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François Garde en 5 romans – Notre sélection

François Garde en 5 romans – Notre sélection

François Garde naît en 1959 au Cannet, dans une famille d’intellectuels – son père est l’universitaire Paul Garde. Brillant étudiant, il sort diplômé de l’ENA en 1984 et entame une carrière dans la haute fonction publique qui le mène notamment en Nouvelle-Calédonie, où il occupe à deux reprises le poste de secrétaire général. De 2000 à 2004, il prend la direction des Terres australes et antarctiques françaises, une expérience qui marquera profondément son œuvre littéraire.

Parallèlement à ses fonctions administratives, qui l’amènent aussi à diriger la station de Val d’Isère et à siéger comme vice-président dans différents tribunaux administratifs, François Garde développe une intense activité d’écrivain. Il publie d’abord des essais sur les territoires qu’il a administrés, avant de se lancer dans la fiction en 2012 avec « Ce qu’il advint du sauvage blanc ». Ce premier roman, qui raconte l’histoire d’un Occidental transformé par son séjour parmi les Aborigènes d’Australie, remporte un succès retentissant et de nombreuses récompenses, dont le prix Goncourt du premier roman.

Depuis, François Garde continue à écrire romans et récits, s’intéressant particulièrement aux thèmes du voyage, de l’ailleurs et de la transformation personnelle. Il publie notamment « Marcher à Kerguelen » (2018), un récit autobiographique qui raconte sa traversée à pied de cet archipel austral, et « Lénine à Chamonix » (2020), un recueil de nouvelles mêlant histoire et montagne. « Mon oncle d’Australie », paru aux éditions Grasset en 2024, confirme son attrait pour les terres lointaines et les destins singuliers.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Ce qu’il advint du sauvage blanc (2012)

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Résumé

Au milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, jeune matelot vendéen de dix-huit ans, se retrouve abandonné sur une plage déserte d’Australie par l’équipage de la goélette Saint-Paul. Seul face à une nature hostile dont il ne maîtrise pas les codes, il erre plusieurs jours sans eau ni nourriture avant d’être secouru in extremis par une vieille femme aborigène qui l’intègre à sa tribu. Petit à petit, celui qui ne cessait de répéter « Je suis Narcisse Pelletier, matelot de la goélette Saint-Paul ! » va s’adapter à ce nouveau monde, jusqu’à en oublier sa langue et son identité d’origine.

Dix-sept ans plus tard, un navire anglais découvre sur une plage ce « sauvage blanc » nu et tatoué, incapable de communiquer. Ramené à Sydney, il est confié à Octave de Vallombrun, membre de la Société française de Géographie, qui entreprend de le « re-civiliser ». Entre observation ethnologique et relation quasi-paternelle, le vicomte tente de percer le mystère de cet homme à la double identité, tandis que Narcisse, mutique sur ses années parmi les aborigènes, réapprend laborieusement les codes de la société occidentale.

Autour du livre

Entre récit d’aventures et réflexion anthropologique, le roman alterne deux perspectives : d’un côté les premiers temps de Narcisse parmi les aborigènes, de l’autre les lettres d’Octave de Vallombrun relatant ses tentatives pour comprendre et réhabiliter le « sauvage blanc ». Cette construction en miroir révèle l’impossibilité de concilier deux identités, deux visions du monde que tout oppose.

Prix Goncourt du premier roman 2012, ce livre de François Garde s’inspire d’une histoire vraie qui passionna l’opinion publique sous le Second Empire. Si certains chercheurs ont critiqué sa représentation des aborigènes, le choix assumé de la fiction permet d’interroger avec acuité les préjugés de l’époque coloniale et la nature même de la « civilisation ».

Aux éditions FOLIO ; 384 pages.


