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Les meilleurs romans de Louis-Ferdinand Céline – Notre sélection

Louis-Ferdinand Céline en 9 romans – Notre sélection

Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), né Louis Ferdinand Destouches à Courbevoie, est l’un des écrivains français majeurs du XXe siècle. Médecin de formation, il marque l’histoire littéraire avec son premier roman « Voyage au bout de la nuit » (prix Renaudot 1932), qui révolutionne la prose par son style unique mêlant argot et langage parlé.

Malgré une œuvre remarquable incluant « Mort à crédit » (1936) et « D’un château l’autre » (1957), sa réputation reste entachée par ses pamphlets antisémites des années 1930. Décédé à Meudon, il demeure, avec Marcel Proust, l’auteur français du XXe siècle le plus traduit dans le monde.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Voyage au bout de la nuit (1932)

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« Voyage au bout de la nuit », premier roman de Louis-Ferdinand Céline paru en 1932, nous entraîne dans l’errance tragique de Ferdinand Bardamu, double de l’auteur. Enrôlé dans l’armée lors du déclenchement de la Grande Guerre, le jeune homme découvre dans la boue des tranchées la véritable nature de l’homme : celle d’un lâche égoïste et cruel, capable des pires atrocités pour sauver sa peau.

Écœuré et révolté, Bardamu tente d’échapper à cette réalité sordide en parcourant le monde. De l’Afrique coloniale à l’Amérique capitaliste en passant par la banlieue parisienne, il est le témoin impuissant d’une humanité cupide, mesquine et aliénée. Engagé comme médecin, il côtoie la misère sociale et morale d’une population aussi pauvre que désabusée.

Véritable pamphlet contre la société occidentale et ses travers, « Voyage au bout de la nuit » dynamite la littérature française par son style explosif et novateur. Avec une gouaille provocatrice et un vocabulaire fleuri, Céline dézingue les codes du roman traditionnel. Il impose une écriture proche de l’oralité, syncopée et argotique, qui fait voler en éclats la bienséance bourgeoise.

Antihéros lucide et amer, Bardamu sonde les tréfonds de l’âme humaine et n’y trouve que noirceur et vacuité. Tel un Candide des temps modernes, son périple le mène inexorablement au bout de la nuit, là où s’éteignent les dernières illusions sur l’homme et le sens de son existence. Sulfureux et iconoclaste, le roman de Céline offre une vision décapante de l’humanité qui n’a rien perdu de sa force corrosive.

Aux éditions FOLIO ; 505 pages.


2. Mort à crédit (1936)

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Après le fulgurant « Voyage au bout de la nuit », Louis-Ferdinand Céline récidive en 1936 avec « Mort à crédit », roman largement inspiré de sa propre jeunesse. Dans le Paris populaire du début du XXe, on suit le quotidien de Ferdinand, un garçon étouffé par la médiocrité et la violence de son milieu.

La boutique de dentelles de sa mère vivote. Son père, petit employé frustré, déverse sa rancœur sur son fils. Déscolarisé, ce dernier enchaîne les emplois ingrats et les renvois. Un séjour linguistique infructueux en Angleterre le laisse mutique.

De retour en France, Ferdinand devient le factotum d’un inventeur fantasque et filou, Courtial. Ce personnage haut en couleurs l’entraîne dans des combines improbables qui tourneront au fiasco.

Dans une langue explosive, Céline chronique le parcours chaotique de son antihéros. Ferdinand paie cher son droit à vivre. Vomi, crasse, fureurs et désillusions imprègnent ce récit où souffle un vent mauvais. Une fresque sombre qui saisit par son inventivité stylistique. Un monument de noirceur jubilatoire.

Aux éditions FOLIO ; 622 pages.


3. D’un château l’autre (1957)

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« D’un château l’autre » nous propulse dans le quotidien de Louis-Ferdinand Céline au milieu des années 1950. L’écrivain vit alors à Meudon, en banlieue parisienne, où il exerce comme médecin dans le dénuement. Marginalisé, honni par ses pairs et l’opinion publique pour son passé collaborationniste, il survit grâce à quelques patients miséreux et aux maigres revenus de ses livres.

Un accès de paludisme le replonge soudain dans ses souvenirs de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1944, fuyant les représailles de la Libération, il s’était réfugié avec les derniers fidèles du maréchal Pétain au château de Sigmaringen, en Allemagne. Dans ce microcosme grotesque, les dignitaires de Vichy maintiennent l’illusion d’un gouvernement en exil tandis que le Reich s’effondre. Céline y officie comme médecin, témoin lucide et sarcastique de cette comédie tragique.

