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Éric Fottorino en 6 livres – Notre sélection

Éric Fottorino naît le 26 août 1960 à Nice. Sa mère le met au monde à l’âge de dix-sept ans, il est ensuite adopté par Michel Fottorino, un pied-noir de Tunisie, tandis que son père biologique est un juif marocain originaire de Fès. Après des études à l’université de La Rochelle, Nanterre et Sciences Po Paris, il débute comme pigiste à Libération en 1984 avant de participer à la création de La Tribune de l’économie.

En 1986, il rejoint Le Monde où il mène une brillante carrière pendant vingt-cinq ans, gravissant tous les échelons jusqu’à en devenir le directeur de 2007 à 2011. Parallèlement, il développe une œuvre littéraire importante, dans laquelle il aborde notamment son histoire familiale complexe à travers des romans comme « Korsakov » (2004), « L’homme qui m’aimait tout bas » (2009) ou « Dix-sept ans » (2018). Son talent d’écrivain est récompensé par plusieurs prix prestigieux, dont le Prix Femina en 2007 pour « Baisers de cinéma ».

Après son départ du Monde, il se lance dans de nouvelles aventures éditoriales en créant successivement l’hebdomadaire Le 1 (2014), puis les trimestriels America (2017), Zadig (2019) et Légende (2020). Grand amateur de cyclisme, qu’il a pratiqué en amateur, il y consacre plusieurs ouvrages et participe aux commentaires du Tour de France sur France 2 en 2015 et 2016.

Voici notre sélection de ses livres majeurs.


1. Mohican (2021)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Les Soulaillans, domaine jurassien transmis de génération en génération, voient s’affronter deux visions de l’agriculture. Brun Danthôme, 76 ans, meurt à petit feu d’une leucémie causée par les produits chimiques qu’il a utilisés toute sa vie pour maximiser ses rendements. Son fils Mo privilégie une approche écologique et le respect de la nature. Pour éviter la faillite et dans un dernier geste qu’il croit salvateur, Brun signe un contrat autorisant l’installation d’éoliennes sur ses terres. Un chantier dévastateur s’engage alors, bouleversant l’équilibre séculaire des lieux. À la mort de Brun, Mo se retrouve seul face à l’envahisseur. Tel un mohican, dernier défenseur d’un monde menacé, il décide d’entrer en résistance pour préserver l’héritage des Soulaillans.

Autour du livre

« Mohican » s’enracine dans une longue maturation. Éric Fottorino commence à l’écrire en 2015, nourri par son expérience de journaliste spécialisé dans les questions agricoles au journal Le Monde et par son suivi du Tour de France qui lui permet de survoler les campagnes françaises. Cette immersion dans les paysages ruraux déclenche son désir d’écriture.

Le récit transcende la simple opposition générationnelle pour dresser un tableau saisissant d’un siècle de mutations agricoles. À travers Brun se dessine le portrait d’une génération sacrifiée sur l’autel du productivisme d’après-guerre. « Nous avons été bien manipulés. D’abord il a fallu produire. Des tonnes de tout, des quintaux, des hectos. On aurait semé jusque sur le goudron si on les avait écoutés », confie-t-il. Le remembrement, la mécanisation et l’usage intensif des produits phytosanitaires ont métamorphosé le rapport ancestral à la terre.

La question des éoliennes s’inscrit dans cette réflexion sur les illusions de la modernité. Sans tomber dans un réquisitoire militant, Fottorino expose méticuleusement les conséquences concrètes de leur installation : « 900 tonnes de béton liquide dans le sol, la construction de routes nécessaires à leur acheminement, d’aires de stockage, d’aires de dégagement ».

Le roman résonne particulièrement avec l’actualité agricole. Les difficultés économiques, l’endettement chronique, la solitude et le taux alarmant de suicides dans le monde paysan trouvent ici un écho puissant. Le plaidoyer final de Mo devant le tribunal prend des allures de manifeste pour la dignité paysanne.

« Mohican » a reçu plusieurs distinctions : le Prix Terre de France Ouest-France 2021, le Prix Lamartine des Départements de France 2021 et le Prix Marcel-Aymé 2022. Ces récompenses saluent la justesse avec laquelle le roman dépeint les enjeux contemporains du monde rural, entre désillusion et espoir de renouveau.

Aux éditions FOLIO ; 320 pages.


