Née le 30 août 1974 à Fjällbacka, petite ville côtière de Suède qui deviendra plus tard le théâtre de ses romans policiers, Camilla Läckberg est bercée durant son enfance par les histoires criminelles qu’elle dévore dans la bibliothèque de son père. Après des études à l’école publique, elle poursuit son cursus à Göteborg où elle obtient une maîtrise en administration des affaires.
C’est en 2003 que sa carrière d’écrivaine prend son envol avec la publication de « La Princesse des glaces », premier volet d’une série mettant en scène la romancière Erica Falck et l’inspecteur Patrik Hedström. Le succès ne se fait pas attendre, en particulier avec son troisième roman, « Le Tailleur de pierre » (2005), qui connaît un retentissement international. Ses livres sont aujourd’hui traduits dans plus de cinquante pays et se sont vendus à plus de vingt millions d’exemplaires. Elle figure ainsi parmi les figures majeures du polar scandinave.
Camilla Läckberg est une femme d’affaires avisée qui ne se contente pas d’écrire des romans policiers. Elle diversifie ses activités en publiant des livres de cuisine, dont « À table avec Camilla Läckberg » (2008), et lance en 2011 une série de littérature jeunesse centrée sur le personnage de Super-Charlie, inspiré par son propre fils. En 2019, elle investit également le champ médical en cofondant « Hedda Care », une clinique privée située dans un quartier chic de Stockholm.
Surnommée « la rock star du polar nordique », Camilla Läckberg est mère de quatre enfants nés de différentes unions. Elle partage aujourd’hui sa vie avec Simon Sköld, un pratiquant suédois de MMA. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées, que ce soit à la télévision suédoise ou en bande dessinée.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. La Princesse des glaces (Erica Falck et Patrik Hedström #1, 2003)
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Résumé
Dans une petite ville côtière suédoise, Erica Falck, biographe âgée de trente-cinq ans, revient s’installer dans la maison de son enfance après le décès accidentel de ses parents. Sa vie bascule lorsqu’elle découvre le corps sans vie d’Alexandra Wijkner, son amie d’enfance, dans une baignoire remplie d’eau gelée. Si la mise en scène suggère un suicide, l’autopsie prouve qu’il s’agit d’un meurtre. Alexandra a été droguée et ses veines ont été tailladées une semaine avant la découverte de son corps.
Sollicitée par les parents d’Alexandra pour rédiger sa nécrologie, Erica commence à enquêter sur la vie de cette amie qu’elle avait perdue de vue brutalement à l’adolescence. Elle fait équipe avec Patrik Hedström, un ancien camarade devenu inspecteur de police, chargé officiellement de l’affaire. Alors qu’un second meurtre vient compliquer l’enquête – celui d’Anders Nilsson, un peintre alcoolique qui fréquentait Alexandra –, Erica et Patrik découvrent que la petite communauté de Fjällbacka dissimule des secrets inavouables.
Pour résoudre l’énigme, ils devront exhumer des événements tragiques survenus vingt-cinq ans plus tôt, à l’époque où Alexandra et sa famille avaient quitté la ville précipitamment.
Autour du livre
Premier roman de Camilla Läckberg publié en 2003 en Suède, « La Princesse des glaces » marque les débuts d’une série qui connaîtra un succès retentissant. L’autrice y transpose l’atmosphère de sa ville natale, Fjällbacka, ancien port de pêche reconverti en destination touristique, où le poids des conventions sociales et la peur du qu’en-dira-t-on régissent encore largement les rapports sociaux.
Le roman se distingue par sa capacité à entremêler habilement enquête criminelle et chronique sociale. Les personnages principaux, Erica Falck et Patrik Hedström, s’imposent comme un duo atypique dans le paysage du polar scandinave. Loin des inspecteurs torturés habituels du genre, ils incarnent une normalité rafraîchissante, avec leurs préoccupations quotidiennes et leurs questionnements sur l’amour et la famille.
L’intrigue criminelle se développe sur un double niveau temporel : le présent de l’enquête et le passé qui ressurgit progressivement. Cette construction permet à Läckberg d’ausculter la société suédoise et ses zones d’ombre, notamment à travers le prisme des relations familiales. La romancière tisse une toile où chaque personnage, même secondaire, bénéficie d’un traitement soigné qui éclaire la psychologie collective de cette petite communauté.
