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Ian Rankin en 10 polars – Notre sélection

Ian Rankin en 10 polars – Notre sélection

Ian Rankin est un écrivain écossais né le 28 avril 1960 à Cardenden, un village minier du Fife, en Écosse. Issu d’un milieu modeste, il est encouragé par son professeur d’anglais à poursuivre ses études, le premier membre de sa famille à accéder à l’université. Il étudie la littérature anglaise à l’Université d’Édimbourg, où il obtient un Master of Arts en 1982.

Avant de connaître le succès en tant qu’écrivain, il exerce divers métiers : vendangeur, porcher, percepteur, chercheur en alcoologie, et même musicien punk dans le groupe éphémère « The Dancing Pigs ». Il publie son premier roman, « The Flood », en 1986, année où il épouse Miranda Harvey.

C’est avec la création du personnage de l’inspecteur John Rebus en 1987 que sa carrière décolle véritablement. De 1990 à 1996, installé dans le Périgord avec sa famille, il écrit plusieurs romans de la série Rebus qui deviendra l’une des plus populaires du Royaume-Uni. Ses œuvres, traduites en 26 langues, lui valent de nombreuses distinctions, dont le Gold Dagger Award (1997) et le Prix Edgar-Allan-Poe (2004).

Aujourd’hui considéré comme le roi du « tartan noir », Ian Rankin vit à Édimbourg avec sa femme et ses deux fils. À travers ses romans policiers, il dépeint la face cachée de la capitale écossaise, loin des clichés touristiques.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Inspecteur John Rebus – L’Étrangleur d’Édimbourg (1987)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Édimbourg, 1987. Une série de meurtres secoue la capitale écossaise : des fillettes sont retrouvées étranglées dans des terrains vagues, sans trace d’agression sexuelle. L’inspecteur adjoint John Rebus participe à l’enquête alors qu’il reçoit dans le même temps d’étranges lettres anonymes.

Jadis membre des forces spéciales britanniques (SAS), Rebus traîne les séquelles d’un passé militaire trouble qu’il s’efforce d’oublier. Divorcé, fumeur invétéré, amateur de whisky, il entretient une relation distante avec sa fille Samantha, 11 ans. Quand cette dernière disparaît à son tour, l’enquête prend un virage personnel. Les indices convergent vers un mystérieux individu qui semble avoir des comptes à régler avec le passé de Rebus.

Autour du livre

Premier opus de la série des enquêtes de l’inspecteur Rebus, « L’Étrangleur d’Édimbourg » naît en 1987 sous la plume d’Ian Rankin, alors étudiant en troisième cycle à l’Université d’Édimbourg. Le jeune auteur, qui habite à l’époque dans le quartier de Marchmont, installe son personnage principal juste en face de sa fenêtre, dans Arden Street.

La genèse de ce premier volet mérite qu’on s’y attarde : Rankin ne songe nullement à écrire un roman policier mais souhaite livrer une réinterprétation moderne du « Dr Jekyll et Mr Hyde » de Robert Louis Stevenson. Son ambition première consiste à dépeindre la dualité d’Édimbourg, ville aux deux visages – l’un touristique et raffiné, l’autre sombre et violent. Cette dimension schizophrène de la capitale écossaise transparaît tout au long du récit à travers des descriptions glaçantes qui s’éloignent radicalement des clichés des cartes postales.

Le protagoniste lui-même reflète cette dualité : John Rebus, policier tourmenté de quarante et un ans, porte en lui des zones d’ombre issues de son passé militaire au SAS. Sa création découle d’une réflexion de l’auteur suite à un échange avec son père : après lui avoir offert un livre de James Kelman que ce dernier juge illisible car « pas écrit en anglais », Rankin décide de concevoir une œuvre accessible au plus grand nombre tout en conservant une dimension littéraire et une forte identité écossaise.

« L’Étrangleur d’Édimbourg » rencontre initialement un succès modeste. Il faut attendre 1991 et la publication d’autres romans de la série pour que le personnage de Rebus prenne véritablement son envol. Rankin lui-même porte un regard critique sur ce premier jet, regrettant notamment certains aspects du passé familial de son héros – comme le métier d’hypnotiseur de son père et de son frère – qui le contraindront par la suite à des contorsions scénaristiques.

