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Francesca Melandri en 3 romans – Notre sélection

Née à Rome le 9 juin 1964, Francesca Melandri est une autrice, scénariste et documentariste italienne. Elle commence sa carrière comme scénariste pour le cinéma et la télévision, collaborant notamment avec des réalisateurs comme Cristina Comencini, Lamberto Bava et Maurizio Zaccaro. En 2010, elle réalise le documentaire « Vera », qui porte sur le témoignage d’une survivante juive croate des camps d’extermination.

La même année, Melandri fait ses débuts en littérature avec « Eva dort », roman qui la révèle sur la scène littéraire italienne. Son deuxième roman, « Plus haut que la mer » (2012), remporte plusieurs distinctions dont le prix Rapallo-Carige et le prix Stresa. En 2017, elle publie « Tous, sauf moi », une œuvre qui sonde les répercussions actuelles du passé colonial italien en Afrique orientale. En 2020, pendant la pandémie de COVID-19, elle écrit depuis Rome confinée une lettre aux Européens largement diffusée dans la presse internationale.

Sœur de la femme politique Giovanna Melandri, Francesca poursuit aujourd’hui son travail d’écrivaine, mêlant dans ses œuvres l’histoire intime et collective de l’Italie.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Tous, sauf moi (2017)

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Résumé

Rome, 2010. Une sonnette retentit dans un immeuble. Devant la porte d’Ilaria se tient un jeune homme noir qui se présente comme son neveu. Il s’appelle Shimeta et brandit une carte d’identité au nom d’Attilio Profeti – celui de son grand-père présumé, le père d’Ilaria. Mais comment ce dernier, désormais nonagénaire et sénile, pourrait-il confirmer l’existence d’un fils caché en Éthiopie ?

Pour Ilaria commence une enquête qui va l’amener à questionner tout ce qu’elle croyait savoir de son père : sa participation aux campagnes coloniales de Mussolini en Éthiopie, son adhésion aux thèses racistes, sa capacité à mener plusieurs vies parallèles.

Le récit jongle entre deux périodes : les années 1930, marquées par la conquête sanglante de l’Éthiopie par l’Italie fasciste, et l’Italie contemporaine de Berlusconi confrontée à l’afflux de migrants. Le destin de Shimeta, qui a traversé déserts et mers au péril de sa vie, fait écho aux exactions commises jadis par les troupes italiennes sur le sol éthiopien.

Autour du livre

« Tous, sauf moi » parachève la « trilogie des pères » entamée par Francesca Melandri avec « Eva dort » (2010) et « Plus haut que la mer » (2012). L’autrice s’est longuement documentée, notamment en se rendant en Éthiopie, pour lever le voile sur cette page occultée de l’histoire italienne. Le livre s’inscrit dans une réflexion plus large sur la mémoire collective et le déni. Le titre original en italien, « Sangue giusto » (« le sang juste »), fait référence au concept de « pureté raciale » promu par le fascisme pour justifier sa politique coloniale et ses lois anti-métissage.

Si le succès fut modeste en Italie, l’ouvrage a connu un important retentissement en Allemagne avec 60 000 exemplaires vendus en six mois. La réalisatrice Sabrina Varani en a tiré un documentaire, « Pagine Nascoste », qui suit pendant cinq ans la genèse du roman et le travail de documentation de Francesca Melandri, notamment sa découverte des articles pro-fascistes écrits par son propre père.

Aux éditions FOLIO ; 640 pages.


2. Plus haut que la mer (2012)

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Résumé

Une île-prison dans la Méditerranée, fin des années 1970. Paolo, professeur de philosophie hanté par les crimes politiques de son fils, et Luisa, paysanne venue visiter son mari meurtrier, débarquent pour leur visite au parloir. Le destin les réunit quand une tempête et un incident les forcent à passer la nuit sur place.

Sous l’œil de Pierfrancesco Nitti, gardien désabusé chargé de les surveiller, Paolo et Luisa se retrouvent dans un huis clos improbable qui va faire émerger leurs blessures respectives. Ces êtres que tout sépare vont peu à peu se livrer et trouver dans le regard de l’autre un début de rédemption. Paolo porte en lui la culpabilité des actes de son fils et conserve la photo d’une petite fille devenue orpheline par sa faute. Luisa, elle, cache derrière sa résignation un soulagement d’être enfin libérée d’un mari brutal.

Autour du livre

Ce deuxième roman de Francesca Melandri s’inscrit dans une trilogie informelle sur la paternité, après « Eva dort » (2010) et avant « Tous, sauf moi » (2017). Elle y dépeint les années de plomb italiennes, période trouble marquée par le terrorisme politique et une répression musclée. Le cadre insulaire lui permet d’interroger les notions d’enfermement, tant physique que psychologique.

La force du récit réside dans sa capacité à transcender le contexte historique pour toucher à l’universel : la transmission entre générations, la culpabilité, la violence conjugale. Le roman a d’ailleurs reçu plusieurs distinctions, dont le prestigieux prix Stresa ainsi que le prix Rapallo-Carige en 2012.

Aux éditions FOLIO ; 224 pages.


3. Eva dort (2010)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans les années 1970, Eva reçoit un appel de Vito, l’ancien compagnon de sa mère qui lui demande de venir le voir en Calabre avant qu’il ne meure. Elle entreprend alors un périple de 1397 kilomètres en train depuis son Tyrol du Sud natal jusqu’à l’extrême sud de l’Italie.

Durant le trajet, les souvenirs affluent : son enfance dans cette région germanophone cédée à l’Italie en 1919, sa mère Gerda qui l’élève seule après avoir été rejetée par sa famille, les années passées chez des voisins pendant que Gerda travaille comme cuisinière dans un grand hôtel. Eva se remémore particulièrement la relation entre sa mère et Vito, ce carabinier calabrais qui fut pour elle une figure paternelle, avant que les préjugés et les tensions culturelles ne les séparent.

Cette quête personnelle s’inscrit dans l’histoire mouvementée du Haut-Adige, terre autrichienne devenue italienne où cohabitent difficilement deux communautés. Le roman dépeint les tentatives d’italianisation forcée sous Mussolini, puis la montée des revendications autonomistes qui culminent avec les attentats des années 1960, jusqu’à l’obtention d’un statut d’autonomie grâce aux négociations menées par Silvius Magnago.

Autour du livre

Premier volet d’une « trilogie des pères » qui inclut « Plus haut que la mer » (2012) et « Tous, sauf moi » (2017), ce roman inaugural de Francesca Melandri a reçu un accueil critique unanime en Italie. L’autrice y mêle habilement la grande Histoire et les destins individuels, révélant un pan méconnu de l’identité italienne à travers le portrait de deux femmes libres et déterminées.

La narration alterne entre le présent du voyage et les flashbacks qui remontent jusqu’en 1919, construisant une fresque familiale sur trois générations. Francesca Melandri aborde également des thèmes sociétaux comme la condition des mères célibataires, l’homosexualité ou l’émancipation féminine dans l’Italie d’après-guerre. Adapté au cinéma en 2016 par Edoardo Winspeare, « Eva dort » a notamment reçu le prix des lecteurs au festival Littératures européennes Cognac en 2013.

Aux éditions FOLIO ; 464 pages.

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