La réception critique s’est montrée largement favorable. The Guardian souligne l’habileté de Läckberg à mêler scènes de vie domestique et moments d’horreur glaçante. The Times salue l’arrivée d’une nouvelle voix majeure dans le polar scandinave, tandis que le Sunday Times met en avant la construction serrée de l’intrigue et son caractère sans concession.
« La Princesse des glaces » a connu plusieurs adaptations. En 2007, la télévision suédoise SVT1 en propose une version en deux parties, avec Elisabet Carlsson dans le rôle d’Erica Falck et Niklas Hjulström dans celui de Patrik Hedström. En 2014, les éditions Casterman publient une adaptation en bande dessinée signée Olivier Bocquet et Léonie Bischoff. Une série française intitulée « Erica » voit également le jour en 2024.
Aux éditions BABEL ; 512 pages.
2. Le Prédicateur (Erica Falck et Patrik Hedström #2, 2004)
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Résumé
L’été 2003 s’annonce brûlant à Fjällbacka, une petite station balnéaire de la côte ouest suédoise. L’inspecteur Patrik Hedström, qui s’apprête à devenir père, voit ses congés brutalement interrompus quand un enfant découvre le cadavre mutilé d’une jeune femme allemande dans une faille rocheuse. Sous la dépouille gisent deux squelettes : ceux de Siv Lantin et Mona Thernblad, disparues en 1979. À l’époque, les soupçons s’étaient portés sur Johannes Hult, qui s’était suicidé après avoir été dénoncé par son propre frère, Gabriel.
Cette macabre découverte ravive les vieilles tensions au sein de la famille Hult, divisée depuis la mort de Johannes. D’un côté, la branche de Gabriel, riche et respectée. De l’autre, celle de la veuve de Johannes et ses fils, qui vivent dans la misère. En toile de fond plane l’ombre du patriarche Ephraïm, un prédicateur qui prétendait avoir transmis ses dons de guérison à ses fils.
Alors que Patrik tente de démêler les secrets de cette famille tourmentée, une adolescente disparaît dans la région. Les similitudes avec les meurtres précédents sont troublantes : les victimes subissent une lente torture avant d’être assassinées. Pour Patrik et son équipe, le temps presse. Le tueur a-t-il recommencé après vingt-quatre ans de silence, ou est-ce un imitateur ?
Autour du livre
Cette nouvelle enquête marque un changement de ton par rapport à « La Princesse des glaces ». Si le premier opus mettait Erica au premier plan, « Le Prédicateur » se concentre davantage sur Patrik et son travail d’investigation. La romancière suédoise y entremêle plusieurs temporalités : le présent de l’enquête, les évènements d’il y a vingt-quatre ans, et les témoignages des victimes livrés en italique au fil des chapitres.
La famille Hult constitue l’épicentre de cette fresque criminelle. À travers cette dynastie déchirée, Camilla Läckberg interroge les liens du sang, l’héritage moral et spirituel, ainsi que les ravages causés par le fanatisme religieux. L’opposition entre les deux branches de la famille – l’une aisée menée par Gabriel, l’autre désargentée incarnée par la veuve de Johannes et ses fils – cristallise les tensions sociales qui traversent la société suédoise.
Le cadre de Fjällbacka, loin d’être un simple décor pittoresque, participe pleinement à l’atmosphère du récit. Cette station balnéaire de moins de mille habitants l’hiver voit sa population exploser durant la période estivale, source de tension entre locaux et touristes. La canicule exceptionnelle qui sévit pendant l’enquête agit comme un catalyseur sur les nerfs déjà à vif des protagonistes.
La dimension intime n’est pas en reste, avec un Patrik tiraillé entre son devoir professionnel et sa vie privée. Erica, enceinte de huit mois, doit quant à elle composer avec des visiteurs envahissants venus profiter de sa maison au bord de mer. Ces interludes domestiques, parfois teintés d’humour, contrebalancent la noirceur de l’enquête tout en enrichissant la psychologie des personnages.
Les critiques soulignent majoritairement la qualité de la construction narrative et la capacité de la romancière à maintenir la tension jusqu’aux dernières pages. Le Washington Post salue notamment « l’intrigue ingénieuse, l’analyse psychologique approfondie et le souci du détail » qui élèvent ce thriller au-dessus de la production courante du genre.
« Le Prédicateur » a fait l’objet de deux adaptations. En 2007, la chaîne de télévision suédoise SVT1 en a proposé une version télévisuelle en deux parties, réalisée par Jonas Grimås, avec Elisabet Carlsson dans le rôle d’Erica Falck et Niklas Hjulström dans celui de Patrik Hedström. En 2015, les éditions Casterman ont publié une adaptation en bande dessinée signée Olivier Bocquet pour le scénario et Léonie Bischoff pour le dessin.
