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Jo Nesbø en 15 polars – Notre sélection

Jo Nesbø en 15 polars – Notre sélection

Jo Nesbø est un écrivain norvégien né le 29 mars 1960 à Oslo. Fils d’une bibliothécaire, il grandit principalement à Molde où il déménage à l’âge de 8 ans. Sa jeunesse est marquée par la découverte bouleversante, à 15 ans, que son père a combattu aux côtés des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sportif talentueux, il joue au football pour le club de Molde jusqu’à ce qu’une blessure aux ligaments croisés mette fin à sa carrière. Après son service militaire dans le Nord de la Norvège, il obtient un diplôme en économie de la Norwegian School of Economics.

Sa carrière professionnelle débute comme courtier en actions et journaliste freelance. Parallèlement, il se lance dans la musique comme chanteur et auteur-compositeur du groupe pop « Di Derre ». C’est lors d’un long vol vers l’Australie qu’il écrit son premier roman policier, « L’homme chauve-souris » (1997), qui remporte un succès immédiat et lance sa carrière d’écrivain.

Devenu l’auteur norvégien le plus vendu de tous les temps avec plus de 60 millions d’exemplaires écoulés et des traductions dans plus de 50 langues, il est particulièrement connu pour sa série mettant en scène l’inspecteur Harry Hole. Son œuvre s’est diversifiée avec des romans pour la jeunesse (série du Professeur Séraphin), des thrillers indépendants et des adaptations au cinéma et à la télévision.

Passionné d’escalade qu’il pratique assidûment depuis ses 50 ans, Jo Nesbø vit aujourd’hui à Oslo, près de son ex-femme et de leur fille. En 2023, il a réalisé l’un de ses objectifs en escalade en réussissant une voie de cotation 8a, une performance de très haut niveau.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. L’homme chauve-souris (Harry Hole #1, 1997)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

« L’homme chauve-souris » marque les débuts de l’inspecteur Harry Hole, personnage emblématique de Jo Nesbø. L’histoire se déroule à Sydney où Harry Hole, un policier norvégien de trente-deux ans, débarque pour enquêter sur le meurtre d’Inger Holter, une jeune Norvégienne retrouvée étranglée après avoir subi un viol. Sur place, les autorités australiennes lui assignent Andrew Kensington, un inspecteur d’origine aborigène, comme partenaire. Initialement cantonné à un simple rôle d’observateur, Hole s’implique progressivement dans l’enquête et découvre que ce crime pourrait être l’œuvre d’un tueur en série ciblant des femmes blondes.

Parallèlement, il noue une relation avec Birgitta, une Suédoise qui travaille comme serveuse. Mais ses propres démons le rattrapent : ancien alcoolique, il replonge dans ses travers, ce qui compromet à la fois son enquête et sa relation amoureuse. L’investigation prend un tournant dramatique avec la mort d’Andrew Kensington. Dévasté, Harry Hole s’enfonce dans une spirale autodestructrice tout en poursuivant obstinément le meurtrier.

Autour du livre

Ce premier opus tranche avec les autres de la série par son cadre australien, choix singulier pour un auteur norvégien. Sa genèse trouve son origine dans un voyage que Nesbø effectua en Australie avec son groupe de rock lors de la rédaction du roman. Le livre s’est révélé un succès dès sa parution en Norvège en 1997, remportant le Prix Riverton et le Prix Clé de verre en 1998.

L’originalité du roman réside dans sa manière d’entrelacer l’enquête criminelle avec l’histoire et la culture aborigènes. Les mythes et légendes autochtones parsèment le récit, offrant une dimension supplémentaire à l’intrigue. Le personnage d’Andrew Kensington incarne cette dualité culturelle : policier intégré dans la société australienne moderne mais profondément attaché à ses racines aborigènes.

L’accueil critique s’avère contrasté. Kirkus Reviews note que « Harry est déjà aussi volcanique que dans ses enquêtes ultérieures » et salue la représentation de l’Australie « vue à travers les yeux d’un touriste et d’un observateur culturel ». Andy Hoban du Sunday Express attribue au roman la note maximale de 5/5, soulignant la crédibilité des personnages et l’intérêt de découvrir un Harry Hole plus jeune et plus loquace.

« L’homme chauve-souris » a fait l’objet d’une adaptation cinématographique avec « The Bat ». Le film n’a cependant pas rencontré le même succès que le roman.

Aux éditions FOLIO ; 496 pages.


2. Les cafards (Harry Hole #2, 1998)

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Résumé

À Bangkok, en pleine chaleur moite, l’ambassadeur de Norvège est retrouvé mort dans un motel de passe, un couteau planté dans le dos. Pour étouffer le scandale qui menace d’éclater, les autorités norvégiennes dépêchent sur place l’inspecteur Harry Hole. Ce dernier, qui peine à se remettre d’une précédente enquête en Australie, lutte contre ses démons intérieurs et son alcoolisme tout en tentant de rester sobre.

Sur place, il collabore avec l’inspectrice Liz Crumley de la police thaïlandaise. L’enquête les mène rapidement vers la communauté des expatriés norvégiens, dont les membres semblent tous dissimuler de lourds secrets. La découverte de photos pédophiles dans la mallette de l’ambassadeur ouvre une nouvelle piste inquiétante.

Entre corruption endémique, pressions politiques, réseaux de prostitution et trafics en tout genre, Harry Hole commence à déterrer des liens compromettants avec le gouvernement norvégien. Si bien que ses supérieurs tentent de le faire taire par tous les moyens. Mais Harry Hole refuse d’abandonner, quitte à mettre sa propre vie en danger.

