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Que lire après « Le Maître des illusions » de Donna Tartt ? – Notre sélection

Que lire après « Le Maître des illusions » de Donna Tartt ? – Notre sélection

Atmosphère feutrée, amitiés exclusives, drame inévitable… Si vous avez refermé « Le Maître des illusions » avec ce mélange d’admiration et de trouble, vous mesurez à quel point il est difficile de retrouver un roman d’une telle intensité. Bonne nouvelle : de nombreux auteurs ont abordé, chacun à leur façon, ces univers fermés où l’élégance masque les failles, où les secrets finissent par éclater. Voici 20 lectures pour prolonger le frisson laissé par Donna Tartt.


1. La neuvième maison (Leigh Bardugo, 2019)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans « La neuvième maison », Galaxy « Alex » Stern, jeune femme marquée par un passé violent et marginal, est recrutée à Yale pour intégrer la maison Léthé. Sa mission : surveiller huit sociétés secrètes où se mêlent privilèges, ambition et rituels occultes, parfois meurtriers. Dotée de la faculté de voir les fantômes, Alex se retrouve à enquêter sur un homicide qui met au jour des enjeux bien plus sombres qu’elle ne l’imaginait. Entre allers-retours entre passé et présent, et une atmosphère lourde de secrets, ce récit installe un univers dense et inquiétant.

Si « Le Maître des illusions » vous a séduit par son ambiance universitaire trouble, ses personnages ambigus et l’idée qu’un groupe fermé cache des vérités dangereuses, « La neuvième maison » offre un terrain similaire, teinté ici de surnaturel. Comme chez Donna Tartt, on y retrouve un cercle restreint, élitiste et mystérieux, où l’on découvre que la loyauté et l’amitié se heurtent aux manipulations et au pouvoir.

L’univers de Yale, avec ses sociétés influentes et ses règles opaques, agit comme un décor aussi fascinant qu’hostile, rappelant la tension feutrée et l’isolement psychologique des étudiants dans « Le Maître des illusions ». Alex, héroïne imparfaite et résiliente, partage avec les protagonistes de Tartt ce mélange de vulnérabilité et d’audace, qui pousse à franchir des lignes dangereuses pour percer des mystères qu’il vaudrait peut-être mieux ignorer. Ici aussi, l’attraction pour un monde fermé se mêle à la conscience qu’il peut détruire ceux qui s’en approchent trop.

Aux éditions J’AI LU ; 608 pages.


2. If We Were Villains (M. L. Rio, 2017)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Oliver Marks sort de prison après dix ans, condamné pour le meurtre d’un ami qu’il n’a peut-être pas commis. Interrogé par le policier qui l’avait arrêté, il revient sur sa dernière année au prestigieux Dellecher Classical Conservatory, où il étudiait Shakespeare avec six camarades. Chacun se retrouve enfermé dans un type de rôle, sur scène comme dans la vie, jusqu’à ce que les tensions éclatent et qu’un membre du groupe soit retrouvé mort. Le récit alterne passé et présent, révélant peu à peu ce qui a brisé leur cercle.

« If We Were Villains » partage avec « Le Maître des illusions » une atmosphère académique fermée, un groupe d’étudiants liés par des passions intellectuelles et des relations troubles, et une intrigue centrée sur un drame qui fissure leur unité. Ici, la passion commune est le théâtre shakespearien, omniprésent dans leur quotidien, qui brouille la frontière entre jeu et réalité. Comme chez Donna Tartt, l’histoire s’intéresse autant à la psychologie des personnages et aux tensions qui les opposent qu’au mystère du crime. Le lecteur retrouve le même mélange de fascination et de malaise face à un petit cercle d’élus dont les liens, aussi forts que destructeurs, mènent à une tragédie.

Aux éditions HAUTEVILLE ; 459 pages.


3. Les cinq règles du mensonges (Ruth Ware, 2017)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans « Les cinq règles du mensonge », quatre anciennes pensionnaires — Kate, Isa, Thea et Fatima — sont liées par un jeu inventé à l’adolescence : mentir aux autres, jamais entre elles, et savoir quand s’arrêter. Ce divertissement, né de l’ennui et de la complicité, a fini par déraper un soir, scellant entre elles un secret lourd à porter. Dix-sept ans plus tard, Kate envoie un message laconique : « Besoin de vous ». Les trois autres accourent au vieux moulin où elles se retrouvaient jadis, conscientes que ce rappel du passé pourrait briser la vie qu’elles se sont construites. La découverte d’un os dans l’estuaire voisin ranime les souvenirs et ravive les tensions. Entre non-dits, loyautés fissurées et peur de la vérité, elles doivent décider jusqu’où elles sont prêtes à aller pour protéger ce qui leur reste.