Aux éditions BABEL ; 512 pages.
3. Le Tailleur de pierre (Erica Falck et Patrik Hedström #3, 2005)
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Résumé
Dans la petite ville côtière de Fjällbacka, en Suède, un pêcheur découvre le corps sans vie d’une fillette de sept ans dans ses filets. L’inspecteur Patrick Hedström, qui vient d’être père, prend en charge l’enquête. La victime, Sara, est la fille de Charlotte, une amie proche de sa compagne Erica. Ce qui semblait être une noyade accidentelle se révèle être un meurtre méthodique : l’autopsie montre que l’enfant a été noyée dans une baignoire avant d’être jetée à la mer. Plus troublant encore, de la cendre a été retrouvée dans sa bouche.
L’enquête s’oriente d’abord vers les voisins de la famille. Les querelles incessantes entre Lilian, la grand-mère autoritaire de Sara, et Kaj, le voisin irascible, retiennent l’attention des enquêteurs. Le fils de Kaj, Morgan, jeune homme atteint du syndrome d’Asperger vivant reclus avec ses ordinateurs, devient rapidement suspect. Mais d’autres secrets émergent : le père de Sara, Niclas, médecin de profession, cache une liaison, tandis que son propre père, Arne, se révèle être un fanatique religieux au passé trouble.
En parallèle de l’enquête se déroule le récit d’Agnès, qui débute en 1923. Fille gâtée d’un riche industriel, elle s’éprend d’Anders, un simple tailleur de pierre employé par son père. Cette passion interdite déclenche une cascade d’événements dramatiques dont les répercussions se font sentir jusqu’à nos jours. La situation devient critique lorsque d’autres enfants subissent des agressions similaires : de la cendre est retrouvée dans la bouche de plusieurs nourrissons, dont Maja, la fille de Patrick et Erica. Le temps presse pour Patrick qui doit démêler l’écheveau de secrets familiaux avant que le meurtrier ne frappe à nouveau.
Autour du livre
Dans ce troisième volet des enquêtes de Patrick Hedström, Camilla Läckberg déploie une intrigue qui jongle entre deux époques. À la différence des précédents opus, Erica se trouve reléguée au second plan, absorbée par sa nouvelle maternité et les défis du post-partum. Le décalage temporel entre les deux récits crée une tension qui maintient le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages, où les fils narratifs convergent pour révéler une vérité glaçante.
La thématique de la filiation irrigue l’ensemble du récit. Les relations parents-enfants se déclinent sous toutes leurs formes : amour inconditionnel, indifférence, maltraitance, surprotection. Le syndrome d’Asperger, la dépression post-partum, l’intégrisme religieux ou encore la pédophilie constituent autant de prismes à travers lesquels s’examine la complexité des liens familiaux. La petite communauté de Fjällbacka, avec ses commérages et ses rivalités de voisinage, sert de caisse de résonance aux drames qui s’y jouent.
Les personnages secondaires gagnent en épaisseur psychologique. Le commissaire Mellberg, dépeint jusqu’alors comme un chef de police incompétent, révèle une facette plus humaine dans sa relation avec son fils. Le jeune Martin s’affirme comme un enquêteur prometteur tandis qu’Ernst incarne la figure du policier borné dont les préjugés peuvent avoir des conséquences fatales.
Si certains critiques saluent la construction magistrale de l’intrigue et la finesse de l’analyse psychologique, d’autres pointent une accumulation parfois excessive de drames et de coïncidences.
« Le Tailleur de pierre » a fait l’objet d’une adaptation télévisée en 2009 pour la chaîne suédoise SVT1. Le téléfilm en deux parties met en scène Elisabet Carlsson dans le rôle d’Erica Falck et Niklas Hjulström dans celui de Patrick Hedström. L’adaptation respecte l’atmosphère oppressante du roman tout en condensant sa trame narrative complexe.
Aux éditions BABEL ; 608 pages.
4. L’Oiseau de mauvais augure (Erica Falck et Patrik Hedström #4, 2006)
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Résumé
L’inspecteur Patrik Hedström du commissariat de Tanumshede, une petite ville côtière de la région ouest de la Suède, doit élucider la mort suspecte de Marit Kaspersen, retrouvée au volant de sa voiture avec un taux d’alcool anormalement élevé dans le sang. Est-ce un accident ? Impossible selon ses proches : Marit ne buvait jamais. Cette affaire trouble d’autant plus Patrik qu’elle lui rappelle d’autres accidents fatals similaires survenus à travers le pays.