2. L’homme qui m’aimait tout bas (2009)

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Résumé

« Ce sont les mots qu’ils n’ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil », écrit Montherlant en épigraphe de ce récit dans lequel Éric Fottorino tente de comprendre le suicide de son père adoptif. Michel, kinésithérapeute originaire de Tunisie, avait fait irruption dans sa vie d’enfant sans père à l’âge de dix ans, lui offrant son nom et deux frères. Durant trente-huit ans, ils partagent une complicité faite de courses cyclistes, de silences éloquents, de regards entendus. Le père transmet au fils sa joie de vivre, ses histoires de soleil, beaucoup de sa force et une longue nostalgie de sa terre natale.

Mais à plus de soixante-dix ans, diminué par un accident vasculaire cérébral et aux prises avec des difficultés financières, Michel choisit de partir, laissant son fils face à un abîme de questions sans réponses. Le fils cherche dans sa mémoire les signes qu’il aurait pu manquer, les mots qu’il aurait dû dire, hanté par cette question lancinante : aurait-il pu empêcher ce geste fatal ?

Autour du livre

« L’homme qui m’aimait tout bas » remporte en 2010 le Grand Prix des lectrices Elle dans la catégorie documents. Ce récit autobiographique constitue avant tout un hommage à celui qui choisit un jour d’adopter un petit garçon de dix ans et de lui transmettre son patronyme.

La force du texte réside dans sa capacité à saisir l’essence d’une relation père-fils construite sur des gestes plutôt que des mots. Michel Fottorino incarne cette figure paternelle qui s’exprime « à l’ancienne », principalement par le toucher – dans son métier de kinésithérapeute – et le regard. Les scènes de cyclisme émaillent le récit, métaphores d’une transmission où le père apprend à son fils « à lutter, à ne jamais abandonner, à serrer les dents, à ne pas se plaindre de la malchance ».

La question de la filiation traverse l’ouvrage. « Il est d’autant mieux devenu mon père que, de toutes mes forces et de toutes mes peurs, j’ai voulu devenir son fils », écrit l’auteur. Cette réflexion sur l’adoption prend une résonance particulière quand on sait qu’Éric Fottorino rencontrera plus tard son père biologique, sans que cela n’altère le lien profond tissé avec Michel.

Le récit oscille entre lumière et ombre. La lumière de la Tunisie natale, des pâtisseries orientales, de la « chaleur qui passait dans sa voix ». L’ombre des non-dits, des secrets jamais percés, de cette « phobie maladive de la paperasse » qui conduira peut-être Michel à sa perte. La culpabilité du fils qui se demande s’il aurait pu empêcher le drame irrigue le texte, mais sans jamais verser dans le pathos.

Les critiques saluent unanimement la pudeur avec laquelle Éric Fottorino aborde ce sujet intime. Le directeur du journal Le Monde parvient à transformer une tragédie intime en une méditation universelle sur la paternité, l’amour filial et le poids des silences. Michel continue d’ailleurs à vivre dans les romans de son fils, où il apparaît sous différents visages, notamment celui de « l’accordeur de corps » dans « Un territoire fragile ».

Aux éditions FOLIO ; 176 pages.


3. Dix-sept ans (2018)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Un dimanche de décembre, Lina, 75 ans, convoque ses trois fils pour leur révéler un secret qui l’étouffe : en 1963, elle a donné naissance à une petite fille qu’on lui a arrachée dès la naissance pour la confier à l’adoption. Cette confession bouleverse particulièrement Éric, son fils aîné, né deux ans plus tôt alors qu’elle n’avait que dix-sept ans. Incapable de manifester la moindre émotion face à cette mère qu’il n’a jamais su aimer, qu’il a toujours appelée par son prénom plutôt que « maman », il décide de partir pour Nice, sa ville natale. Dans les ruelles de la vieille ville, il tente de reconstituer le passé de cette jeune fille de dix-sept ans, envoyée loin de sa famille pour cacher sa grossesse illégitime. Cette quête des origines devient peu à peu le chemin d’une réconciliation entre un fils et sa mère.

Autour du livre

« Dix-sept ans » s’inscrit dans une longue quête identitaire entamée par Éric Fottorino à travers ses précédents livres. Après avoir évoqué ses deux pères – le biologique dans « Le marcheur de Fès » et l’adoptif dans « L’homme qui m’aimait tout bas » – il s’attaque ici à la figure maternelle, un sujet qu’il a mis plus de trente ans à pouvoir aborder. Ce roman autobiographique trouve sa source dans une confidence tardive qui révèle la violence des années 1960 envers les filles-mères.

Fottorino y dénonce avec force le rôle de l’Église catholique dans le trafic d’enfants nés hors mariage : « À cette époque, l’Église trafique à qui mieux mieux les bâtards des filles perdues. Des femmes stériles, une épreuve envoyée par le Seigneur, se font confectionner ces prothèses ». La grand-mère maternelle incarne cette société corsetée par les préjugés religieux et l’antisémitisme, où une grossesse illégitime signifie déshonneur et rejet.