Les critiques soulignent la présence précoce d’éléments qui deviendront des marqueurs de la série : l’importance d’Édimbourg comme personnage à part entière, la dimension psychologique prononcée, les références littéraires nombreuses (Shakespeare, Dostoïevski). Si le style n’a pas encore atteint sa pleine maturité, la capacité de Rankin à créer une atmosphère pesante et à donner corps à ses personnages s’affirme déjà.

« L’Étrangleur d’Édimbourg » connaît une adaptation télévisée en 2007 dans le cadre de la série « Rebus », le quatrième épisode de la quatrième saison. Traduit dans dix-huit langues, ce roman inaugural pose les fondations d’une série qui s’étendra sur plus de vingt volumes, faisant de Rebus l’une des figures majeures du polar britannique contemporain.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 288 pages.


2. Inspecteur John Rebus – Fleshmarket close (2004)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

À Édimbourg, l’inspecteur John Rebus et sa coéquipière Siobhan Clarke se retrouvent mêlés à plusieurs affaires. Tout commence par la découverte d’ossements sous une chape de béton dans un bar de Fleshmarket Close, une ruelle du centre historique. En parallèle, le meurtre d’un journaliste kurde sans-papiers les mène sur la piste d’un vaste trafic d’êtres humains.

Pendant que Rebus fouille le milieu de l’immigration clandestine, Siobhan Clarke enquête sur la disparition d’une adolescente. Cette dernière n’est autre que la sœur d’une victime de viol dont l’agresseur vient d’être libéré de prison. Les différente enquêtes vont peu à peu converger.

Autour du livre

Quinzième enquête de l’inspecteur Rebus, « Fleshmarket Close » – publié aux États-Unis sous le titre « Fleshmarket Alley » – s’inscrit dans une actualité brûlante lors de sa parution en 2004 : l’immigration illégale et le sort des demandeurs d’asile en Écosse. Le choix du titre n’est pas anodin : Fleshmarket Close est une ruelle réelle d’Édimbourg, située entre High Street et Market Street, qui croise Cockburn Street. En scots, « fleshmarket » désigne le marché des bouchers – une métaphore qui prend tout son sens au fil des pages.

Couronné « Crime Thriller of the Year » aux British Book Awards en 2005, ce polar social dépeint une Écosse confrontée aux mêmes défis migratoires que le reste de l’Europe. Ian Rankin innove en situant une partie de l’action dans deux nouveaux décors : une cité HLM déchirée entre population locale et réfugiés (inspirée du quartier de Wester Hailes), et une petite ville dont l’économie dépend d’un centre de détention pour demandeurs d’asile (basé sur l’établissement réel de Dungavel).

La relation entre Rebus et sa collègue Siobhan Clarke constitue l’un des points forts du récit. Leur duo professionnel évolue sur un fil ténu depuis un baiser échangé dans un précédent opus, créant une tension sous-jacente qui enrichit leurs interactions. Leur collaboration se teinte d’ambiguïté lorsque Rebus développe une attirance pour Caro Quinn, militante des droits des réfugiés surnommée « Our Lady of the Vigils ».

Traduit en onze langues, ce polar atypique bénéficie d’une adaptation télévisée en 2006, le deuxième épisode de la seconde saison de la série « Rebus » avec Ken Stott dans le rôle-titre. La critique anglo-saxonne salue unanimement la façon dont Rankin tisse ses différentes intrigues. Le New Statesman loue particulièrement « le fil de colère dickensienne qui parcourt le livre », tandis que l’Entertainment Weekly souligne « l’esprit et le ton merveilleusement sec des observations » qui caractérisent cette enquête postcoloniale.

À travers le prisme d’une enquête policière complexe, Rankin dresse le portrait d’une société écossaise tiraillée entre compassion et xénophobie. Le climat délétère d’Édimbourg, décrit dès l’incipit comme « tellement horrible que les faibles succombent laissant les forts les envier », fait écho aux tensions sociales qui traversent le récit.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 640 pages.