Le récit oscille entre ces deux « châteaux » : celui de Meudon où l’auteur rumine sa rancœur contre ses détracteurs – Sartre, Mauriac, les éditeurs rapaces – et celui de Sigmaringen où défilent des personnages pathétiques, du maréchal à ses ministres fantoches. Seuls échappent à sa haine sa femme Lili, son chat Bébert et quelques patients fidèles comme Mme Niçois.

Aux éditions FOLIO ; 439 pages.


4. Nord (1960)

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Dans « Nord », deuxième volet de sa trilogie allemande après « D’un château l’autre », Céline raconte sa fuite de France en 1944. L’auteur, qui s’est compromis pendant l’Occupation, part avec sa femme Lili et leur chat Bébert. Leur première étape les mène à Baden-Baden, où ils séjournent dans un palace surréaliste : pendant que l’Allemagne agonise, on y sert encore langouste et champagne.

Ce havre de paix ne dure pas. Le groupe, augmenté de l’acteur Le Vigan, se retrouve à Berlin sous les bombes. La ville n’est plus qu’un champ de ruines où ils errent entre un hôtel branlant et le bureau d’un avocat délirant qui croit voir Hitler chaque jour. Leur salut vient d’Harras, médecin SS et ami de Céline, qui les envoie à Zornhof, domaine rural gouverné par un aristocrate excentrique.

À la campagne, la tension monte dans ce microcosme où se côtoient prisonniers hostiles, travailleurs forcés et nobles dégénérés. Les bombardements rythment les journées, tandis que chacun lutte pour sa survie et tente d’améliorer l’ordinaire.

Le récit oscille entre scènes burlesques et tragiques, narré dans le style si particulier de Céline, fait de points de suspension et d’exclamations. L’auteur y mêle ses récriminations sur les persécutions d’après-guerre.

Aux éditions FOLIO ; 625 pages.


5. Rigodon (1969)

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Dernier volet de la trilogie allemande de Louis-Ferdinand Céline, « Rigodon » retrace la fuite de l’écrivain à travers le Reich agonisant des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. En 1944, accompagné de sa femme Lucette, du comédien Robert Le Vigan et de leur chat Bébert, Céline tente de rejoindre le Danemark où il a caché son or dans le jardin d’une amie danseuse.

Le groupe traverse une Allemagne en ruines. Sur leur route, ils croisent des personnages singuliers : un médecin et ses lépreux en quête d’un dispensaire introuvable, un Italien affolé cherchant son patron, une Française qui leur confie des enfants handicapés à mener en lieu sûr.

Le récit alterne entre ce périple chaotique et les réflexions de Céline sur sa situation présente. L’auteur y exprime son sentiment de persécution, ses griefs envers ses détracteurs et ses critiques acerbes contre Sartre, qu’il surnomme « Le Ténia ». Le thème racial, absent depuis ses pamphlets, refait surface : Céline y prophétise la fin de la race blanche et fustige les défenseurs du métissage.

Achevé quelques heures avant sa mort en 1961, Rigodon apparaît comme le testament littéraire d’un écrivain qui, jusqu’au bout, maintient ses convictions contre vents et marées.

Aux éditions FOLIO ; 320 pages.


6. Guignol’s Band (1944)

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En 1915, alors que la Grande Guerre fait rage, Ferdinand arrive à Londres. Ce jeune soldat français, mutilé et réformé, trouve refuge dans le monde interlope de la capitale britannique. Son point d’ancrage : l’appartement de Cascade, un proxénète débordé depuis que ses hommes de main sont partis au front.

Le héros se faufile dans un univers peuplé d’excentriques. Il rencontre tour à tour un colonel obsédé par la conception de masques à gaz, un prestidigitateur converti aux rituels hindous, et une ribambelle de personnages plus délirants les uns que les autres.

Entre deux courses-poursuites avec la police, Ferdinand succombe au charme de Virginie, une adolescente. Cette histoire d’amour improbable se déroule sur fond de bombardements, dans les rues embrumées d’un Londres fantomatique.

Le récit oscille constamment entre réalité et hallucination. Les acouphènes de Ferdinand, séquelles de sa blessure de guerre, se mêlent aux explosions des zeppelins et aux délires provoqués par l’alcool.

Publié en 1944, ce roman traduit l’évolution stylistique de Céline vers une écriture plus débridée : la ponctuation explose, les phrases se disloquent. L’ensemble forme une partition littéraire singulière, mêlant violence et burlesque dans un tourbillon narratif qui emporte tout sur son passage.