Parallèlement, la ville accueille le tournage d’une émission de téléréalité baptisée « Fucking Tanum », censée redorer le blason de la région. Six jeunes participants, accompagnés par un psychologue, Lars Kruse, ont pour mission de travailler dans les commerces de la ville. Le meurtre brutal de l’une des candidates, Lillemor « Barbie » Persson, vient bouleverser le tournage.
Pour résoudre ces deux affaires, Patrik peut compter sur Hanna, nouvelle recrue du commissariat, qui n’est autre que la femme de Lars Kruse, le psychologue de l’émission. Entre les préparatifs de son mariage avec Erica Falck et la présence de sa future belle-sœur Anna sous leur toit, l’inspecteur se lance dans une enquête qui le mènera sur la piste d’une vengeance orchestrée de longue date.
Autour du livre
« L’Oiseau de mauvais augure » constitue le quatrième volet des enquêtes menées par le duo Erica Falck et Patrik Hedström. Si les premiers tomes accordaient une place importante à Erica dans la résolution des enquêtes, elle se retrouve ici davantage en retrait, accaparée par son rôle de mère et les préparatifs du mariage. Cette évolution des personnages s’inscrit dans une trame narrative qui conjugue vie privée et enquêtes policières.
Le commissariat de Tanumshede prend une nouvelle dimension avec l’arrivée d’Hanna Kruse. La galerie de personnages s’étoffe : le commissaire Mellberg révèle une facette sentimentale insoupçonnée, tandis qu’Anna, la sœur d’Erica, amorce une reconstruction psychologique après les traumatismes subis dans le tome précédent. La télé-réalité sert de prétexte à une peinture sociale acerbe de la société suédoise contemporaine, abordant des thématiques comme l’alcoolisme, l’homophobie ou la quête effrénée de célébrité.
Camilla Läckberg maintient la structure narrative qui a fait son succès : des chapitres courts alternant entre différents points de vue, entrecoupés de passages en italique relatant des événements du passé. Cette construction permet de distiller les indices tout en maintenant le suspense jusqu’aux dernières pages. La résolution finale, bien que certains lecteurs la jugent prévisible, s’inscrit dans une réflexion plus large sur les traumatismes de l’enfance et leurs répercussions à l’âge adulte.
Les critiques divergent sur ce quatrième opus. Si Bernd Neumann salue « la tension maintenue à haut niveau » et la manière dont l’autrice parvient à « nouer les fils narratifs tout en maintenant le lecteur dans l’incertitude », d’autres comme Katja Perret regrettent que le coupable soit trop facilement identifiable.
« L’Oiseau de mauvais augure » a fait l’objet d’une adaptation télévisée en 2010. Ce téléfilm suédois en deux parties, réalisé par Emiliano Goessens, a été diffusé sur la chaîne SVT1. Elisabet Carlsson y incarne Erica Falck tandis que Niklas Hjulström prête ses traits à Patrik Hedström.
Aux éditions BABEL ; 496 pages.
5. L’Enfant allemand (Erica Falck et Patrik Hedström #5, 2007)
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Résumé
Tandis que son mari Patrik Hedström, inspecteur de police, prend un congé paternité pour s’occuper de leur fille Maja, Erica Falck tente de reprendre son travail d’écrivaine. En rangeant son grenier à Fjällbacka, petite ville côtière suédoise, elle tombe sur un coffre ayant appartenu à sa mère Elsy, morte quelques années plus tôt dans un accident. À l’intérieur, elle tombe sur trois objets troublants : des carnets intimes datant de la Seconde Guerre mondiale, une brassière de bébé maculée de sang et une médaille nazie.
Désireuse de comprendre pourquoi sa mère, toujours si froide et distante avec elle, conservait ces objets, Erica apporte la médaille à Erik Frankel, historien spécialiste du nazisme. Mais quelques jours plus tard, Erik est retrouvé assassiné dans sa bibliothèque. L’enquête policière révèle bientôt des liens avec un groupuscule néonazi local dirigé par Frans Ringholm, ami d’enfance de la victime et ancien camarade d’Elsy.
