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John Muir en 3 récits de voyage – Notre sélection

John Muir naît le 21 avril 1838 à Dunbar, en Écosse. Enfant, il passe son temps à se bagarrer en rejouant les batailles historiques écossaises et à chercher des nids d’oiseaux. En 1849, sa famille émigre aux États-Unis et s’installe dans une ferme du Wisconsin. C’est à l’université du Wisconsin qu’il découvre sa passion pour la botanique, lors d’un cours donné sous un caroubier.

Après un accident qui manque de lui faire perdre la vue alors qu’il travaille comme ingénieur à Indianapolis, il entreprend un long voyage à travers l’Amérique. En 1868, il arrive à San Francisco et découvre la vallée de Yosemite qui le fascine immédiatement. Il y travaille comme berger puis comme scieur de bois, tout en développant ses théories sur la formation géologique de la vallée par les glaciers, en opposition aux théories dominantes de l’époque.

En 1880, il épouse Louisa Wanda Strentzel et gère pendant dix ans la ferme familiale près de San Francisco. Mais sa passion pour la nature le rattrape et il reprend ses explorations. Il devient un ardent défenseur de la préservation des espaces naturels, notamment à travers le Sierra Club qu’il fonde en 1892. Son influence est telle qu’en 1903, il parvient à convaincre le président Theodore Roosevelt de placer la vallée de Yosemite sous protection fédérale.

Sa dernière grande bataille est la lutte contre la construction du barrage de Hetch Hetchy. Malgré son opposition farouche, le projet est approuvé en 1913, ce qui l’affecte profondément. John Muir meurt de pneumonie le 24 décembre 1914 à Los Angeles, laissant derrière lui un héritage majeur pour le mouvement écologiste américain.

Voici notre sélection de ses récits de voyage majeurs.


1. Un été dans la Sierra (1911)

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En 1869, John Muir accepte d’accompagner un troupeau de deux mille moutons dans leur transhumance estivale vers la vallée de Yosemite. Ce naturaliste écossais de trente-et-un ans, fraîchement débarqué aux États-Unis, saisit cette opportunité pour observer la nature sauvage de la Sierra Nevada. Sous l’accord bienveillant du propriétaire du troupeau, il peut consacrer ses journées à l’étude de la faune et de la flore, tandis que les bergers s’occupent des bêtes. Durant quatre mois, de juin à septembre, il parcourt les sentiers escarpés menant des plaines brûlantes de la vallée centrale de Californie jusqu’aux prairies d’altitude. Son périple le conduit notamment vers le mont Hoffman, le lac Tenaya et les sommets majestueux qui bordent la vallée de Yosemite.

Ce journal de terrain, publié en 1911 chez Houghton Mifflin, constitue bien plus qu’un simple carnet d’observations naturalistes. Page après page se dévoile l’émerveillement sans cesse renouvelé d’un homme face à la grandeur des paysages américains. Les descriptions scientifiques des espèces végétales et animales s’entremêlent aux méditations philosophiques sur la beauté du monde sauvage et la place de l’homme dans la nature.

L’ouvrage joue un rôle déterminant dans la création du parc national de Yosemite en 1890. Les descriptions poétiques de Muir contribuent à éveiller la conscience environnementale des Américains et inspirent le mouvement de préservation des espaces naturels. Son influence perdure à travers le Sierra Club, organisation écologiste qu’il fonde en 1892 et qui demeure aujourd’hui l’une des plus importantes aux États-Unis.

Ce texte fondateur du nature writing américain résonne avec une actualité particulière à l’heure où la préservation des écosystèmes est un enjeu majeur. Les réflexions de Muir sur la nécessité de protéger les espaces sauvages anticipent les préoccupations écologiques contemporaines. Sa vision d’une nature sacrée, menacée par l’expansion humaine, influence durablement la pensée environnementale occidentale.

Aux éditions FOLIO ; 320 pages.


