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9 livres indispensables pour réussir sa licence d’arts plastiques – Notre sélection

9 livres indispensables pour réussir sa licence d’arts plastiques

Réussir sa licence d’arts plastiques, c’est apprendre à regarder autant qu’à faire : comprendre les images, les situer dans l’histoire, puis transformer ces connaissances en gestes, en choix de matériaux, en protocoles d’atelier.

Les bouquins ci-dessous ont été sélectionnés pour accompagner ce double mouvement — de la théorie vers la pratique, et de la pratique vers un discours clair et sourcé — afin de vous aider à progresser dans les cours magistraux, les TD d’analyse d’images, le travail d’atelier, les exposés et, plus tard, le mémoire.

Pour chaque ouvrage, vous trouverez une notice Comment l’utiliser ? qui propose des stratégies concrètes : exercices courts, méthodes de fichage, transpositions en atelier, bonnes pratiques pour les commentaires d’œuvre et les accrochages. L’objectif est simple : transformer la lecture en compétences activables, tout au long de votre licence.


1. Histoire de l’art (Phaidon, 2023)

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Dans ce classique absolu, E. H. Gombrich propose une fresque chronologique et vivante de l’art occidental, de la préhistoire à l’époque moderne. Loin des manuels culpabilisants, l’ouvrage assume une ligne pédagogique : raconter l’histoire en mettant l’accent sur l’œil et le contexte. On y suit les ruptures (Renaissance, Baroque, Modernité), la circulation des formes et l’évolution des préoccupations (spirituelles, politiques, techniques).

Pour un étudiant, c’est la charpente qui permet d’organiser les connaissances par périodes et mouvements, de situer les artistes, et de comprendre comment naissent les styles. La traduction française est limpide ; l’iconographie, soignée, rend lisibles les enjeux formels. On peut reprocher à Gombrich son tropisme occidental et un certain manque de place pour les avant-gardes tardives ; mais, précisément, cette vision « canonique » sert de repère à partir duquel affiner, contredire ou élargir.

À l’échelle d’une licence, ce livre aide à consolider les cours d’histoire de l’art, à préparer des exposés contextualisés et à écrire des introductions historiques propres dans les dossiers et mémoires.

Comment l’utiliser ?

  • Relire les chapitres en parallèle du plan de cours ; créer une frise personnelle (dates, œuvres clés, notions).
  • Tenir un glossaire (mouvements, concepts, techniques) avec exemples d’images.
  • Pour chaque période, noter un « fil rouge » (espace, lumière, figure, matière…) à réactiver dans vos analyses.
  • Croiser avec vos visites de musées : vérifier sur place ce que Gombrich dit du style ou de la facture.

2. Comment regarder un tableau — Apprendre à en croire ses yeux (Éditions du Chêne, 2025)

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Françoise Barbe-Gall propose une méthode simple et exigeante : partir de ce que l’on voit. L’ouvrage accompagne le lecteur dans l’examen d’une trentaine d’œuvres, anciennes et contemporaines, pour apprendre à décrire précisément, à formuler des hypothèses, puis à les confronter à l’histoire et aux symboles. L’autrice, historienne de l’art et pédagogue reconnue, refuse la distance intimidante : elle montre comment repérer une composition, suivre un trajet de regard, entendre les « post-scriptum » d’un détail.

Pour un étudiant en licence, c’est une boîte à outils fondamentale : savoir regarder, nommer et argumenter. La richesse du corpus, la progression des chapitres et la langue limpide rendent le livre utile autant pour préparer un commentaire d’œuvre que pour nourrir la pratique d’atelier. On y apprend ce que fait un clair-obscur à la perception, ou comment un cadrage raconte déjà une histoire.

Le gain : mieux écrire, mieux parler devant une image, mieux sélectionner ce qui fait sens.

Comment l’utiliser ?