Dans les journaux intimes de sa mère, Erica découvre une adolescente rayonnante, entourée d’une bande d’amis soudée : Erik et son frère Axel Frankel, Frans Ringholm et Britta Johansson. En 1943, leur groupe accueille Hans Olavsen, un jeune résistant norvégien fuyant l’occupation nazie. Sa présence va bouleverser leurs destins, particulièrement celui d’Elsy. Alors qu’une autre personne liée à ce passé trouble est assassinée, Erica comprend que ces meurtres sont la conséquence de terribles secrets enfouis depuis la guerre.
Autour du livre
Ce cinquième volet marque une nouveauté dans la série de Camilla Läckberg. L’ancrage historique dans la Suède de la Seconde Guerre mondiale lui confère une dimension didactique. La position ambiguë du pays, officiellement neutre mais traversé par des réseaux de résistance et des sympathisants nazis, nourrit une réflexion sur l’engagement et la lâcheté. Cette thématique entre en résonance avec le présent à travers l’évocation de mouvements néonazis contemporains.
La construction narrative alterne entre 1943-1945 et 2006, tissant peu à peu les liens entre passé et présent. Les carnets d’Elsy constituent le fil conducteur qui permet de reconstituer progressivement les événements dramatiques ayant façonné son caractère. Cette exploration du passé familial d’Erica enrichit considérablement son personnage, lui donnant plus d’épaisseur que dans les précédents tomes.
L’évolution des personnages secondaires apporte une touche d’humour bienvenue dans cette sombre histoire. Le commissaire Mellberg, jusqu’ici présenté comme un chef incompétent et antipathique, révèle une facette plus attachante grâce à l’adoption d’un chien errant. L’arrivée d’une nouvelle enquêtrice, Paula Morales, enrichit également la dynamique du commissariat.
Les thématiques sociétales contemporaines s’intègrent naturellement au récit : le congé paternité de Patrik permet d’aborder la question du partage des tâches parentales, tandis que l’homosexualité de Paula et son désir d’enfant illustrent l’évolution des mœurs dans la société suédoise. Ces aspects donnent de la profondeur au portrait d’une ville apparemment tranquille mais traversée par des tensions.
La critique salue majoritairement ce volume comme l’un des meilleurs de la série. Plusieurs commentateurs soulignent la maîtrise avec laquelle la romancière mêle l’histoire collective aux drames intimes. Le traitement des séquelles transgénérationnelles de la guerre et l’évocation du néonazisme contemporain donnent au récit une épaisseur peu commune dans le genre policier.
« L’Enfant allemand » a fait l’objet d’une adaptation télévisuelle en 2013 dans le cadre de la série suédoise « Les Enquêtes d’Erica » (Fjällbackamorden), avec Claudia Galli dans le rôle d’Erica et Richard Ulfsäter dans celui de Patrik.
Aux éditions BABEL ; 624 pages.
6. La Cage dorée (Faye #1, 2019)
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Résumé
Faye est une étudiante brillante à l’école de commerce de Stockholm lorsqu’elle rencontre Jack, un jeune homme ambitieux issu d’une famille aristocratique. Par amour, elle abandonne ses études pour l’aider à monter son entreprise, « Compare ». Alors que la société prospère et que Jack devient multimillionnaire, Faye se retrouve peu à peu reléguée au rôle d’épouse trophée et de mère de leur fille Julienne. Pendant quatorze ans, elle subit l’humiliation quotidienne d’un mari qui la rabaisse et la dénigre.
Le jour où elle surprend Jack en pleins ébats avec une jeune collaboratrice dans leur lit conjugal, il la chasse brutalement de leur luxueux appartement. Le divorce la prive de ressources car un contrat de mariage léonin la prive de tout droit sur la fortune qu’elle a contribué à bâtir.
Mais Faye n’est pas la femme soumise que tous imaginent. Sous ce nom d’emprunt se cache Matilda, qui a fui un passé tragique à Fjällbacka. Déterminée à se venger de Jack, elle échafaude un plan impitoyable. Cependant, tandis qu’elle met son plan à exécution, les fantômes de son passé ressurgissent peu à peu, menaçant de tout faire basculer…
Autour du livre
Avec « La Cage dorée », publié en Suède en 2019, Camilla Läckberg délaisse ses personnages fétiches, Erika Falck et Patrick Hedström, pour inaugurer un diptyque centré sur une nouvelle héroïne. Ce changement radical de registre s’inscrit dans le sillage du mouvement #MeToo. Camilla Läckberg confronte ses lecteurs aux rapports de domination dans les milieux fortunés de Stockholm, où les épouses sont réduites au rôle de trophées. Les chapitres alternent entre le présent et des flashbacks qui éclairent peu à peu le passé énigmatique de l’héroïne, créant une tension croissante.