3. Inspecteur John Rebus – Le jardin des pendus (1998)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

À Édimbourg, l’emprisonnement du Gros Cafferty, parrain historique de la pègre locale, crée un vide que plusieurs bandes criminelles cherchent à combler. Tommy Telford, un gangster ambitieux originaire de Glasgow, tente de prendre le contrôle de la ville. Pour asseoir son pouvoir, il s’allie à la mafia russe, source d’une guerre des gangs d’une violence inédite.

L’inspecteur John Rebus se retrouve au cœur de la tourmente quand sa fille est violemment percutée par une voiture. Alors qu’elle lutte pour sa vie à l’hôpital, Rebus doit gérer deux autres affaires explosives : la protection de Candice, une jeune Bosniaque qui vient d’échapper à un réseau de prostitution, et une enquête sur Joseph Lintz, un retraité soupçonné d’être un criminel de guerre nazi. Ce dernier aurait orchestré le massacre d’un village français pendant la Seconde Guerre mondiale, avant d’être protégé pendant des décennies par les services secrets britanniques.

Autour du livre

Grand prix du roman noir étranger de Cognac en 2003, « Le jardin des pendus » (1998) est le neuvième volet de la série Rebus. Ce tome puise sa force dans un savant mélange entre criminalité contemporaine et séquelles de la Seconde Guerre mondiale. L’enquête sur Joseph Lintz, potentiel criminel nazi responsable du massacre d’un village français inspiré d’Oradour-sur-Glane, permet à Ian Rankin d’aborder la question controversée de la « Ratline », cette filière d’exfiltration de dignitaires nazis vers l’Occident avec la complicité présumée du Vatican et des services secrets alliés.

La structure narrative se distingue par son originalité : divisée en trois parties, elle s’ouvre sur un court « Livre 1 » de deux chapitres montrant Sammy, la fille de Rebus, victime d’un accident, avant de revenir en arrière dans le « Livre 2 » pour éclairer les événements ayant mené à ce drame. Des vignettes en italique ponctuent le récit, offrant des instantanés de la vie conjugale passée de Rebus : une dispute avec son épouse, une journée à la plage avec sa fille, la naissance de Sammy et l’annonce de la grossesse.

Le personnage de Rebus connaît une évolution notable : sobre pour la première fois, privé de ses béquilles habituelles (alcool et tabac), il révèle une vulnérabilité inédite face à l’agression de sa fille. Sa relation complexe avec le criminel incarcéré Cafferty s’approfondit, brouillant davantage encore la frontière entre bien et mal qui traverse tout le roman.

Le succès critique fut immédiat. Allan Massie, dans The Scotsman, salue un livre qui « suggère que la catégorisation de la fiction entre romans traditionnels et romans policiers est obsolète ». Cette réception confirme l’ambition de Rankin, déjà manifeste dans « L’ombre du tueur » (1997), d’élargir les horizons du genre policier. Adapté pour la télévision en 2001 avec John Hannah dans le rôle principal, le téléfilm a cependant subi d’importantes modifications, notamment la suppression de la trame concernant le criminel de guerre nazi.

Aux éditions LE MASQUE ; 528 pages.


4. Inspecteur John Rebus – L’appel des morts (2006)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Juillet 2005. Edimbourg s’apprête à accueillir le sommet du G8. Les forces de police quadrillent la ville, en prévision de l’arrivée massive de manifestants altermondialistes. Lors d’un dîner de personnalités politiques, un député, proche collaborateur du ministre des Affaires étrangères, fait une chute mortelle des remparts.

L’inspecteur John Rebus et le sergent Siobhan Clarke se chargent de l’enquête, mais la Special Branch leur met des bâtons dans les roues. L’ordre est clair : étouffer l’affaire. En parallèle, trois violeurs sont retrouvés assassinés peu après leur sortie de prison.

Autour du livre

Publié en 2006, « L’appel des morts » s’inscrit dans une période charnière de l’histoire britannique, avec en toile de fond le G8 d’Édimbourg en juillet 2005 et les attentats de Londres du 7 juillet. Ian Rankin entrelace ces événements historiques avec une intrigue criminelle efficace dans une atmosphère électrique où la tension politique se mêle aux investigations policières.

