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Mario Puzo en 3 romans – Notre sélection

Mario Puzo en 3 romans – Notre sélection

Mario Puzo naît le 15 octobre 1920 à Manhattan, dans le quartier de Hell’s Kitchen, au sein d’une famille pauvre d’immigrants italiens. Son père, qui travaille pour les chemins de fer, est interné pour schizophrénie quand Mario a 12 ans. Sa mère Maria élève seule ses sept enfants.

Après des études à l’université de la ville de New York, il s’engage dans l’armée de l’air américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. En raison de sa mauvaise vue, il sert comme officier des relations publiques en Allemagne, une expérience qui inspire son premier roman, « The Dark Arena » (1955).

Sa carrière littéraire prend véritablement son envol en 1969 avec la publication du « Parrain », qui reste onze mois en tête des ventes du New York Times. Cette œuvre majeure donne naissance à une célèbre trilogie cinématographique réalisée par Francis Ford Coppola, pour laquelle Puzo co-écrit les scénarios. Sa collaboration avec Hollywood se poursuit notamment avec l’écriture des scénarios de « Superman » (1978) et « Superman 2 » (1980).

Côté vie privée, il épouse Erika Lina Broske avec qui il a cinq enfants. Après le décès d’Erika d’un cancer du sein en 1978, il partage sa vie avec Carol Gino jusqu’à sa mort. Mario Puzo s’éteint d’une crise cardiaque le 2 juillet 1999 dans sa maison de Bay Shore, à Long Island. Bien que « Le Parrain » soit son plus grand succès, il considère jusqu’à la fin que « Mamma Lucia » (The Fortunate Pilgrim, 1965) est son œuvre la plus accomplie.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Le Parrain (1969)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

New York, 1945. Don Vito Corleone règne sur l’une des cinq familles mafieuses les plus puissantes de la ville. Son empire, bâti sur le jeu et le racket, s’appuie sur un solide réseau d’influences dans la police et la justice. Le jour du mariage de sa fille Connie, un trafiquant de drogue, Virgil Sollozzo, lui propose une alliance que le Don refuse. Cette décision lui vaut d’être criblé de balles dans un attentat.

Son fils aîné Santino prend alors la tête de la famille, mais c’est son plus jeune fils Michael qui bouleverse la donne. Ancien soldat décoré qui avait jusque-là refusé de participer aux activités criminelles familiales, Michael élimine Sollozzo et un capitaine de police corrompu pour venger son père. Contraint de se réfugier en Sicile, il laisse derrière lui une guerre sans merci entre les familles new-yorkaises…

Autour du livre

Publié en 1969, « Le Parrain » fait date dans la littérature américaine en introduisant pour la première fois des termes italiens comme « consigliere », « caporegime », « Cosa Nostra » ou « omertà » auprès d’un lectorat anglophone. Cette terminologie contribue à l’authenticité du récit et à son immersion dans l’univers de la mafia italo-américaine. Le personnage de Don Vito Corleone s’inspire de plusieurs figures historiques de la mafia, notamment Frank Costello et Carlo Gambino. Johnny Fontane, le filleul chanteur du Don, est largement inspiré de Frank Sinatra, tandis que Moe Greene emprunte ses traits à Bugsy Siegel.

Contrairement aux œuvres précédentes centrées sur les chroniques documentaires ou les récits d’action spectaculaires, Mario Puzo dévoile les mécanismes internes des organisations mafieuses, leur hiérarchie complexe et leur processus décisionnel. Cette solide connaissance du milieu s’explique notamment par l’enfance de Puzo dans les quartiers italiens de New York.

À l’instar des grandes sagas comme « La Dynastie des Forsyte » de John Galsworthy, « Le Parrain » met en scène une véritable épopée familiale où chaque membre occupe un rôle défini. Don Corleone incarne l’archétype du self-made man américain, parti de rien pour devenir un homme d’influence redoutable. Les relations au sein du clan se caractérisent par leur chaleur et leur intimité, qui contrastent avec la violence des rapports extérieurs.

« Le Parrain » connaît un succès retentissant dès sa sortie. Il reste 67 semaines sur la liste des meilleures ventes du New York Times et s’écoule à plus de neuf millions d’exemplaires en deux ans. Dans le New York Times, Roger Jellinek souligne la maestria de Puzo dans sa description d’un pouvoir violent sans conséquences apparentes, où les victimes sont exclusivement des criminels ou des policiers corrompus.