Comme chez Donna Tartt, on retrouve ici un petit cercle fermé, façonné dans un contexte scolaire et isolé, où l’amitié se nourrit de codes, de rituels et d’une forme d’exclusivité. Les héroïnes de Ruth Ware, comme les étudiants de Hampden College, vivent dans un univers à part, coupé du reste du monde, avec ses propres règles qui finissent par les entraîner trop loin. La tension ne vient pas d’une enquête classique mais du poids psychologique d’un passé qui menace d’éclater, de la méfiance qui s’installe entre amis, et de la manière dont un groupe soudé à l’adolescence peut se fissurer à l’âge adulte.

Les décors — un moulin isolé rongé par la mer, un estuaire imprévisible — jouent un rôle aussi fort que le campus élitiste chez Tartt : des lieux qui semblent figés dans le temps mais où la menace s’insinue peu à peu. C’est cette même alchimie entre atmosphère, secrets inavouables et attachement toxique qui rend la lecture addictive et qui, comme dans « Le Maître des illusions », laisse la sensation que le vrai drame n’est pas seulement ce qui s’est passé, mais ce que cela fait des personnages.

Aux éditions POCKET ; 557 pages.


4. Une vie comme les autres (Hanya Yanagihara, 2015)

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« Une vie comme les autres » suit quatre amis qui se sont rencontrés à l’université : Willem, acteur au charme discret, Malcolm, architecte hésitant à prendre son envol, JB, artiste talentueux et parfois cruel, et surtout Jude, avocat brillant dont le passé reste mystérieux. L’histoire s’étend sur plusieurs décennies, révélant peu à peu l’enfance marquée par la violence et les abus qui ont laissé Jude profondément blessé, physiquement et psychologiquement. Malgré une réussite professionnelle éclatante, il vit avec la conviction qu’il ne mérite ni l’amour ni le bonheur, s’infligeant des blessures pour apaiser sa douleur. Ses amis, malgré leurs propres vies, se rassemblent toujours autour de lui, tentant de l’aider à porter ce fardeau invisible.

Ce roman pourrait vous séduire par la façon dont il mêle l’intensité des liens amicaux à un climat d’ombre et de tension psychologique. Comme chez Donna Tartt, l’amitié y est un ciment aussi puissant que fragile, traversé par des loyautés profondes, des silences lourds et des fissures impossibles à ignorer. Les deux récits construisent un cercle restreint de personnages, presque hermétique, où les liens nourrissent autant qu’ils consument. L’atmosphère est marquée par la gravité et la lente révélation de vérités douloureuses, entrecoupées de moments où l’affection semble tout pouvoir sauver.

On retrouve aussi cette intensité dans la manière dont la narration, parfois ample et immersive, invite à partager l’intériorité des personnages, leurs contradictions et leurs obsessions. Pour qui a aimé la noirceur élégante et les relations complexes du roman de Tartt, l’histoire de Jude et de ses amis offre un écho puissant, plus intime mais tout aussi percutant.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 1128 pages.


5. La cour des secrets (Tana French, 2014)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans « La cour des secrets » de Tana French, l’action se déroule en grande partie dans l’enceinte d’un pensionnat pour filles de Dublin, un an après le meurtre non résolu d’un élève du lycée voisin. Lorsque Holly Mackey apporte à l’inspecteur Stephen Moran une carte anonyme affirmant connaître l’identité du coupable, l’enquête est relancée. Moran, déterminé à intégrer la brigade criminelle, s’associe à la détective Antoinette Conway pour interroger les élèves. Face à deux clans de filles aux rivalités bien ancrées, ils doivent démêler mensonges, loyautés et secrets soigneusement gardés. Le récit alterne entre la journée d’interrogatoires et les mois précédant le drame, dévoilant tensions, alliances et trahisons.

Si « Le Maître des illusions » vous a touché par son atmosphère fermée, ses amitiés exclusives et ses tensions prêtes à éclater, « La cour des secrets » joue dans un registre similaire. Ici aussi, un groupe soudé évolue dans un cadre élitiste, avec ses codes, ses rapports de force et une intensité émotionnelle qui frôle parfois le danger. Comme chez Donna Tartt, le crime devient un révélateur : il met à nu les fragilités, les ambitions et les contradictions de chacun.

Tana French, elle, greffe à cette trame l’œil méthodique du polar, en s’attardant sur la psychologie des suspects autant que sur l’enquête. On retrouve cette manière de faire naître la tension non seulement par le mystère à résoudre, mais aussi par l’observation précise des dynamiques de groupe et des failles individuelles. C’est cette combinaison – huis clos social, relations complexes et menace sourde – qui rend ce roman susceptible de plaire à ceux qui ont aimé l’univers trouble et feutré du livre de Tartt.