Autour du livre

« Les cafards », publié en 1998 en Norvège, constitue le deuxième volet des enquêtes d’Harry Hole. Jo Nesbø y peaufine les traits caractéristiques de son protagoniste : un policier tourmenté, asocial et obstiné, dont l’alcoolisme ne cesse de le hanter. Le personnage gagne en profondeur par rapport au premier tome, notamment à travers sa relation avec sa sœur, victime d’un viol dont l’auteur n’a jamais été identifié. Cette dimension intime ajoute une résonance particulière à l’enquête sur les réseaux pédophiles.

Le choix de Bangkok comme cadre narratif s’inscrit dans la continuité du premier tome qui se déroulait en Australie. Cette délocalisation permet à Nesbø d’aborder frontalement des thématiques sensibles comme le tourisme sexuel et l’exploitation des mineurs, tout en évitant l’écueil du voyeurisme. Le romancier norvégien y dépeint une ville étouffante, prisonnière d’embouteillages perpétuels, où la corruption gangrène toutes les strates de la société.

Les critiques saluent majoritairement la construction narrative et la maîtrise du suspense. Pour Crime Fiction Critic, le roman conjugue habilement procédure policière et thriller d’action, tandis que le personnage de Harry Hole s’impose comme un antihéros attachant malgré ses défauts. D’autres soulignent la capacité de Nesbø à déployer une intrigue complexe sans perdre le lecteur, même si certains regrettent un dénouement parfois alambiqué.

Aux éditions FOLIO ; 464 pages.


3. Rouge-Gorge (Harry Hole #3, 2000)

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Résumé

En cette fin d’année 1999, l’inspecteur Harry Hole quitte la brigade criminelle d’Oslo pour le Service de Surveillance de la Police. Une promotion en trompe-l’œil qui l’éloigne des enquêtes sensibles. Sa nouvelle mission consiste à surveiller les groupuscules néo-nazis, sans faire de vagues.

Mais le meurtre de sa coéquipière Ellen et la présence d’un fusil Märklin sur le territoire norvégien le poussent à enquêter. Cette arme rare, redoutable entre les mains d’un sniper, pourrait servir à commettre un attentat. En suivant cette piste, Harry va remonter jusqu’aux années 1940, époque à laquelle des volontaires norvégiens combattaient dans les rangs allemands près de Leningrad. L’un d’eux, surnommé « Rouge-Gorge », était un tueur implacable. Cinquante ans plus tard, d’anciens secrets refont surface.

Autour du livre

Troisième volet des enquêtes d’Harry Hole, « Rouge-Gorge » marque un virage décisif dans la série. Pour la première fois, Jo Nesbø ancre son intrigue au cœur de la Norvège, abandonnant les horizons exotiques de l’Australie et de la Thaïlande qui caractérisaient les deux premiers opus. Relocalisation qui s’accompagne d’une ambition littéraire inédite : confronter son pays natal à son passé trouble pendant la Seconde Guerre mondiale.

La genèse du livre trouve son origine dans la propre histoire de Jo Nesbø. À quinze ans, son père lui révèle avoir combattu comme volontaire dans les Waffen-SS sur le front est. Cette confession bouleversante inspire la trame principale du roman qui embrasse fiction et réalité historique. Certaines des scènes les plus saisissantes du roman dans les tranchées de Leningrad proviennent directement des récits de son père.

La structure narrative alterne entre deux temporalités : 1944 et 1999-2000. Ce va-et-vient temporel permet d’éclairer un pan méconnu de l’histoire norvégienne : l’engagement d’environ 6 000 volontaires norvégiens aux côtés des forces allemandes. Jo Nesbø démonte ainsi le mythe d’une résistance unanime face à l’occupant nazi, rappelant que le nombre de collaborateurs potentiels s’élevait à près de 100 000 personnes. Cette remise en question de l’historiographie officielle de l’après-guerre constitue l’un des aspects les plus intéressants du roman.

Quant au personnage d’Harry Hole, il se dévoile sous un jour plus intime, notamment à travers sa relation naissante avec Rakel et son fils Oleg, deux personnages appelés à jouer un rôle important dans les tomes suivants. Sa lutte contre l’alcoolisme, soutenue par sa collègue Ellen, révèle une vulnérabilité qui n’apparaissait pas dans les opus précédents.

La construction du récit s’articule autour d’un fusil Märklin, arme d’exception dont la présence en Norvège signale une menace imminente. Cette intrigue contemporaine se mêle aux souvenirs de guerre, créant une tension qui culmine lors de la fête nationale norvégienne. Le choix de cette date symbolique pour le dénouement souligne la persistance des blessures historiques dans la société norvégienne contemporaine.

« Rouge-Gorge » a reçu un accueil exceptionnel en Norvège, où il a été élu meilleur roman policier norvégien de tous les temps par les auditeurs de Nitimen. Le Bokklubben Krim og Spenning lui a également décerné ce titre. Sa traduction en anglais par Don Bartlett lui a valu une nomination pour le Crime Writers’ Association Duncan Lawrie International Dagger.

La critique littéraire, notamment John Mullan dans The Guardian, souligne la maîtrise avec laquelle Nesbø manipule le point de vue narratif. En effet, le roman innove en permettant au lecteur d’en savoir plus que l’enquêteur, notamment lors des scènes de meurtre vécues du point de vue des victimes. Cette inversion des codes traditionnels du polar, où le lecteur suit habituellement les découvertes du détective, crée une tension narrative rare.

Aux éditions FOLIO ; 608 pages.


4. Rue Sans-Souci (Harry Hole #4, 2002)

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Résumé

Harry Hole, inspecteur de police d’Oslo, se retrouve confronté à deux affaires en parallèle. Un braquage de banque qui a mal tourné : une employée a été froidement abattue par le voleur. En même temps, il renoue avec une ancienne maîtresse, Anna. Le lendemain de leurs retrouvailles, il se réveille chez lui sans aucun souvenir de la soirée. La jeune femme est retrouvée morte.

