Didier van Cauwelaert est un écrivain français né le 29 juillet 1960 à Nice, dans une famille d’origine belge. Très jeune, il se passionne pour l’écriture : à huit ans, il décide de devenir écrivain. Après une période consacrée au théâtre, où il met notamment en scène des pièces de Beckett, Anouilh et Ionesco, il publie son premier roman « Vingt ans et des poussières » en 1982 aux Éditions du Seuil, qui reçoit le prix Del Duca.
Sa carrière littéraire prend un tournant décisif en 1994 lorsqu’il reçoit le prestigieux prix Goncourt pour « Un aller simple ». Auteur prolifique, il a écrit plus de trente romans ainsi que des essais, des pièces de théâtre et des spectacles musicaux. Ses œuvres, traduites dans plus de vingt langues, abordent souvent le thème de la reconstruction de personnes en difficulté. Au théâtre, il reçoit le Molière du meilleur spectacle musical en 1997 pour son adaptation du « Passe-muraille ».
Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma, notamment « Un aller simple » et « Sans identité » (adapté de « Hors de moi »). En 2018, il réalise lui-même « J’ai perdu Albert ».
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. La femme de nos vies (2013)
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Dans l’Allemagne nazie de 1941, deux adolescents se croisent à l’hôpital psychiatrique d’Hadamar : Jürgen Bolt, un garçon de ferme autiste que ses parents ont livré aux autorités, et David Rosfeld, un jeune génie juif dont la mère scientifique a été tuée par les nazis. Alors que l’établissement s’apprête à tester ses nouvelles « douches », David convainc Jürgen de prendre son identité. Ce dernier échappe ainsi à la mort et se retrouve sous la protection d’Ilsa Schaffner, une officière scientifique de la Wehrmacht qui dirige une école pour enfants surdoués.
Des décennies plus tard, devenu un physicien réputé aux États-Unis, l’ancien Jürgen – désormais David Rosfeld – apprend qu’Ilsa Schaffner est à l’agonie. À son chevet, il fait la connaissance de Marianne Le Brêt, sa petite-fille qui la considère comme une criminelle de guerre. Durant vingt-quatre heures, David va tenter de réhabiliter la mémoire de cette femme qui non seulement lui a offert une nouvelle vie, mais a aussi risqué la sienne pour sauver des enfants de l’extermination.
Ce roman, inspiré par le récit d’un survivant d’Hadamar confié à l’auteur en 2005, frappe par son dispositif narratif : un monologue au cours duquel le narrateur fait écho aux interventions jamais retranscrites de son interlocutrice. Didier van Cauwelaert y aborde des aspects méconnus de la Seconde Guerre mondiale, comme le programme d’euthanasie des handicapés ou les recherches atomiques nazies. Il noue aussi une réflexion sur le pouvoir du regard d’autrui : comment un enfant jugé déficient peut devenir un génie quand on croit en lui.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 410 pages.
2. Un aller simple (1994)
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Début des années 1990. Dans les quartiers nord de Marseille, Aziz Kemal vit une existence marginale parmi les gitans qui l’ont recueilli bébé après un accident de voiture au cours duquel ses parents sont décédés. Spécialisé dans le vol d’autoradios et muni de faux papiers marocains, il s’apprête à épouser Lila, son amour de toujours, quand la police l’arrête en plein repas de fiançailles. Le gouvernement décide d’en faire un exemple et de le renvoyer dans son prétendu pays d’origine.
C’est ainsi qu’Aziz se retrouve accompagné de Jean-Pierre Schneider, un attaché humanitaire idéaliste chargé de sa réinsertion au Maroc. Ne connaissant rien de ce pays dont il n’est pas originaire, Aziz s’invente un village perdu dans l’Atlas, Irghiz, et embarque son compagnon d’infortune dans une quête improbable. Cette péripétie rocambolesque va lier ces deux êtres que tout oppose mais qu’unit une même solitude.
Prix Goncourt 1994, ce texte court manie l’humour et l’émotion avec une rare justesse. Didier van Cauwelaert aborde la question de l’immigration clandestine et des racines à travers le regard naïf et poétique d’Aziz. Le roman a été adapté au cinéma en 2001 par Laurent Heynemann avec Jacques Villeret dans le rôle de l’attaché humanitaire.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 128 pages.
3. Jules (2015)
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À l’aéroport d’Orly, Zibal, un scientifique surdiplômé reconverti en vendeur de macarons, fait la connaissance d’Alice, une jeune femme aveugle accompagnée de son chien guide Jules. Cette rencontre fortuite bouleverse la vie de Zibal, qui tombe immédiatement sous le charme d’Alice. Mais elle s’apprête à subir une opération qui pourrait lui rendre la vue, et il n’a aucun moyen de la recontacter.
Quelques semaines plus tard, Jules, devenu inutile depuis qu’Alice a recouvré la vue, se retrouve assigné à un nouveau maître. Le labrador, déprimé par ce changement brutal, s’enfuit et retrouve Zibal. Commence alors une quête rocambolesque : Jules entraîne Zibal dans une série de péripéties pour retrouver Alice, bien décidé à jouer les entremetteurs entre ces deux êtres cabossés par la vie.