Le roman aborde frontalement la condition féminine et les mécanismes d’emprise psychologique. Faye incarne cette ambivalence : d’abord parfaite épouse soumise, elle se métamorphose en femme d’affaires implacable. Sa relation avec Chris, son amie de toujours, apporte une dimension de sororité essentielle au récit. Les scènes crues et la violence psychologique confèrent au texte une noirceur inhabituelle dans l’œuvre de Läckberg.
L’accueil critique s’est révélé contrasté. Le magazine Elle évoque « un nanar » divertissant tandis que Transfuge parle d’un « revenge porn littéraire perturbant ». Pour Le Masque et la Plume, Nelly Kapriélian souligne « la peinture réussie d’un couple grand bourgeois richissime » mais déplore un féminisme « sans finesse ». La plupart des critiques s’accordent néanmoins sur le caractère addictif de la lecture, portée par une mécanique efficace.
« La Cage dorée » constitue le premier volet d’un diptyque qui se poursuit avec « Des ailes d’argent », également centré sur le personnage de Faye.
Aux éditions BABEL ; 432 pages.
7. La Boîte à magie (Vincent et Mina #1, coécrit avec Henrik Fexeus, 2021)
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Résumé
À Stockholm, par une froide soirée de février, Tuva, une mère célibataire, s’effondre dans la rue alors qu’elle se précipite pour récupérer son fils à la crèche. Elle se réveille nue, enfermée dans une boîte de magicien. Son corps est bientôt découvert, transpercé d’épées, dans un parc d’attractions désert.
Pour élucider ce meurtre macabre qui reproduit un célèbre tour de magie, l’inspectrice Mina Dabiri, rattachée à une unité spéciale de la police, sollicite l’aide de Vincent Walder, un mentaliste. Ce duo atypique – elle obsédée par les microbes et l’hygiène, lui hanté par des TOC liés aux chiffres – se lance dans une course contre la montre pour empêcher le tueur de récidiver.
Hélas, d’autres meurtres surviennent bientôt, tous inspirés de célèbres numéros de magie, tandis que des événements survenus en 1982 semblent étrangement liés à l’affaire. Mina et Vincent vont devoir déchiffrer les codes laissés par le meurtrier avant qu’il ne fasse de nouvelles victimes…
Autour du livre
Pour leur première collaboration, Camilla Läckberg fait équipe avec Henrik Fexeus, un célèbre mentaliste suédois, pour inaugurer une nouvelle série policière. Ce partenariat inédit permet d’insuffler une dimension insolite à l’intrigue en y incorporant l’univers de la magie et du mentalisme.
Le duo formé par Mina et Vincent constitue l’une des grandes forces du texte. Leurs névroses respectives, loin d’être de simples artifices narratifs, forgent des personnages profondément humains dont la vulnérabilité n’entame en rien l’efficacité. Leur complicité naissante, teintée de respect mutuel, apporte une dimension touchante au récit. Les personnages secondaires bénéficient également d’un traitement soigné – qu’il s’agisse de Julia, la cheffe d’équipe qui tente d’avoir un enfant, ou de Peder, jeune père épuisé par la naissance de ses triplées.
L’alternance entre présent et passé, marque de fabrique de Camilla Läckberg, prend ici une nouvelle dimension. Les événements de 1982 ne servent pas uniquement à éclairer ceux du présent mais participent pleinement à la construction psychologique des protagonistes. Cette structure narrative complexe maintient une tension constante tout en distillant habilement les indices essentiels à la résolution de l’enquête.
L’univers de la magie et du mentalisme, loin d’être un simple décor, irrigue l’ensemble des pages. Les meurtres, aussi macabres soient-ils, s’inspirent de véritables tours de prestidigitation, créant un contraste saisissant entre le divertissement et l’horreur. Les connaissances d’Henrik Fexeus en matière de communication non verbale et de manipulation psychologique insufflent une authenticité remarquable aux scènes impliquant ces aspects.
Les retours critiques soulignent majoritairement la réussite de cette collaboration inattendue. Si certains lecteurs ont relevé quelques longueurs dans le récit, la plupart saluent l’originalité de l’intrigue et la construction des personnages. Plusieurs chroniqueurs littéraires comparent favorablement ce nouveau duo d’enquêteurs à celui formé par Erica Falck et Patrick Hedström dans les précédents romans de Läckberg.
Aux éditions BABEL ; 752 pages.