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Les meilleurs romans de Laurent Gaudé – Notre sélection

Laurent Gaudé en 10 romans – Notre sélection

Laurent Gaudé est un écrivain français né le 6 juillet 1972 à Paris. Après des études de lettres modernes et de théâtre à la Sorbonne Nouvelle, il commence à écrire dès l’âge de 22 ans. Sa carrière littéraire débute véritablement en 1996 avec sa première pièce de théâtre, « Onysos le Furieux ».

Il connaît la consécration littéraire avec ses romans : « La mort du roi Tsongor » lui vaut le prix Goncourt des lycéens et le prix des libraires en 2002, puis il remporte le prestigieux prix Goncourt en 2004 pour « Le soleil des Scorta », qui devient également un succès commercial.

Auteur prolifique, Gaudé excelle aussi bien dans le théâtre que dans le roman, la nouvelle et la poésie. Son œuvre, traduite dans de nombreuses langues, aborde des thèmes divers et s’inspire souvent de ses voyages (Kurdistan irakien, Haïti, Bangladesh). Parmi ses œuvres récentes marquantes figurent « Chien 51 » (2022), roman dystopique qui fait l’objet d’une adaptation cinématographique, et « Même si le monde meurt » (2023), une pièce de théâtre sur la fin du monde.

Outre son travail d’écrivain, Laurent Gaudé collabore régulièrement avec des artistes d’autres disciplines, notamment des compositeurs et des photographes, et participe à de nombreuses lectures publiques aux côtés de comédiens.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. La mort du roi Tsongor (2002)

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Le vieux roi Tsongor a consacré sa vie à bâtir un empire colossal au cœur d’une Afrique imaginaire. Le jour où il s’apprête à marier sa fille Samilia au prince Kouame, Sango Kerim fait irruption avec son armée. Cet ami d’enfance de la princesse vient réclamer sa main, fort d’une promesse échangée des années plus tôt.

Incapable de trancher entre les deux prétendants et pressentant une guerre dévastatrice, Tsongor se donne la mort. Son sacrifice sera vain : les deux hommes s’engagent dans un conflit sans merci qui va consumer le royaume. Pendant que le sang coule aux portes de Massaba, Souba, le benjamin du roi, entreprend un périple pour construire sept tombeaux à la gloire de son père.

Avec « La mort du roi Tsongor », Laurent Gaudé crée une fable sur la folie des hommes et la vanité du pouvoir. Le roman emprunte sa structure aux grandes tragédies grecques : une faute originelle – les conquêtes sanglantes de Tsongor – engendre une malédiction qui frappe sa descendance. La guerre qui éclate entre les prétendants n’est qu’un prétexte : le véritable moteur du conflit réside dans l’orgueil des hommes.

L’œuvre se déploie en deux mouvements qui s’opposent et se répondent. D’un côté, la violence des batailles sous les murs de Massaba illustre la démesure guerrière et l’absurdité des conflits. De l’autre, le parcours solitaire de Souba représente une quête de sens et de sagesse. Cette dualité se retrouve dans l’écriture, qui alterne entre des scènes de combat d’une grande intensité et des moments plus méditatifs.

Avec le personnage de Samilia, Gaudé questionne aussi la place des femmes dans les sociétés patriarcales. La princesse refuse d’être un simple trophée que les hommes se disputent. Elle choisit la fuite plutôt que de cautionner leur folie meurtrière.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 219 pages.


2. Salina : les trois exils (2018)

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Dans une Afrique intemporelle aux accents mythologiques, un mystérieux cavalier dépose un bébé en pleurs devant un village. Seule Mamambala ose recueillir l’enfant qu’elle baptise Salina, en référence à ses larmes salées. La petite grandit au sein du clan Djimba qui ne l’acceptera jamais vraiment. Mariée de force au fils aîné du chef alors qu’elle en aime le cadet, elle connaîtra l’humiliation puis l’exil.

L’histoire nous est contée par Malaka, le dernier des trois fils de Salina. À la mort de sa mère, il transporte son corps vers une île-cimetière sacrée où elle pourra peut-être trouver le repos.

Dans la tradition du conte africain et de la tragédie antique, « Salina : les trois exils » échappe à toute temporalité précise. Laurent Gaudé y déploie son art du récit mythologique pour dresser le portrait d’une femme libre et rebelle, condamnée à l’errance par une société patriarcale inflexible.

La force du roman tient à la construction en miroir de la narration. L’histoire s’ouvre sur l’abandon d’un nourrisson et se clôt sur le récit d’un fils portant sa mère vers sa dernière demeure. Entre ces deux moments se déroule le destin cruel de Salina, fait de mariages forcés, d’exils et de vengeances sanglantes.

Aux éditions BABEL ; 160 pages.