Cette comédie romantique se distingue par son traitement original du handicap et sa façon d’aborder des sujets graves avec légèreté. Didier van Cauwelaert, passionné depuis l’enfance par les chiens guides d’aveugles, livre un hommage touchant à ces animaux extraordinaires. Le roman a connu un tel succès qu’une suite, « Le retour de Jules », est parue deux ans plus tard.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 256 pages.
4. Le pouvoir des animaux (2021)
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Dans un monde où le réchauffement climatique menace l’humanité, deux scientifiques poursuivent des recherches qui pourraient bien sauver la planète. Wendy Lane, une biologiste britannique, étudie le tardigrade, une créature microscopique quasi immortelle découverte dans les glaces du Groenland après 130 000 ans de sommeil. Cette bestiole d’un millimètre possède une protéine capable de régénérer l’ADN et pourrait guérir les pires maladies humaines, dont Alzheimer.
Frank Debert, glaciologue et généticien, s’attaque à un projet plus ambitieux encore : réintroduire le mammouth laineux en Sibérie. Son but ? Empêcher la fonte du permafrost qui risque de libérer des milliards de tonnes de méthane dans l’atmosphère. Entre amour naissant et ambitions professionnelles, leur relation se complique tandis que l’avenir de la planète est en jeu.
L’originalité du roman tient à sa narration alternée entre le tardigrade et le mammouth, qui observent et commentent les comportements humains avec un mélange d’ironie et de sagesse. Didier van Cauwelaert s’appuie sur des recherches scientifiques réelles pour construire cette fable écologique qui mêle humour et gravité. Les enjeux environnementaux s’entrelacent avec une histoire d’amour et des réflexions sur la relation entre l’homme et l’animal.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.
5. Le journal intime d’un arbre (2011)
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Un vieux poirier des Yvelines s’écroule un matin de tempête. Planté sous Louis XV, Tristan – c’est son nom – allait recevoir le label des Arbres remarquables quand le sort en a décidé autrement. Mais sa chute n’est pas une fin : son esprit perdure dans chaque morceau de son bois, en particulier dans une statuette sculptée par Manon, une adolescente du voisinage qui le considérait comme son confident.
L’arbre relate trois siècles d’histoire de France dont il fut spectateur privilégié : sorcières brûlées, prêtres suppliciés, l’affaire Dreyfus, la Résistance… Il raconte aussi sa relation avec le docteur Lannes, son dernier propriétaire qui venait puiser du réconfort contre son tronc après la mort de son fils.
Avec « Le journal intime d’un arbre », Didier van Cauwelaert signe un texte singulier qui se démarque par son narrateur végétal et sa construction en spirale, où présent et passé s’entremêlent. Le roman oscille entre chronique historique et manifeste écologique, porté par une écriture sensible qui donne chair aux émotions d’un arbre. Cette histoire étonnante puise sa source dans un événement réel : la chute du poirier tricentenaire de l’auteur, dont le bois a servi à relier les quinze premiers exemplaires du livre.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.
6. L’éducation d’une fée (2000)
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Dans un bus d’aéroport, Nicolas, un inventeur de jouets en perte de vitesse, croise le regard d’Ingrid et de son fils Raoul. Pour cet homme resté enfant dans l’âme, c’est une double révélation : il s’éprend follement de cette ornithologue et de son petit garçon de 4 ans. Leur histoire s’épanouit pendant quatre années de parfait bonheur, durant lesquelles Nicolas devient un père attentionné qui nourrit l’imaginaire de Raoul d’histoires féeriques.
Un jour, Ingrid décide brutalement de rompre, prétextant que son corps change et qu’elle préfère partir avant que leur amour ne se ternisse. Dévasté, Nicolas trouve un semblant de réconfort auprès de César, une caissière kurde au destin brisé qui travaille dans la supérette de son quartier. Lorsque Raoul rencontre à son tour César, il est convaincu d’avoir trouvé la fée qui pourrait recoller les morceaux de sa famille éclatée.
Ce roman de Didier van Cauwelaert brille par sa capacité à transformer le banal en merveilleux. Par l’intermédiaire d’une narration à deux voix qui alterne les points de vue de Nicolas et César, l’auteur crée une atmosphère où la magie semble possible malgré les drames du quotidien. Des dialogues pleins d’esprit et des personnages bien dessinés, particulièrement celui de César, apportent une épaisseur sociale à cette histoire d’amour contrariée.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 224 pages.
7. J’ai perdu Albert (2018)
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Chloé est la voyante la plus en vue du pays. Sa réputation lui vient d’un don particulier : depuis vingt-cinq ans, l’esprit d’Albert Einstein habite son corps et lui souffle ses prédictions. Cette cohabitation lui permet de conseiller les plus grands de ce monde, des pontes du show-business jusqu’aux états-majors de l’OTAN. Mais un jour, sans prévenir, Einstein l’abandonne.