2. Roi par effraction (2019)

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Résumé

En octobre 1815, quatre mois après la défaite de Waterloo, tandis que Napoléon fait route vers son exil à Sainte-Hélène, Joachim Murat tente un dernier coup de force pour reconquérir le royaume de Naples. Tentative désespérée qui se solde par son arrestation à Pizzo, en Calabre. Durant les six jours qui précèdent son exécution, l’ancien roi déchu revit les moments décisifs de son extraordinaire ascension.

Fils d’un modeste aubergiste du Quercy, Murat s’impose comme l’un des plus brillants cavaliers de l’armée napoléonienne. Sa bravoure et son charisme lui valent non seulement les honneurs militaires, mais aussi la main de Caroline Bonaparte, sœur cadette de l’Empereur. Devenu maréchal d’Empire puis roi de Naples, il ne cesse pourtant de quémander la reconnaissance de son illustre beau-frère. Cette quête obsessionnelle d’approbation le poursuit jusqu’à sa chute, quand la débâcle de l’Empire le contraint à choisir entre sa fidélité à Napoléon et la sauvegarde de son trône.

Autour du livre

Ce roman de François Garde saisit avec acuité les paradoxes de cette destinée exceptionnelle. Entre grandeur et tragédie se joue le drame d’un homme qui, malgré son courage légendaire sur les champs de bataille, ne réussira jamais à s’affranchir totalement de son statut d’usurpateur – de « roi par effraction » – aux yeux de l’aristocratie européenne.

L’originalité du récit tient à sa construction en flash-back depuis la cellule de Pizzo, permettant d’entrelacer les derniers instants du condamné avec les épisodes marquants de sa vie. Cette structure fait écho au Colonel Chabert de Balzac, dont Murat fut l’une des sources d’inspiration. Le roman a reçu un accueil critique unanime pour sa capacité à ranimer un pan méconnu de l’histoire napoléonienne, tout en questionnant les mécanismes du pouvoir et de l’ambition.

Aux éditions FOLIO ; 352 pages.


3. Mon oncle d’Australie (2024)

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Résumé

À l’aube du XXe siècle, Marcel Garde, jeune homme de vingt ans issu d’une famille bourgeoise du Vaucluse, disparaît mystérieusement. La légende familiale raconte qu’il aurait été exilé en Australie par son père Gustave suite à un acte inavouable. Pendant plus d’un siècle, son nom est banni des conversations, son existence effacée des mémoires. Seule une confidence de tante Valentine en 1946 brise furtivement ce silence pesant.

Cent vingt ans plus tard, François Garde découvre l’existence de ce grand-oncle en lisant les mémoires de son père Paul. Intrigué par cette figure fantomatique, il entreprend des recherches pour percer le mystère. Dans un premier temps, il imagine la vie de Marcel en Australie : son arrivée à Sydney sans le sou, sa lutte pour survivre dans un pays dont il ne maîtrise pas la langue, ses efforts pour se construire une nouvelle identité loin des siens.

Mais la réalité s’avère bien différente. En poursuivant son enquête dans les archives militaires, François Garde met au jour une tout autre destinée : Marcel n’a jamais mis les pieds en Australie. La vérité, soigneusement dissimulée pendant plus d’un siècle, révèle un destin tragique qui n’a rien à voir avec le mythe familial.

Autour du livre

Ce livre singulier mêle habilement plusieurs genres : enquête généalogique, fiction historique et réflexion sur la transmission des secrets de famille. François Garde n’hésite pas à questionner sa propre démarche, s’interrogeant sur sa légitimité à déterrer ce passé enfoui. La construction en trois parties – l’exil imaginaire, l’histoire familiale, puis la découverte de la vérité – crée un effet de miroir vertigineux entre mythe et réalité. Un secret de famille comme il en existe tant d’autres, mais dont la mise en lumière éclaire les mécanismes de la mémoire collective.

Aux éditions GRASSET ; 240 pages.