Aux éditions POINTS ; 624 pages.


6. Nous les menteurs (E. Lockhart, 2014)

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« Nous les menteurs » d’E. Lockhart suit Cadence Sinclair Eastman, héritière d’une famille aisée qui possède une île privée. Chaque été, elle y retrouve ses cousins Johnny et Mirren, ainsi que Gat, un ami proche dont elle tombe amoureuse. Ensemble, ils forment un quatuor inséparable, « les Menteurs ». Mais l’été de ses quinze ans, un accident lui laisse une amnésie et des migraines persistantes. Deux ans plus tard, Cadence revient sur l’île pour comprendre ce qui s’est vraiment passé. Peu à peu, la vérité émerge, bouleversant tout ce qu’elle pensait savoir sur sa famille et ses amis.

Ce bouquin partage cette atmosphère d’isolement et de huis clos au sein d’un groupe soudé, où la jeunesse et les liens privilégiés se mêlent à des tensions souterraines. Comme chez Donna Tartt, les personnages évoluent dans un environnement élitiste, esthétiquement séduisant mais traversé par des fractures invisibles : rivalités, hypocrisies, lourds secrets.

La narration, centrée sur une protagoniste qui reconstruit peu à peu les événements, instaure un suspense psychologique proche de celui qu’on ressent en suivant Richard Papen démêler les zones d’ombre autour du cercle d’étudiants dans « Le Maître des illusions ». Ici aussi, l’attirance pour un groupe d’ « élus » se heurte à la désillusion, et l’élégance des lieux sert de toile de fond à un drame moral et intime. « Nous les menteurs » déploie ainsi un mélange de beauté trompeuse et de révélation brutale, capable de procurer chez le lecteur ce frisson trouble laissé par le roman de Tartt.

Aux éditions GALLIMARD JEUNESSE ; 336 pages.


7. Le Chardonneret (Donna Tartt, 2013)

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Dans « Le Chardonneret », Theo Decker a 13 ans lorsqu’une bombe explose au Metropolitan Museum of Art de New York. Sa mère meurt dans l’attentat, et dans la confusion, un vieil homme mourant lui demande de sauver un petit tableau du XVIIe siècle : Le Chardonneret de Carel Fabritius. Theo l’emporte, sans savoir qu’il le gardera caché pendant des années. Ballotté entre la famille d’un ami, un père instable à Las Vegas, puis de retour à New York chez un antiquaire bienveillant, il traverse l’adolescence et le début de l’âge adulte entre errances, amitiés toxiques, mensonges, dépendances et obsession pour cette peinture, seul lien tangible avec sa mère disparue.

Ce roman partage avec « Le Maître des illusions » un goût pour les intrigues denses, une construction où l’on suit de près un narrateur hanté par un événement fondateur, et des personnages complexes dont les choix sont rarement innocents. Dans les deux histoires, l’art — qu’il soit pictural ou lié à l’érudition classique — agit comme un fil rouge, à la fois refuge et catalyseur de drames. On retrouve aussi la même intensité dans la description des relations humaines : loyautés ambiguës, amitiés fusionnelles mais destructrices, fascination pour des personnalités charismatiques, sentiment d’être aspiré dans un monde à part.

Si « Le Maître des illusions » s’enracine dans une atmosphère universitaire fermée, « Le Chardonneret » étend le cadre à plusieurs villes et milieux, tout en conservant cette tension constante entre beauté et danger. Lire l’un après l’autre prolonge l’expérience d’une narration immersive, où le style précis et sensoriel de Donna Tartt donne aux dilemmes moraux et aux obsessions intimes une force qui reste longtemps en mémoire.

Aux éditions POCKET ; 1296 pages.


8. Le complexe d’Eden Bellwether (Benjamin Wood, 2012)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

À Cambridge, Oscar Lowe, jeune aide-soignant issu d’un milieu modeste, se retrouve un soir happé par les notes d’orgue qui s’échappent d’une chapelle. Cette musique hypnotique le mène à Iris Bellwether et, bientôt, à son frère Eden, un étudiant brillant, charismatique, mais au tempérament instable. Entouré d’un petit cercle d’amis fascinés par son talent, Eden est convaincu que la musique baroque possède un pouvoir thérapeutique et n’hésite pas à mêler hypnose et expériences troublantes pour le prouver. Peu à peu, Oscar s’intègre à ce groupe à l’univers très éloigné du sien, tout en sentant grandir le malaise face à l’emprise qu’Eden exerce sur son entourage, jusqu’au basculement vers un drame annoncé.

