Trouvez facilement votre prochaine lecture
Christophe Ono-dit-Biot en 4 romans – Notre sélection

Christophe Ono-dit-Biot en 4 romans – Notre sélection

Né au Havre en 1975, Christophe Ono-dit-Biot grandit sur la côte normande avant de poursuivre ses études littéraires à Paris. Après une classe préparatoire au lycée Janson-de-Sailly et un DEA consacré aux écrivains décadents, il obtient l’agrégation de lettres modernes.

Sa carrière démarre de façon originale : en 1995, il devient l’un des pionniers du web en France en publiant quotidiennement son « Journal de l’énervé » en ligne, lequel attire l’attention des médias. Son premier roman, « Désagrégé(e) », sort en 2000 chez Plon, marquant le début d’une carrière littéraire féconde. Parmi ses œuvres majeures figurent « Birmane » (2007), qui remporte le prix Interallié, et « Plonger » (2013), couronné par le Grand prix du roman de l’Académie française et le prix Renaudot des lycéens.

En parallèle de son activité d’écrivain, il mène une carrière de journaliste au magazine Le Point, où il occupe le poste de directeur adjoint de la rédaction. Sa présence médiatique s’étend également à la télévision et à la radio, notamment sur Canal+, France Culture et France Info, où il anime diverses chroniques culturelles.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Plonger (2013)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

César reçoit un appel qui bouleverse sa vie : le corps nu de Paz, la mère de son fils Hector, a été retrouvé sur une plage d’un pays arabe. Dans un récit adressé à son enfant de quatre ans, il retrace l’histoire de leur amour. Tout commence dans une supérette parisienne où César, journaliste culturel, croise Paz, photographe d’origine espagnole. Leur histoire naît d’un quiproquo : la critique qu’il écrit sur son travail en déforme complètement le sens. Paradoxalement, ce malentendu lance la carrière de Paz et scelle leur union. Mais le couple se fissure peu à peu : César, marqué par une prise d’otage passée, refuse de quitter l’Europe tandis que Paz, de plus en plus absorbée par sa passion pour les requins, suffoque dans cette vie trop étroite.

Autour du livre

Le choix narratif d’une longue lettre adressée par un père à son jeune fils de quatre ans donne au texte une résonance particulière. Cette structure permet d’aborder avec tact des thèmes difficiles, en alternant entre ce qui peut être dit à un enfant et ce qui doit rester dans l’implicite – ces derniers passages apparaissant en italique dans le texte.

La trame se déploie sur fond de réflexions sur l’art contemporain et ses dérives. Le malentendu initial entre César et Paz sur l’interprétation des œuvres photographiques illustre les questionnements sur la subjectivité de la critique d’art. Les descriptions de la Biennale de Venise et du monde des vernissages parisiens dressent un portrait sans concession d’un milieu artistique où la vanité le dispute souvent à l’imposture.

À travers l’opposition entre César et Paz se dessine une méditation sur l’Europe contemporaine. D’un côté, un continent qui se muséifie, dont les habitants communiquent par SMS sans plus rien avoir à se dire. De l’autre, un ailleurs qui attire et effraie à la fois, symbolisé par ces requins que Paz admire tant. Cette tension entre ancrage et mouvement structure l’ensemble du récit.

Les descriptions des Asturies, terre natale de Paz, ajoutent une dimension sensuelle au récit, notamment à travers l’évocation de la ville de Gijón, présentée comme « vibrante, tempétueuse, aquatique ». Les passages consacrés aux paysages marins et à la vie sous-marine témoignent d’une attention particulière aux mouvements naturels qui contrastent avec l’immobilisme de la société contemporaine.

Couronné par le Grand Prix du Roman de l’Académie française en 2013 avec onze voix contre quatre, puis par le Prix Renaudot des lycéens, « Plonger » a connu une adaptation cinématographique en 2017 sous la direction de Mélanie Laurent. Le film met en scène Gilles Lellouche dans le rôle de César et María Valverde dans celui de Paz.

Aux éditions FOLIO ; 464 pages.


