Christine Angot, née Schwartz le 7 février 1959 à Châteauroux, est une romancière et dramaturge française reconnue pour son œuvre littéraire controversée. Après une enfance marquée par l’absence de son père, Pierre Angot, qui ne la reconnaîtra qu’à ses 14 ans, elle subit des violences incestueuses de sa part entre 13 et 16 ans, un traumatisme qui influencera profondément son œuvre.
Après des études de droit international, elle se tourne vers l’écriture dans les années 1980. Son premier roman, « Vu du ciel », est publié en 1990 chez Gallimard, mais c’est avec « L’Inceste » (1999) qu’elle connaît son premier grand succès public et médiatique. Son œuvre, souvent qualifiée d’autofiction – un terme qu’elle rejette –, aborde les frontières entre réalité et fiction, notamment à travers le thème récurrent de l’inceste.
Au fil de sa carrière, elle reçoit plusieurs prix littéraires prestigieux, dont le prix France Culture (2005), le prix de Flore (2006), le prix Décembre (2015) et le prix Médicis (2021). Outre ses romans, elle écrit pour le théâtre et collabore à des scénarios de films. Elle est également connue pour ses interventions médiatiques parfois polémiques, notamment comme chroniqueuse dans l’émission « On n’est pas couché » (2017-2019). Elle est membre de l’académie Goncourt depuis février 2023.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Le voyage dans l’Est (2021)
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À treize ans, Christine fait la connaissance de son père biologique, Pierre Angot, un homme brillant qui parle trente langues et officie comme traducteur au Conseil de l’Europe. Cette première rencontre à Strasbourg marque le début d’une descente aux enfers : son père, tout juste après l’avoir reconnue légalement, commence à abuser d’elle.
De 1974 à 1989, elle subit les assauts répétés de cet homme qui refuse de la considérer comme sa fille tout en exerçant sur elle une emprise totale. Ni sa mère, qui apprend les faits, ni son mari Claude qui entend les ébats au-dessus de sa tête, n’interviennent pour la protéger. À vingt-huit ans, Christine envisage de porter plainte mais se heurte aux difficultés de la justice pour établir les faits.
Ce livre s’inscrit dans une série d’ouvrages où Christine Angot aborde l’inceste, mais cette fois avec une approche différente, plus analytique. Elle y décortique les mécanismes de l’emprise et du silence qui entourent cette abomination. Publié en 2021 alors que la société française débattait de l’âge du consentement, le roman a reçu le prix Médicis. Il a été adapté au cinéma en 2024 par Angot elle-même, dans un film intitulé « Une famille », avec Ariane Ascaride et Louis-Do de Lencquesaing.
Aux éditions J’AI LU ; 224 pages.
2. Un amour impossible (2015)
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À Châteauroux, à la fin des années 1950, Rachel Schwartz, jeune secrétaire issue d’un milieu modeste, tombe amoureuse de Pierre Angot, un traducteur cultivé d’origine bourgeoise. Leur relation passionnée aboutit à la naissance de Christine, mais Pierre refuse d’épouser Rachel en raison de leurs différences sociales. Il accepte néanmoins d’avoir un enfant avec elle, tout en précisant qu’il ne s’en occupera pas.
Rachel élève seule sa fille dans une relation fusionnelle, tandis que Pierre refait sa vie et ne voit Christine que très rarement. À l’adolescence, après des années d’absence, il finit par reconnaître officiellement sa fille. Christine commence alors à passer du temps avec ce père tant idéalisé, s’éloignant peu à peu de sa mère. Des années plus tard, Rachel apprend que Pierre abuse sexuellement de leur fille depuis le début de leur rapprochement.
Ce récit autobiographique, paru en 2015, s’est rapidement imposé comme l’un des livres majeurs de Christine Angot. Couronné par le prix Décembre et vendu à plus de 150 000 exemplaires, il a suscité des réactions critiques passionnées, entre éloges dithyrambiques et condamnations virulentes. L’histoire a depuis été adaptée au théâtre avec Bulle Ogier et Maria de Medeiros, puis au cinéma par Catherine Corsini avec Virginie Efira dans le rôle de Rachel.