Si « Le Maître des illusions » vous a marqué, « Le complexe d’Eden Bellwether » peut aisément reprendre le flambeau. Comme dans le roman de Donna Tartt, un protagoniste extérieur au cercle privilégié – ici Oscar – sert de point d’entrée vers un petit monde fermé, intellectuel et élitiste, où se mêlent admiration, dépendance et rapports de force. On retrouve cette atmosphère de campus, à la fois séduisante et étouffante, où l’esthétique et l’intelligence deviennent des armes. Eden, tout comme Henry dans « Le Maître des illusions », incarne une figure charismatique, érudite et inquiétante, capable de subjuguer et de manipuler ses proches.

L’intrigue, rythmée par les débats entre rationnel et irrationnel, installe une tension constante : faut-il voir dans ces expériences musicales un génie visionnaire ou les dérives d’un esprit narcissique ? En tissant ce lien entre séduction intellectuelle et menace sous-jacente, Benjamin Wood propose une lecture qui prolonge le plaisir du roman de Tartt tout en le renouvelant par la place centrale donnée à la musique et à son pouvoir psychologique.

Aux éditions ZULMA ; 528 pages.


9. Le roman du mariage (Jeffrey Eugenides, 2011)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

« Le roman du mariage » de Jeffrey Eugenides suit Madeleine, étudiante en littérature victorienne dans l’Amérique des années 80. Elle aime Leonard, brillant biologiste atteint de maniaco-dépression, et reste l’amie de Mitchell, étudiant en théologie secrètement amoureux d’elle. Le récit alterne les points de vue, conjugue vie universitaire, débuts dans l’âge adulte et confrontation à la maladie, aux doutes amoureux et aux choix de vie. Entre Cape Cod, New York, Paris ou Calcutta, ces trois personnages se débattent avec leurs idéaux et leurs désillusions.

Ce récit compte plusieurs résonances avec « Le Maître des illusions ». On y retrouve le décor feutré et exigeant d’un campus prestigieux, avec ses codes intellectuels et ses références littéraires, ainsi qu’une atmosphère où les interactions entre étudiants prennent une intensité presque théâtrale. Comme chez Donna Tartt, les personnages sont brillants mais fragiles, pris dans des relations qui mêlent admiration, désir et loyauté. Eugenides met aussi en avant le rôle des idées et des lectures dans la construction des identités, faisant de la culture un langage intime et un terrain de jeu amoureux.

Si « Le Maître des illusions » observait comment un groupe se fissure sous le poids des secrets et des passions, « Le roman du mariage » montre, avec une précision psychologique similaire, comment l’amour et la maladie peuvent bouleverser des trajectoires promises à la réussite. Les deux récits partagent ce mélange de raffinement intellectuel et de drame intime, où les grandes théories littéraires ou philosophiques éclairent – sans jamais les simplifier – les contradictions des personnages. Eugenides, comme Tartt, réussit à faire de la vie académique le miroir de questions beaucoup plus larges sur le choix, la liberté et la responsabilité.

Aux éditions POINTS ; 576 pages.


10. Les assassins de la 5ᵉ B (Kanae Minato, 2008)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans « Les assassins de la 5ᵉ B » de Kanae Minato, tout commence par le discours de fin d’année de Mme Moriguchi, professeure principale dans un collège japonais. Un mois plus tôt, sa fille de quatre ans a été retrouvée morte dans la piscine de l’établissement. La police conclut à un accident, mais Mme Moriguchi est convaincue qu’il s’agit d’un meurtre commis par deux de ses élèves. Faute de recours légal – les coupables étant trop jeunes pour être poursuivis – elle décide de mettre en place sa propre vengeance. Le roman se construit autour des récits successifs de plusieurs protagonistes : l’enseignante, une élève de la classe, la mère d’un des accusés, puis les deux garçons eux-mêmes. Chacun apporte une vision différente, parfois contradictoire, de l’événement et de ses conséquences, jusqu’au dénouement, glaçant et inattendu.

Ce livre est addictif par sa manière de disséquer un drame à travers des points de vue multiples, tout en jouant sur la frontière entre culpabilité et innocence. Dans les deux récits, on retrouve un groupe restreint, lié par un secret lourd, où les rapports de pouvoir et de dépendance nourrissent la tension. Là où Donna Tartt met en scène un cercle d’étudiants pris dans une spirale de mensonges et de manipulations, Kanae Minato enferme ses personnages dans une structure scolaire tout aussi codifiée et oppressante. Les deux romans partagent une atmosphère pesante, où la vérité se recompose au fil des révélations, où le lecteur découvre que chaque personnage possède ses propres zones d’ombre.