La force du seizième opus des enquêtes de l’inspecteur Rebus réside dans sa capacité à tisser des liens entre l’intime et le politique. La mort du frère de Rebus ouvre le récit sur une note personnelle qui résonne tout au long du livre, tandis que les parents manifestants de Siobhan Clarke permettent d’aborder la question des mouvements contestataires sous un angle original. Cette dimension familiale apporte une épaisseur supplémentaire aux personnages principaux, particulièrement à Siobhan Clarke dont le portrait s’étoffe considérablement.

L’Édimbourg de Rankin prend vie à travers ses quartiers populaires et ses lieux emblématiques, du château aux ruelles sombres. La ville devient un personnage à part entière, théâtre d’une lutte de pouvoir entre forces de l’ordre, services secrets, politiciens et criminels. Les descriptions des manifestations et du dispositif de sécurité autour du G8 s’appuient sur des faits réels, conférant au récit une authenticité documentaire sans sacrifier le rythme de l’intrigue.

Le duo Rebus-Clarke atteint ici une nouvelle dimension. Leur relation professionnelle évolue lorsque Clarke prend la direction d’une partie de l’enquête malgré son grade inférieur, bouleversant la dynamique habituelle. Cette inversion des rôles traduit l’évolution des personnages : Rebus approche de la retraite tandis que Clarke s’affirme comme une enquêtrice accomplie.

L’humour caustique caractéristique de la série trouve son expression dans des situations inattendues, comme lorsque Rebus provoque indirectement la chute à vélo du président George W. Bush. Ces touches d’humour allègent une intrigue dense qui aborde des thèmes graves comme le terrorisme, la corruption politique et le vigilantisme.

Les critiques saluent unanimement la maîtrise avec laquelle Rankin marie l’actualité internationale aux enjeux locaux. The Scotsman va jusqu’à qualifier « L’appel des morts » de meilleur roman de Rankin, soulignant sa capacité à montrer comment le crime imprègne toutes les strates de la société. Le titre original, « The Naming of the Dead », fait référence à une cérémonie commémorative pour les victimes de la guerre en Irak.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 640 pages.


5. Inspecteur John Rebus – Exit Music (2007)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

À Édimbourg, l’inspecteur John Rebus entame sa dernière semaine avant la retraite quand le cadavre d’un poète russe dissident est découvert dans une ruelle sombre. Cette ultime enquête le propulse au cœur d’un imbroglio où s’entrecroisent intérêts d’oligarques moscovites venus investir en Écosse, banquiers peu scrupuleux et politiciens nationalistes.

Assisté de sa collègue Siobhan Clarke, Rebus s’acharne à élucider ce meurtre malgré les pressions de sa hiérarchie qui souhaite étouffer l’affaire. L’enquête rebondit lorsque surgit le nom de Cafferty, le caïd local. Alors que les indices s’accumulent, un second meurtre vient compliquer l’affaire. Suspendu pour insubordination, Rebus poursuit ses recherches clandestinement, déterminé à boucler cette dernière affaire.

Autour du livre

Dans « Exit Music », dix-septième volet de la série, l’inspecteur John Rebus s’apprête à quitter les forces de police d’Édimbourg. Ian Rankin n’avait initialement pas prévu de poursuivre les aventures de son héros au-delà de ce titre publié en 2007, qui devait marquer les adieux définitifs du policier écossais.

La musique imprègne profondément cette « ultime » enquête, à commencer par son titre emprunté à une chanson de Radiohead, « Exit Music (For a Film) », issue de l’album « OK Computer ». Cette dimension musicale se manifeste jusqu’au cadeau de départ offert par Siobhan Clarke à son mentor : un iPod chargé de morceaux soigneusement sélectionnés, comme un dernier hommage à ce flic bourru passionné de rock.

La ville d’Édimbourg et ses multiples visages occupent une place centrale dans le récit. Le contraste saisissant entre la façade respectable des banquiers et politiciens et les bas-fonds de la cité écossaise révèle une société gangrenée par la corruption. Cette dualité fait écho aux relations complexes qu’entretient Rebus avec son Némésis de toujours, le gangster Big Ger Cafferty.

La relation entre Rebus et sa protégée Siobhan Clarke constitue l’un des points forts du roman. Leur duo préfigure l’évolution de la police écossaise vers une nouvelle génération d’enquêteurs, plus sensible aux questions sociales et culturelles de leur époque. Cette transition générationnelle s’incarne également dans le personnage de Todd Goodyear, jeune agent prometteur que Clarke prend sous son aile.

