Douglas Adams naît le 11 mars 1952 à Cambridge, en Angleterre. Fils d’un consultant en management et d’une infirmière, il grandit d’abord à Londres puis déménage à Brentwood après le divorce de ses parents en 1957. Brillant élève, il étudie à la prestigieuse Brentwood School puis au St John’s College de Cambridge.
Sa carrière démarre difficilement malgré une brève collaboration avec les Monty Python. Après divers petits boulots, il trouve sa voie en 1978 lorsque la BBC diffuse sa série radio « The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy » (Le Guide du voyageur galactique). Le succès est immédiat. Il adapte ensuite la série en une trilogie en cinq volumes, qui devient un phénomène culturel international.
Parallèlement, Adams travaille comme scénariste pour la série « Doctor Who » et crée une autre série de romans avec le personnage de Dirk Gently. Grand amateur de technologie, il est l’un des premiers en Europe à acquérir un Apple Macintosh. Écologiste convaincu, il s’engage pour la protection des espèces menacées, notamment à travers son livre « Last Chance to See ».
Athée revendiqué, passionné de musique (il joue même de la guitare avec Pink Floyd), Douglas Adams s’installe en Californie en 1999 pour superviser l’adaptation cinématographique du « Guide du voyageur galactique ». C’est là qu’il meurt subitement d’une crise cardiaque le 11 mai 2001, à l’âge de 49 ans. Son héritage continue d’influencer la culture populaire, notamment à travers le « Towel Day » célébré chaque année le 25 mai en son honneur.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Le Guide du voyageur galactique (Le Guide du voyageur galactique #1, 1979)
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Résumé
Dans une Angleterre contemporaine, Arthur Dent mène une existence paisible jusqu’au jour où sa maison doit être démolie pour y construire une déviation routière à la place. Cette contrariété administrative n’est pourtant rien comparée à ce qui l’attend : la Terre elle-même est sur le point d’être pulvérisée par les Vogons, une race extraterrestre bureaucratique, pour laisser place à une voie express hyperspatiale. Par chance, Ford Prefect, que Arthur croyait être son meilleur ami depuis quinze ans, se révèle être un extraterrestre de Bételgeuse venu sur Terre pour enrichir le « Guide du voyageur galactique », une sorte de guide touristique interstellaire.
Grâce à Ford, Arthur échappe de justesse à la destruction de la Terre ; il est le seul rescapé de la race humaine. Les deux amis se retrouvent alors projetés dans une série d’aventures improbables à travers la galaxie. Recueillis par le vaisseau spatial « Cœur en Or », ils font la connaissance de son équipage haut en couleur : Zaphod Beeblebrox, le président en fuite de la Galaxie doté de deux têtes et trois bras ; Trillian, une brillante Terrienne ; et Marvin, un robot dépressif à l’intelligence démesurée.
Cette équipe improbable se lance sur les traces de la mythique planète Magrathea, disparue depuis des millions d’années. Cette planète, autrefois célèbre pour sa capacité à fabriquer des mondes sur mesure pour les plus riches, pourrait bien détenir les secrets de l’origine de la Terre et la réponse à l’énigmatique « Question fondamentale sur la Vie, l’Univers et le Reste ». Munis de leurs serviettes (accessoire indispensable pour tout auto-stoppeur galactique qui se respecte) et du précieux Guide dont la couverture affiche en grosses lettres rassurantes « PAS DE PANIQUE », nos héros s’embarquent dans une quête qui bouleversera leur conception de l’existence.
Autour du livre
« Le Guide du voyageur galactique » naît d’abord sous forme de feuilleton radiophonique sur la BBC en 1978. Suite au succès retentissant de l’émission, Douglas Adams adapte son histoire en roman l’année suivante. Il reçoit immédiatement un accueil triomphal au Royaume-Uni et se hisse en tête des ventes du Sunday Times. Premier volet d’une « trilogie en cinq tomes », le livre connaît rapidement un succès international.
Cette parodie de space opera mêle avec brio science-fiction et absurde. La bureaucratie interstellaire des Vogons fait écho aux aberrations administratives terrestres, tandis que la destruction de la Terre pour construire une voie express hyperspatiale constitue une satire mordante des grands projets d’infrastructure menés au mépris des populations locales. L’humour britannique décalé s’exprime notamment à travers le personnage emblématique de Marvin, robot surintellligent perpétuellement déprimé, qui incarne le paradoxe d’une technologie avancée générant plus d’aliénation que de bonheur.
La célèbre réponse « 42 » à la « grande question sur la Vie, l’Univers et le Reste » illustre parfaitement la dimension philosophique du roman. En donnant une réponse purement mathématique à la plus profonde des interrogations, Adams souligne avec ironie la vanité des quêtes de sens trop ambitieuses. Il questionne aussi la place de l’humanité dans l’univers en suggérant que les souris pourraient bien être l’espèce la plus intelligente sur Terre.
