Cécile Coulon, née le 13 juin 1990 à Saint-Saturnin (Puy-de-Dôme), est une écrivaine française particulièrement précoce et prolifique. Elle publie son premier roman « Le voleur de vie » à seulement 16 ans. Après des études en classes préparatoires littéraires puis en Lettres Modernes à Clermont-Ferrand, elle poursuit une thèse sur le sport et le corps dans la littérature française contemporaine.
Son œuvre, saluée par la critique, couvre différents genres littéraires : romans, nouvelles, poésie et théâtre. Parmi ses succès notables figurent « Trois saisons d’orage » qui obtient le prix des libraires 2017, son recueil de poèmes « Les Ronces » couronné par le prestigieux prix Apollinaire en 2018, et « Une bête au paradis » qui reçoit le prix littéraire du Monde en 2019.
En parallèle de son activité d’écrivaine, elle anime depuis 2022 l’émission « La Source » sur France Inter, où elle évoque l’inspiration des auteurs.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Une bête au Paradis (2019)
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Dans une ferme baptisée « Le Paradis », au bout d’un chemin sinueux, Émilienne élève seule ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Leurs parents sont morts dans un accident de voiture à quelques mètres de là. Pour l’aider dans cette tâche écrasante, elle a pris sous son aile Louis, un adolescent maltraité par son père. Ils forment une famille soudée par le travail de la terre et le soin aux bêtes.
À l’adolescence, Blanche noue une histoire d’amour intense avec Alexandre, un camarade d’école au charme irrésistible. Mais leurs chemins divergent : tandis qu’elle voue un attachement viscéral à sa terre et à ses bêtes, lui rêve d’une autre vie en ville. Son départ brise quelque chose en Blanche. Douze ans plus tard, Alexandre revient au pays. Cette réapparition va réveiller des sentiments enfouis et précipiter un drame inexorable.
L’écriture poétique de Cécile Coulon épouse parfaitement cette tragédie rurale aux allures de huis clos grec. Les titres des chapitres – des verbes d’action comme « Faire mal », « Protéger », « Tuer » – scandent la montée inexorable de la tension. La violence sourde qui couve dès les premières pages explose dans un final saisissant qui a marqué la rentrée littéraire 2019.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 288 pages.
2. Trois saisons d’orage (2017)
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Les Fontaines, un petit village écrasé par trois falaises baptisées les Trois-Gueules, accueille en 1945 André, un jeune médecin qui fuit les fantômes de la guerre. Dans ce lieu hostile où on extrait las pierre, les « fourmis blanches » – ces ouvriers couverts de poussière – côtoient les paysans avec méfiance. La vie d’André bascule le jour où Élise, une aventure d’un soir, lui confie Benedict, leur fils de quatre ans. Le petit garçon tombe sous le charme de cette terre sauvage.
Les années passent. Benedict devient médecin comme son père et ramène de la ville Agnès, son épouse. De leur union naît Bérangère, première de la lignée à voir le jour aux Fontaines. L’enfant grandit aux côtés de Valère, un fils de fermiers du pays. Leur idylle semble promise à un bel avenir, mais les orages qui grondent au-dessus des Trois-Gueules portent en eux les germes d’une tragédie. Les passions enfouies remontent à la surface comme une source empoisonnée.
L’écriture de « Trois saisons d’orage » pulse au rythme des éléments. Le texte oppose la rudesse minérale des Trois-Gueules à la fragilité des êtres qui tentent d’y prendre racine. Entre les paysans et les ouvriers de la carrière, entre la ville et la campagne, entre la nature et les hommes : les tensions s’accumulent comme avant l’orage. La force du roman tient à sa construction en strates successives, à l’image des falaises qui surplombent le village. Le temps s’écoule lentement jusqu’au drame final qui emporte tout sur son passage. Un roman couronné par le Prix des Libraires 2017.
Aux éditions POINTS ; 288 pages.
3. Seule en sa demeure (2021)
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Dans le Jura de la fin du XIXe siècle, Aimée, dix-huit ans, quitte son cocon familial pour épouser Candre Marchère, un riche propriétaire terrier de vingt-six ans. Le jeune homme, déjà veuf d’une première épouse morte quelques mois après leurs noces, règne sur un vaste domaine forestier avec l’aide d’Henria, la servante qui l’a élevé. Pieux et taciturne, il installe sa nouvelle femme dans une imposante demeure cernée par les bois sombres de la forêt d’Or.