2. Voyages en Alaska (1915)

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Dans les années 1879-1880, le naturaliste écossais John Muir entreprend plusieurs expéditions en Alaska, particulièrement dans la région du sud-est et de la baie des Glaciers. Accompagné du révérend Young, un missionnaire presbytérien, et de guides autochtones, il parcourt les fjords en canoë à la découverte de territoires encore largement inexplorés.

Équipé sommairement, avec pour seules provisions du pain sec et du thé, Muir brave les conditions extrêmes pour étudier les glaciers. Son audace frôle parfois l’inconscience : il n’hésite pas à s’aventurer seul sur des crevasses glaciaires ou à affronter des tempêtes. Les autochtones eux-mêmes s’inquiètent de le voir prendre tant de risques, mais rien ne semble pouvoir freiner son enthousiasme débordant pour la nature sauvage.

La rédaction de « Voyages en Alaska » s’étale sur plusieurs décennies, Muir travaillant encore sur le manuscrit à sa mort en 1914. Le livre témoigne d’une époque charnière où la modernité commence à transformer ces terres reculées. Les observations de Muir sur le recul des glaciers dès 1880 résonnent aujourd’hui comme une prémonition du changement climatique.

Son regard sur les populations autochtones se démarque de celui de ses contemporains par son respect et sa curiosité, même si certains passages reflètent les préjugés de l’époque. Le livre oscille entre précision scientifique et émerveillement mystique face à la nature. Il constitue un jalon majeur dans l’histoire du mouvement environnementaliste américain. Les descriptions saisissantes de Muir ont contribué à sensibiliser le public à la préservation des espaces naturels. Son influence perdure : plusieurs sites qu’il a cartographiés portent aujourd’hui son nom, dont le glacier Muir dans la baie des Glaciers.

Aux éditions PAYOT ; 336 pages.


3. Quinze cents kilomètres à pied à travers l’Amérique profonde (1916)

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En septembre 1867, deux ans après la fin de la guerre de Sécession, John Muir, naturaliste de 29 ans, quitte l’Indiana pour une marche solitaire de 1500 kilomètres vers le Sud des États-Unis. Son objectif : herboriser et découvrir la flore méridionale, avec pour seuls bagages une presse à plantes, quelques effets personnels et des livres dont le Nouveau Testament.

Son périple le mène à travers le Kentucky, le Tennessee, la Caroline du Nord, la Géorgie puis la Floride, dans une Amérique encore meurtrie par le conflit. À Cedar Keys, sur la côte du Golfe du Mexique, il contracte le paludisme qui le cloue au lit plusieurs mois. Une fois rétabli, il embarque pour Cuba, renonçant à son projet initial d’atteindre l’Amazonie. De La Havane, il remonte à New York avant de partir pour la Californie, où il découvre la vallée de Yosemite qui marquera profondément sa vie.

Ce récit, publié de manière posthume en 1916 par William Frederick Baldè à partir des carnets manuscrits de l’auteur, constitue un témoignage exceptionnel sur l’Amérique de la Reconstruction. Dans un Sud dévasté par la guerre, Muir observe avec acuité les tensions raciales persistantes et la misère des populations. Ses rencontres alternent entre méfiance – certains le prennent pour un yankee espion – et hospitalité chaleureuse de familles qui l’hébergent pour la nuit.

L’ouvrage se distingue par sa dimension philosophique et écologique avant-gardiste. Muir y développe une vision radicale pour l’époque, remettant en cause l’anthropocentrisme dominant et la supériorité présumée de l’homme sur la nature. Il défend l’idée que chaque créature, du plus petit insecte au plus grand arbre, possède une valeur intrinsèque indépendante de son utilité pour l’être humain.

Les descriptions minutieuses de la flore méridionale s’entremêlent à des réflexions profondes sur la place de l’homme dans l’univers. Cette première grande excursion botanique pose les jalons de la pensée écologiste de Muir, qui deviendra plus tard le père des parcs nationaux américains et l’une des figures majeures du mouvement conservationniste aux États-Unis.

Aux éditions CORTI ; 128 pages.

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