Les critiques saluent particulièrement la manière dont Ian Rankin parvient à conjuguer politique locale et internationale, sur fond de velléités indépendantistes écossaises et d’influence grandissante des oligarques russes. L’intrigue se déroule d’ailleurs en parallèle de l’affaire Litvinenko, assassiné à Londres par empoisonnement au polonium, ce qui ajoute une résonance particulière aux événements.

« Exit Music » a valu à Ian Rankin le ITV3 Crime Thriller Award de l’auteur de l’année en 2008. Cette récompense couronne l’aboutissement d’une série qui aura profondément marqué le paysage du polar britannique pendant près de deux décennies. Le personnage de Rebus est finalement revenu dans « Debout dans la tombe d’un autre » en 2012, après un intermède consacré à l’inspecteur Malcolm Fox.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 600 pages.


6. Inspecteur John Rebus – Rebus et le Loup-Garou de Londres (1992)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans ce troisième volet des enquêtes de l’inspecteur Rebus paru en 1992, le policier écossais quitte exceptionnellement Édimbourg pour prêter main-forte à la police londonienne. Un tueur en série terrorise la capitale britannique : ses victimes, des femmes retrouvées égorgées, portent toutes une morsure sur le ventre. Surnommé le « Loup-Garou » par la presse, le meurtrier ne laisse aucun indice permettant de l’identifier.

Rebus doit composer avec l’hostilité de ses collègues anglais qui voient d’un mauvais œil l’arrivée de ce policier écossais aux méthodes peu orthodoxes. Seul l’inspecteur Flight lui accorde sa confiance. L’enquête progresse grâce à l’intervention d’une séduisante psychologue chargée d’établir le profil du tueur. Entre les tensions avec la police locale, les retrouvailles compliquées avec sa fille qui vit à Londres et une relation naissante avec la profileuse, Rebus navigue à vue dans cette métropole qu’il connaît mal.

Autour du livre

Troisième volet de la série Rebus publié en 1992, « Rebus et le Loup-Garou de Londres » marque un tournant dans la construction du personnage de l’inspecteur écossais. Ian Rankin, qui réside alors à Londres sans réellement apprécier la capitale britannique, décide d’y envoyer son héros « pour le faire souffrir aussi », comme il l’explique dans la préface de « Rebus: The Early Years ».

Cette délocalisation hors d’Édimbourg permet à Rankin de jouer sur les tensions culturelles entre Anglais et Écossais, notamment à travers les difficultés de communication liées à l’accent et au dialecte. Les policiers londoniens accueillent avec hostilité ce « Jock » venu du Nord, terme péjoratif utilisé pour désigner les Écossais. Seul l’inspecteur George Flight finit par nouer une relation de respect mutuel avec Rebus.

Le roman révèle aussi la dimension humaine du personnage à travers ses relations familiales complexes : sa fille Samantha, son ex-femme Rhona, toutes deux installées à Londres. La narration alterne entre le point de vue de l’enquête et celui du tueur, créant une tension dramatique qui culmine dans une course-poursuite finale spectaculaire dans les rues de Londres.

L’humour noir caractéristique de Rebus trouve un terrain de jeu idéal dans ce contexte londonien. Son cynisme s’exprime notamment à travers l’acronyme récurrent « FYTP » qui apparaît pour la première fois dans ce tome. Le personnage continue de s’affirmer comme un anti-héros bourru, individualiste et en conflit permanent avec l’autorité.

Les critiques saluent particulièrement la description d’un Londres loin des clichés touristiques, où les quartiers huppés côtoient la misère sociale. Cette incursion hors d’Écosse permet aussi à Rankin d’aiguiser sa plume en matière de satire sociale, notamment sur les préjugés entre Nord et Sud du Royaume-Uni. Ce troisième opus consolide les fondations de ce qui deviendra l’une des séries policières les plus vendues au Royaume-Uni, représentant environ un tiers des ventes du genre dans le pays. À noter que le titre français « Rebus et le Loup-Garou de Londres » fait écho au film de John Landis, un choix marketing qui s’éloigne du titre original « Tooth and Nail » (Bec et ongles).

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 350 pages.