L’illustre physicien a jeté son dévolu sur Zac, un serveur de brasserie qui élève aussi des abeilles. Ce jeune homme désabusé est bouleversé par cette présence envahissante qui le bombarde d’informations capitales. Entre Chloé qui veut récupérer son mentor et Zac qui cherche à s’en débarrasser, Einstein poursuit sa mission : empêcher la disparition des abeilles, sans lesquelles l’humanité ne survivrait pas plus de quatre ans.
Didier van Cauwelaert réinvente avec brio la comédie romantique en y ajoutant une touche fantastique, teintée d’écologie. Le roman se double d’une dimension documentaire passionnante sur Einstein, fruit de dix années de recherches de l’auteur. L’ouvrage a d’ailleurs connu une adaptation cinématographique avec Julie Ferrier et Stéphane Plaza dans les rôles principaux.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 192 pages.
8. La vie interdite (1997)
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Un matin de 1997, Jacques Lormeau s’éveille. Il découvre son propre cadavre allongé dans la caravane où il dormait, au pied de la maison familiale d’Aix-les-Bains. À 34 ans, ce quincaillier rêveur vient de succomber à une rupture d’anévrisme. Devenu une âme errante, il observe sa maîtresse partir sans réaliser qu’il est mort, puis assiste, désorienté, à la découverte de son corps par une cliente. Entre stupeur et chagrin, sa femme Fabienne, son jeune fils Lucien et son père tentent d’accepter sa disparition.
Durant les jours qui suivent, Jacques flotte d’un personnage à l’autre, incapable d’intervenir mais conscient de tout. Il comprend alors ce qu’il n’avait pas su voir : l’amour sincère de sa femme qu’il croyait autoritaire, la souffrance de son fils harcelé à l’école, les ambiguïtés de son père. Les souvenirs affluent, les regrets aussi. Dans la quincaillerie familiale où la vie continue, chacun révèle sa vraie nature.
Grand Prix des Lecteurs du Livre de Poche en 1999, ce roman de Didier van Cauwelaert aborde avec humour et légèreté le thème de la mort, en évitant tout pathos. L’auteur y mêle le burlesque (la scène du testament est particulièrement réussie) et l’émotion, dans une narration qui alterne présent et passé.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 315 pages.
9. La demi-pensionnaire (1999)
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Thomas Vincent mène une existence morne comme réceptionniste à la SACEM jusqu’au jour où une vieille dame excentrique, Edmée, lui propose un marché singulier : se faire passer pour Charles, l’amour de jeunesse de sa fille adoptive, mort au combat en Bosnie. Intrigué, il accepte de participer à cette mise en scène et se retrouve à déjeuner avec Hélène, une jeune femme dont il tombe instantanément amoureux. Ce n’est qu’au dessert qu’il réalise qu’elle se déplace en fauteuil roulant.
Cette révélation n’entame en rien son attirance pour cette jeune femme rayonnante, passionnée de voltige aérienne. Au fil de leur relation naissante, c’est Thomas qui se révèle le plus handicapé des deux, prisonnier de ses peurs et de sa vie étriquée. Le couple va bientôt devoir se battre pour protéger Edmée, menacée d’internement par sa fille biologique qui convoite son héritage.
Ce roman de Didier van Cauwelaert, paru en 1999, séduit par sa capacité à déjouer les attentes du lecteur. Sans mièvrerie ni sensationnalisme, l’auteur compose une partition où l’humour côtoie la tendresse, portée par des dialogues incisifs et des personnages qui sortent des sentiers battus. Le livre a connu un beau succès critique lors de sa sortie en 1999.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 218 pages.
10. L’Évangile de Jimmy (2004)
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2026. Jimmy Wood, un trentenaire solitaire qui répare des piscines dans le Connecticut, reçoit la visite de trois agents gouvernementaux. Leur annonce défie l’imagination : il serait le clone de Jésus-Christ, fruit d’une expérience secrète menée sous l’administration Clinton à partir de sang prélevé sur le Saint-Suaire de Turin. En quelques heures, ce modeste piscinier athée devient l’objet de toutes les convoitises.
Propulsé au centre d’une machination qui le dépasse, Jimmy doit apprendre à devenir celui qu’on veut qu’il soit. Le gouvernement américain et le Vatican s’arrachent ce nouveau Messie potentiel, tandis que lui essaie simplement de comprendre qui il est vraiment. Entre formations express à la spiritualité et tentatives de manipulation, ce Christ moderne affronte les dérives d’une société où politique et religion se livrent une guerre sans merci.
Didier van Cauwelaert livre ici un roman à la fois drôle et grinçant qui conjugue science-fiction, thriller et satire sociale. L’écrivain s’est tellement bien documenté sur le Saint-Suaire que certains experts l’ont soupçonné d’avoir eu accès à des informations confidentielles sur de véritables projets de clonage. Cette mésaventure a d’ailleurs inspiré son essai suivant, « Cloner le Christ », paru un an plus tard.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 416 pages.
