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Erich Maria Remarque en 6 romans majeurs – Notre sélection

Erich Maria Remarque en 6 romans majeurs – Notre sélection

Erich Maria Remarque (1898-1970) est l’un des écrivains allemands les plus marquants du XXe siècle. Né Erich Paul Remark à Osnabrück, il change son nom en hommage à sa mère décédée et adopte « Maria » comme second prénom en 1922.

Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale en 1917, il est blessé par des éclats de grenade après seulement quelques semaines au front. Cette expérience traumatisante inspirera son chef-d’œuvre « À l’Ouest, rien de nouveau » (1929), roman pacifiste qui connaît un succès mondial retentissant.

Avec l’arrivée des nazis au pouvoir, Remarque s’exile d’abord en Suisse en 1933. Ses livres sont brûlés lors des autodafés et il est déchu de sa nationalité allemande en 1938. La barbarie du régime nazi le touche personnellement : sa sœur Elfriede est exécutée en 1943 pour « atteinte au moral de l’armée ».

Émigré aux États-Unis, il obtient la nationalité américaine en 1947. Sa vie privée est marquée par ses relations avec des personnalités d’Hollywood, notamment l’actrice Paulette Goddard qu’il épouse en 1958. Il partage alors sa vie entre les États-Unis et sa villa de Porto Ronco en Suisse, où il meurt en 1970.

Son œuvre, profondément marquée par ses expériences personnelles, comprend plusieurs romans majeurs comme « Les camarades » (1936), « Arc de Triomphe » (1946) et « La nuit de Lisbonne » (1962). Ses livres, traduits dans de nombreuses langues et adaptés au cinéma, témoignent des bouleversements de son époque et portent un message humaniste et pacifiste.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. À l’Ouest rien de nouveau (1929)

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En 1916, Paul Bäumer, un jeune Allemand de 19 ans, s’engage dans l’armée avec ses camarades de classe après avoir cédé aux discours patriotiques de son professeur. Après dix semaines d’entraînement sous les ordres d’un caporal tyrannique, les gamins découvrent la réalité brutale du front occidental. Les bombardements incessants, la boue des tranchées, la vermine, la faim et la mort omniprésente brisent rapidement leurs illusions patriotiques.

Au fil des mois, Paul voit ses amis tomber les uns après les autres. Entre deux assauts meurtriers, il tente de préserver son humanité à travers la camaraderie avec les survivants, en particulier le vétéran Katczinsky qui devient son mentor. Lors d’une permission, le retour à la vie civile lui paraît impossible tant le fossé s’est creusé avec ceux qui n’ont pas connu les tranchées. Même sa mère malade ne peut comprendre ce qu’il a vécu. Dans un trou d’obus, Paul tue un soldat français et reste coincé une journée entière près du cadavre, rongé par la culpabilité.

Paru en 1929, le roman bouleverse les lecteurs par sa vision crue et désenchantée de la Grande Guerre. Les nazis ne s’y trompent pas : le livre est brûlé en place publique dès 1933 et son auteur contraint à l’exil. Sans jamais verser dans le mélodrame, le récit dévoile comment une génération entière fut sacrifiée dans la boue des tranchées. La perspective d’un très jeune soldat allemand, rare dans la littérature de guerre, rend le message universel : des deux côtés du front, ce sont les mêmes souffrances, les mêmes peurs, la même déshumanisation. Le succès ne s’est jamais démenti, comme en témoignent les multiples adaptations cinématographiques, notamment en 1930 par Lewis Milestone puis en 2022 par Edward Berger. Ce classique de la littérature antimilitariste n’a rien perdu de sa puissance.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 224 pages.


2. Après (1931)

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Novembre 1918. Dans les tranchées des Flandres, Ernst Birkholz et les 31 autres survivants de sa compagnie apprennent la fin de la guerre. Ces jeunes soldats allemands, qui ont quitté les bancs de l’école pour le front quelques années plus tôt, s’apprêtent à rentrer chez eux, la tête encore pleine des horreurs des combats.

Le retour s’avère plus difficile que prévu. L’Allemagne qu’ils retrouvent, vaincue et affamée, n’a plus rien de celle qu’ils ont quittée. Leurs familles ne les reconnaissent plus, leurs fiancées sont parties, leurs emplois ont été donnés à d’autres. Ernst tente de reprendre ses études d’instituteur, mais comment enseigner quand les cris des mourants résonnent encore dans sa tête ? Comment reprendre une vie normale quand on a passé des années à tuer ? Ses camarades connaissent des destins tragiques : la folie, le suicide, la prison.

Publié en 1931, ce livre fut brûlé deux ans plus tard lors des autodafés nazis. Cette suite de « À l’Ouest rien de nouveau » aborde un sujet rarement traité : non pas la guerre elle-même, mais ses séquelles psychologiques sur toute une génération. James Whale en tirera un film remarqué en 1937, mais le message pacifiste du roman restera lettre morte : huit ans après sa publication, une nouvelle génération partira au front.

Aux éditions FOLIO ; 400 pages.


3. Les camarades (1936)

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« Les camarades » se déroule dans une grande ville allemande à la fin des années 1920. Robert Lohkamp et ses deux amis, Otto Köster et Gottfried Lenz, rescapés comme lui des tranchées de 14-18, subsistent grâce à leur garage automobile. Dans un pays ravagé par l’inflation et le chômage, le trio s’accroche à leur amitié forgée pendant la guerre.