Aux éditions FOLIO ; 723 pages.


7. Féerie pour une autre fois (1952)

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Premier roman publié par Céline après son retour en France en 1951, « Féerie pour une autre fois » entrelace deux périodes de sa vie : son emprisonnement au Danemark (1945-1947) et ses derniers mois à Paris avant l’exil.

Dans sa cellule danoise, rongé par la pellagre et la paranoïa, l’écrivain déverse sa rage contre ceux qui l’ont trahi et abandonné. Il interpelle sans cesse le lecteur, le supplie d’acheter son livre, lui qui n’a plus rien et que la France a condamné pour collaboration.

Le récit bascule ensuite dans le Paris de 1944, au cinquième étage d’un immeuble de Montmartre. Céline y reçoit d’anciens amis qui lorgnent déjà ses meubles, pressentant sa fuite imminente. Parmi eux, Jules, un sculpteur cul-de-jatte, qui le dénonce comme « collabo ». Cette nuit-là, un déluge de bombes s’abat sur Paris. Les habitants se réfugient sous une table pendant que Jules, perché sur le moulin de la Galette, dirige le ballet des bombardiers de sa canne d’infirme.

Dans ce texte halluciné où le réel se déforme, Céline pousse son style à l’extrême. Son écriture atteint ici des sommets d’inventivité : néologismes en cascade, syntaxe dynamitée, exclamations qui fusent comme des éclats d’obus. Le style épouse la folie du moment dans un feu d’artifice verbal sans précédent.

Aux éditions FOLIO ; 632 pages.


8. Guerre (2022)

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Publié en 2022 après avoir été retrouvé dans des conditions rocambolesques, « Guerre » est un manuscrit inédit de Louis-Ferdinand Céline probablement écrit en 1934.

Le roman s’ouvre sur un champ de bataille des Flandres en 1914. Le brigadier Ferdinand y reprend conscience parmi les cadavres de ses camarades. Grièvement blessé au bras et à la tête par un éclat d’obus, il est évacué vers l’hôpital militaire de Peurdu-sur-la-Lys.

Dans cet établissement de fortune où rôdent la mort et la gangrène, Ferdinand fait la connaissance de Bébert, un souteneur fanfaron qui attend sa maîtresse Angèle. Le jeune soldat noue aussi une relation charnelle avec l’infirmière L’Espinasse, tout en supportant les terribles migraines causées par une balle logée dans son crâne. Les acouphènes ne le quittent plus : « J’ai attrapé la guerre dans ma tête », confie-t-il.

Entre les visites embarrassantes de ses parents, les manigances d’Angèle qui préfère désormais les officiers britanniques, et la menace d’une enquête sur les circonstances de sa blessure, Ferdinand tente de survivre dans ce microcosme brutal. Le roman s’achève sur le départ de Ferdinand pour Londres, qui ne pense qu’à fuir ce « grand abattoir international en folie ».

Aux éditions FOLIO ; 224 pages.


9. Londres (2022)

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Publié en 2022, « Londres » est un roman inédit de Louis-Ferdinand Céline qui poursuit le récit amorcé dans « Guerre ». L’action se situe en 1916, alors que Ferdinand, jeune soldat médaillé, fuit la France pour éviter d’être renvoyé au front.

Ancien soldat blessé et décoré, le protagoniste trouve refuge auprès d’une communauté de proxénètes français installés à la pension Leicester. Il y retrouve Angèle, sa protégée, désormais entretenue par le major Purcell, un industriel anglais. Dans ce milieu interlope gravitent des personnages hauts en couleur : Cantaloup le caïd, Borokrom l’ex-poseur de bombes, ou encore Yugenbitz, un médecin juif polonais qui éveille chez Ferdinand une vocation pour la médecine.

Tandis que la police traque les déserteurs et que la menace d’un retour au front plane, la bande s’enfonce dans une spirale de violence. Entre trafics, règlements de comptes et débauche, leur quotidien devient de plus en plus périlleux. L’assassinat d’un indicateur et une suite d’événements tragiques précipitent leur chute.

Ce manuscrit brut, longtemps disparu puis retrouvé en 2020, frappe par sa crudité et son style argotique caractéristique. À travers le récit de cette déchéance, Céline dresse le portrait d’une humanité animale, dont la sauvagerie fait écho à celle qui règne dans les tranchées.

Aux éditions FOLIO ; 608 pages.

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