  • Choisir une œuvre au programme : appliquer pas à pas la grille (description → interprétation).
  • En atelier, transposer un principe observé (cadrage, lumière, rythme) dans une expérimentation personnelle.
  • Tenir un carnet « avant/après » : lecture libre, puis lecture outillée ; comparer les écarts.
  • Réutiliser ses « post-scriptum » comme fiches-méthode pour les partiels de commentaire d’image.

3. Devant l’image — Questions posées aux fins d’une histoire de l’art (Les Éditions de Minuit, 1990)

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Ouvrage exigeant et fondateur de Georges Didi-Huberman, Devant l’image interroge ce que signifie « voir » selon l’histoire de l’art. L’auteur démonte les certitudes : aucune vision n’est « pure » ; tout regard est traversé par des mots, des méthodes (iconographie, formalisme, sociologie…), des attentes. Il invite à tenir ensemble savoir et voir, à accepter l’inachevé du sens.

Pour un étudiant, c’est une entrée majeure dans la pensée des images et dans l’épistémologie de la discipline. Le livre offre des études exemplaires (Fra Angelico, peinture religieuse, statut de l’empreinte) et apprend à ne pas rabattre trop vite l’œuvre sur une preuve ou un message. En licence, on y trouve de quoi problématiser les dossiers : comment articuler détails matériels, conditions de visibilité, interprétations ? Pourquoi certaines méthodes échouent-elles sur certaines œuvres ?

L’ouvrage ne donne pas des recettes, mais une posture : prudente, curieuse, argumentée. Cette posture fait gagner en profondeur dans les commentaires, soutenances et mémoires.

Comment l’utiliser ?

  • Résumer chaque chapitre en trois thèses et une objection ; tester ces thèses sur des œuvres au programme.
  • Construire un mémo des méthodes (formalisme, iconologie, etc.) avec critères, apports et limites.
  • Dans vos commentaires, ajouter un paragraphe « Ce que la méthode me permet / me fait perdre ».
  • En atelier, traduire une idée (empreinte/trace, apparitions) en protocole plastique et documenter le processus.

4. Le Détail — Pour une histoire rapprochée de la peinture (Flammarion, 2024)

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Daniel Arasse montre comment un détail reconfigure la lecture d’un tableau : ce qui paraissait anecdotique devient décisif pour comprendre un récit, une perspective, un geste. L’auteur, conteur rigoureux, mène des « enquêtes » qui font apparaître de nouveaux sens (icônes renaissantes, symboles, choix de composition), tout en déjouant les sur-interprétations.

Pour la licence, c’est une pédagogie de la proximité : apprendre à isoler, décrire, comparer, puis rattacher le détail à l’ensemble. L’édition enrichie d’images facilite l’examen minutieux ; la variété des œuvres nourrit le répertoire d’exemples mobilisables en partiels. Point clé : le détail n’est pas une miniature autonome, mais un nœud où se croisent technique, iconographie et regard du spectateur.

Cette démarche a une vertu transversale : améliorer les écrits (argumentation précise), les oraux (récit d’analyse fluide) et même la pratique (où placer un accent, un contraste, un « accident » signifiant).

Comment l’utiliser ?

  • Choisir une œuvre : repérer trois détails, en analyser la fonction narrative, formelle et symbolique.
  • Constituer une « banque de détails » photographiés en musée ; classer par fonctions (regard, main, seuil, reflets…).
  • En commentaire, insérer une micro-analyse d’un détail pour étayer la thèse centrale.
  • En atelier, expérimenter le « détail conducteur » : un choix plastique mineur qui oriente toute la composition.

5. Art de la couleur (Dessain & Tolra, 2018)

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Johannes Itten, maître du Bauhaus, propose une théorie complète et opératoire de la couleur : contrastes (simultané, chaud/froid, complémentaires…), cercles chromatiques, accords et dissonances. Force du livre : lier perception, mémoire et pratique. L’édition abrégée concentre l’essentiel des notions, idéal pour un semestre chargé.

