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Les meilleurs romans de Carlos Fuentes – Notre sélection

Carlos Fuentes en 5 romans – Notre sélection

Carlos Fuentes (1928-2012) est l’un des écrivains mexicains les plus influents du XXe siècle. Né à Panama de parents diplomates mexicains, il passe son enfance entre plusieurs pays d’Amérique latine et les États-Unis avant de s’installer au Mexique à l’adolescence. Il y étudie le droit à l’Université de Mexico.

Sa carrière littéraire débute en 1954 avec un recueil de nouvelles, « Jours de carnaval ». En 1955, il fonde la Revue mexicaine de Littérature avec Octavio Paz. Son premier roman, « La plus limpide région » (1958), qui dresse un portrait critique du Mexique contemporain, le fait connaître. Il poursuit avec des œuvres majeures comme « Terra Nostra » (1975) et « Le vieux Gringo » (1985), qui lui apportent une renommée internationale.

Parallèlement à son œuvre littéraire, il mène une carrière diplomatique, notamment comme ambassadeur du Mexique en France (1975-1977), et enseigne dans plusieurs universités prestigieuses américaines. Son engagement politique marqué à gauche et ses critiques de l’impérialisme américain jalonnent son parcours.

Son œuvre est récompensée par les plus hautes distinctions littéraires, dont le prix Rómulo Gallegos en 1977 et le prix Cervantes en 1987. Conformément à ses volontés, il est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris, auprès de ses enfants.

Voici notre sélection de ses romans majeurs.


1. Terra Nostra (1975)

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Paris, 1999. Une vieille concierge de 80 ans accouche d’un enfant marqué d’une croix de chair entre les omoplates et doté de six orteils à chaque pied. Dans les rues de la capitale, des femmes de tous âges mettent au monde des nouveau-nés portant les mêmes signes, tandis que des flagellants parcourent Saint-Germain-des-Prés et que des fumées d’holocauste s’élèvent des tours de Saint-Sulpice.

Ce prélude apocalyptique ouvre sur l’Espagne du XVIe siècle, où un monarque inspiré de Philippe II se retire dans son palais-mausolée inspiré de l’Escurial. Obsédé par la mort et la pureté religieuse, ce « Seigneur » règne sur un empire en déclin, hanté par sa mère Jeanne la Folle qui vit auprès du cercueil de son époux. L’arrivée de trois jeunes hommes mystérieux, eux aussi marqués d’une croix dorsale et de six orteils, bouleverse cet univers mortifère au moment même où surgit la possibilité d’un Nouveau Monde.

Ce chef-d’œuvre de Carlos Fuentes, couronné par le prix Rómulo Gallegos en 1977, fait voler en éclats la chronologie pour tisser une trame vertigineuse entre l’Empire romain, l’Espagne des Habsbourg et le Paris de l’an 2000. Les mythes de Don Juan et Don Quichotte s’y entremêlent aux récits de la conquête des Amériques dans une prose luxuriante qui refuse toute progression linéaire. Les 1200 pages déploient une réflexion sur le pouvoir, l’intolérance religieuse et la possibilité d’un monde pluriel.

Aux éditions FOLIO ; 768 pages.


2. La plus limpide région (1958)

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Mexico, 1951. Une ville tentaculaire où se croisent et s’entrechoquent toutes les strates de la société mexicaine d’après-guerre. Federico Robles, ancien révolutionnaire devenu banquier, incarne cette nouvelle bourgeoisie qui a trahi ses idéaux pour s’enrichir. Autour de lui gravitent les Ovando, aristocrates déchus qui ont fui la Révolution pour Paris avant de revenir au pays, ainsi qu’une constellation de personnages : intellectuels désabusés, artistes en quête de reconnaissance, chauffeurs de taxi et prostituées qui luttent pour survivre.

Dans cette fresque sociale éclatée, le mystérieux Ixca Cienfuegos traverse les différents milieux comme un spectre. Accompagné de Teódula Moctezuma, il observe et commente les mutations d’une société mexicaine tiraillée entre son passé précolombien et sa soif de modernité. Les destins s’entrecroisent, les classes sociales s’affrontent, tandis que la ville elle-même devient le théâtre d’une métamorphose brutale qui broie ses habitants.

Premier roman de Carlos Fuentes publié en 1958, « La plus limpide région » a secoué les lettres mexicaines par sa structure éclatée et son regard acéré sur les contradictions du pays. Le titre, emprunté à une description du ciel de Mexico par Humboldt, se teinte d’ironie face à une ville déjà étouffée par la pollution et la corruption. Les dialogues mordants alternent avec des passages d’une poésie brute, créant une mosaïque narrative qui restitue le chaos urbain et la complexité des rapports sociaux dans le Mexique moderne.