« Les assassins de la 5ᵉ B » joue, comme « Le Maître des illusions », sur le contraste entre un cadre éducatif en apparence ordinaire et l’irruption de la violence. Ici, la vengeance devient un fil rouge qui transforme les interactions les plus banales en menaces voilées, et chaque confession révèle un peu plus l’étendue des failles morales des protagonistes. Pour un lecteur attiré par les intrigues où psychologie, manipulation et tragédie s’entremêlent, le roman de Kanae Minato promet une expérience aussi intense que troublante.

Aux éditions SEUIL ; 256 pages.


11. La répétition (Eleanor Catton, 2008)

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Dans « La répétition » d’Eleanor Catton, un scandale secoue un lycée de jeunes filles : M. Saladin, professeur de musique, est renvoyé après une relation avec Victoria, une élève. Tandis que ses camarades et sa sœur Isolde se confient à une professeure de saxophone, un groupe d’étudiants en théâtre décide de transformer l’affaire en spectacle de fin d’année. Les récits s’entrelacent, brouillant sans cesse les frontières entre ce qui s’est vraiment passé et ce qui est joué sur scène.

Comme dans « Le Maître des illusions » de Donna Tartt, ce roman entrelace un contexte scolaire élitiste, des relations d’influence complexes et une tension constante entre réalité et fiction. Là aussi, les jeunes personnages évoluent dans un cercle fermé, soumis à des forces charismatiques qui les attirent autant qu’elles les menacent. Catton s’intéresse moins à l’événement central qu’aux répercussions qu’il provoque : jalousies, rivalités, désirs inavoués, manipulations.

La mise en abyme du théâtre fonctionne ici comme le miroir des identités en construction, rappelant la manière dont Tartt utilise le récit pour disséquer les liens troubles au sein d’un groupe. Ceux qui ont aimé l’atmosphère intense et ambiguë du roman de Tartt retrouveront dans « La répétition » cette même alchimie entre tension psychologique et artifice assumé.

Aux éditions FOLIO ; 432 pages.


12. La physique des catastrophes (Marisha Pessl, 2006)

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Dans « La physique des catastrophes », Bleue van Meer, adolescente surdouée, orpheline de mère, vit en itinérante avec son père universitaire, passant d’un campus à l’autre. Leur relation est rythmée par des joutes verbales et une accumulation de savoirs, jusqu’à l’année de ses seize ans où ils s’installent à Stockton, en Caroline du Nord. Bleue y intègre un cercle d’élèves triés sur le volet autour d’Hannah Schneider, professeure de cinéma au charme énigmatique. Lorsque celle-ci est retrouvée pendue, Bleue refuse l’hypothèse du suicide et se lance dans une enquête qui l’amène à réinterroger tout ce qu’elle croyait savoir sur son entourage… et sur son père.

Ce livre présente lui aussi de fortes résonances avec « Le Maître des illusions ». On retrouve le cadre du milieu scolaire élitiste clos, où un petit groupe d’étudiants gravitent autour d’une figure charismatique. Comme chez Donna Tartt, la relation entre admiration et méfiance, l’attraction pour un mentor mystérieux et l’ombre d’un drame forment la trame. Mais ici, l’humour et la verve de Bleue allègent la noirceur, tout en nourrissant une tension qui monte au fil des pages.

La narration foisonne de références – parfois réelles, parfois inventées – qui fonctionnent comme un filtre déformant entre le lecteur et les faits, renforçant la question centrale : peut-on vraiment se fier à ce que l’on voit ? Qui plus est, la bascule progressive du roman d’apprentissage vers le thriller psychologique, avec ses révélations tardives et ses zones d’ombre persistantes, rappelle le plaisir d’être mené par l’intrigue autant que par l’atmosphère. C’est un livre dense, manipulateur à sa manière, qui joue sur le même mélange d’érudition, de mystère et de désillusion que chez Tartt, mais avec une voix plus ironique et volontiers excessive.

Aux éditions FOLIO ; 832 pages.


13. Les enfants de l’empereur (Claire Messud, 2006)

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« Les enfants de l’empereur » se déroule à Manhattan en 2001. Trois amis, Marina, Danielle et Julius, approchent la trentaine et partagent les mêmes incertitudes. Marina vit dans l’ombre écrasante de son père, figure influente du journalisme new-yorkais, et peine à achever un livre qu’elle repousse depuis des années. Danielle, documentariste, navigue entre solitude et désirs contrariés. Julius, critique culturel instable, cherche à s’ancrer dans une vie plus stable sans y parvenir. L’arrivée de deux nouveaux personnages — Ludovic, ambitieux séducteur, et Bootie, jeune idéaliste naïf — vient bouleverser ce fragile équilibre. Entre rivalités, trahisons et jeux d’ego, chacun tente de trouver sa place dans un monde qui s’apprête à être marqué par les attentats du 11 septembre.