3. Le soleil des Scorta (2004)

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En 1875, Luciano Mascalzone revient à Montepuccio, un petit village des Pouilles, après quinze ans de prison. Le soir même, il viole celle qu’il croit être Filomena, son amour de jeunesse. Les villageois le tuent pour ce crime, mais neuf mois plus tard naît Rocco, qui deviendra le patriarche des Scorta.

Cette lignée maudite va marquer l’histoire du village pendant un siècle. Le roman suit particulièrement les trois enfants de Rocco – Domenico, Giuseppe et Carmela – ainsi que leur frère d’adoption Raffaele. Privés d’héritage par leur père qui lègue sa fortune à l’Église, ils tentent leur chance en Amérique avant de revenir ouvrir le premier bureau de tabac de Montepuccio.

Dans une prose lumineuse qui restitue l’atmosphère brûlante des Pouilles, Laurent Gaudé compose une fresque familiale sur quatre générations. Il y dépeint des êtres fiers et obstinés, marqués par la violence de leurs origines mais unis par des liens indéfectibles. Un roman qui a obtenu le prix Goncourt en 2004.

Laurent Gaudé interroge l’héritage familial sous toutes ses formes : la fierté du nom, la force du clan, les secrets, mais aussi les malédictions. Le soleil devient un personnage à part entière qui écrase, brûle, rend fou, mais forge aussi les caractères. Son omniprésence n’est pas qu’un effet de style : elle symbolise la destinée des Scorta, « mangeurs de soleil » qui tirent leur force de cette terre hostile.

Aux éditions J’AI LU ; 256 pages.


4. Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé (2024)

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Le vendredi 13 novembre 2015, Paris profite d’une dernière soirée de douceur avant l’hiver. Sur les terrasses bondées, des amis trinquent, des amoureux se retrouvent. Au Bataclan, le groupe Eagles of Death Metal s’apprête à donner un concert. Personne ne devine le drame qui va survenir.

Laurent Gaudé fait entendre les voix de ceux qui ont vécu cette nuit de terreur : deux sœurs jumelles réunies pour leur anniversaire, un couple d’amoureuses qui se cherchent, une mère partie écouter de la musique. Mais aussi les premiers policiers arrivés sur place, les médecins confrontés à l’impensable, les proches qui appellent sans relâche des téléphones qui sonnent dans le vide.

Dans ce texte court d’une grande puissance, Laurent Gaudé restitue avec justesse l’effroi qui s’est abattu sur la ville. Sans pathos ni sensationnalisme, il compose un hommage bouleversant à ceux qui ont perdu la vie et à ceux qui portent encore les stigmates de cette nuit d’horreur.

Aux éditions ACTES SUD ; 144 pages.


5. Eldorado (2006)

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Publié en 2006, « Eldorado » nous transporte sur les rives de la Méditerranée. Le commandant Piracci dirige une frégate des garde-côtes italiens. Chaque nuit, il traque les bateaux de migrants qui cherchent à gagner l’île de Lampedusa. Sa vie bascule le jour où une ancienne rescapée le retrouve dans les rues de Catane. Elle a perdu son bébé durant la traversée et réclame vengeance.

Pendant ce temps, au Soudan, Soleiman s’apprête à quitter son pays avec son frère Jamal. La maladie contraint ce dernier à rebrousser chemin. Commence alors pour Soleiman une marche éprouvante à travers l’Afrique du Nord, rythmée par les trahisons des passeurs et la violence des frontières. Le destin va bientôt réunir ces deux hommes que tout oppose.

« Eldorado » aborde la tragédie de l’immigration clandestine avec une puissance narrative remarquable. Laurent Gaudé évite les pièges du pathos et du moralisme pour construire une méditation sur la quête d’identité et les illusions qui poussent les êtres humains à agir.

La structure en miroir du récit, qui suit alternativement le commandant Piracci et le jeune Soleiman, lui permet de montrer les deux faces d’une même réalité. D’un côté, le représentant de l’ordre qui perd le sens de sa mission à force d’intercepter des êtres humains en détresse. De l’autre, le migrant qui doit s’endurcir et perdre une part de son humanité pour survivre. Cette symétrie souligne l’absurdité d’un monde où certains naissent du bon côté des frontières et d’autres non.

Aux éditions J’AI LU ; 224 pages.


6. Cris (2001)

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Dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, une poignée de soldats français affrontent l’horreur au quotidien. Jules, Marius, Boris et leurs camarades survivent tant bien que mal entre les assauts meurtriers, la boue glacée et les tirs d’obus. Tandis que Jules obtient une permission pour rentrer à Paris, ses compagnons restent sur le front où règnent la peur et la mort.

