Stéphane Bourgoin est un écrivain français né le 14 mars 1953 à Paris. Initialement spécialisé dans le cinéma bis des années 1970, il travaille comme chroniqueur pour des fanzines et participe à quelques productions cinématographiques à petit budget aux États-Unis, notamment comme scénariste de films érotiques.
De retour en France, il rachète en 1981 la librairie parisienne « Au Troisième Œil », spécialisée dans le cinéma et le polar. À partir des années 1990, il se réoriente vers l’étude des tueurs en série et publie de nombreux ouvrages sur le sujet, dont « Serial killers – Enquête sur les tueurs en série » (1993).
Pendant près de 30 ans, il se présente comme un expert en criminologie et profilage criminel, affirmant avoir rencontré plus de 77 tueurs en série. Il donne des conférences à la Gendarmerie nationale française et à l’École nationale de la magistrature.
En 2020, une série d’enquêtes journalistiques révèle que Bourgoin a largement falsifié son parcours et son expertise. Il avoue notamment avoir inventé le meurtre de sa compagne « Eileen » qui aurait motivé son intérêt pour les tueurs en série, et reconnaît avoir considérablement exagéré le nombre de ses rencontres avec des criminels. Il admet avoir menti par désir d’être reconnu et aimé.
Malgré ces révélations, Bourgoin reste l’auteur d’une importante bibliographie sur le crime et le cinéma, ayant publié des dizaines d’ouvrages sur ces sujets depuis les années 1980.
Voici notre sélection de ses livres majeurs.
1. Le livre noir des serial killers (2004)
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Dans cet ouvrage documentaire, Stéphane Bourgoin dresse le portrait de six tueurs en série qui ont marqué l’histoire criminelle du XXe siècle. Du « Vampire de Düsseldorf » à « l’Ogre de Santa Cruz », en passant par « l’Étrangleur de Boston » et le tristement célèbre « Cannibale de Milwaukee » Jeffrey Dahmer, chaque chapitre dévoile la trajectoire macabre de ces criminels qui ont terrorisé l’Amérique et l’Europe.
Bourgoin reconstitue méthodiquement le parcours de ces hommes, de leur enfance souvent marquée par la violence jusqu’à leur arrestation. Les témoignages recueillis en prison, les rapports d’expertise psychiatrique et les procès-verbaux d’interrogatoire permettent de comprendre les mécanismes psychologiques qui ont transformé ces individus en prédateurs. Les récits des survivants et les aveux des condamnés s’entremêlent pour former une mosaïque glaçante de la violence.
Publié initialement en 2004, ce livre a connu un retentissement particulier en 2020 lorsque Stéphane Bourgoin a admis avoir inventé une partie de son parcours professionnel et de ses rencontres avec certains tueurs. Cette révélation a jeté une ombre sur la véracité de certains témoignages, même si le travail documentaire sur les affaires criminelles reste solidement étayé par les sources judiciaires et policières.
La force du livre réside dans sa capacité à démythifier la figure du tueur en série, loin des représentations hollywoodiennes. Les entretiens mettent en lumière des êtres profondément perturbés mais terriblement ordinaires, ce qui rend leur violence encore plus troublante. Le texte ne cherche ni à provoquer ni à choquer gratuitement – la sobriété du propos suffit à saisir l’ampleur des horreurs commises.
Aux éditions POINTS ; 792 pages.
2. Moi, serial killer – Les terrifiantes confessions de 12 tueurs en série (2017)
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« Moi, serial killer » compile les confessions glaçantes de treize assassins qui ont marqué l’histoire criminelle des XIXe et XXe siècles. Le criminologue Stéphane Bourgoin, qui a rencontré plusieurs tueurs en série depuis 1979, rassemble ici leurs témoignages bruts, leurs écrits autobiographiques et leurs entretiens, certains jamais publiés auparavant.