Itten n’enferme pas dans des règles : il offre des expériences à réaliser (gammes, accords, variations de saturation) qui font comprendre physiquement la couleur. En licence, l’ouvrage est précieux pour articuler cours théoriques, ateliers et dossiers techniques : savoir nommer un effet, justifier un choix chromatique, planifier une palette cohérente.

On y gagne un vocabulaire précis (teinte, clarté, saturation, valeur) et une habitude d’analyse qui sert autant en peinture qu’en photographie, design ou vidéo. À retenir : la couleur n’est pas seulement un pigment, c’est un système de relations — c’est là que se loge une grande part du sens.

Comment l’utiliser ?

  • Réaliser chaque semaine un petit exercice d’Itten (échelle de valeurs, contraste successif) et archiver vos résultats.
  • Tenir une « palette raisonnée » : consigner recettes, mélanges récurrents, usages de médiums et rendus.
  • Dans un commentaire d’œuvre, qualifier précisément les contrastes à l’œuvre et leurs effets perceptifs.
  • En atelier, décliner un même motif en trois gammes (froid, chaud, complémentaires) pour comparer la narration.

6. L’interaction des couleurs (Hazan, 2021)

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Josef Albers, autre figure majeure du Bauhaus, part d’un constat simple : nous ne voyons pas la couleur « en soi », mais en interaction. Le livre propose une série d’expériences (papier découpé, superpositions, illusions) qui démontrent comment une même teinte change selon son voisinage.

L’édition française est soignée et respecte l’esprit didactique : chaque exercice apprend à prendre des décisions chromatiques éclairées. Pour l’étudiant, c’est un manuel d’entraînement visuel : il affine l’œil, développe l’anticipation (ce que « fera » une couleur placée ici ou là) et améliore la cohérence d’une série.

Albers complète Itten : là où Itten structure, Albers déstabilise pour mieux entraîner. En licence, cette démarche expérimentale nourrit les journaux de bord d’atelier, les analyses de séries picturales, les accrochages (choix de fonds, voisinages d’œuvres). On y apprend aussi à documenter un protocole (étapes, matériaux, erreurs), compétence utile pour le mémoire.

Comment l’utiliser ?

  • Programmer un cycle de 10 exercices ; photographier chaque étape et annoter ce que perçoit réellement votre œil.
  • Construire un « nuancier subjectif » : couleurs qui se « fondent », qui « vibrent », qui « éteignent » selon contextes.
  • En vue d’une expo, tester les accrochages sur maquettes couleur (fonds, distances, voisinages).
  • Dans les dossiers, intégrer une page « essais/erreurs » d’Albers pour justifier les choix chromatiques finaux.

7. La perspective — Dessin mode d’emploi (Vigot, 2016)

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Ce court manuel d’Ernest R. Norling condense l’essentiel de la perspective linéaire : horizon, points de fuite, boîtes, un/deux/trois points, placements d’objets, corrections optiques. L’atout : une méthode dédramatisée et très illustrée qui évite le formalisme pour aller à l’efficacité.

Pour un étudiant en arts plastiques, la perspective n’est pas une contrainte scolaire : c’est un langage de l’espace qui éclaire la composition, la circulation du regard, la dramaturgie d’une scène. Norling propose des pas-à-pas qui s’intègrent bien à un carnet d’atelier ; ils aident autant le dessin d’observation que les projets plus expérimentaux (déformation, plongées/contre-plongées, anamorphoses).

En licence, maîtriser ces bases permet d’argumenter techniquement les choix (pourquoi tel horizon ? pourquoi tel point de vue ?), d’éviter les « faux » accidentels, et de mieux jouer avec les écarts lorsque vous décidez de casser la profondeur classique.

Comment l’utiliser ?