Le livre connaît une adaptation cinématographique en 1972 par Francis Ford Coppola, avec Marlon Brando dans le rôle de Don Vito Corleone et Al Pacino dans celui de Michael. Le film remporte trois Oscars et cinq Golden Globes. Deux suites paraissent en 1974 et 1990. L’univers créé par Puzo s’étend également à travers plusieurs romans dérivés signés Mark Winegardner en 2004 et 2006, ainsi qu’une préquelle d’Ed Falco en 2012 basée sur un scénario non réalisé de Puzo.

Aux éditions ROBERT LAFFONT ; 832 pages.


2. Le Dernier Parrain (1996)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

En 1965, Don Domenico Clericuzio, le plus redoutable parrain de la mafia italo-américaine, dirige son empire depuis sa luxueuse propriété de Quogue. Lors du baptême de son petit-fils Dante et de son petit-neveu Cross, il prend une décision qui bouleversera l’avenir de sa famille : abandonner progressivement les activités criminelles pour se tourner vers les affaires légales. Il place ainsi ses fils à des postes stratégiques : Giorgio à Wall Street pour le blanchiment d’argent, Petie dans la construction, Vincent dans la restauration. Son neveu et homme de main, Pippi De Lena, est envoyé à Las Vegas pour superviser les intérêts de la famille dans le prestigieux casino Xanadu.

Vingt-cinq ans plus tard, Cross De Lena a pris la relève de son père Pippi à la tête du Xanadu. Brillant homme d’affaires, il s’aventure même dans l’industrie du cinéma en finançant la production d’un film à gros budget avec la star Athena Aquitane. Mais la tranquillité apparente de l’empire Clericuzio est menacée par Dante, le petit-fils du Don. Ce dernier, dont la mère Rose Marie vit recluse depuis l’assassinat de son mari lors d’une guerre entre familles, manifeste une nature de plus en plus violente et incontrôlable.

Une guerre sourde s’engage alors entre les deux cousins. Cross doit faire face à ce psychopathe qui menace les intérêts de la famille, tandis qu’un terrible secret concernant l’extermination du clan rival des Santadio refait surface. Dans l’ombre, le vieux Don orchestre une machination dont l’issue déterminera l’avenir de la famille Clericuzio.

Autour du livre

Vingt-sept ans après « Le Parrain », Mario Puzo s’inspire à nouveau de l’univers de la mafia italo-américaine avec « Le Dernier Parrain », publié en 1996. Son expérience de scénariste à Hollywood transparaît dans ce roman qui alterne entre les coulisses du monde du cinéma et les casinos de Las Vegas, et dévoile les liens étroits entre la mafia américaine et ces deux univers. Le romancier y met en lumière le fonctionnement des studios hollywoodiens, où règnent la corruption et les abus de pouvoir, notamment à travers les relations sexuelles imposées aux actrices pour obtenir des rôles.

La thématique centrale du livre s’articule autour de la tension entre tradition et modernité. Les Siciliens, forcés de quitter leur île sous la pression du fascisme mussolinien, tentent de s’adapter à la société américaine moderne tout en conservant leurs valeurs séculaires. Le système tribal, fondé sur la loyauté familiale, devient paradoxalement leur clé de survie dans ce nouveau monde. Le roman interroge également la notion de pouvoir et d’argent dans la société américaine, où tout semble pouvoir s’acheter, y compris la justice et la loi.

Les personnages incarnent cette dualité entre l’ancien et le nouveau monde. Don Domenico représente la figure patriarcale traditionnelle, tandis que Cross De Lena symbolise une nouvelle génération tiraillée entre le respect des codes familiaux et l’aspiration à une existence plus légale. Le personnage de Dante, quant à lui, incarne la violence pure, dénuée du code d’honneur qui caractérisait la mafia d’antan.

Pour certains critiques, comme William Burroughs, ce thriller surpasse même « Le Parrain ». D’autres soulignent la maîtrise de Puzo dans la construction de l’intrigue et sa capacité à maintenir le suspense sur plus de 500 pages. Christopher Lehmann-Haupt, dans le New York Times, relève les similitudes avec « Le Parrain », notamment dans la volonté du Don d’intégrer sa famille à la société américaine, tout en reconnaissant que Puzo a créé une suite honorable à son chef-d’œuvre. Certains critiques déplorent cependant la longueur des passages consacrés à Hollywood et une structure narrative parfois décousue.