Aux éditions FOLIO ; 544 pages.


3. La mort d’Artemio Cruz (1962)

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Dans le Mexique des années 1960, Artemio Cruz, magnat de la presse et figure politique majeure, se retrouve cloué sur son lit d’hôpital. La maladie qui le terrasse le force à contempler son existence – une trajectoire marquée par l’ascension sociale et la corruption morale. Alors que sa femme Catalina, sa fille Teresa et ses proches l’entourent dans ses derniers instants, les souvenirs remontent : son engagement dans la Révolution mexicaine, la mort tragique de son premier amour, puis son mariage calculé avec Catalina Bernal, fille d’un riche propriétaire terrien.

De jeune idéaliste prêt à mourir pour redistribuer les terres aux paysans, Cruz s’est métamorphosé en opportuniste sans scrupules. Il a su tirer profit des bouleversements politiques pour bâtir un empire, trahissant au passage ses convictions initiales. Son parcours illustre celui d’une génération de révolutionnaires mexicains qui ont confisqué le pouvoir à leur profit, perpétuant les inégalités qu’ils prétendaient combattre.

La narration alterne entre trois voix – je, tu, il – qui fragmentent le récit et brouillent la chronologie, échos d’une conscience morcelée. Cette œuvre majeure publiée en 1962 constitue une méditation âpre sur le pouvoir et ses compromissions. Le destin d’Artemio Cruz se confond avec celui du Mexique moderne, où les promesses de changement social se sont dissoutes dans la corruption et l’opportunisme.

Aux éditions FOLIO ; 416 pages.


4. Les années avec Laura Díaz (1999)

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Au crépuscule du XIXe siècle, Laura Diaz naît dans une hacienda mexicaine près de Catemaco. Sa grand-mère Cosima, amputée de plusieurs doigts par un bandit romantique, berce son enfance de récits qui mêlent déjà l’intime et l’Histoire. À douze ans, Laura se rapproche de son frère aîné Santiago, figure tutélaire qui éveille sa conscience politique avant de mourir fusillé par la police de Porfirio Díaz. Son mariage avec le syndicaliste Juan Francisco Lopez Greene la conduit à Mexico, où elle donnera naissance à deux fils : Santiago et Danton.

Dans le Mexico des années 1930, Laura s’émancipe des codes de son époque. Elle côtoie Diego Rivera et Frida Kahlo, suit leur périple jusqu’à Detroit. Ses amours successives – Orlando Ximénez le mondain, Jorge Maura l’exilé espagnol, Harry Jaffe le communiste américain pourchassé par le maccarthysme – la confrontent aux grands bouleversements de son temps. Le destin frappe sans relâche : son fils Santiago meurt, puis son petit-fils lors du massacre de Tlatelolco en 1968. Elle trouve alors dans la photographie un moyen d’immortaliser ces années de feu.

Cette fresque monumentale de Carlos Fuentes entremêle la grande Histoire et l’intime avec une rare puissance narrative. Les destins individuels s’y heurtent aux convulsions d’un siècle cruel, tandis que l’amour apparaît comme seule rédemption possible. À travers la photographie, art qu’elle découvre sur le tard, Laura Diaz immortalise les visages de son temps et transcende sa condition de simple témoin.

Aux éditions FOLIO ; 710 pages.


5. Apollon et les putains (1991)

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Sous le soleil brûlant d’Acapulco, Vicente Valera noie son amertume dans l’alcool et la fête. Cet acteur de séries B a remporté un Oscar qui a paradoxalement mis fin à sa carrière. Un soir, il découvre un club où sept danseuses se produisent sous la houlette d’une patronne travestie en Blanche-Neige. Le lendemain, il décide d’emmener toute la troupe en mer sur un voilier baptisé les Deux-Amériques, dans l’espoir d’une orgie qui redonnera sens à son existence.

Le destin en décide autrement : Valera meurt d’une crise cardiaque pendant la traversée. Son esprit, toujours conscient, acquiert alors le pouvoir de pénétrer les pensées des huit femmes prisonnières des flots. Face à l’océan menaçant, sans personne pour diriger le navire et les vivres qui s’amenuisent, chacune se confronte à son passé et aux choix qui l’ont menée sur ce bateau à la dérive.

Le texte se déploie comme une partition en trois mouvements : de la comédie grivoise au drame métaphysique, en passant par la satire sociale. L’écriture alterne entre crudité pornographique et fulgurances poétiques, rythmée par des citations de Yeats qui résonnent avec une ironie grinçante. Cette inversion du conte de Blanche-Neige transforme ses protagonistes en naufragées existentielles, confrontées à leurs démons sous le regard d’un mort omniscient.

Aux éditions FOLIO ; 96 pages.

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