La critique littéraire salue unanimement l’originalité de ce livre novateur. Greg Costikyan, dans Ares Magazine, souligne « l’esprit anglais superbe, bien plus drôle que n’importe quelle sitcom américaine ». The Pequod le qualifie de « satire de science-fiction ingénieusement absurde ». En 1996, Waterstone’s Books le classe à la 24ème place de sa liste des 100 plus grands livres du siècle. En 2003, il atteint la quatrième place du « Big Read » de la BBC, une enquête visant à déterminer le livre préféré des Britanniques.
Une série télévisée de six épisodes est diffusée sur BBC 2 en 1981, avec la majorité des acteurs du feuilleton radiophonique original. En 2005, Garth Jennings réalise une adaptation cinématographique avec Martin Freeman dans le rôle d’Arthur Dent. Plus récemment, lors du lancement test de sa fusée Falcon Heavy en 2018, Elon Musk rend hommage au livre en affichant « DON’T PANIC » sur le tableau de bord de la Tesla Roadster envoyée dans l’espace, accompagnée d’un exemplaire du roman et d’une serviette, accessoire essentiel de tout voyageur galactique.
Aux éditions FOLIO SF ; 288 pages.
2. Un cheval dans la salle de bains (Dirk Gently #1, 1987)
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Résumé
Dans la campagne britannique contemporaine, un mystérieux Moine électrique, créature humanoïde venue d’un autre monde, assassine Gordon Way, le PDG d’une entreprise d’informatique. Richard MacDuff, employé et ami de la victime, devient le principal suspect du meurtre. Son alibi semble pourtant solide : au moment du crime, il se trouvait chez son ancien professeur d’université, Reg, un vieil excentrique qui garde un cheval dans sa salle de bains.
Pour comprendre ce qui s’est réellement passé, Richard sollicite l’aide de Dirk Gently, un ancien camarade d’université devenu détective privé. Les méthodes de Dirk sortent résolument de l’ordinaire : plutôt que de chercher des indices, il suit sa théorie de « l’interconnexion fondamentale entre toute chose ». Cette approche, qui lui vaut habituellement des échecs à répétition dans des affaires aussi simples que la recherche d’un chat perdu, pourrait cette fois se révéler efficace.
Richard et Dirk se retrouvent bientôt entraînés dans une affaire où se mêlent meurtre, fantômes, voyages temporels et menaces extraterrestres, avec pour seul fil conducteur cette idée que tout, absolument tout, pourrait être lié.
Autour du livre
La genèse de « Un cheval dans la salle de bains » prend racine dans l’expérience de Douglas Adams comme scénariste pour la série « Doctor Who ». Deux épisodes en particulier ont nourri le roman : « City of Death » et « Shada ». Ce dernier, jamais diffusé pour cause de grève, mettait déjà en scène le personnage du professeur Chronotis, un être plusieurs fois centenaire vivant discrètement dans une université de Cambridge. Dans la version télévisée, Chronotis était un Seigneur du Temps, mais Adams a dû modifier cet aspect pour des questions de droits d’auteur. L’histoire du canapé coincé dans l’escalier, quant à elle, s’inspire d’un incident réel survenu au St John’s College de Cambridge, où Adams a étudié : lors de travaux de réhabilitation, des meubles installés dans les chambres donnant sur la rivière se sont retrouvés impossibles à déplacer une fois les escaliers rénovés.
L’interconnexion constitue le fil conducteur philosophique du récit. Cette approche holistique, qui postule que tout est fondamentalement lié, transcende les genres littéraires : policier, fantastique et science-fiction se mêlent dans une construction narrative délibérément éclatée qui finit par révéler sa cohérence. La présence récurrente de la musique – Richard travaille sur un programme transformant des données comptables en mélodie, Susan est violoncelliste – ajoute une dimension harmonique à cette théorie de l’unité fondamentale. Les réflexions sur le chat de Schrödinger ou les paradoxes temporels ne sont pas de simples ornements mais participent à la structure même du récit. Adams s’amuse à transposer ces concepts scientifiques complexes dans des situations quotidiennes absurdes, un décalage dont jaillit l’humour.
La réception critique s’est montrée divisée lors de la sortie du roman en 1987. Le Times, sous la plume de John Nicholson, le qualifie « d’agréablement loufoque » tout en s’interrogeant sur son potentiel commercial. Space Gamer salue « une écriture mordante très britannique » qui prouve que « le talent d’Adams va bien au-delà de la saga du Guide du voyageur galactique ». Le biologiste Richard Dawkins, conquis, confie avoir immédiatement relu le livre après sa première lecture.
La BBC a produit en 2007 une série radiophonique de dix-huit épisodes de trente minutes, avec Harry Enfield dans le rôle de Dirk. La chaîne BBC Four a ensuite créé en 2010 une première adaptation télévisée avec Stephen Mangan, suivie en 2016 par une nouvelle version pour BBC America avec Samuel Barnett et Elijah Wood. Cette dernière, bien que s’éloignant significativement de l’intrigue originale, a connu un succès critique notable avant son arrêt après deux saisons.
Aux éditions FOLIO SF ; 375 pages.