« Le Dernier Parrain » a été adapté en 1997 sous forme d’une mini-série télévisée américaine en trois épisodes de 90 minutes, réalisée par Graeme Clifford. La distribution comprend des acteurs renommés comme Danny Aiello, David Marciano, Jason Gedrick et Joe Mantegna. Le succès de cette adaptation a donné lieu à une suite en 1998, « Le Dernier Parrain 2 », qui poursuit l’histoire après la mort du Don Clericuzio, lorsque Cross revient d’exil pour prendre la tête de la famille.

Aux éditions SONATINE ; 562 pages.


3. Omerta (2000)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

New York, années 1990. Don Raymonde Aprile règne sur un empire mafieux qu’il a su transformer en activité bancaire légale. Veuf, il a toujours tenu ses trois enfants – Valerius, Marcantonio et Nicole – à l’écart des affaires criminelles en les envoyant étudier dans des pensionnats privés. Mais il existe un quatrième « enfant » : Astorre Viola, le fils orphelin d’un ancien Don sicilien, que Don Aprile a recueilli et élevé comme son neveu. Si Astorre apparaît comme un jeune homme insouciant qui aime le chant et dirige une modeste entreprise d’importation de pâtes, la réalité est tout autre. Pendant dix ans, Don Aprile l’a fait former secrètement en Sicile pour en faire son héritier et le protecteur de la famille.

Lorsque Don Aprile est assassiné en pleine rue lors de la communion de son petit-fils, Astorre se retrouve à la tête des banques familiales avec 51 % des parts. Un puissant groupe criminel dirigé par Timmona Portella tente alors de racheter ces établissements pour blanchir l’argent de la drogue. Tandis que l’agent du FBI Kurt Cilke enquête sur l’affaire, Astorre doit protéger l’héritage et la famille du Don tout en traquant méthodiquement les commanditaires du meurtre. Pour cela, il devra mettre à profit ses années d’entraînement et dévoiler sa véritable nature, celle d’un authentique mafioso sicilien…

Autour du livre

Publié en 2000, « Omerta » constitue l’ultime roman de Mario Puzo. Le manuscrit fut achevé peu avant sa disparition en 1999, ce qui souleva d’ailleurs quelques interrogations. Jules Siegel, qui avait collaboré avec Puzo, émit l’hypothèse que le livre aurait pu être complété par « un tâcheron sans talent », tout en reconnaissant qu’il était plus probable que Puzo l’ait entièrement rédigé lui-même. « Omerta » vient clore la trilogie consacrée à la mafia italo-américaine, aux côtés du « Parrain » et du « Dernier Parrain ».

Le titre fait référence à la loi du silence en vigueur dans la mafia sicilienne, qui interdit formellement de collaborer avec les autorités ou de dénoncer les activités criminelles, même lorsqu’on en est la victime. Cette omerta structure l’ensemble du récit à travers le personnage d’Astorre Viola, qui dissimule sa véritable nature derrière l’apparence d’un paisible importateur de pâtes. Le roman interroge également la transformation de la mafia traditionnelle face aux mutations de la société américaine. Don Aprile incarne cette évolution en abandonnant les activités illégales pour se concentrer sur la finance légale, tandis que ses adversaires persistent dans le trafic de drogue.

Les thèmes chers à Puzo sont bien présents : l’honneur, la vengeance, la famille, la trahison. Mais contrairement au « Parrain » qui décrivait une saga familiale, « Omerta » se concentre davantage sur l’action et le parcours individuel d’Astorre. Ce dernier tranche avec les autres protagonistes de Puzo : formé dès l’enfance pour devenir un mafioso, il assume pleinement son destin sans le conflit moral qui caractérisait Michael Corleone.

Si Time Magazine, sous la plume de R. Z. Sheppard, salue « ce dernier roman habile et passionné du Balzac de la Mafia » avec « plus de rebondissements savoureux qu’une assiette de fusilli », Michiko Kakutani du New York Times se montre plus sévère : « Plus j’y pense, plus ce livre me donne mal au ventre. Dieu me pardonne de critiquer l’auteur du grand Parrain, mais je dois être honnête : l’homme a perdu la main. » D’autres observateurs pointent un récit plus léger que les précédents opus, avec des personnages secondaires moins développés.

Les droits d’adaptation furent acquis par Miramax avant même la publication, pour une somme estimée à 3 millions de dollars. Plusieurs années plus tard, The Weinstein Company annonça une adaptation télévisée avec Sylvester Stallone dans le rôle principal et Antoine Fuqua à la réalisation, mais le projet ne s’est pas concrétisé à ce jour.

Aux éditions JEAN-CLAUDE LATTÈS ; 425 pages.

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