Dans les deux livres, un petit cercle d’intellectuels en devenir se croit protégé dans un univers clos, persuadé de maîtriser ses codes et ses relations. Mais cet équilibre précaire se fissure à mesure que les tensions se doublent d’événements extérieurs. Chez Tartt, le drame s’ancre dans un campus élitiste et dans une obsession pour l’esthétique et la transgression morale. Chez Messud, il s’incarne dans la scène intellectuelle new-yorkaise et dans l’obsession de la réussite sociale. Les personnages, qu’ils soient étudiants passionnés de grec ancien ou journalistes en quête de reconnaissance, partagent le même aveuglement : ils se pensent plus lucides que le reste du monde, mais restent prisonniers de leurs illusions et de leurs désirs contradictoires.

On retrouve aussi, dans les deux récits, une attention particulière aux dynamiques de groupe : alliances changeantes, rivalités larvées, manipulations plus ou moins conscientes. La tension ne naît pas de rebondissements spectaculaires, mais de l’observation précise des rapports de force et de l’évolution intérieure des protagonistes. Enfin, là où « Le Maître des illusions » déploie une lente montée vers un acte irréversible, « Les enfants de l’empereur » avance vers un basculement historique, le 11 septembre, qui agit comme révélateur brutal de la fragilité et de la superficialité des certitudes de chacun. Cette manière de confronter un microcosme sûr de lui à un choc qui le dépasse donne aux deux romans une résonance comparable, entre chronique d’un milieu et récit d’une désillusion collective.

Aux éditions FOLIO ; 720 pages.


14. Classe à part (Joanne Harris, 2005)

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« Classe à part » raconte l’histoire de Julien, fils du gardien du prestigieux collège Saint Oswald, qui rêve d’en franchir les murs malgré son origine modeste. Adolescent, il parvient à s’y introduire en se faisant passer pour un élève et se lie d’amitié avec un futur héritier promis à un bel avenir. Mais cette parenthèse se termine brutalement. Quinze ans plus tard, Julien revient dans l’établissement, cette fois en tant que professeur, avec un seul but : se venger. Entre passé et présent, deux voix se répondent : celle de l’usurpateur déterminé à régler ses comptes et celle d’un vieux professeur de latin attaché aux traditions de l’école.

On retrouve ici un décor scolaire élitiste où se mêlent tensions sociales, relations ambiguës et secrets enfouis. Comme chez Tartt, l’atmosphère joue un rôle central : le collège Saint Oswald, avec ses murs chargés d’histoire et ses hiérarchies bien établies, devient presque un personnage à part entière. Les deux récits partagent aussi le goût des narrateurs peu fiables et de la manipulation psychologique, où la vérité se dévoile par fragments, souvent au détour d’un retournement inattendu. Dans « Classe à part », la rivalité et le besoin de reconnaissance prennent des allures de partie d’échecs cruelle, ce qui séduira ceux qui ont apprécié la manière dont « Le Maître des illusions » tisse intrigue intellectuelle et drame humain.

Aux éditions POINTS ; 544 pages.


15. Le Petit Copain (Donna Tartt, 2002)

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Dans « Le Petit Copain », Donna Tartt nous entraîne dans le Mississippi des années 1970, au sein de la famille Cleve Dufresnes. Douze ans après le meurtre non résolu de son frère Robin, Harriet, la benjamine, décide de retrouver le coupable. Accompagnée de son ami Hely, elle se lance dans une quête dangereuse qui l’amène à croiser la violence et la misère d’un Sud étouffant, marqué par des tensions sociales et raciales profondes. Ce n’est pas seulement l’histoire d’une enquête, mais aussi celle d’une enfance sacrifiée, où la détermination prend le pas sur l’innocence.

Si vous avez adoré « Le Maître des illusions », « Le Petit Copain » offre un terrain familier : une intrigue qui part d’un mystère, mais qui s’attache surtout à la psychologie des personnages et à l’atmosphère. Comme dans le premier roman de Tartt, on retrouve cette tension latente, un décor oppressant et un protagoniste jeune, intelligent, parfois intraitable, qui se heurte à un monde adulte plein de zones d’ombre.

Là où « Le Maître des illusions » disséquait un milieu universitaire fermé, « Le Petit Copain » scrute une petite ville du Sud avec la même précision dans les portraits et la même intensité dans la construction des scènes. Les deux récits partagent aussi un goût pour les ambiguïtés morales : rien n’est jamais totalement expliqué ni entièrement résolu, et c’est dans cette incertitude que l’histoire trouve sa force.

