Popularisé dans les années 1970 à Philadelphie et à New York par des artistes tels que COCO 144 ou Lady Pink, le graffiti devient bientôt un moyen d’expression pour les jeunes citadins. Les années suivantes sont marquées par une effervescence stylistique, avec des writers comme Futura 2000 ou Rammellzee qui entrent dans la légende avec leur approche novatrice. La vague graffiti inonde alors la France avec des pionniers comme Blek le rat, spécialiste du pochoir, ou encore Miss.Tic, dont les pinups aux slogans percutants font date. Ce sont ces histoires mouvementées que se proposent de nous conter ces très beaux ouvrages.
1. Graffiti – 50 ans d’interactions urbaines (Lokiss)
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Comment un art de la signature, d’abord localisé, a-t-il pu, en une douzaine d’années, envahir le monde et susciter des développements typographiques aussi poussés et originaux ? Comment, depuis l’abandon d’une culture de gang, au sein d’une architecture dégradée et pauvre, des hommes et des femmes ont-ils défini le socle hypergraphique de ce mouvement ? Pourquoi des milliers d’adolescents se sont-ils voués à cette pratique obsédante, attachant viscéralement leurs vies au wagon et au mur ?
Sous la direction de l’artiste Lokiss, cet ouvrage de 336 pages a pour ambition de dresser l’histoire du graffiti moderne, autrement dit le writing, des métros new-yorkais des années 1970 aux murs et aux institutions du monde actuel. Les auteurs en étudient les signes et le langage, en abordant de façon conjointe l’aspect artistique et les prolongements contextuels.
La convergence de ces deux problématiques, celle de l’art et celle de son intégration dans la sphère sociale et politique, au sein d’une culture initialement fondée sur l’illégalité, mérite une analyse poussée. Il s’agit d’éclairer cette « interaction » historique entre la rue et l’art. Entre le vandalisme du bien public et le musée du bien culturel.
Cet ouvrage livre une histoire de l’art « embarquée », au contact de la culture dont il se veut la description. À la fois informé et vivant, il confronte analyses, témoignages, photographies et dessins d’un blackbook, sur la surface duquel le crayon expert de Lokiss nous entraîne à la découverte des styles inventés par les writers les plus emblématiques.
2. Graffiti Writing – Expressions Manifestes (Lokiss)
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Cet ouvrage se veut un état des lieux de la culture graffiti à travers le portrait vivant et dynamique de quinze artistes internationaux, réunis par Lokiss, figure historique du graffiti hexagonal. En 192 pages sont dévoilés les travaux en cours de ces artistes novateurs, qui se nomment volontiers writers, montrant la dynamique de cette culture sous toutes ses formes, même les plus éloignées, même les moins identifiables, rebelles aux catégories que la critique d’art leur associe parfois.
« Ce que le street art ne dit pas », formule provocatrice, ce livre le montrera. Le nommera. Philippe Baudelocque, Proembrion, Keith K. Hopewell… Artistes parfois connus et déjà installés dans le monde de l’art contemporain, comme Boris Tellegen alias Delta, ou l’artiste français Lek qui réside à la Villa Médicis en 2016.
Véritable manifeste visuel, l’ouvrage déploie un panorama vivant, varié et surtout contemporain de cette « écriture urbaine », à travers les quinze créations majoritairement murales faites pour ce projet. Elles font l’objet, à chaque étape de leur réalisation, d’un décryptage photographique mis en pages et illustré par Lokiss lui-même. Ce dernier suit le travail d’artistes qui ont chacun développé une écriture originale sur la scène européenne et au-delà.
Leur langue est le writing. Un vocabulaire qu’ils utilisent, pervertissent, recyclent, oublient tour à tour, pour créer une dynamique de formes inédite. L’urgence déclarée est d’entrer dans les brèches où l’histoire de l’art n’a jamais osé mettre les pieds – ces lieux périphériques – et de partir à la rencontre de ceux que l’on voit sans voir et qui ont pourtant marqué des générations entières d’artistes. Dans ces chapelles souterraines, que le street art ne cultive pas, lui qui aime la lumière et, finalement, le conforme.
3. Alphabeatz – Le graffiti en toutes lettres (Woshe)
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Le graffiti writing est né dans les rues de Philadelphie à la fin des années 1960. Mais c’est dans le New York du début des années 1970 qu’il est devenu un art urbain à part entière, prenant peu à peu possession du paysage de la ville, depuis les murs jusqu’aux wagons du métro. Dès ces années d’émergence, les pionniers du graffiti en posent les fondements : un jeu perpétuel avec les 26 lettres de l’alphabet, violentées, étirées et mises en valeur dans les pseudos peints sur les murs.
Passionné de graffiti depuis 25 ans, Woshe nous raconte sur 252 pages l’incroyable histoire de la naissance de cette culture. Il nous invite ensuite à un examen détaillé des 26 lettres de l’alphabet, de leur structure et des évolutions que peuvent leur apporter les writers. De multiples exemples illustrent cette étude, complétée par celle des enrichissements qu’il est possible d’ajouter aux lettres elles-mêmes. Enfin, 10 créateurs parmi les plus talentueux de la scène internationale répondent avec sincérité et engagement aux questions de Woshe sur leur pratique, leur rapport aux lettres, leurs références culturelles, etc.
4. Graffiti – 30 années de street art à Paris (Claude Abron)
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Un beau livre de 240 pages sur 30 années de street art sur les murs parisiens. Art éphémère, paradoxes, provocations, liberté d’expression sous toutes ses formes, et dans tous ces excès, les tags, graffs, pochoirs et graffiti qui couvrent les murs de la ville grouillent de vie et fourmillent d’idées. Claude Abron, infatigable arpenteur des trottoirs, nous les expose dans toute leur personnalité urbaine, des merveilles insoupçonnées incroyables d’ingéniosité et de créativité. Le travail des ces artistes du spontané, nouveaux chevaliers de la rue, entre dans l’histoire de l’art et devient culte.
5. Sur les murs – Histoire(s) de graffitis (Laure Pressac)
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Les graffitis – ces marques, dessins ou simples signatures qui parcourent les murs de nos monuments historiques depuis des siècles – intriguent et fascinent, mais ne sont devenus que récemment l’objet d’un intérêt patrimonial, au-delà de la curiosité qu’ils ont toujours suscitée. Ils forment un ensemble hétéroclite, abordant la religion, l’amour, le sexe, la guerre, la politique…
Témoignages d’une période, écho d’un événement, description du quotidien des prisonniers ou expression d’une résistance, d’un engagement politique, voire œuvres artistiques : les graffitis peuvent endosser ces différents rôles. Abondamment illustré, cet ouvrage embrasse leurs multiples facettes, devenues dans notre regard contemporain des traces, ultimes témoins d’un instant révolu. À travers un ensemble de textes de chercheurs, anthropologues, historiens ou sociologues réunis pour la première fois, et grâce à des entretiens avec des artistes, le livre de 190 pages interroge leurs définitions et leurs sens multiples.
Le graffiti explore plusieurs dimensions : à la fois témoignage, acte de révolte et geste créatif. Grâce à cette définition, il est possible de saisir les multiples sens et enjeux induits par les graffitis : ils constituent un sujet sans fin !