Le quotidien de Robert bascule quand il rencontre Pat Hollmann, une jeune femme issue d’un milieu aisé. Leur passion naît dans les bars enfumés et les courses automobiles. Mais cette parenthèse heureuse s’effondre brutalement : Pat contracte la tuberculose et doit se réfugier dans un sanatorium suisse. Dans le même temps, la violence politique s’empare des rues, le garage fait faillite, et Lenz succombe à une balle perdue lors d’affrontements avec des militants nazis.

Publié en 1936 alors que Remarque vivait déjà en exil, « Les camarades » ne paraîtra en Allemagne qu’en 1951. Le roman transcende le simple témoignage sur l’entre-deux-guerres : il capture l’essence d’une époque où l’amitié et l’amour constituent les derniers remparts contre le chaos. Frank Borzage en tire en 1938 une adaptation cinématographique avec Robert Taylor et Margaret Sullavan, sur un scénario de F. Scott Fitzgerald.

Aux éditions FOLIO ; 560 pages.


4. Arc de Triomphe (1946)

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Paris, 1938. Le docteur Ravic, chirurgien allemand ayant fui le nazisme, survit dans la clandestinité. Déchu de sa nationalité après avoir été torturé par la Gestapo et interné en camp de concentration, il opère sous couvert de médecins français moins compétents qui ne lui reversent que 10 % des honoraires. La nuit, il soigne les prostituées et répare les dégâts des avortements clandestins dans les bas-fonds de la capitale.

L’apparition de Jeanne Madou bouleverse sa vie. Cette chanteuse aux origines roumaines ranime en lui une flamme qu’il croyait éteinte. Leur amour chaotique traverse les épreuves : une expulsion vers la Suisse après un contrôle de police, une liaison parallèle avec un acteur. Mais les fantômes du passé resurgissent. Car dans ce Paris qui danse au bord du gouffre, Ravic croise un jour l’homme qui l’a jadis torturé en Allemagne.

Les derniers jours de paix s’égrènent dans une ville qui refuse de voir monter la menace de guerre. Entre les bars enfumés et les hôtels miteux où s’entassent les réfugiés, Ravic observe cette société qui court vers l’abîme. L’histoire s’achève dans les ténèbres de septembre 1939, quand les réfugiés allemands sont internés comme ressortissants ennemis.

Publié en 1946, ce roman s’inspire en partie de l’histoire personnelle de Remarque, lui-même contraint à l’exil. Le personnage de Jeanne Madou emprunte certains traits à Marlene Dietrich, que l’écrivain a fréquentée pendant son errance entre la France et les États-Unis. Le succès fut immédiat avec des traductions dans 43 langues et plusieurs adaptations au cinéma, dont celle de 1948 avec Ingrid Bergman et Charles Boyer.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 720 pages.


5. Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1954)

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1944, front russe. Ernst Gräber, soldat de la Wehrmacht, obtient une permission de trois semaines après deux ans passés dans l’enfer des combats. De retour dans sa ville natale en Allemagne, il découvre un paysage dévasté par les bombardements alliés. Sa maison n’existe plus, ses parents sont introuvables. Durant sa quête pour les retrouver, il croise Elisabeth Kruse, une ancienne camarade de lycée dont le père croupit dans un camp de concentration.

Dans une Allemagne aux abois où la défaite approche, Gräber et Elisabeth s’éprennent l’un de l’autre. Ils décident de se marier, autant par amour que pour assurer à Elisabeth la pension d’épouse de soldat. Entre les raids aériens et la surveillance oppressante de la Gestapo, ils tentent de saisir chaque instant de bonheur possible avant le retour inéluctable de Gräber sur le front.

Publié en 1954, ce livre propose une vision saisissante de l’Allemagne nazie vue de l’intérieur, à travers les yeux d’un soldat qui ne soutient pas le régime mais s’y trouve enchaîné. La version allemande initiale fut censurée et expurgée de plusieurs passages jugés trop critiques envers le IIIe Reich – notamment ceux évoquant les crimes de guerre. Il fallut attendre 1989 pour que soit publiée l’édition intégrale voulue par Remarque. Douglas Sirk en tira un film en 1958, où l’auteur lui-même fait une apparition.

Aux éditions FOLIO ; 512 pages.


6. La nuit de Lisbonne (1962)

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Lisbonne, 1942. Un émigré allemand sans le sou contemple un paquebot amarré dans le port, son dernier espoir de fuir vers l’Amérique. Sans visa ni argent pour lui et sa compagne, il erre désespérément sur les quais quand un inconnu l’aborde. Ce dernier lui propose un marché singulier : les précieux documents de voyage en échange d’une nuit d’écoute.

L’homme, qui se présente sous le nom de Schwarz, dévoile alors son histoire : sa fuite de l’Allemagne nazie, son retour périlleux à Osnabrück pour retrouver son épouse Hélène, leur cavale à travers l’Europe, les camps d’internement français, les poursuites de la Gestapo menées par le propre frère d’Hélène. Mais au cœur de cette errance se dessine surtout une histoire d’amour bouleversante, celle d’un couple que la guerre rapproche paradoxalement, jusqu’à ce que la maladie d’Hélène ne vienne tout briser aux portes de la liberté.

Publié en 1962, ce récit constitue le dernier volet d’une trilogie sur l’exil aux côtés de « Flotsam » et « Arc de Triomphe ». Le succès critique est immédiat : Maxwell Geismar du New York Times salue « l’un des récits les plus absorbants et éloquents de notre époque ». Une adaptation télévisée voit le jour en 1971 et un long-métrage est actuellement en préparation.

Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 320 pages.

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