Pendant que sa compagne Rakel se bat à Moscou pour obtenir la garde de son fils, Harry Hole doit gérer ces deux enquêtes. Il fait équipe avec Beate Lønn, une nouvelle recrue douée d’une mémoire exceptionnelle pour les visages. Le duo se retrouve bientôt sur la piste des activités louches de la communauté tzigane d’Oslo.

Autour du livre

Quatrième volet des enquêtes d’Harry Hole, « Rue Sans-Souci » (2002) s’inscrit dans la tradition du polar nordique tout en s’en démarquant par une intrigue particulièrement élaborée. Délaissant les contrées exotiques des précédents opus situés en Australie et en Thaïlande, l’action se recentre sur Oslo, avec néanmoins une incursion au Brésil qui maintient la dimension internationale caractéristique de la série.

Le titre fait référence à une rue d’Oslo où réside l’un des personnages clés du récit. L’ironie du titre contraste délibérément avec la noirceur des événements qui s’y déroulent. Le choix du titre anglais « Nemesis » renvoie quant à lui à la déesse grecque de la vengeance, thématique centrale qui sous-tend l’ensemble de l’intrigue.

Un nouvel élément majeur intervient dans la série avec l’introduction de Beate Lønn, une jeune enquêtrice dotée d’une mémoire photographique pour les visages. Son arrivée modifie la dynamique des investigations et apporte un contrepoint intéressant au personnage d’Harry Hole. La relation entre ces deux protagonistes, marquée par leurs traumatismes respectifs – elle est la fille d’un policier tué en service lors d’un braquage – ajoute une dimension psychologique supplémentaire.

L’immersion dans la communauté rom de Norvège constitue l’une des particularités de ce volet. À travers le personnage de Raskol, Jo Nesbø dépeint les codes et traditions de cette minorité, tout en évitant les stéréotypes. Cette incursion sociologique enrichit la trame policière d’une perspective culturelle rarement abordée dans la littérature scandinave.

Sur le plan de la construction, l’auteur entrelace plusieurs fils narratifs qui se répondent et se complètent. Les différentes enquêtes, loin d’être juxtaposées artificiellement, forment un écheveau complexe qui se démêle progressivement. Cette architecture sophistiquée exige une attention soutenue du lecteur.

La critique souligne la complexité de l’intrigue, certains y voyant une force quand d’autres la considèrent comme excessive. The Independent met en avant la tension immédiate instaurée dès les premières pages et loue particulièrement la justesse des observations sociologiques. « Rue Sans-Souci » a été nommé pour l’Edgar Award du meilleur roman en 2010, reconnaissance significative dans le monde du polar.

Aux éditions FOLIO ; 624 pages.


5. L’étoile du diable (Harry Hole #5, 2003)

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Résumé

À Oslo, en pleine canicule, un tueur en série sème la terreur. Son mode opératoire est toujours le même : il ampute ses victimes d’un doigt et laisse près d’elles un diamant rouge taillé en pentagramme. La brigade criminelle, en sous-effectif pendant la période estivale, confie l’enquête à l’inspecteur Harry Hole.

Mais Harry n’est plus que l’ombre de lui-même. Ravagé par l’alcool depuis la mort non élucidée de sa collègue Ellen, abandonné par sa compagne Rakel, il risque même son poste. Pour corser l’affaire, il doit faire équipe avec Tom Waaler, un collègue qu’il soupçonne d’être mêlé à des trafics d’armes et au meurtre d’Ellen.

Autour du livre

Cinquième volet des enquêtes d’Harry Hole, « L’étoile du diable » (2003) se déroule dans une atmosphère suffocante, dans un Oslo inhabituellement caniculaire. Cette chaleur écrasante sert de toile de fond à une intrigue où l’inspecteur Hole atteint le point le plus bas de son existence. La particularité de ce tome réside dans sa double trame narrative : d’un côté, la traque d’un tueur en série qui sévit dans la capitale norvégienne, de l’autre, l’aboutissement d’une enquête qui occupe Harry depuis plusieurs tomes sur la corruption au sein même de la police.

Le personnage d’Harry Hole prend ici une dimension nouvelle dans sa déchéance. Son alcoolisme, déjà présent dans les tomes précédents, le consume totalement. Sa relation avec Rakel vole en éclats, sa carrière est sur le point de s’achever, et son obsession pour la mort d’Ellen, sa collègue assassinée, le ronge de l’intérieur. Sa profondeur psychologique s’intensifie à travers sa collaboration forcée avec Tom Waaler, qu’il soupçonne d’être impliqué dans un trafic d’armes et dans la mort d’Ellen.

Le chiffre cinq constitue un leitmotiv omniprésent qui structure le roman. Il apparaît dans le nombre de victimes présumées, dans l’emplacement des meurtres (au cinquième étage), dans l’heure des crimes (17h), dans l’intervalle entre les meurtres (cinq jours), et jusque dans la structure même du livre, divisé en cinq parties. Cette construction mathématique fait écho au pentagramme, symbole central de l’intrigue.

L’originalité du récit tient également à sa représentation d’Oslo en période estivale. Jo Nesbø dépeint une ville méconnaissable, écrasée sous la chaleur, où les habitants dorment nus, où les femmes déambulent en bikini dans les rues, et où la population prie pour un orage libérateur. Ce climat inhabituel pour la Norvège crée un contraste saisissant avec l’image traditionnelle du pays nordique enneigé.

La critique salue unanimement la construction de l’intrigue et la psychologie des personnages. The Guardian évoque « un scénario aux multiples rebondissements qui aboutit à un final époustouflant ». The Times souligne le caractère « cérébral et magistralement instructif » du roman.