7. Inspecteur John Rebus – Cicatrices (2003)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans les rues brumeuses d’Édimbourg, l’inspecteur John Rebus affronte une double épreuve. Les mains gravement brûlées suite à un prétendu accident domestique, il se retrouve dans le collimateur des Affaires internes : un truand notoire, aperçu en sa compagnie quelques heures plus tôt, vient d’être retrouvé mort dans l’incendie de sa maison.

La situation se corse lorsque deux adolescents sont abattus dans une école privée de South Queensferry par un ancien membre du SAS qui retourne ensuite l’arme contre lui. Parmi les victimes figure le propre neveu de Rebus. Malgré sa mise à pied imminente et ses blessures handicapantes, l’inspecteur s’obstine à mener l’enquête, épaulé par sa fidèle collègue Siobhan Clarke.

Autour du livre

Quatorzième opus de la série Rebus, « Cicatrices » paraît en 2003 et se distingue par sa structure narrative particulière. Contrairement aux polars traditionnels qui reposent sur la recherche du coupable, l’énigme centrale s’articule autour du mobile d’un crime dont l’auteur est connu dès les premières pages. Cette inversion du schéma classique permet à Rankin d’approfondir les thématiques qui lui sont chères : la psychologie des personnages, les non-dits familiaux, les secrets enfouis.

Le livre reçoit un accueil critique contrasté lors de sa sortie. Finaliste du Los Angeles Times Book Prize dans la catégorie Mystery/Thriller, il divise néanmoins la critique. Le Sunday Telegraph lui reproche notamment une intrigue qui « finit par s’épuiser d’elle-même », tandis que The Guardian salue la capacité de Rankin à renouveler son personnage principal après quatorze romans.

Une anecdote savoureuse entoure la genèse du livre : le personnage de Peacock Johnson est inspiré d’un véritable donateur qui avait remporté une vente aux enchères caritative lui permettant d’apparaître dans le roman. Il s’est avéré par la suite que ce mystérieux bienfaiteur n’était autre que le bassiste du groupe Belle and Sebastian, qui a ensuite écrit son propre roman dans lequel il met en scène Ian Rankin comme personnage.

Le choix d’handicaper temporairement Rebus avec ses mains brûlées constitue un ressort narratif original qui modifie la dynamique habituelle du personnage. Cette vulnérabilité physique renforce sa dépendance vis-à-vis de sa collègue Siobhan Clarke et approfondit leur relation, entre complicité professionnelle et tension latente.

« Cicatrices » se démarque également par son traitement nuancé des forces de l’ordre, présentées ni comme des héros ni comme des vilains, mais comme des êtres humains faillibles tentant de faire leur travail dans un monde complexe. Cette approche trouve son illustration dans une citation éloquente : « Il ne pensait pas être un méchant, mais savait aussi qu’il n’était probablement pas l’un des gentils. »

Le titre original « A Question of Blood » joue sur une double signification : il fait référence aux liens familiaux qui unissent Rebus à l’une des victimes, mais aussi aux indices sanguins qui permettront de résoudre l’énigme. La version télévisée constitue le deuxième épisode de la troisième saison de la série « Rebus » en 2006.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 576 pages.


8. Inspecteur John Rebus – La Colline des chagrins (2001)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Une jeune femme de la haute société d’Édimbourg, Philippa Balfour, disparaît sans laisser de traces. L’inspecteur John Rebus et son équipe sont chargés de l’enquête. Très vite, un minuscule cercueil en bois contenant une poupée est découvert sur la propriété de la famille Balfour.

L’investigation se déploie sur deux fronts : pendant que Rebus suit la piste des cercueils miniatures, dont certains spécimens datant de 1836 sont exposés au Museum of Scotland, sa collègue Siobhan Clarke s’intéresse à un individu qui communiquait avec la victime sur Internet. Les enquêteurs établissent bientôt des connexions avec une série de meurtres non élucidés survenus entre 1972 et 1995, ainsi qu’avec l’histoire macabre des pilleurs de tombes du XIXe siècle.

Autour du livre

Publié en 2001, « La Colline des chagrins » marque un virage significatif dans la série des enquêtes de l’inspecteur Rebus. Pour la première fois, Ian Rankin accorde autant d’importance narrative à Siobhan Clarke qu’à son protagoniste principal. Cette parité dans le traitement des personnages enrichit considérablement la dynamique de l’intrigue, chacun menant son investigation selon des méthodes distinctes mais complémentaires.

