Né le 1er mars 1955 à Bukavu au Congo belge, Denis Mukwege est un gynécologue, militant des droits de l’homme et pasteur chrétien évangélique pentecôtiste congolais. Surnommé « l’homme qui répare les femmes », il consacre sa vie à soigner les femmes victimes de violences sexuelles dans l’est de la République démocratique du Congo.
Après des études de médecine au Burundi et une spécialisation en gynécologie à l’université d’Angers, il retourne dans son pays pour diriger l’hôpital de Lemera. En 1996, l’établissement est attaqué par des rebelles qui massacrent patients et personnel. Mukwege échappe de justesse à la mort. Il fonde alors l’hôpital de Panzi à Bukavu, où il développe une expertise rare dans le traitement des femmes victimes de viols utilisés comme arme de guerre. Son engagement ne se limite pas au soin : il crée la Fondation Panzi pour offrir un accompagnement complet aux survivantes.
Son combat pour la dignité des femmes lui vaut de nombreuses distinctions internationales, dont le prix Sakharov en 2014 et le prix Nobel de la paix en 2018, partagé avec Nadia Murad. Malgré les menaces et une tentative d’assassinat en 2012, il poursuit son travail sous la protection des forces de l’ONU à l’hôpital de Panzi. En 2023, il se porte candidat à l’élection présidentielle de son pays, soutenu par un fort mouvement populaire, notamment féminin.
Voici notre sélection de ses livres majeurs.
1. La force des femmes (2021)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Surnommé « l’homme qui répare les femmes », Denis Mukwege naît en 1955 dans l’est du Congo, une région marquée par les conflits. Fils de pasteur, il grandit dans une ville ségréguée où les quartiers noirs sont relégués loin du centre occupé par les colons blancs. À huit ans, accompagnant son père auprès des malades, il découvre sa vocation de médecin. Après des études en France, il choisit de rentrer au Congo pour soigner les femmes victimes d’accouchements difficiles. En 1999, il fonde l’hôpital de Panzi où il prend en charge des milliers de femmes violées et mutilées, victimes des guerres qui ravagent la région.
Face à l’ampleur des violences sexuelles utilisées comme arme de guerre, Mukwege développe une approche globale : soins médicaux, soutien psychologique, aide juridique, accompagnement socio-économique. Il dénonce inlassablement ces crimes devant l’ONU et les instances internationales, malgré les menaces et les tentatives d’assassinat qui le contraignent à vivre sous protection.
Ce témoignage saisissant établit un lien direct entre les viols de masse et l’exploitation des richesses minières du Congo par des groupes armés. À travers sa propre expérience, Mukwege met en lumière un système où la corruption des élites et l’impunité des criminels perpétuent les violences contre les femmes.
Prix Nobel de la Paix en 2018, Mukwege incarne un combat universel qui dépasse les frontières congolaises. Son plaidoyer pour l’éducation des hommes et la transformation des mentalités patriarcales résonne dans tous les pays où les femmes subissent des violences. La force de son message tient à sa capacité à allier expertise médicale et analyse politique sans jamais perdre de vue l’humanité des « survivantes » qu’il soigne.
Le livre frappe par son refus du sensationnalisme malgré l’horreur des situations décrites. En donnant la parole aux victimes tout en protégeant leur dignité, il réussit à transformer leur souffrance en puissance d’action collective. Ce manifeste pour les droits des femmes, porté par un homme qui leur a consacré sa vie, constitue un document essentiel sur les violences sexuelles comme arme de guerre.
Aux éditions FOLIO ; 400 pages.
2. Réparer les femmes (avec Guy-Bernard Cadière, 2019)
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Dans l’est de la République démocratique du Congo, la région du Kivu subit depuis vingt ans les ravages de bandes armées qui terrorisent la population pour exploiter les richesses minières. Les assaillants ont fait du viol et des mutilations génitales leur arme de guerre, laissant derrière eux des milliers de femmes et d’enfants brisés.
Au cœur de ce chaos, deux médecins unissent leurs forces : le gynécologue congolais Denis Mukwege et le chirurgien belge Guy-Bernard Cadière. À l’hôpital de Panzi fondé en 1999, ils ont déjà soigné plus de 40 000 victimes, réparant leurs corps meurtris grâce notamment à des techniques innovantes de laparoscopie. Leur approche ne se limite pas à la chirurgie : ils accompagnent ces femmes dans leur reconstruction psychologique et sociale, leur redonnant espoir et dignité malgré les traumatismes subis.
Ce témoignage poignant met en lumière l’ampleur des atrocités perpétrées au Congo, où le coltan – minerai indispensable à nos smartphones – attise toutes les convoitises. Les deux médecins dénoncent l’inaction de la communauté internationale face à ce drame qui perdure depuis des décennies. Leurs descriptions cliniques des sévices, toujours mesurées mais glaçantes, révèlent la barbarie systématique des bourreaux.
L’engagement du Dr Mukwege lui a valu le prix Nobel de la Paix en 2018, une reconnaissance qui n’a pas mis fin aux menaces pesant sur sa vie. Son discours de réception, reproduit en fin d’ouvrage, résonne comme un appel pressant à la justice. Par-delà le témoignage médical, ce livre constitue un réquisitoire contre l’impunité des criminels et l’indifférence du monde face à la souffrance des femmes congolaises.
Aux éditions HARPERCOLLINS ; 160 pages.
3. Plaidoyer pour la vie (2016)
Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac
Dans cette autobiographie saisissante, Denis Mukwege retrace son parcours de médecin gynécologue au Congo, pays déchiré par les conflits. Fils d’un pasteur pentecôtiste lié aux missions suédoises, il poursuit ses études de médecine au Burundi avant de se spécialiser en gynécologie à Angers grâce à une bourse de la mission suédoise.
De retour au Congo, il dirige l’hôpital de Lemera jusqu’à sa destruction par les troupes de Laurent Kabila. Face à l’afflux de femmes victimes de violences sexuelles systématiques durant la guerre qui éclate en 1998, il fonde l’hôpital Panzi à Bukavu en 1999. Il y développe une approche holistique combinant soins médicaux, soutien psychologique, aide socio-économique et assistance juridique.
Devenu la cible du pouvoir après avoir dénoncé ces crimes devant l’ONU en 2006, il survit à plusieurs tentatives d’assassinat, dont une particulièrement violente en 2012 qui le contraint à l’exil temporaire en Belgique. À son retour, il poursuit son combat sous protection permanente au Panzi, déterminé à briser le silence sur l’utilisation du viol comme arme de guerre.
Cette biographie, initialement écrite par le journaliste suédois Berthil Åkerlund en 2013, s’inscrit dans une série d’ouvrages consacrés à cette figure majeure de la défense des droits humains, dont le film « L’homme qui répare les femmes » de Thierry Michel. La structure non chronologique du récit, bien que parfois déroutante, ménage des espaces de réflexion entre les chapitres pour assimiler la violence des événements relatés.
Le texte met en lumière les liens profonds entre l’exploitation des ressources minières du Congo oriental et la perpétuation des violences, démontrant comment le viol systématique détruit non seulement les femmes mais le tissu social tout entier. L’attribution du Prix Nobel de la Paix en 2018, partagé avec Nadia Murad, couronne trente ans d’engagement inébranlable malgré les menaces et la réticence des autorités congolaises à reconnaître ces crimes.
Aux éditions L’ARCHIPEL ; 260 pages.