Netflix prépare actuellement une adaptation sous forme de série télévisée. Intitulée « Jo Nesbø’s Detective Hole », elle mettra en scène Tobias Santelmann dans le rôle d’Harry Hole, Joel Kinnaman incarnera Tom Waaler, et Pia Tjelta interprétera Rakel Fauke. La réalisation est confiée à Øystein Karlsen, tandis que Jo Nesbø lui-même signe le scénario.

Aux éditions FOLIO ; 592 pages.


6. Le sauveur (Harry Hole #6, 2005)

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Résumé

Oslo, décembre. Un membre de l’Armée du Salut s’écroule, abattu d’une balle dans la tête lors d’un concert de charité. L’assassin, un Croate au passé d’enfant-soldat pendant le siège de Vukovar, s’enfuit mais reste bloqué à l’aéroport par une tempête de neige. Il réalise alors qu’il a tué la mauvaise personne et décide d’honorer son contrat coûte que coûte.

L’inspecteur Harry Hole prend en charge l’affaire. Depuis sa rupture avec Rakel, il lutte contre son alcoolisme et tente de s’adapter à son nouveau supérieur. L’enquête le mène au cœur de l’Armée du Salut, où la succession du commandant David Eckhoff soulève des tensions. Deux candidats s’affrontent : Jon Karlsen et Rikard Nilsen.

Une course contre la montre s’engage dans les rues enneigées d’Oslo. Harry et son équipe doivent démasquer le commanditaire et protéger la véritable cible, pendant que le tueur élimine méthodiquement tous les obstacles sur son chemin.

Autour du livre

Dans ce sixième volet des aventures de l’inspecteur Harry Hole, Jo Nesbø dévoile les coulisses méconnues de l’Armée du Salut norvégienne, organisation militaire hiérarchisée qui occupe une place prépondérante dans la société scandinave. Le cadre hivernal d’Oslo, avec ses rues verglacées et son ambiance oppressante, sert d’écrin à une intrigue qui entremêle plusieurs temporalités : le viol d’une adolescente en 1991, le conflit des Balkans, et le présent de l’enquête en 2003.

L’atmosphère glaciale qui imprègne le récit n’est pas qu’une simple toile de fond météorologique. Elle symbolise la froideur des relations humaines, les secrets enfouis et la loi du silence qui règne au sein de l’Armée du Salut. Cette organisation caritative révèle sa face obscure : derrière les bonnes œuvres se dissimulent des enjeux de pouvoir, des luttes intestines et des scandales immobiliers.

Le personnage du tueur, surnommé « le Petit Sauveur », incarne toute l’ambiguïté morale du récit. Ancien enfant-soldat croate traumatisé par le siège de Vukovar, il possède une particularité physiologique qui le rend insaisissable : une hyperélasticité faciale lui permettant de modifier ses traits à volonté. Cette caractéristique singulière ajoute une dimension presque fantastique au roman tout en servant parfaitement l’intrigue.

Harry Hole connaît une évolution significative dans ce tome. Sevré de l’alcool mais toujours hanté par sa rupture avec Rakel, il doit composer avec un nouveau supérieur, Gunnar Hagen, moins conciliant que son prédécesseur Bjarne Møller. Sa relation naissante avec Martine, la jeune femme violée des années plus tôt, ajoute une touche de fragilité à ce personnage habituellement cuirassé.

Ben East du Guardian souligne la qualité du thriller tout en émettant une réserve sur sa longueur, tandis que Maxine Clarke loue la complexité des personnages et la profondeur de l’intrigue. Le magazine Focus évoque une « tension et une authenticité qui touchent le lecteur comme chez peu d’auteurs de polar ».

Aux éditions FOLIO ; 672 pages.


7. Le bonhomme de neige (Harry Hole #7, 2007)

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Résumé

Oslo, novembre 2004. Les premiers flocons de neige recouvrent la capitale norvégienne. Dans le jardin d’une famille, un bonhomme de neige apparaît mystérieusement, ses yeux noirs fixés vers la maison. Cette même nuit, la mère disparaît. Seule trace : son écharpe rose autour du cou de la sinistre sculpture de neige.

L’inspecteur Harry Hole reçoit une lettre énigmatique signée « Le bonhomme de neige ». En fouillant dans les archives, il découvre que d’autres femmes mariées se sont volatilisées les jours de première neige. La Norvège ferait-elle face à son premier tueur en série ?

Aidé de sa nouvelle coéquipière Katrine Bratt, Hole se lance dans une enquête qui le mène entre Oslo et Bergen. Le tueur semble toujours avoir un coup d’avance et multiplie les mises en scène macabres. Pour l’inspecteur, cette traque devient personnelle quand son ex-compagne Rakel et son fils se retrouvent à leur tour menacés.

Autour du livre

Septième volet des enquêtes d’Harry Hole paru en 2007, « Le bonhomme de neige » marque une nouveauté dans la série du romancier norvégien Jo Nesbø. Pour la première fois, l’inspecteur Hole traque un tueur en série sur le sol norvégien, une première dans l’histoire criminelle du pays. Une affaire qui ne manque pas de déstabiliser la hiérarchie policière d’Oslo, peu habituée à ce type de criminalité.

La force du récit tient notamment dans sa construction temporelle qui oscille entre 1980 et 2004. Elle permet de distiller progressivement les indices et de tisser une toile autour du mystérieux tueur au bonhomme de neige. Le choix de cet emblème enfantin comme signature macabre crée un contraste saisissant entre l’innocence qu’il symbolise et l’horreur des crimes perpétrés.