  • Refaire les exercices au trait (sans ombres) ; viser la régularité des fuyantes et la propreté des intersections.
  • Créer une planche « points de vue » d’un même motif (face, plongée, contre-plongée) et noter l’effet narratif.
  • En peinture, tester des perspectives « incohérentes » assumées : ce qui change quand on casse une règle.
  • Documenter les constructions (photos des étapes) pour alimenter les dossiers techniques.

8. Morpho — Anatomie artistique (Eyrolles, 2014)

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Michel Lauricella propose une approche synthétique et pragmatique du corps humain : plus de mille dessins du squelette aux muscles, de la main au buste, du détail au mouvement. Le principe « morpho » met l’accent sur des formes simples (volumes, axes, charnières) qui servent la construction et la dynamique plutôt qu’un catalogue anatomique indigeste.

Le format carnet facilite l’usage en atelier et en plein air. Pour la licence, c’est un compagnon de longue durée : on y puise des repères pour le modèle vivant, des corrections rapides (position d’un coude, bascule d’un bassin) et une manière d’observer qui nourrit toute pratique (dessin, peinture, sculpture).

Point fort : la variété des corps représentés (âges, morphologies) ; on apprend à sortir des figures « idéales » pour travailler des singularités. Associé à un journal de croquis, Morpho accélère les progrès visibles et donne un vocabulaire pour analyser la gestuelle d’une œuvre.

Comment l’utiliser ?

  • Créer un rituel : 15 min/jour, un segment (main, pied, cou) en trois niveaux : axes → volumes → détails.
  • Copier-analyser une planche, puis dessiner le même segment d’après photo et d’après observation directe.
  • En peinture, dériver les volumes en masses colorées (chaud/froid) au lieu de tracer tous les contours.
  • Compiler une grille « erreurs récurrentes » (cou trop droit, poignets raides) et vos correctifs morpho.

9. L’Art contemporain (PUF, « Que sais-je ? », 11ᵉ éd., 2018)

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En un format concis, Anne Cauquelin donne des repères clairs pour comprendre l’art contemporain : institutions, marché, dispositifs, relation au public, héritages de Duchamp aux pratiques relationnelles. Le livre est idéal pour situer des œuvres vues en musée, en biennale ou en centre d’art, pour comprendre les « règles du jeu » (curation, textes, formats d’exposition) et pour élaborer un discours critique équilibré.

En licence, où l’on navigue entre pratique personnelle et analyse d’œuvres actuelles, cette cartographie évite les malentendus : on y voit comment les formes actuelles rejouent l’histoire, comment l’économie de l’art influe sur les formats, et pourquoi la notion d’expérience du spectateur est centrale.

Atout pédagogique : l’ouvrage aide à écrire des cartels, à planifier un accrochage, à structurer une problématique de mémoire portant sur des pratiques contemporaines.

Comment l’utiliser ?

  • Faire une fiche synthèse des « acteurs et lieux » (artiste, commissaire, institution, marché) pour vos dossiers.
  • À chaque expo visitée, repérer dispositif, protocole, relation au spectateur ; comparer avec les catégories du livre.
  • En mémoire, utiliser Cauquelin pour cadrer votre terrain (mots-clés, enjeux, limites).
  • Rédiger un court texte d’artiste de 150 mots en vous inspirant des distinctions proposées.

Conseils de méthode pour tirer le meilleur de ces lectures

  • Tresser théorie et pratique : pour chaque notion (couleur, perspective, détail), faire un micro-protocole en atelier et l’archiver avec photos et commentaires.
  • Ficher systématiquement : une page par livre : concepts-clés, exemples, citations utiles, trois idées à tester plastiquement.
  • Construire un portfolio argumenté : adosser chaque série d’images à deux ou trois références (un chapitre d’Itten, une étude d’Arasse…) et expliciter les choix.
  • Musées et bibliothèques : planifier des séances sur collections permanentes ; vérifier in situ ce que disent Gombrich, Arasse, Didi-Huberman.
  • Écrire au fil de l’eau : tenir un journal de bord ; les notes prises après exercice ou visite nourriront commentaires et mémoire.
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