4. Pour trois couronnes (2013)

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Résumé

Philippe Zafar exerce une profession insolite qu’il a lui-même créée : curateur aux documents privés. Autrement dit, il met de l’ordre dans les papiers des défunts pour soulager les familles endeuillées, généralement fortunées. Sa 107ème mission le conduit chez les Colbert après le décès de Thomas, magnat du commerce maritime. En triant les archives, il découvre un texte mystérieux de trois pages relatant comment un jeune marin aurait reçu trois couronnes d’or pour faire un enfant à une femme masquée.

Intriguée par cette confession énigmatique, la veuve Colbert mandate Zafar pour percer le mystère et découvrir si un héritier serait né de cette liaison. L’enquête mène d’abord le curateur en France, où il remonte la piste de Thomas Colbert à travers registres maritimes et documents d’époque. Ses recherches le conduisent ensuite jusqu’à Bourg-Tapage, une ancienne colonie française des tropiques. Sur cette île fictive marquée par de récents troubles politiques, Zafar découvre rapidement l’existence d’une famille, les Tobias, qui pourrait être liée à Thomas Colbert.

Mais à mesure que la vérité se dessine, Zafar comprend que ses découvertes risquent d’avoir des répercussions dévastatrices sur l’équilibre fragile de l’île. Cette mission confronte aussi le curateur à ses propres zones d’ombre familiales, lui dont le père libanais est mort dans des circonstances jamais élucidées.

Autour du livre

En entrelaçant enquête documentaire et roman d’aventures, François Garde signe une œuvre singulière qui questionne la transmission et le poids des secrets. La création du métier de curateur aux documents privés s’avère une trouvaille narrative particulièrement féconde, permettant d’aborder sous un angle original les thèmes de l’héritage et de la mémoire. Le microcosme de Bourg-Tapage, avec ses traditions matrilinéaires et ses tensions post-coloniales, offre un cadre idéal pour interroger l’identité et ses multiples racines.

Aux éditions FOLIO ; 352 pages.


5. L’effroi (2016)

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Résumé

Le soir du 20 avril, un scandale sans précédent secoue l’Opéra Garnier. Lors de la première de « Così fan tutte », retransmise en direct à la télévision, le prestigieux chef d’orchestre Louis Craon fait le salut nazi et lance un « Heil Hitler » devant un public médusé. Dans la fosse, Sébastien Armant, modeste altiste, ressent un sentiment d’effroi si puissant qu’il ne peut rester immobile. Spontanément, il se lève et tourne le dos au maestro, déclenchant un mouvement de protestation qui gagne rapidement l’ensemble de l’orchestre puis les spectateurs.

Les caméras immortalisent la scène et, en quelques heures, Sébastien Armant devient malgré lui une figure nationale. La direction de l’Opéra, par l’entremise de sa chargée de communication, orchestre sa médiatisation. L’altiste se retrouve propulsé sur tous les plateaux de télévision, sollicité pour des conférences, courtisé par le monde du spectacle. « L’homme qui a dit non » incarne désormais une forme de résistance moderne que chacun cherche à s’approprier.

Mais cette notoriété soudaine a son revers. Un mystérieux groupuscule d’extrême-droite menace Sébastien, l’obligeant à vivre sous protection policière. Ses collègues musiciens lui reprochent d’avoir brisé l’harmonie de l’orchestre. Sa famille souffre de cette exposition médiatique permanente. Et quand l’intérêt du public s’émousse, Sébastien se retrouve brutalement abandonné par ceux-là mêmes qui l’avaient porté aux nues.

Autour du livre

À travers cette histoire singulière se dessine une réflexion musclée sur les travers de la société du spectacle, capable d’ériger un héros en quelques heures pour mieux l’oublier ensuite. François Garde y dissèque les rouages du monde médiatique, la manipulation de l’opinion, le cynisme des communicants. Plus subtilement encore, il interroge la nature même de l’héroïsme : que reste-t-il d’un acte de courage quand il est récupéré, instrumentalisé, vidé de sa substance première ?

Aux éditions FOLIO ; 368 pages.

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