Le personnage d’Harry Hole lutte toujours contre son alcoolisme tout en gérant une situation personnelle difficile avec son ex-compagne Rakel. Sa nouvelle partenaire d’enquête, Katrine Bratt, apporte une dynamique inédite à l’investigation, tout en portant ses propres secrets qui viennent épaissir l’intrigue.

Thomas Kaufmann du Washington Independent Review of Books compare « Le bonhomme de neige » à « un tour de montagnes russes de première classe », tandis que Thomas Kürten loue « la très bonne description des personnages qui assure authenticité et réalisme ». Juan Carlos Galindo d’El País considère qu’il s’agit de la meilleure œuvre de Nesbø, qualifiant Harry Hole de personnage « immense, douloureusement humain, brisé par la douleur et la solitude ». The Guardian souligne quant à lui le caractère « macabre et perturbant » du roman, porté par une narration « efficace et rythmée ».

L’adaptation cinématographique, sortie en 2017 sous la direction de Tomas Alfredson avec Michael Fassbender dans le rôle d’Harry Hole, n’a malheureusement pas convaincu la critique. Initialement confiée à Martin Scorsese en 2013, la réalisation est finalement revenue à Alfredson en 2014. Le film, produit par Working Title Films et tourné à partir de janvier 2016, n’a pas su retranscrire l’intensité du roman original, récoltant des critiques majoritairement négatives lors de sa sortie en octobre 2017.

Aux éditions FOLIO ; 592 pages.


8. Le léopard (Harry Hole #8, 2009)

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Résumé

Dans les bas-fonds de Hong Kong, Harry Hole se terre, rongé par l’opium et l’alcool. L’inspecteur norvégien a fui Oslo après une enquête dévastatrice. Mais deux femmes viennent d’être assassinées dans la capitale : elles se sont noyées dans leur propre sang. La police piétine.

Kaja Solness, une jeune enquêtrice, part chercher Harry à Hong Kong pour le convaincre de reprendre du service. De retour en Norvège, Harry apprend que son père est mourant. Il accepte d’aider officieusement la brigade criminelle, en pleine guerre des services avec la Kripos. L’enquête le mènera des montagnes enneigées norvégiennes jusqu’au Congo.

Autour du livre

Huitième opus de la série mettant en scène l’inspecteur Harry Hole, « Le léopard » paraît en 2009 en Norvège. Jo Nesbø y livre son roman le plus ample avec près de 850 pages. L’action se déplace sur trois continents, des bas-fonds de Hong Kong aux sommets enneigés de Norvège jusqu’aux volcans du Congo. L’intrigue policière s’enrichit d’une dimension politique avec la guerre des services entre la brigade criminelle d’Oslo et la Kripos, incarnée par l’ambitieux Mikael Bellman.

Harry Hole y est plus vulnérable que jamais. Après les traumatismes de l’affaire du « Bonhomme de neige », l’inspecteur s’est réfugié dans l’opium des fumeries de Hong Kong. Sa relation avec son père mourant constitue l’un des fils rouges émotionnels les plus puissants du récit.

La critique salue majoritairement cette nouvelle enquête de Harry Hole. Le journal The Independent souligne la capacité de Nesbø à transcender le simple polar pour livrer une œuvre qui questionne les traumatismes personnels et collectifs. Laura Wilson dans The Guardian loue la construction impeccable du récit, comparant sa lecture à une avalanche où le lecteur perd tout contrôle.

Aux éditions FOLIO ; 864 pages.


9. Fantôme (Harry Hole #9, 2011)

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Résumé

Après trois ans d’exil à Hong Kong où il travaille comme recouvreur de dettes, Harry Hole revient à Oslo. Le fils de son ex-compagne Rakel, qu’il considère comme son propre enfant, est accusé du meurtre de Gusto Hanssen, un jeune dealer avec qui il s’était associé. Les preuves semblent accabler Oleg mais Harry refuse d’y croire.

Son enquête le mène dans les bas-fonds d’une ville gangrenée par une nouvelle drogue hautement addictive : la fioline. Cette substance, moins mortelle que l’héroïne mais créant une forte dépendance, est contrôlée par un mystérieux trafiquant surnommé « Dubaï » que personne n’a jamais vu. Alors que la corruption gangrène la police et le pouvoir politique, Harry se lance dans une enquête périlleuse.

Autour du livre

Neuvième volet des enquêtes d’Harry Hole, « Fantôme » marque un tournant dans la série. Le protagoniste n’est plus policier mais mène une investigation officieuse, ce qui le place dans une position de vulnérabilité inédite. La narration alterne entre l’enquête au présent et les dernières pensées de la victime, Gusto Hanssen, qui livre sa version des événements depuis l’au-delà. Cette double narration permet d’éclairer progressivement les zones d’ombre tout en maintenant le suspense jusqu’aux dernières pages.

L’intrigue s’articule autour de thématiques sociétales fortes qui bousculent l’image policée de la société norvégienne. La ville d’Oslo y apparaît comme un creuset de corruption où les frontières entre le bien et le mal s’estompent. Le trafic de drogue sert de révélateur aux dysfonctionnements institutionnels, tandis que les relations familiales tumultueuses entre Harry, Rakel et Oleg ajoutent une dimension émotionnelle à l’enquête.

Jo Nesbø s’éloigne ici des tueurs en série qui peuplaient ses précédents opus comme « Le bonhomme de neige » ou « Le léopard » pour livrer un thriller plus intimiste. Le personnage d’Harry Hole continue son évolution : sobre mais toujours hanté par ses addictions passées, il porte les stigmates physiques de ses enquêtes précédentes – une balafre au visage et un doigt en moins.