Aux éditions POCKET ; 864 pages.


16. Les lois de l’attraction (Bret Easton Ellis, 1987)

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« Les lois de l’attraction » de Bret Easton Ellis se déroule à Camden College, un campus fictif du New Hampshire à la fin des années 80. On y suit Sean, Lauren et Paul, trois étudiants pris dans un enchevêtrement de relations ambiguës, de désirs contrariés et de malentendus. Autour d’eux, une foule de personnages secondaires évolue dans un quotidien saturé d’alcool, de drogues et de fêtes, où les cours tiennent une place marginale. Le récit, fragmenté entre plusieurs narrateurs, brouille les repères : les mêmes événements sont racontés différemment selon celui qui parle, laissant planer des zones d’ombre et une impression d’incommunicabilité.

Ce roman pourrait vous séduire par son atmosphère universitaire tout aussi fermée et codifiée, bien que le ton soit plus cru et ironique. Comme Hampden dans le livre de Tartt, Camden est un microcosme où les étudiants vivent dans un monde coupé du réel, régis par leurs obsessions et leurs jeux de pouvoir. Chez Ellis comme chez Tartt, on retrouve cette tension entre la quête d’un idéal – intellectuel ou sentimental – et la lente dérive vers le désenchantement.

Les deux récits jouent aussi sur la subjectivité et la partialité des narrateurs, forçant le lecteur à reconstruire lui-même la “vérité” à partir de versions contradictoires. Si « Le Maître des illusions » cultive une élégance classique et un mystère teinté d’érudition, « Les lois de l’attraction » en propose une version pop, désabusée et provocatrice, mais tout aussi obsédée par les illusions que l’on se fait sur soi et sur les autres.

Aux éditions 10/18 ; 352 pages.


17. Pique-nique à Hanging Rock (Joan Lindsay, 1967)

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En Australie, en 1900, les pensionnaires de l’Appleyard College se préparent avec excitation à leur sortie annuelle pour la Saint-Valentin. Destination : Hanging Rock, un impressionnant monolithe volcanique. Après un déjeuner à l’ombre, quatre jeunes filles s’éloignent pour gravir le rocher, suivies par leur professeure de mathématiques. Seule l’une d’elles revient, hagarde et incapable d’expliquer ce qui s’est passé. Les recherches ne donnent rien. La disparition bouleverse le pensionnat : parents méfiants, départs du personnel, drames successifs… jusqu’à l’effondrement final de l’établissement et de sa directrice. Le mystère, lui, ne sera jamais résolu.

« Pique-nique à Hanging Rock » présente une nette parenté avec « Le Maître des illusions » : un petit groupe d’étudiants, liés par une atmosphère d’élitisme et de rituels, se retrouve au cœur d’un événement tragique qui fissure leur monde. Ici comme chez Donna Tartt, le récit ne s’attache pas à livrer une explication claire, mais à observer comment l’onde de choc transforme ceux qui restent : alliances qui se nouent ou se brisent, certitudes qui vacillent, comportements qui se révèlent.

On retrouve aussi cette tension entre un cadre intellectuel ou mondain très codifié et la nature, avec sa force brute et imprévisible, qui agit comme un catalyseur. Le roman de Joan Lindsay partage avec celui de Tartt une atmosphère enveloppante : un décor isolé, des personnages marqués par l’obsession, une écriture qui installe un trouble persistant.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 320 pages.


18. Stoner (John Edward Williams, 1965)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Dans « Stoner » de John Edward Williams, on suit William Stoner, fils de fermiers du Missouri, envoyé à l’université au début du XXᵉ siècle pour y étudier l’agronomie. Une rencontre avec la littérature bouleverse son parcours : il abandonne l’agriculture pour se consacrer aux lettres et devient professeur d’anglais. Sa vie se déroule dans le cadre feutré mais souvent hostile de l’université, entre un mariage malheureux, une relation brève mais intense avec une collègue, des tensions professionnelles persistantes et un attachement indéfectible aux livres. Stoner traverse les décennies avec une constance discrète, fidèle à sa passion, malgré une suite de désillusions personnelles et professionnelles.

Ce bouquin déploie une autre facette du roman universitaire. Là où Tartt met en scène un groupe fermé d’étudiants happés par l’esthétique et la transgression, Williams choisit le chemin d’une vie entière au service du savoir, dans la solitude et la retenue. Les deux récits partagent un décor académique fort, où les livres, les cours et les figures charismatiques d’enseignants transforment durablement le destin des personnages. Mais dans « Stoner », l’initiation intellectuelle ne conduit pas au drame flamboyant, plutôt à une fidélité silencieuse à un idéal, même quand tout l’entourage – collègues, famille, circonstances – semble saper cette vocation.