De Carl Panzram, criminel itinérant revendiquant 21 meurtres, à Dennis Nilsen, le « tueur à la cravate » britannique qui a supprimé au moins 15 jeunes hommes, en passant par Fritz Haarmann, surnommé « le Boucher de Hanovre » et reconnu coupable de 24 homicides – ces récits dévoilent la froide logique de leurs auteurs. Sans remords ni conscience morale, ils livrent leurs motivations profondes : haine viscérale de l’humanité pour Panzram, pulsions sexuelles meurtrières pour Wilson, ou encore vengeance contre les femmes dans le cas d’Elliot Rodger.
Le livre inclut également des documents rares : dessins réalisés par les meurtriers, retranscriptions d’interrogatoires psychiatriques, photographies d’époque. Un chapitre particulièrement saisissant retrace les échanges entre Otto Stephen Wilson et son médecin, où le tueur évoque ses crimes avec un détachement glaçant.
Cette immersion dans la psyché criminelle se distingue des ouvrages classiques sur les tueurs en série. Pas de reconstitutions romancées ni d’analyses externes : seule la parole des assassins résonne, dans toute sa brutalité. Les confessions s’enchaînent chronologiquement sur plus de 150 ans, dessinant une effrayante constante dans la capacité humaine à commettre l’innommable. Un document exceptionnel pour comprendre, sans jamais excuser, ce qui pousse certains individus à franchir les limites de l’humanité.
Aux éditions POINTS ; 240 pages.
3. Profileuse – Une femme sur la trace des serial killers (2000)
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En 1994, alors que l’Afrique du Sud tourne la page de l’apartheid, Micki Pistorius devient la première femme profileuse au monde. Psychologue de formation, elle intègre la police sud-africaine avec une mission : traquer les tueurs en série qui sévissent dans le pays. Son approche novatrice bouleverse les méthodes d’enquête traditionnelles – là où ses collègues cherchent des preuves matérielles, elle décrypte les indices psychologiques laissés sur les scènes de crime.
Durant six années, elle traque les prédateurs les plus dangereux d’Afrique du Sud : l’Étrangleur du Cap, le Monstre de Port Elisabeth, le Serial Sniper… Sa méthode ? S’immerger dans leur psyché jusqu’à penser comme eux. Elle passe ses journées à arpenter les scènes de crime, interroger les suspects dans les prisons de haute sécurité et établir des profils psychologiques qui permettront l’arrestation d’une douzaine de tueurs en série.
Cette immersion dans les abysses de la psyché criminelle finit par la consumer. Les cauchemars, le stress post-traumatique, l’épuisement mental la poussent à démissionner en 2000. Mais son héritage perdure : elle forme plus de 100 enquêteurs à ses techniques avant son départ.
Stéphane Bourgoin l’a suivie pendant plusieurs mois dans son travail. Son livre dévoile pour la première fois l’intégralité d’un profil psychologique établi pour un tueur en série – celui du « tueur des champs de canne à sucre ». Un document exceptionnel qui éclaire les rouages de cette profession méconnue, saluée par des experts comme Robert Ressler du FBI. Le livre offre aussi un témoignage saisissant sur l’Afrique du Sud post-apartheid, où le taux d’homicides dépasse largement celui des États-Unis.
Aux éditions POINTS ; 288 pages.
4. Tueurs – Les meurtriers qui ont marqué l’Histoire (2010)
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Dans « Tueurs », Stéphane Bourgoin dresse le portrait de quinze meurtriers et tueurs en série méconnus, du début du XXe siècle à nos jours. L’ouvrage s’ouvre sur l’affaire du « Boucher de Cleveland » dans les années 1930, un tueur qui démembrait ses victimes issues des milieux défavorisés et envoyait des lettres anonymes prétendant agir « pour améliorer la science ». Même le légendaire Eliot Ness ne parvint pas à l’identifier.
Le livre poursuit avec des cas tout aussi glaçants : David Brown, pédophile et cannibale qui se rebaptisa Nathaniel Bar-Jonah en prison, les tueurs français de la Belle Époque comme Dumollard surnommé « le Tueur de Bonnes », ou encore Belle Gunness, immigrée norvégienne devenue la première tueuse en série des États-Unis après avoir éliminé systématiquement maris, amants et enfants pour toucher leurs assurances.