Le magazine Page des Libraires note que l’auteur « dirige les multiples éléments d’une main de maître ». Pour le blog Encore du noir, malgré quelques facilités formelles, le talent de Nesbø place ce roman « au-dessus du lot ». The Independent souligne la qualité du développement des personnages et la densité de l’intrigue, tout en regrettant certaines invraisemblances.

Aux éditions FOLIO ; 608 pages.


10. Police (Harry Hole #10, 2013)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Des policiers d’Oslo sont retrouvés assassinés selon un mode opératoire précis : chaque victime meurt à la date anniversaire d’une affaire non résolue, sur les lieux mêmes du crime qu’elle n’avait pas su élucider. La police piétine face à ce tueur méthodique qui ne laisse aucune trace.

L’inspecteur Harry Hole, figure emblématique de la brigade criminelle, n’est plus en service actif. Il enseigne désormais à l’école de police et tente de maintenir une vie stable avec sa compagne Rakel. Mais l’accumulation des cadavres et l’impuissance de ses anciens collègues le poussent à reprendre du service.

Pendant ce temps, un mystérieux patient dans le coma est placé sous haute surveillance à l’hôpital. Son réveil pourrait compromettre des personnages haut placés qui préféreraient le voir mort.

Autour du livre

Dixième volet des aventures d’Harry Hole, « Police » s’inscrit dans la continuité directe de « Fantôme », le précédent opus qui s’achevait sur un cliffhanger majeur laissant le protagoniste entre la vie et la mort. Jo Nesbø joue magistralement avec les nerfs de ses lecteurs en maintenant le mystère sur le sort de son héros pendant plus de 200 pages, période durant laquelle l’enquête se développe sans lui.

L’intrigue principale met en scène un tueur en série qui cible spécifiquement des policiers, les attirant sur les lieux de crimes non résolus pour les exécuter selon le même mode opératoire que les meurtres originels. Les personnages secondaires, jusqu’alors dans l’ombre d’Harry Hole, acquièrent une nouvelle dimension. L’équipe d’investigation composée de Beate Lønn, Katrine Bratt et Bjørn Holm se révèle particulièrement efficace, démontrant que la série peut fonctionner même en l’absence temporaire de son principal protagoniste.

L’évolution des relations entre Harry, Rakel et Oleg constitue le fil rouge émotionnel. Leur dynamique familiale, mise à rude épreuve dans les précédents volumes, trouve ici un nouveau souffle, même si la menace plane constamment sur leur fragile équilibre. Le passé ne cesse de ressurgir, notamment à travers l’affaire Gusto Hanssen qui continue de projeter son ombre sur les protagonistes.

Le roman aborde aussi frontalement la thématique de la corruption au sein des forces de l’ordre, incarnée notamment par le nouveau chef de la police Mikael Bellman et son acolyte Truls Berntsen.

La critique salue unanimement le retour de Jo Nesbø au sommet de son art. Daniel Marois du HuffPost considère « Police » comme le meilleur opus de la série, soulignant sa capacité à maintenir le suspense tout en approfondissant la psychologie des personnages. Norman Price de Crime Scraps loue particulièrement la construction des personnages et l’audace de l’auteur, qui n’hésite pas à prendre des positions impopulaires ou à bouleverser les attentes de ses lecteurs. Les critiques mettent également en avant la maîtrise des fausses pistes et la tension constante qui traverse les pages.

Aux éditions FOLIO ; 688 pages.


11. La soif (Harry Hole #11, 2017)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Harry Hole mène une existence paisible comme professeur à l’École supérieure de police. Marié à Rakel, sobre depuis trois ans, il savoure enfin une certaine sérénité. Sa quiétude vole en éclats lorsqu’une série de meurtres sanglants secoue la ville : des femmes célibataires, utilisatrices de l’application Tinder, sont retrouvées vidées de leur sang. Les victimes portent d’étranges marques de morsures infligées par une dentition métallique.

Face à ces crimes qui rappellent un dossier non résolu, le chef de la police Mikael Bellman, aux ambitions ministérielles, contraint Harry à rejoindre l’enquête. L’inspecteur forme alors une équipe restreinte avec Anders Wyller, jeune policier prometteur, et Hallstein Smith, psychologue spécialiste du vampirisme. La piste privilégiée mène à Valentin Gjertsen, un tueur que Harry n’a jamais réussi à arrêter.

Tandis que l’étau se resserre autour du suspect, l’hospitalisation soudaine de Rakel place Harry face à un dilemme déchirant : poursuivre l’enquête ou rester au chevet de son épouse.

Autour du livre

Ce onzième volet des aventures de Harry Hole s’inscrit dans la continuité directe de « Police », publié trois ans plus tôt. Nesbø y développe la thématique du vampirisme clinique, un trouble psychiatrique rare caractérisé par l’ingestion compulsive de sang humain. Cette pathologie alimente une réflexion plus large sur les diverses formes d’addiction qui traversent l’œuvre : la dépendance à l’alcool chez Harry, la soif de pouvoir de Bellman, l’obsession du sang chez le meurtrier.

La narration alterne entre l’enquête principale et les drames personnels des protagonistes. Les personnages secondaires gagnent en profondeur, notamment Katrine Bratt, désormais inspectrice principale, et Oleg, le beau-fils de Harry devenu étudiant à l’École de police. Cette galerie de personnages permet d’aborder des thèmes contemporains comme les dangers des réseaux sociaux ou la corruption au sein des institutions.

Une attention particulière est portée à l’évolution de Harry Hole. Le personnage atteint ici une nouvelle dimension : plus mature mais toujours tourmenté, il lutte pour préserver son équilibre familial tout en affrontant ses démons intérieurs. Sa sobriété fragile et son bonheur domestique sont constamment menacés par l’attraction irrésistible de l’enquête.