2. Croire au merveilleux (2017)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

César, quadragénaire parisien, père d’un jeune garçon, ne se remet pas de la mort de sa femme Paz, retrouvée noyée dans des circonstances mystérieuses. Le chagrin l’accable au point qu’il décide d’en finir avec la vie. Au moment où il s’apprête à avaler des somnifères, une jeune femme sonne à sa porte. Nana, sa nouvelle voisine d’origine grecque, manifeste un intérêt pour sa collection de littérature antique. Cette rencontre inattendue fait vaciller sa résolution funeste. S’amorce alors une quête entre Paris, l’Italie et la Grèce, durant laquelle César tente de comprendre si Paz comptait revenir auprès de lui et de leur fils avant sa disparition. Guidé par Nana, dont la présence énigmatique semble transcender la réalité, il redécouvre peu à peu le goût de vivre à travers les mythes qui ont bercé son enfance.

Autour du livre

Suite de « Plonger » couronné par le Grand Prix du roman de l’Académie française en 2013, « Croire au merveilleux » marque la quatrième apparition du personnage de César dans la bibliographie de Christophe Ono-dit-Biot. La mythologie grecque imprègne chaque page, dans un dialogue constant entre l’antiquité et le monde contemporain. Les légendes séculaires se mêlent aux préoccupations actuelles, notamment le terrorisme qui meurtrit Paris, contraste saisissant entre la violence du présent et la permanence des mythes.

La méditerranée occupe une place centrale dans cette narration qui mène le lecteur de Paris à la côte amalfitaine, des îles grecques au Japon. Les paysages solaires, les odeurs de basilic et de romarin, la mer omniprésente, participent à la renaissance progressive du protagoniste. Cette géographie sensuelle s’accompagne d’une érudition maîtrisée, où les références aux textes antiques nourrissent naturellement le récit sans jamais l’alourdir.

« Croire au merveilleux » oscille ainsi entre réalisme et onirisme, particulièrement à travers le personnage énigmatique de Nana, dont la nature même semble transcender la réalité. Cette ambiguïté culmine dans un dénouement inattendu qui reconfigure l’ensemble de l’histoire. À travers le prisme du deuil et de la paternité, se dessine une réflexion sur la transmission et le pouvoir réparateur de la culture classique. La question fondamentale demeure : comment survivre à la perte de l’être aimé ? Les mythes, suggère Ono-dit-Biot, constituent peut-être une réponse, en nous rappelant que la capacité d’émerveillement reste le meilleur rempart contre le désespoir.

Aux éditions FOLIO ; 272 pages.


3. Trouver refuge (2022)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

La France de 2027 a choisi un président autoritaire surnommé « Papa », incarnation d’un pouvoir réactionnaire qui étouffe progressivement les libertés. Lors d’une émission de télévision, Sacha, chroniqueur, laisse échapper une phrase compromettante sur le passé de ce dirigeant qu’il a autrefois côtoyé. Les intimidations commencent aussitôt. Pour protéger sa famille, Sacha décide de partir avec Mina, son épouse professeure à la Sorbonne, et leur fille Irène vers le mont Athos, presqu’île grecque peuplée de monastères orthodoxes. Ce havre de paix leur est d’abord refusé : depuis le XIe siècle, aucune femme n’y est admise. Séparée du groupe, Mina reste en France pour tenter de neutraliser la menace qui pèse sur eux, pendant que Sacha et sa fille trouvent asile dans ces monastères millénaires.

Autour du livre

Finaliste du Prix Renaudot 2022, « Trouver refuge » s’inscrit dans la continuité thématique de « Soumission » de Michel Houellebecq, avec lequel il partage la vision d’une France basculant dans l’autoritarisme. Mais là où Houellebecq choisit la provocation, Ono-dit-Biot privilégie une approche plus nuancée, qui mêle thriller politique et questionnement sur la transmission culturelle.

La force du texte réside dans sa capacité à nouer des liens entre l’Histoire antique et les enjeux contemporains. Le mont Athos, avec ses monastères millénaires régis par des règles byzantines, devient le miroir d’une civilisation européenne menacée par ses propres démons. Cette presqu’île interdite aux femmes depuis le XIe siècle symbolise paradoxalement à la fois un refuge contre la barbarie et un exemple des dérives autoritaires que le récit dénonce.