Le cadre d’Édimbourg transcende son simple rôle de décor pour devenir un personnage à part entière. La ville impose sa présence à travers ses quartiers contrastés, de Charlotte Square ultra-chic aux ruelles tortueuses de la vieille ville. Cette dualité architecturale fait écho aux tensions sociales qui sous-tendent l’intrigue.

Rankin déploie plusieurs fils narratifs autour d’éléments historiques authentiques : les mystérieux cercueils miniatures découverts sur Arthur’s Seat en 1836, ainsi que l’histoire macabre des « résurrectionnistes » Burke et Hare. Cette incorporation d’événements réels dans la fiction renforce l’ancrage historique du récit tout en servant le développement de l’intrigue contemporaine.

Les relations entre les personnages acquièrent une nouvelle épaisseur : la promotion de Gill Templer au poste de superintendante modifie la dynamique du commissariat, tandis que l’évolution professionnelle de Siobhan Clarke reflète l’influence grandissante de Rebus sur ses méthodes d’investigation. Rankin excelle particulièrement dans sa description des tensions et des alliances qui se nouent au sein de la police d’Édimbourg.

Le roman se démarque également par son traitement de la modernité technologique, même si certains aspects paraissent aujourd’hui datés – notamment les descriptions d’Internet et des jeux en ligne de 2001. Cette dimension technologique contraste intentionnellement avec les aspects plus traditionnels de l’enquête menée par Rebus.

« La Colline des chagrins » a fait l’objet d’une adaptation télévisée en 2006, le premier épisode de la deuxième saison de la série « Rebus », avec Ken Stott dans le rôle-titre. Fait notable : cette version télévisuelle s’écarte significativement du roman pour adopter une intrigue plus proche du film « Chinatown ».

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 640 pages.


9. Inspecteur John Rebus – Piège pour un élu (1992)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Édimbourg. L’inspecteur John Rebus participe sans enthousiasme à une descente de police dans une maison close. Les forces de l’ordre y surprennent Gregor Jack, un député prometteur. Plus troublant encore : des journalistes, manifestement prévenus, se trouvent déjà sur place pour immortaliser le scandale.

La disparition soudaine de l’épouse du député, suivie de la découverte de deux cadavres, fait basculer l’affaire. L’inspecteur John Rebus, policier expérimenté aux méthodes peu orthodoxes, pressent que le jeune politicien est victime d’un complot visant à détruire sa réputation et peut-être même à lui ôter la vie.

Autour du livre

Quatrième opus des enquêtes de l’inspecteur Rebus, « Piège pour un élu » marque un changement dans la série. Ian Rankin, qui rédige ce roman lors de son séjour en France, y insuffle une tonalité plus légère que dans ses précédents ouvrages. L’auteur écossais le confirme lui-même : c’est sa tentative de s’essayer à un « whodunit » plus traditionnel, moins sombre, avec moins d’effusion de sang que ses autres livres.

La particularité de ce volet réside dans l’évolution notable du personnage principal. Rebus s’y révèle plus détendu, maniant l’humour et les jeux de mots avec une verve qui exaspère ses supérieurs. Son sens de la répartie rappelle parfois celui des dialogues de Michel Audiard, notamment quand il lance : « C’est bizarre mais je n’ai jamais aimé la morue, même en filet ». Cette facette plus joviale du personnage contraste avec l’image du policier bourru et tourmenté que les lecteurs connaissent des autres romans.

L’atmosphère écossaise imprègne chaque page. Les routes empruntées par Rebus dessinent une carte des whiskies plus qu’un itinéraire routier, tandis que le crachin peut se transformer en déluge avant de laisser place à un soleil éclatant. Les paysages des Highlands, avec leur tourbe humide et fumée, constituent bien plus qu’un simple décor : ils participent pleinement à l’intrigue.

Ce tome représente aussi un moment charnière dans la construction de l’univers de Rebus. Rankin prend la décision d’ancrer son personnage dans un Edimbourg réel plutôt que fictif. Cette transition se manifeste notamment à travers le sous-récit de la fermeture imminente du commissariat de Greater London Road et du transfert du personnel vers des postes existants comme St Leonards.