L’ancrage dans l’Oslo contemporain se manifeste à travers des références précises : l’apparition des voitures Tesla, la généralisation des imprimantes 3D et l’omniprésence des podcasts.

La critique professionnelle a salué ce nouveau volet des aventures de Harry Hole. Le magazine Crime by the Book qualifie « La soif » de « roman noir dans sa forme la plus pure » et loue la capacité de Nesbø à créer une intrigue « brutale, addictive, atmosphérique et émotionnelle ». En Norvège, le livre s’est imposé comme le best-seller de l’année 2017, confirmant la popularité indéfectible de la série.

Aux éditions FOLIO ; 736 pages.


12. Le couteau (Harry Hole #12, 2019)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans les rues glacées d’Oslo, l’inspecteur Harry Hole tente de se reconstruire après une rupture qui l’a fait replonger dans l’alcool. Réintégré à la police criminelle, il est cantonné aux affaires classées alors qu’un violeur en série qu’il avait arrêté, Svein Finne, vient d’être libéré. Harry veut à tout prix le remettre derrière les barreaux.

Mais un matin, après une nuit de beuverie dont il ne garde aucun souvenir, Harry se réveille les mains couvertes de sang. Quelques heures plus tard, il apprend que Rakel, son ex-compagne, a été assassinée à coups de couteau. Suspendu de ses fonctions car trop proche de la victime, Harry mène sa propre enquête, obsédé par la traque du meurtrier.

Autour du livre

Dans ce douzième opus de la série Harry Hole publié en 2019, Jo Nesbø pousse son protagoniste dans ses ultimes retranchements. Le maître du thriller scandinave met en scène un inspecteur plus fragile et plus malmené que jamais, ce qui lui permet d’interroger avec une acuité nouvelle les frontières entre le bien et le mal.

Harry Hole, déjà habitué aux abîmes de l’alcoolisme et de la dépression, atteint ici un point de non-retour : l’enquêteur chevronné se retrouve lui-même suspect potentiel d’un meurtre dont il ne garde aucun souvenir. Cette dimension psychologique inédite dans la série transforme ce polar en une réflexion sur la culpabilité et la rédemption.

Nesbø excelle particulièrement dans la construction d’une atmosphère oppressante, servie par une intrigue qui se déploie sur plus de 600 pages. Les rues d’Oslo deviennent le théâtre d’une descente aux enfers où chaque nouveau rebondissement remet en question les certitudes précédentes. L’auteur norvégien manie avec habileté l’art du faux-semblant : les suspects s’accumulent, les pistes s’entrecroisent, et le lecteur se trouve constamment déstabilisé par des retournements de situation imprévisibles.

La dimension sociale n’est pas en reste : à travers le personnage de Svein Finne, violeur récidiviste obsédé par la procréation, Nesbø aborde frontalement la question des violences faites aux femmes. Cette trame narrative parallèle s’entremêle habilement avec l’enquête principale, un maillage complexe qui maintient le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages.

Tom Nolan du Wall Street Journal souligne les « énigmes morales dostoïevskiennes » et qualifie « Le couteau » de « meilleur opus à ce jour » dans la série. Publishers Weekly, malgré quelques réserves sur la multiplicité des intrigues, loue un dénouement « bien orchestré ». Rob Merrill de l’Associated Press met en avant le rythme soutenu. Bruno Corty du Figaro le considère comme « le thriller le plus sombre et le plus abouti » de l’auteur norvégien.

Aux éditions FOLIO ; 688 pages.


13. Éclipse totale (Harry Hole #13, 2022)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans les quartiers sordides de Los Angeles, Harry Hole tente d’oublier son passé. Cet ex-inspecteur d’Oslo, évincé de la police après la mort de sa femme, passe ses journées à boire avec Lucille, une ancienne actrice septuagénaire criblée de dettes. Quand des gangsters mexicains menacent de la tuer si elle ne rembourse pas 960 000 dollars, Harry doit agir vite.

L’occasion se présente à Oslo. Deux femmes ont été sauvagement assassinées, leurs têtes sectionnées avec une précision chirurgicale. Le principal suspect, un puissant promoteur immobilier, Markus Røed, propose à Harry une mission : le disculper sous dix jours en échange d’une coquette somme qui pourrait éponger l’ardoise de Lucille.

Autour du livre

Treizième volet des enquêtes de Harry Hole, « Éclipse totale » marque le retour du célèbre inspecteur norvégien dans des circonstances particulièrement sombres. Nesbø choisit de débuter son intrigue à Los Angeles, où son personnage principal tente de noyer son chagrin dans l’alcool après avoir perdu sa femme Rakel et quitté la police d’Oslo. Ce changement radical de cadre géographique insuffle une dynamique nouvelle à la série, tout en conservant l’essence même du personnage.

La narration s’articule autour d’un compte à rebours implacable de dix jours, créant une tension palpable qui ne faiblit jamais. Le retour d’Harry Hole à Oslo s’accompagne de la constitution d’une équipe atypique : un psychologue mourant comme profiler, un policier corrompu pour l’accès aux données officielles et un chauffeur de taxi reconverti en dealer. N’étant plus dans la police, l’ex inspecteur doit réinventer ses méthodes d’investigation.

Le roman reçoit en 2023 une nomination à la prestigieuse Swedish Academy of Crime Writers’ Award pour le meilleur roman policier traduit de l’année. Il est également sélectionné pour le Mofibo Awards 2024 au Danemark dans la catégorie meilleure fiction traduite, ainsi que pour le Storytel Awards en Suède dans la catégorie suspense. En France, il se retrouve en lice pour le Grand Prix du magazine ELLE.