Entre les lignes ennemies rôde une étrange créature : l’homme-cochon, un soldat devenu fou qui hurle dans la nuit et hante l’esprit des combattants. Ses cris se mêlent à ceux des blessés, des mourants et de la terre elle-même, martyrisée par les explosions.

Laurent Gaudé fait entendre les voix intérieures de ces hommes ordinaires précipités dans l’enfer de 1914. À travers une succession de monologues brefs, il révèle leur humanité face à la barbarie, leur solidarité dans l’épreuve, leur lutte désespérée pour préserver leur raison. Un premier roman d’une force exceptionnelle.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.


7. Ouragan (2010)

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La Nouvelle-Orléans, août 2005. Un ouragan d’une puissance inédite menace la ville. Les autorités ordonnent l’évacuation. Sur les routes, c’est l’exode. Mais dans les quartiers pauvres, majoritairement noirs, beaucoup n’ont pas cette chance.

Josephine Linc. Steelson refuse de quitter sa maison. À près de cent ans, cette afro-américaine qui a perdu mari et enfants incarne la mémoire douloureuse de son peuple. Non loin, Rose attend la tempête avec son fils Byron, né d’une relation violente. Sur une route déserte, Keanu roule à contre-courant du flot des fuyards pour la retrouver après six années d’absence. Dans une prison abandonnée par les gardiens, les détenus guettent la montée des eaux.

Laurent Gaudé compose un roman choral où les voix s’entremêlent pour dire la violence de la nature et celle des hommes. Son écriture évoque sans pathos la dignité et la résilience de ceux que la société américaine continue de maintenir dans ses marges.

Aux éditions J’AI LU ; 160 pages.


8. La porte des Enfers (2008)

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Naples, 1980. Par un matin ordinaire, Matteo emmène son fils Pippo à l’école. Une fusillade éclate soudain dans la rue : l’enfant de six ans meurt, atteint par une balle perdue. Pour sa femme Giuliana, sa mort est insupportable. Elle supplie Matteo soit de lui ramener leur fils, soit de tuer l’assassin.

Incapable d’accomplir sa vengeance, Matteo erre la nuit dans les rues de Naples au volant de son taxi. Il y rencontre d’étranges personnages : un travesti, un curé en disgrâce, un professeur versé dans l’occulte ou encore le patron d’un café. Ces marginaux lui révèlent qu’il existe des passages secrets vers les Enfers. Matteo décide alors de tout risquer pour arracher son fils au royaume des morts.

Dans ce roman où le réel côtoie le fantastique, Laurent Gaudé compose une partition magistrale sur l’amour, la mort et la vengeance. Une tragédie contemporaine à la force intemporelle des légendes.

Aux éditions J’AI LU ; 288 pages.


9. Écoutez nos défaites (2016)

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À Zurich, un agent des services secrets français croise le chemin d’une archéologue irakienne. Une seule nuit unit ces deux êtres marqués par la violence du monde. Elle tente de protéger le patrimoine culturel menacé par les djihadistes. Lui doit retrouver un ex-agent américain devenu trafiquant au Liban.

Dans un jeu de miroirs, Laurent Gaudé mêle ce récit contemporain à trois épopées guerrières : Hannibal et sa marche légendaire vers Rome, le général Grant lors de la guerre de Sécession américaine, et la résistance du roi éthiopien Hailé Sélassié contre l’armée de Mussolini.

Ce roman polyphonique entremêle les voix et les époques. Laurent Gaudé y dessine une méditation sur la guerre, le pouvoir et leurs conséquences. Les conflits d’aujourd’hui font écho aux grandes batailles du passé. Le chaos du Moyen-Orient rappelle les guerres antiques.

Aux éditions BABEL ; 288 pages.


10. Danser les ombres (2015)

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Port-au-Prince, 2010. Lucine revient dans la capitale haïtienne après cinq années d’absence, pendant lesquelles elle a dû mettre sa vie entre parenthèses pour s’occuper des enfants de sa sœur. De retour dans cette ville bruyante et chaotique où elle fut autrefois étudiante engagée contre le régime d’Aristide, elle retrouve ses anciens amis qui se réunissent dans une ex-maison close.

Parmi eux, Saul, un médecin sans diplôme qui soigne les plus démunis, le vieux Tess, un ancien tenancier de bordel, et Firmin, un chauffeur de taxi au passé trouble de tortionnaire sous la dictature des Duvalier. Alors que Lucine recommence à espérer et s’éprend de Saul, la terre se met à trembler.

Dans un style lyrique empreint de réalisme magique, Laurent Gaudé décrit les 35 secondes qui ont ravagé Haïti ce 12 janvier 2010, puis la quête désespérée des survivants dans les décombres. Le roman conjugue avec force les croyances vaudou, la solidarité face au désastre et la frontière incertaine entre les vivants et les morts.

Aux éditions BABEL ; 256 pages.

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