La vie privée de l’inspecteur connaît également des bouleversements. Sa relation avec le Dr Patience Aitken occupe une place importante dans le récit, même si la réticence de Rebus à s’engager pleinement laisse présager des complications futures. Ce va-et-vient entre enquête policière et vie privée donne au personnage une dimension plus humaine.

Les critiques soulignent la cohésion remarquable entre les différentes intrigues, qui s’entremêlent habilement autour du thème de l’amitié et de la trahison. L’exploitation des liens qui unissent les anciens camarades de lycée, devenus adultes aux destins divergents, ajoute une profondeur psychologique efficace. Adapté à la télévision, « Piège pour un élu » a donné lieu à deux interprétations différentes du personnage de Rebus : celle de Ken Stott et celle de John Hannah.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 416 pages.


10. Inspecteur John Rebus – Le Carnet noir (1993)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

À Édimbourg, l’inspecteur John Rebus traverse une mauvaise passe. Sa compagne Patience l’a mis à la porte et son frère Michael, tout juste sorti de prison, s’installe chez lui. Le quotidien bascule quand son collègue Brian Holmes est violemment agressé devant un restaurant tenu par des fans d’Elvis. Avant de sombrer dans le coma, Holmes laisse derrière lui un mystérieux carnet noir truffé de notes indéchiffrables.

En assemblant les indices laissés par Holmes, Rebus déterre une affaire vieille de cinq ans : l’incendie d’un hôtel dans lequel un cadavre non identifié avait été retrouvé. L’enquête le mène sur la piste d’Aengus le Noir, fils du plus grand brasseur de la ville, et de Gerry Cafferty, redoutable caïd local. Quand Michael est à son tour agressé, Rebus comprend que quelqu’un cherche à l’empêcher de faire la lumière sur cette histoire.

Autour du livre

Publié en 1993, « Le Carnet noir » est le cinquième opus des enquêtes de l’inspecteur Rebus. Il marque la première apparition de deux personnages emblématiques : la jeune inspectrice Siobhan Clarke et le redoutable gangster Morris Gerald « Big Ger » Cafferty. C’est également à partir de ce tome que l’auteur commence à visualiser ses romans comme une véritable série et ancre définitivement son intrigue dans une Édimbourg authentique, délaissant la version plus fictionnelle des premiers tomes.

L’écriture du roman trouve son inspiration lors d’un séjour de Rankin aux États-Unis, notamment pour le restaurant à thème Elvis qui occupe une place centrale dans l’intrigue. Cette influence américaine se ressent également dans l’humour décapant qui émaille le texte, particulièrement dans les jeux de mots du menu du Heartbreak Cafe (King Shrimp Creole, Love Me Tenderloin, Blue Suede Choux, In The Gateaux).

Fait notable : « Le Carnet noir » est le premier roman de Rankin traduit en français, alors qu’il s’agit chronologiquement du cinquième tome de la série. Cette particularité éditoriale a créé une certaine confusion chez les lecteurs francophones, les quatre premiers tomes n’ayant été traduits que plus tard. La traduction française soulève d’ailleurs quelques interrogations, notamment dans le traitement des noms propres. Le surnom du superintendant Watson, « The Farmer » en version originale, devient « le Péquenot » en français. De même, certains critiques pointent du doigt des choix de traduction discutables comme la « boucherie Sanzow » (jeu de mots avec « sans os ») qui paraît déplacé dans le contexte d’un polar écossais.

Premier roman situé au commissariat de St Leonard’s, ce changement de décor permet à Rankin d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations entre les personnages. L’arrivée de Siobhan Clarke, avec son regard neuf sur les méthodes peu orthodoxes de Rebus, apporte un contrepoint intéressant à la personnalité tourmentée de l’inspecteur.

La relation entre Rebus et Cafferty s’impose comme l’un des points forts du « Carnet noir ». Ces deux personnages, que tout oppose en apparence, partagent plus de points communs qu’ils ne veulent l’admettre. Leurs joutes verbales électrisent le récit et posent les bases d’une rivalité qui traversera toute la série.

Aux éditions LE MASQUE ; 448 pages.

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