Cette galerie de portraits criminels est structurée en trois parties : les tueurs américains contemporains, les meurtriers français du XIXe siècle, et les tueuses en série anglo-saxonnes. Les récits s’appuient sur des documents d’époque, notamment les écrits des criminels eux-mêmes qui livrent parfois d’inquiétantes réflexions sur leurs actes. La controverse qui a éclaté en 2020 sur la véracité de certains témoignages de l’auteur invite toutefois à une lecture critique de l’ouvrage.
Aux éditions POINTS ; 320 pages.
5. Sex Beast – Sur la trace du pire tueur en série de tous les temps (2015)
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« Sex Beast » de Stéphane Bourgoin retrace le parcours criminel de Gerard Schaefer, l’un des tueurs en série les plus redoutables des États-Unis. Policier en Floride au début des années 1970, Schaefer est arrêté pour deux homicides et une double tentative d’enlèvement. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir assassiné trente-quatre jeunes femmes, bien qu’il n’ait été condamné que pour deux meurtres. Les découvertes effectuées lors des perquisitions chez sa mère révèlent l’ampleur de ses crimes : bijoux, journaux intimes et effets personnels de victimes disparues s’accumulent comme autant de preuves accablantes.
La personnalité de Schaefer se dessine à travers les témoignages de ses proches, des enquêteurs et de ses codétenus. Doté d’un QI de 130, cet homme charismatique est un génie de la manipulation. En prison, il côtoie d’autres tueurs tristement célèbres comme Ted Bundy, qui avoue s’être inspiré de ses méthodes. Il écrit même des nouvelles où il décrit ses crimes sous couvert de fiction, textes publiés plus tard dans le recueil « Killer Fiction ».
Le 3 décembre 1995, Schaefer est retrouvé mort dans sa cellule, poignardé de quarante coups de couteau. La violence de sa fin résonne comme un écho à ses propres actes. Sa mort emporte avec elle les secrets de nombreuses disparitions non élucidées.
Cette enquête s’appuie sur vingt années de recherches et sur la rencontre de l’auteur avec Schaefer en 1991. Parmi les tueurs en série interrogés par Bourgoin, aucun ne l’a autant marqué que celui qu’il décrit comme « l’incarnation du Mal ». Les documents inédits, les entretiens avec les proches et les avocats des victimes composent une investigation minutieuse qui soulève un coin du voile sur l’une des affaires criminelles les plus sombres de l’histoire américaine.
Aux éditions POINTS ; 216 pages.
6. Le livre rouge de Jack l’éventreur (1992)
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Dans les ruelles sombres du Londres victorien, une série de meurtres atroces secoue le quartier de Whitechapel en 1888. Cinq prostituées sont sauvagement assassinées entre août et novembre, leurs corps mutilés avec une précision qui suggère des connaissances médicales. L’affaire Jack l’Éventreur naît, alimentée par une presse avide de sensations et de mystérieuses lettres signées « Dear Boss ».
Stéphane Bourgoin reprend méticuleusement l’enquête à partir des archives de Scotland Yard. Son investigation démonte les mythes tenaces : non, il n’y avait pas de brouillard lors des meurtres ; les fameuses lettres étaient probablement l’œuvre de journalistes ; la théorie du complot royal impliquant le duc de Clarence ne tient pas. Les conditions de vie misérables de l’East End sont minutieusement décrites, tout comme le profil des victimes : Mary Ann Nichols, Annie Chapman, Elizabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Jane Kelly.
Ce livre se distingue des centaines d’ouvrages sur le sujet par son approche en trois temps : d’abord une reconstitution factuelle basée sur des documents d’époque, puis une partie consacrée aux récits fictifs inspirés par l’affaire, et enfin une bibliographie commentée exhaustive. La première partie dissèque les faits avec une rigueur scientifique, tandis que la deuxième illustre comment ce tueur insaisissable a nourri l’imaginaire collectif pendant plus d’un siècle.
Aux éditions POINTS ; 600 pages.