autopsies et des méthodes d’investigation, sans jamais entraver la progression haletante du récit. La narration alterne entre les phases d’enquête et les moments de pure tension. Chattam s’appuie sur un socle de connaissances scientifiques solides tout en intégrant des éléments plus ésotériques qui donnent à l’intrigue une dimension supplémentaire.
Joshua Brolin incarne un nouveau type de protagoniste dans le paysage du thriller français. Refusant les clichés du policier alcoolique et tourmenté, Chattam compose un personnage nuancé qui trouve refuge dans les jeux vidéo pour décompresser des horreurs auxquelles il est confronté. Sa capacité à se glisser dans l’esprit des tueurs en série, sans pour autant perdre son humanité, constitue l’un des points forts du roman. Le duo qu’il forme avec Juliette Lafayette apporte une dimension émotionnelle qui s’intègre naturellement à l’enquête.
La construction du récit en trois parties permet à Chattam de maintenir un rythme soutenu tout en ménageant ses effets. La première partie pose les bases de l’intrigue avec l’affaire initiale du « Bourreau de Portland ». La deuxième, la plus conséquente, suit la nouvelle vague de meurtres qui semble défier toute logique. La troisième précipite les événements vers leur conclusion, sans jamais céder à la facilité.
« L’Âme du mal » s’est rapidement imposé comme une référence du genre. Il s’est écoulé à plus de 400 000 exemplaires et a remporté le Prix Sang d’encre. La critique souligne unanimement la maîtrise dont fait preuve Chattam pour son premier thriller.
Aux éditions POCKET ; 640 pages.
6. Les Arcanes du chaos (thriller géopolitique, Le Cycle de l’Homme #1, 2006)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Résumé
Yael Mallan, taxidermiste parisienne de 27 ans, voit sa vie basculer lorsque des phénomènes inexplicables surviennent dans son appartement : des ombres s’agitent dans ses miroirs et son ordinateur, pourtant débranché, affiche des messages énigmatiques. Effrayée, elle contacte Thomas, un journaliste canadien croisé quelques jours plus tôt dans un bar. Ce dernier prend ses révélations au sérieux et lui propose son aide.
Les deux protagonistes se retrouvent alors projetés dans une chasse aux indices qui les mène des catacombes parisiennes aux gratte-ciels de Manhattan, en passant par les banques suisses. À chaque étape de leur périple, ils doivent résoudre des énigmes liées à de grands événements historiques : l’assassinat de Kennedy, le naufrage du Titanic, ou encore les symboles ésotériques présents sur les billets de dollar américain.
Une organisation secrète baptisée « les Ombres » semble orchestrer cette quête, tandis qu’une équipe de tueurs professionnels tente de les éliminer. Peu à peu, Yael et Thomas découvrent l’existence d’un groupe occulte de milliardaires qui manipulent l’Histoire de la planète comme un vaste jeu d’échecs. Et dans ce jeu macabre, Yael n’est peut-être qu’un pion dont la vie entière aurait été façonnée par ces mystérieux joueurs de l’ombre…
Autour du livre
« Les Arcanes du chaos » (2006) constitue le premier volet du « Cycle de l’Homme », une trilogie de Maxime Chattam où chaque tome présente une histoire indépendante.
Le récit alterne entre l’aventure principale et les extraits d’un blog tenu par Kamel Nasir, ami de Thomas et théoricien du complot. Ce dispositif narratif permet à Maxime Chattam d’introduire de véritables éléments historiques et politiques qui étayent la dimension conspirationniste de l’intrigue. Les articles du blog abordent notamment l’administration Bush, les attentats du 11 septembre, et diverses manipulations géopolitiques présumées.
La construction du roman se décline en trois parties. « Le Monde des ombres » installe l’atmosphère surnaturelle initiale avant de basculer dans le thriller géopolitique. « Le Royaume des théories » développe la trame conspirationniste tandis que « L’Empire du chaos » précipite le récit vers son dénouement. Cette progression crée une tension croissante qui maintient le lecteur en alerte jusqu’aux dernières pages.
L’originalité des « Arcanes du chaos » réside dans son ancrage dans l’actualité et sa documentation méticuleuse. Chaque élément historique mentionné peut être vérifié, ce qui renforce la crédibilité du récit et trouble la frontière entre fiction et réalité. Maxime Chattam s’appuie sur des faits réels – comme les liens entre les familles Kennedy, Bush et Ben Laden – pour tisser une toile complexe où la manipulation devient un art politique.
