Anne Fine est une éminente auteure britannique de littérature jeunesse, née le 7 décembre 1947 à Leicester. Ayant grandi entre Londres et Birmingham avec ses quatre sœurs (dont des triplées), elle fait ses études dans des écoles de filles où elle étudie le français, l’espagnol et l’histoire.
Sa carrière d’écrivaine démarre de façon inattendue lors d’une tempête de neige qui l’empêche de se rendre à la bibliothèque. Malgré sa dyslexie, elle devient une auteure prolifique, écrivant aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Ses œuvres sont caractérisées par leur insolence et leur humour mordant.
Parmi ses succès majeurs figure « Madame Doubtfire » (1987), initialement publié sous le titre « Quand Papa était femme de ménage », qui a été adapté au cinéma en 1993. Sa série « Le chat assassin », débutée en 1994, connaît également un grand succès, le premier tome remportant le prix Sorcières-Premières lectures en 1998.
Elle reçoit de nombreuses distinctions, dont une OBE (Order of the British Empire) pour sa contribution à la littérature jeunesse. En 2001, elle est nommée Children’s Laureate au Royaume-Uni, devenant ambassadrice de la littérature jeunesse pendant deux ans.
Sur le plan personnel, elle a été mariée au philosophe Kit Fine, avec qui elle a eu deux filles, dont la philosophe et auteure Cordelia Fine (née en 1975).
Voici notre sélection de ses romans jeunesse majeurs.
1. Journal d’un chat assassin (1994)
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Tuffy, un chat domestique à l’esprit frondeur, tient son journal intime pendant une semaine mouvementée. Sa maîtresse Ellie, une petite fille hypersensible, fond en larmes chaque fois qu’il ramène ses trophées de chasse à la maison. Lundi, c’est un oiseau. Mercredi, une souris morte. Mais jeudi, la situation dérape : Thumper, l’imposant lapin des voisins, gît sur le tapis du salon.
Face à cette succession de « meurtres », les parents d’Ellie accusent leur chat d’être un dangereux psychopathe. Il faut à tout prix cacher la mort du lapin aux voisins. S’ensuit une série de péripéties rocambolesques où la famille tente de dissimuler le « crime ». Mais Tuffy clame son innocence : après tout, n’est-il pas simplement fidèle à sa nature de chat ?
Ce roman publié en 1994 par Anne Fine a conquis des générations de jeunes lecteurs grâce à son humour caustique et son narrateur délicieusement cynique. Les illustrations de Véronique Deiss accentuent la dimension comique du récit.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 80 pages ; Dès 6 ans.
2. Le chat assassin, le retour (2003)
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Dans ce deuxième tome des aventures de Tuffy, le chat turbulent savoure d’avance une semaine de totale liberté : ses maîtres partent en vacances. Fini les remontrances et les câlins forcés ! Son euphorie retombe vite quand il apprend qu’un chat-sitter, le pasteur Barnham, veillera sur lui. Entre concerts nocturnes et batailles pour la nourriture fraîche, le félin mène la vie dure à son gardien.
Le destin de Tuffy bascule quand il se retrouve propulsé chez Mélanie, une petite voisine. La fillette le traite comme un prince : trois repas par jour, caresses à volonté. Mais notre héros déchante en découvrant le revers de la médaille. Déguisé en « Janet », affublé de vêtements de poupée, il subit les moqueries des chats du quartier et voit son honneur de félin s’effriter.
L’humour mordant de ce court roman jeunesse fait mouche à chaque page. Le texte joue avec malice sur le décalage entre la vision que Tuffy a de lui-même – un redoutable prédateur – et la réalité de ses mésaventures domestiques.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 72 pages ; Dès 6 ans.
3. La vengeance du chat assassin (2008)
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Tuffy voit rouge. Non seulement la mère d’Ellie a osé le photographier sous son mauvais angle, mais elle expose maintenant son portrait, peint lors de son cours d’arts plastiques, au-dessus du canapé familial. Pour ce chat au caractère bien trempé, c’en est trop. Il mijote sa vengeance avec un soin tout particulier.