Comme dans « Le Maître des illusions », l’université est un lieu à la fois magnétique et impitoyable, où les alliances et rivalités façonnent les existences. La tension n’est pas ici dans l’action, mais dans la persistance d’un homme à rester en accord avec ce qu’il a choisi d’aimer, même au prix de l’isolement. C’est cette intensité intérieure, alliée à un cadre intellectuel fort, qui peut séduire ceux qui, chez Tartt, ont été sensibles à la puissance de la littérature et à l’empreinte durable des années d’étude.

Aux éditions J’AI LU ; 384 pages.


19. Le messager (L. P. Hartley, 1953)

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« Le messager » de L. P. Hartley raconte l’histoire de Leo, un garçon d’une douzaine d’années invité à passer l’été dans la demeure d’un camarade issu d’un milieu aisé. Un enchaînement d’événements l’amène à servir d’intermédiaire secret entre la fille de la maison et un fermier du voisinage. Ce rôle, qu’il accepte sans en mesurer la portée, l’expose à des intrigues d’adultes dont il ne comprend pas encore toutes les implications. L’innocence de Leo se heurte alors à des tensions sociales et affectives qui vont marquer sa mémoire de façon irréversible.

Dans les deux histoires, un narrateur se souvient, depuis l’âge adulte, d’événements marquants de sa jeunesse. Le décalage entre la naïveté du protagoniste et la complexité morale des situations renforce la tension narrative. Comme Donna Tartt, L. P. Hartley s’intéresse à ce moment précis où un jeune esprit découvre, parfois brutalement, que le monde des adultes n’obéit pas aux mêmes règles que celui de l’enfance. Les rapports de classe y jouent un rôle central : la fascination pour un milieu plus raffiné, l’observation des codes implicites, et la conscience progressive de ne pas tout à fait en faire partie.

On retrouve aussi, dans « Le messager », cette atmosphère de secret et de non-dit qui imprègne « Le Maître des illusions ». Les lettres que Leo transporte sont à la fois une mission exaltante et un fardeau, tout comme les confidences ou les alliances dangereuses que tisse le narrateur de Tartt. Dans les deux cas, l’innocence initiale se mêle à la culpabilité, et la mémoire de l’adulte porte la trace indélébile de ce basculement. Un récit qui, derrière sa trame simple, interroge sur le poids des événements fondateurs et sur la façon dont ils façonnent, en silence, toute une vie.

Aux éditions 10/18 ; 408 pages.


20. Retour à Brideshead (Evelyn Waugh, 1945)

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« Retour à Brideshead » raconte la rencontre, dans les années 1920, entre Charles Ryder, étudiant à Oxford, et Lord Sebastian Flyte, héritier d’une famille aristocratique catholique. Séduit par l’excentricité de Sebastian et l’élégance de son milieu, Charles découvre Brideshead, le domaine familial, et tisse des liens avec les différents membres de cette maison. Mais derrière les réceptions, les voyages et les échanges brillants, se profilent des tensions profondes : l’alcoolisme de Sebastian, les mariages malheureux, les querelles d’héritage et le poids écrasant des traditions et de la foi. Des années plus tard, alors que la Seconde Guerre mondiale bouleverse l’Angleterre, Charles retrouve Brideshead, désormais marqué par le temps et les désillusions, et replonge dans ses souvenirs.

Ce roman pourrait séduire celles et ceux qui ont apprécié « Le Maître des illusions » car il partage avec lui un univers universitaire élitiste, un cercle restreint d’amitiés intenses et ambiguës, et une fascination pour un mode de vie à la fois séduisant et destructeur. Comme chez Donna Tartt, un narrateur venu d’un milieu plus modeste pénètre dans un groupe qui lui est étranger et se laisse happer par son magnétisme.

L’atmosphère se teinte peu à peu de mélancolie : l’ivresse des débuts cède la place aux fissures morales, aux loyautés contrariées et à l’ombre d’événements historiques qui dépassent les protagonistes. La relation entre Charles et Sebastian, avec sa part de non-dit et de trouble, rappelle celle que Tartt installe entre son narrateur et les étudiants charismatiques qu’il rejoint. Enfin, « Retour à Brideshead » déploie, comme « Le Maître des illusions », un contraste fort entre la beauté des lieux et des êtres, et la lente dérive de ceux qui les habitent, laissant au lecteur le même mélange d’admiration et d’inquiétude.

Aux éditions ROBERT LAFFONT ; 624 pages.

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