Aux éditions J’AI LU ; 256 pages.
3. Une semaine de vacances (2012)
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Une jeune adolescente passe une semaine de vacances dans une maison près de Grenoble avec son père, un universitaire quinquagénaire spécialisé en linguistique. Dès les premières pages, le récit dévoile la nature incestueuse et perverse de leur relation. L’homme impose à sa fille des rapports sexuels répétés, utilisant tour à tour la manipulation, le chantage affectif et l’humiliation pour maintenir son emprise.
La jeune fille, qui lit encore la Bibliothèque verte, se soumet en silence aux désirs de ce père qu’elle admire malgré tout pour sa culture et son intelligence. Entre deux séances d’abus, il lui parle de ses travaux universitaires, critique sa façon de parler ou de se tenir, évoque ses autres conquêtes. Quand elle ose enfin lui raconter un rêve, il l’abandonne brutalement sur un quai de gare.
Publié en 2012, ce texte court et percutant a provoqué des réactions très contrastées dans le milieu littéraire. Si certains critiques y ont vu une œuvre majeure sur l’inceste, d’autres ont dénoncé sa crudité. Christine Angot a refusé le Prix Sade qui lui avait été attribué, tandis que le Prix Décembre lui a échappé de justesse après un vote serré face au livre de Mathieu Riboulet.
Aux éditions J’AI LU ; 96 pages.
4. L’Inceste (1999)
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En 1999, Christine Angot publie « L’Inceste », récit d’une liaison passionnelle de trois mois avec Marie-Christine, une femme médecin. La narratrice se débat avec cette relation qui la consume, alternant entre moments d’exaltation et périodes de profonde détresse. Sa fille Léonore reste son seul point d’ancrage dans cette période chaotique.
Cette histoire d’amour impossible fait resurgir un traumatisme enfoui : celui des relations incestueuses imposées par son père, rencontré tardivement à ses 14 ans. Ces deux récits s’enchevêtrent, montrant comment le passé contamine inexorablement le présent et sabote toute tentative de construire des relations saines.
Le livre provoque un séisme. Les critiques se déchirent, certains saluent une œuvre nécessaire, d’autres dénoncent un texte exhibitionniste. Les passages télévisés d’Angot deviennent légendaires : elle affronte les moqueries du public chez Ardisson et règle ses comptes avec l’éditeur Laclavetine chez Pivot. Cette autofiction controversée trouve néanmoins son public avec 50 000 exemplaires vendus et des traductions dans dix pays.
Aux éditions J’AI LU ; 192 pages.
5. Les petits (2011)
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« Les petits » retrace la descente aux enfers d’un couple mixte dans le Paris contemporain. Hélène, mère célibataire d’une petite fille, tombe amoureuse de Billy, un musicien originaire de la Martinique. Leur passion donne naissance à quatre enfants. Le couple s’installe dans un modeste appartement de 60 m² où la promiscuité va peu à peu tout faire basculer.
La belle histoire d’amour tourne bientôt au fiasco. Les premiers conflits éclatent. La violence s’immisce dans le foyer. Les enfants se retrouvent otages d’une guerre sans merci entre leurs parents. Police, justice et services sociaux tentent d’intervenir dans ce huis clos familial qui ne cesse de s’envenimer.
Ce texte a fait l’objet d’une intense polémique lors de sa parution en 2011. Élise Bidoit, l’ex-compagne du rappeur Doc Gynéco, s’est reconnue dans le personnage d’Hélène et a poursuivi l’autrice pour atteinte à la vie privée. En mai 2013, Christine Angot a été condamnée à verser 40 000 euros de dommages et intérêts. Cette affaire a nourri le débat sur la légitimité d’utiliser des histoires réelles comme matériau romanesque.
Aux éditions J’AI LU ; 192 pages.