Le Figaro Littéraire note que Chattam « a prouvé avec éclat que le genre très américain du thriller pouvait faire florès en France. » D’autres critiques mettent en avant sa capacité à transformer des théories du complot en matériau romanesque crédible. Si certains regrettent l’absence du style gore caractéristique de la « Trilogie du Mal », la majorité s’accorde sur l’efficacité du suspense et la construction minutieuse de l’intrigue.
Aux éditions POCKET ; 560 pages.
7. La Conjuration primitive (thriller policier, Ludivine Vancker #1, 2012)
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Résumé
Une série de meurtres d’une rare sauvagerie terrorise la France. À Paris, un tueur surnommé « le Fantôme » s’introduit chez ses victimes sans laisser la moindre trace, les viole et les étrangle, poussant le sadisme jusqu’à les réanimer par massage cardiaque pour prolonger leur agonie. Dans l’Est du pays, un autre assassin baptisé « la Bête » mutile ses proies et dévore leur chair. Le seul point commun entre ces crimes : un mystérieux symbole « *e » gravé sur chaque victime.
L’adjudant Alexis Timée, qui dirige une unité spéciale de la gendarmerie avec ses collègues Ludivine Vancker et Segnon Dabo, se heurte à une enquête impossible. Pour comprendre ce qui relie ces tueurs, il sollicite l’aide de Richard Mikelis, le meilleur criminologue de France, retiré dans les Alpes. Mikelis refuse d’abord de replonger dans les ténèbres qu’il a fuies, mais un événement tragique à la gare d’Herblay le fait changer d’avis : un adolescent pousse plusieurs personnes sous un train avant de se suicider, laissant derrière lui le même symbole « *e ».
Au fil des semaines, les meurtres se multiplient à travers toute l’Europe, de l’Écosse à la Pologne. Plus inquiétant encore, ils semblent coordonnés, comme si les tueurs communiquaient entre eux. Une hypothèse inimaginable prend forme : et si tous les prédateurs, habituellement solitaires, s’organisaient pour défier l’ordre établi ? L’équipe de gendarmes se lance alors dans une traque effrénée pour empêcher l’émergence d’une société parallèle où le Mal règnerait en maître.
Autour du livre
« La Conjuration primitive » s’inscrit dans la lignée directe de la « Trilogie du Mal » qui a fait la renommée de Maxime Chattam. Premier tome d’une nouvelle série centrée sur le personnage de Ludivine Vancker, ce thriller pousse encore plus loin la réflexion sur la nature du Mal qui caractérise l’œuvre du romancier. Le récit s’articule autour de trois parties – « Lui », « Elle » et « Eux » – qui modifient progressivement la perspective narrative et amplifient l’intensité dramatique.
La documentation minutieuse transparaît notamment dans l’évocation du seul Lebensborn français, établi à Bois-Larris, ces « fontaines de vie » créées par les nazis pour développer la race aryenne. Cette référence historique méconnue s’intègre naturellement dans l’intrigue et lui confère une profondeur supplémentaire. Chattam pousse sa réflexion sur la violence contemporaine jusqu’à théoriser une possible évolution des tueurs en série : de solitaires, ils deviendraient organisés, menaçant non plus des individus mais le système lui-même.
Les personnages principaux révèlent une complexité psychologique qui transcende les archétypes du genre. Alexis Timée dissimule sa sensibilité derrière un professionnalisme exemplaire. Ludivine Vancker masque sa fragilité par le travail et le sport. Quant au criminologue Richard Mikelis, sa connaissance approfondie des profils psychologiques des criminels lui confère une aura paternelle qui tranche avec la noirceur du récit.
La critique salue unanimement le retour de Chattam à ses fondamentaux, avec une maîtrise de ses thèmes de prédilection. Les commentateurs soulignent particulièrement l’efficacité du découpage en trois parties, la cohérence de l’intrigue et l’audace de certains choix narratifs qui prennent le lecteur à contre-pied. La présence furtive d’un personnage emblématique de la « Trilogie du Mal », Joshua Brolin, constitue un clin d’œil apprécié des fidèles lecteurs.
Aux éditions POCKET ; 544 pages.