Ono-dit-Biot excelle particulièrement dans la description de la relation père-fille. Les échanges entre Sacha et Irène, nourris de mythologie et d’histoire byzantine, constituent des moments d’une grande justesse émotionnelle, même si certains critiques jugent le personnage d’Irène trop mature pour ses sept ans. Cette transmission culturelle s’oppose frontalement à l’obscurantisme du régime à « Papa », dont le surnom paternaliste illustre une conception autoritaire du pouvoir.

Le cadre géographique du mont Athos permet de déployer une réflexion sur le temps et la mémoire. Les monastères orthodoxes, décrits avec précision, incarnent une résistance silencieuse face à la frénésie du monde moderne. Cette opposition entre tradition et modernité structure le récit et lui confère sa tension dramatique, sans jamais tomber dans un manichéisme simpliste.

Les critiques divergent toutefois sur la densité culturelle du texte : certains y voient un étalage d’érudition, d’autres saluent cette célébration de la culture comme rempart contre le totalitarisme. Cette ambivalence reflète peut-être l’un des thèmes centraux du livre : comment préserver et transmettre un héritage culturel dans une société qui tend à le rejeter ?

Aux éditions FOLIO ; 480 pages.


4. Birmane (2007)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

En 2007, César, correcteur dans un magazine féminin parisien, décide de tout quitter pour la Birmanie après une rupture amoureuse. Son objectif : obtenir l’interview exclusive d’un puissant trafiquant d’opium. À peine arrivé à Rangoon, il fait la connaissance de Julie, une médecin humanitaire dont il tombe éperdument amoureux. Cette rencontre bouleverse ses plans initiaux. Guidé par Julie à travers un pays sous l’emprise d’une dictature militaire, César découvre la violence du régime, les trafics en tous genres et la beauté envoûtante des paysages. Sa quête le mène jusqu’à la mystérieuse Wei Wei, figure légendaire de la résistance, réfugiée avec son peuple au cœur de la jungle du Triangle d’Or.

Autour du livre

En 2007, alors qu’Aung San Suu Kyi demeure en résidence surveillée et que la junte militaire règne par la terreur, « Birmane » porte un regard acéré sur la situation politique du Myanmar. Le Prix Interallié couronne ce témoignage littéraire qui dépeint un pays méconnu, dissimulé derrière le voile de la dictature. Ce quatrième ouvrage de Christophe Ono-dit-Biot résonne avec une actualité brûlante : quelques mois après sa publication éclatent les manifestations de la « révolution safran », brutalement réprimées par le régime militaire.

Les décors se succèdent, de Rangoon aux villages lacustres du lac Inle, des mines de rubis de Mogok jusqu’à la sulfureuse Mong La à la frontière chinoise. Cette ville-casino, repaire de tous les vices, illustre les paradoxes d’un pays tiraillé entre traditions millénaires et dérives mafieuses. L’omniprésence de l’armée, la corruption généralisée et la persécution des minorités ethniques composent l’arrière-plan d’une nation sous emprise.

Marie-Françoise Colombani du magazine Elle souligne la dimension romanesque de cette odyssée birmane. Erik Emptaz du Canard enchaîné salue quant à lui un « roman acide et luxuriant ». Les descriptions des pagodes étincelantes, de la jungle mordorée et des rituels chamaniques des tribus Akha confèrent au texte une dimension ethnographique qui transcende la fiction.

Les contradictions du pays transparaissent à chaque page : la junte consulte les astrologues pour gouverner mais déplace la capitale au cœur de la jungle par paranoïa. Les trafics d’opium côtoient la spiritualité bouddhiste. Cette dualité permanente nourrit la trame jusqu’à son dénouement. Christophe Ono-dit-Biot dédie d’ailleurs son Prix Interallié 2007 au peuple birman, rappelant ainsi la portée politique de son œuvre.

La peinture des Occidentaux n’échappe pas à la critique : touristes en quête d’exotisme facile, expatriés désabusés ou idéalistes, tous incarnent les travers d’une vision simpliste de l’Asie. « Vous voulez de l’aventure parce que vous vous ennuyez à mourir dans votre conformisme quotidien », lance un personnage, résumant l’ambiguïté des rapports entre Orient et Occident.

Aux éditions PLON ; 448 pages.

error: Contenu protégé