Le père d’Ellie, exaspéré par les nouvelles ambitions artistiques de sa femme, tente de recruter Tuffy comme complice. Il aimerait tant que le chat fasse « accidentellement » disparaître les futures créations en poterie de son épouse. Mais Tuffy n’obéit qu’à lui-même et compte bien le prouver à tous les membres de cette famille.
Ce troisième tome de la série « Le chat assassin » brille une fois encore par son humour décapant. Le récit à la première personne donne libre cours à la mauvaise foi magistrale de Tuffy, un narrateur aussi arrogant qu’attachant.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 72 pages ; Dès 6 ans.
4. Le Passage du Diable (2014)
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Dans l’Angleterre victorienne, Daniel Cunningham vit reclus dans sa chambre. Sa mère, Liliana, le garde alité sous prétexte d’une mystérieuse maladie. Pour seules distractions, il a des livres et une maison de poupée, réplique exacte de la demeure d’enfance de sa mère. Un jour, des voisins alertent le docteur Marlow qui découvre que Daniel est en parfaite santé. Sa mère est internée et le garçon trouve refuge chez le médecin.
De cette vie passée, Daniel ne conserve que la maison miniature. Avec Sophie, la fille du docteur, il y joue jusqu’à la découverte d’une étrange poupée aux pouvoirs maléfiques. Quand un oncle inconnu réclame sa garde, Daniel part vivre dans la vraie maison qui a servi de modèle à son jouet. Il devra y affronter de sombres secrets familiaux mêlant magie noire et malédiction.
Le livre a reçu le prix Sorcières 2015. Anne Fine y déploie une ambiance gothique imprégnée de mystère, entre réalisme social et fantastique. Les personnages énigmatiques évoluent dans un décor victorien inquiétant, ponctué de passages secrets et de rituels occultes. Une angoisse qui monte crescendo jusqu’au dénouement.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 368 pages ; Dès 13 ans.
5. Blood Family (2013)
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À sept ans, Edward est libéré de l’enfer. Les services sociaux le découvrent terré dans un appartement sordide avec sa mère, tous deux prisonniers d’un homme brutal et alcoolique. La mère, détruite par des années de coups, sombre dans la folie. Le petit garçon, lui, doit tout réapprendre.
Les émissions éducatives qu’il regardait en boucle pendant sa séquestration l’ont maintenu éveillé au monde. Il s’épanouit d’abord dans sa famille d’accueil, puis chez ses parents adoptifs. Mais le passé le rattrape brutalement quand il réalise sa ressemblance physique avec son bourreau. La terreur de porter en lui les germes du mal le précipite dans une spirale d’autodestruction.
La narration alterne entre différents points de vue – travailleurs sociaux, parents adoptifs, psychologues, professeurs – pour tisser un portrait bouleversant de cet enfant meurtri. Anne Fine aborde frontalement des thèmes difficiles comme l’hérédité, l’emprise et la reconstruction après un traumatisme, à travers une écriture incisive qui ne masque rien de la violence mais laisse filtrer l’espoir.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 384 pages ; Dès 13 ans.
6. Comment écrire comme un cochon (1997)
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Nouvel élève à Walbottle Manoir, Chester Howard découvre avec effroi une classe qui semble tout droit sortie d’un conte de fées : des élèves d’une politesse maladive et une institutrice, Mlle Tate, qui distille ses sourires mielleux à longueur de journée. Pour Chester, qui a déjà fréquenté de nombreuses écoles au gré des mutations professionnelles de ses parents, cette atmosphère dégoulinante de bons sentiments frôle l’insupportable.
Sa rencontre avec Joe Gardener, son voisin de table, change la donne. Derrière ses résultats catastrophiques et son écriture de cochon se cache un génie incompris. Chester prend alors sous son aile ce cancre pas comme les autres. Les deux garçons s’associent pour un exposé scientifique sur un sujet inattendu : l’art d’écrire comme un cochon.
Sans jamais tomber dans le prêchi-prêcha, ce roman égratigne avec tendresse un système scolaire trop formaté. Les personnages sonnent juste, entre un Chester sarcastique mais attachant et un Joe dont les talents débordent du cadre scolaire traditionnel.
Aux éditions L’ÉCOLE DES LOISIRS ; 128 pages ; Dès 8 ans.