Les journées d’Aimée s’étirent, monotones et silencieuses, entre un mari distant qui fait chambre à part et une domestique omniprésente aux sourires crispés. La jeune femme se sent épiée, oppressée par cette maison aux murs épais qui suintent les secrets du passé. Pour la distraire, Candre fait venir une professeure de musique de Genève, Émeline. Mais les cours de flûte traversière éveillent chez Aimée des sensations troublantes, tandis que ses doutes grandissent sur les circonstances de la mort de la première épouse.
Entre conte gothique et roman d’atmosphère, ce texte rappelle « Rebecca » de Daphné du Maurier. Les descriptions de la nature jurassienne, à la fois belle et menaçante, font écho aux non-dits et aux silences qui habitent la demeure. Le mystère s’épaissit page après page jusqu’à un dénouement inattendu.
Aux éditions PROCHE ; 299 pages.
4. La langue des choses cachées (2024)
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Une nuit, un jeune guérisseur se rend dans un hameau perdu entre deux collines, le Fond du Puits. Il remplace sa mère, trop âgée désormais pour faire le voyage. Comme elle, il possède un don mystérieux : il peut lire la langue des choses cachées, percevoir les drames enfouis et guérir ceux que ni les médecins ni les prêtres ne peuvent sauver. Un enfant gravement malade l’attend.
Le village semble figé hors du temps. Le prêtre accueille le guérisseur et le conduit jusqu’à la maison de l’enfant. Le père, un homme aux épaules rouges, veille son fils mourant. La demeure semble cacher de sordides secrets. Contre les ordres de sa mère qui lui impose de partir dès sa mission accomplie, le guérisseur accepte d’aller voir une autre malade. Il comprend alors que sa mère est déjà venue dans ce village. Elle y a commis un acte irréparable dont les conséquences hantent encore les lieux. Le fils doit maintenant choisir : respecter aveuglément les règles qu’elle lui a enseignées ou suivre son instinct pour réparer les blessures du passé.
Ce conte noir est né d’une fièvre créatrice. Cécile Coulon l’a écrit pendant ses courses matinales, comme happée par une transe qui lui a dicté chaque mot. Le texte pulse au rythme des non-dits, des silences et des crimes tus. Les personnages sans nom – le fils, la mère, le prêtre – incarnent des figures universelles dans ce huis clos rural hors du temps.
Aux éditions L’ICONOCLASTE ; 134 pages.
5. Le roi n’a pas sommeil (2012)
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Dans une petite ville perdue de l’Amérique rurale des années 1950, Thomas Hogan grandit à l’ombre d’un père taciturne et violent. William Hogan, ouvrier à la scierie locale, a investi toutes ses économies dans une vaste propriété bordée de forêts. Il partage ses journées entre son travail épuisant et le classement nocturne des affaires criminelles au poste de police. À sa mort brutale des suites d’une blessure infectée, il laisse derrière lui Mary, son épouse, et Thomas, leur fils unique.
Enfant chétif et réservé, Thomas s’efforce de prendre soin du domaine familial aux côtés de sa mère. Bon élève, il refuse de céder aux tentations de son ami Paul qui flirte avec la délinquance. Pourtant, dès les premières pages, le lecteur apprend que Thomas finira en prison. Une force obscure semble le pousser inexorablement vers un destin tragique, malgré l’amour protecteur de Mary et une possible histoire d’amour avec Donna, l’assistante du médecin du village.
Le roman a valu à Cécile Coulon le prix Mauvais Genre en 2012. En à peine 160 pages, elle recrée l’ambiance poisseuse des petites villes américaines des années 1950, entre silence pesant et violence latente. Les métaphores ciselées et l’écriture nerveuse donnent chair à cette chronique d’une tragédie annoncée, portée par le talent précoce d’une romancière de 22 ans.
Aux éditions J’AI LU ; 160 pages.