La critique salue majoritairement ce nouvel opus, même si certains chroniqueurs pointent des longueurs dans un récit de près de 600 pages. Le Washington Observer souligne notamment la capacité de Nesbø à maintenir le suspense malgré l’apparition précoce du tueur dans la narration. Kirkus Reviews met en avant sa maîtrise dans l’art de la fausse piste et du rebondissement.

Aux éditions GALLIMARD ; 592 pages.


14. Le fils (2014)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans une prison d’Oslo, Sonny Lofthus purge une peine pour des meurtres qu’il n’a pas commis. Son père, un policier respecté, s’est suicidé douze ans plus tôt après avoir été accusé de corruption.

Un jour, la confession d’un prisonnier mourant bouleverse ses certitudes : son père n’était pas corrompu, il a été assassiné. Sonny décide alors de s’évader pour venger sa mort. Sa traque meurtrière le mène dans les bas-fonds d’Oslo, entre réseaux mafieux et policiers véreux. À ses trousses, l’inspecteur Simon Kefas, ancien collègue de son père, enquête avec sa jeune recrue Kari Adel.

Autour du livre

En délaissant momentanément son personnage fétiche Harry Hole, Jo Nesbø propose avec « Le fils » (2014) un thriller sombre qui s’inscrit dans la plus pure tradition du roman noir scandinave. L’intrigue, inspirée de la Bible selon les confidences de l’auteur qui en commence l’écriture lors du Vendredi Saint 2012, emprunte aux codes du roman de vengeance mais s’en démarque par une dimension mystique inattendue.

Le protagoniste Sonny Lofthus s’apparente à une figure christique moderne et tourmentée. Sa position de confesseur en prison, où les autres détenus viennent chercher l’absolution, renforce cette dimension religieuse qui traverse le récit. Cette symbolique biblique culmine lors d’un affrontement final dans un confessionnal, scène emblématique qui synthétise les thèmes majeurs de rédemption et de justice divine.

La construction narrative multiplie astucieusement les points de vue sans jamais donner accès aux pensées de Sonny, créant ainsi une aura de mystère autour de ce personnage énigmatique. Cette technique narrative permet à chaque lecteur de forger sa propre interprétation morale des actes du protagoniste, entre héros rédempteur et ange vengeur.

Sous couvert d’une intrigue policière, Nesbø dresse un portrait sans concession de la société norvégienne contemporaine. L’image d’Épinal du pays le plus pacifique du monde selon le Global Peace Index de 2007 vole en éclats pour révéler une réalité plus trouble, gangrénée par les trafics de drogue, la traite d’êtres humains et la corruption systémique.

La critique réserve un accueil partagé au roman. Val McDermid, dans une critique acerbe, reproche à Nesbø des « retournements de situations improbables » et des « personnages cartoonesques ». À l’inverse, Steph Cha du Los Angeles Times salue « un thriller musclé qui pulse d’une énergie agressive ». La plupart des critiques s’accordent néanmoins sur la maîtrise narrative dont fait preuve Nesbø, capable de maintenir la tension sur plus de 600 pages.

Aux éditions FOLIO ; 624 pages.


15. Leur domaine (2020)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans une ferme isolée de Norvège, Roy Opgard gère une station-service et mène une existence solitaire. Son quotidien monotone bascule lorsque son frère cadet Carl revient au pays après quinze ans d’absence au Canada. Accompagné de Shannon, son épouse architecte, Carl débarque avec un projet ambitieux : construire un hôtel de luxe sur le domaine familial. Pour concrétiser ce rêve, il compte sur l’investissement des habitants du village d’Os.

Mais ce retour fait ressurgir de sombres secrets enfouis depuis l’adolescence des deux frères, notamment les circonstances troubles de la mort de leurs parents dans un accident de voiture. Kurt Olsen, le shérif local, commence à s’intéresser de près à la disparition jamais élucidée de son père Sigmund, ancien shérif qui enquêtait justement sur cet accident.

Entre Roy et Shannon naît une attraction réciproque qui menace l’équilibre fragile de cette fratrie aux liens malsains. Les cadavres s’accumulent tandis que remontent à la surface les traumatismes d’une enfance marquée par les abus.

Autour du livre

Ce thriller psychologique marque une rupture avec les enquêtes de l’inspecteur Harry Hole qui ont fait la renommée de Jo Nesbø. L’atmosphère oppressante du huis clos montagnard sert d’écrin à une tragédie familiale d’une noirceur abyssale. La narration à la première personne, portée par Roy, maîtrise l’art de la révélation progressive. Nesbø distille goutte à goutte les indices d’une vérité glaçante sur la nature des relations entre les deux frères.

Les thèmes de la loyauté fraternelle poussée à l’extrême et de la violence comme héritage familial s’entremêlent dans ce récit aux accents bibliques qui évoque le mythe de Caïn et Abel. La construction en flash-backs permet d’alterner entre trois périodes : l’enfance traumatique des frères, leur adolescence marquée par la mort des parents, et le présent où le retour de Carl fait voler en éclats l’équilibre précaire maintenu pendant des années.

L’influence du roman noir américain transparaît jusque dans les choix onomastiques – les prénoms anglo-saxons des personnages sont justifiés par la fascination du père pour les États-Unis. La Cadillac DeVille, symbole de cette américanomanie, est un motif récurrent qui structure le récit. Cette ambiance rappelle les atmosphères poisseuses de « Twin Peaks » de David Lynch.

Le Times Literary Supplement souligne la « dimension shakespearienne » de cette « histoire qui se déroule dans le paysage grandiose et inhabité de montagne ». Les six cents pages se dévorent grâce à une tension maintenue de bout en bout, servie par une écriture au scalpel qui ne verse jamais dans le pathos malgré la gravité des thèmes abordés.

Aux éditions FOLIO ; 688 pages.

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