6. Le rire du grand blessé (2013)
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Dans une société totalitaire du futur, le pouvoir a transformé la littérature en outil de contrôle des masses. Les livres classiques ont disparu, remplacés par des textes calibrés selon les émotions qu’ils doivent susciter : « Livres Frisson », « Livres Chagrin » ou « Livres Fou-rire ». Ces textes sont lus dans d’immenses stades lors de « Manifestations à Haut Risque » qui déclenchent l’hystérie collective d’une foule en manque de sensations.
Pour maintenir l’ordre pendant ces lectures publiques, le régime recrute des Agents parmi les analphabètes des campagnes. « 1075 », un fils de paysans miséreux, excelle dans ce rôle qui lui assure richesse et prestige. Sa vie bascule le jour où un molosse le blesse gravement lors d’une manifestation. À l’hôpital, il surprend une institutrice qui apprend à lire à des enfants malades. Fasciné malgré lui, il commence à déchiffrer l’alphabet en secret, au mépris des règles les plus strictes du Service National.
Écrit par Cécile Coulon à 23 ans, ce court roman s’inscrit dans la lignée des grandes dystopies comme « Fahrenheit 451 » ou « 1984 ». L’écriture, volontairement froide et clinique, souligne l’absurdité glaçante d’un monde où la culture devient un instrument d’abêtissement.
Aux éditions J’AI LU ; 160 pages.
7. Le cœur du Pélican (2015)
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Au milieu des années 1970, Anthime débarque avec sa famille dans une ville de province. Le jeune garçon, fusionnel avec sa sœur Helena, ne brille d’abord que par sa discrétion. Un simple jeu de quilles lors d’une kermesse révèle pourtant ses dons exceptionnels pour la course à pied. Sous la houlette de Brice, son entraîneur alcoolique en quête de rédemption, il accumule les victoires sur 800 mètres et devient le « Pélican », fierté de toute une région. À l’aube d’une carrière prometteuse, ses tendons lâchent et pulvérisent ses rêves olympiques.
La quarantaine venue, Anthime s’est résigné à une vie sans relief. Il habite un pavillon de banlieue avec Joanna, qu’il n’aime pas, et leurs deux enfants. De l’athlète admiré ne reste qu’un homme en surpoids qui rumine ses échecs et son amour perdu pour Béatrice. Les railleries de ses anciens admirateurs lors d’un enterrement font ressurgir sa colère. Il décide alors de tout plaquer pour traverser la France en courant, dans une quête aussi physique que spirituelle.
« Le cœur du Pélican » dissèque la violence sourde qui couve sous le vernis d’une vie ordinaire. Sa structure en trois parties, rythmée par les monologues des femmes qui entourent Anthime, révèle progressivement les failles d’un homme pris entre désir de gloire et autodestruction. Ce roman finaliste du prix RTL-Lire 2015 déploie une réflexion sur l’échec, les rêves brisés et le poids destructeur des non-dits.
Aux éditions J’AI LU ; 288 pages.
8. Méfiez-vous des enfants sages (2010)
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Dans une petite ville de l’Amérique profonde des années 1980, Lua grandit entre un père scientifique obsédé par ses araignées de laboratoire et une mère nostalgique qui relit sans cesse « Sa Majesté des Mouches ». À cinq ans, cette petite fille précoce monte déjà ses premiers trafics : elle revend des réglisses dans la rue et loue ses baskets aux autres élèves contre quelques pièces. Son seul véritable ami est Eddy, un voisin marginal, ex-toxicomane, qui la coiffe en crête de coq bicolore.
L’enfance de Lua bascule le jour où Popeye, une mygale ramenée par son père, s’échappe de sa boîte en carton. Cette peur viscérale des araignées ne la quittera plus. À l’adolescence, elle se lie avec James Freak, un professeur au destin brisé – un sanglier lui a dévoré un doigt, anéantissant sa carrière de pianiste. Entre désillusions et révoltes, Lua perd peu à peu sa foi en Dieu et sa confiance dans les adultes. Le suicide d’Eddy achève de la transformer.
Écrit à 19 ans par Cécile Coulon, ce deuxième roman frappe par sa construction originale en trois parties. Les premières pages déroutent : des fragments de vie s’entrechoquent sans liens apparents avant que tout ne s’éclaire dans la deuxième partie. Les phrases cinglantes alternent avec une écriture plus douce pour raconter cette métamorphose brutale d’une enfant sage en adolescente révoltée.
Aux éditions POINTS ; 128 pages.