La construction du récit alterne entre le présent de la révélation et les errances niçoises du narrateur. Ces déambulations physiques dans la ville natale permettent une reconstruction mentale du passé, où l’imaginaire comble les silences d’une mère trop longtemps murée dans sa douleur : « C’est dans le silence que nous nous sommes perdus. Le silence. Il est devenu notre marque de fabrique ».

« Dix-sept ans » a reçu en 2019 le Prix de la Mémoire longue dans le cadre du Printemps proustien en Eure-et-Loir. Il trouve sa suite en septembre 2023 avec « Mon enfant, ma soeur », long poème en prose entièrement dédié à l’enfant disparue. Cette continuité témoigne d’une blessure familiale qui ne cesse de résonner à travers l’écriture.

Sans pathos ni jugement, Fottorino parvient à transformer une histoire personnelle en témoignage universel sur les ravages des secrets de famille et la possibilité, même tardive, d’une réconciliation. Le livre s’achève sur une note d’espoir, quand le fils parvient enfin à nommer celle qu’il appelait Lina : « petite maman ».

Aux éditions FOLIO ; 288 pages.


4. Mon enfant, ma sœur (2023)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

En 1963, trois ans après la naissance d’Éric Fottorino, sa mère Lina, âgée de vingt ans, donne naissance à une petite fille dans une institution religieuse bordelaise. Sur ordre de sa grand-mère maternelle, le nourrisson est immédiatement arraché à sa mère et confié à l’adoption. Ce n’est qu’en 2018 qu’Éric Fottorino apprend l’existence de cette sœur disparue. Dans ce long poème en prose sans ponctuation, il s’adresse à cette inconnue qu’il surnomme Harissa, s’imaginant leur enfance commune, les jeux partagés, la complicité manquée. Mais au-delà des souvenirs inventés, une véritable enquête prend forme : de Bordeaux à Paris, le frère suit la piste de cette sœur née un 10 janvier 1963, dans l’espoir de réunir enfin la mère et la fille.

Autour du livre

« Mon enfant, ma sœur » s’inscrit dans une démarche autobiographique entamée par Éric Fottorino en 1991 avec « Rochelle ». Cette quête identitaire se poursuit à travers plusieurs ouvrages dont « Korsakov », « L’homme qui m’aimait tout bas » et « Dix-sept ans », chacun levant un nouveau voile sur son histoire familiale tourmentée.

Le titre, emprunté au poème « L’invitation au voyage » de Baudelaire, résonne comme une promesse de réunion. Cette référence littéraire prend tout son sens dans la forme même du texte : un long poème en prose dépourvu de ponctuation, qui épouse les mouvements de l’âme, entre douleur et espérance.

Le récit met en lumière les pratiques d’une époque où la morale sociale écrasait les destins individuels. La grand-mère, gardienne d’une noblesse déchue, ne peut tolérer que sa fille enfante hors mariage, de surcroît avec des hommes d’origines différentes. L’institution religieuse bordelaise apparaît comme le bras armé de cette morale inflexible, « curetant les ventres, éventrant les âmes ».

La force du texte réside dans sa capacité à entrelacer plusieurs temporalités : le présent de l’enquête, le passé traumatique et un temps imaginaire où frère et sœur grandissent ensemble. Fottorino crée une géographie intime où Bordeaux, La Rochelle et Paris dessinent une cartographie de l’absence et des retrouvailles possibles.

La dimension poétique transcende le simple témoignage. Les jeux de mots (« être, naître, n’être rien ») et les énumérations à la Prévert construisent une musicalité particulière qui porte l’émotion sans jamais verser dans le pathos. Le texte oscille entre la « douceur » évoquée par Baudelaire et la violence de l’arrachement, entre le silence des secrets et la nécessité de la parole.

« Mon enfant, ma sœur » couronne trente années d’écriture autobiographique en apportant une forme d’apaisement. Les retrouvailles sur un quai de gare, relatées avec pudeur, suggèrent qu’une reconstruction est possible, même soixante ans après une séparation forcée.

Aux éditions GALLIMARD ; 288 pages.


5. Korsakov (2004)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

Dans le Bordeaux des années 1960, le petit François vit une enfance solitaire, marquée par l’absence d’un père et le poids d’une grand-mère dévote. À dix ans, le mariage de sa mère avec Marcel Signorelli lui offre une renaissance : il abandonne son patronyme Ardanuit pour celui de son père adoptif. Devenu neurologue respecté à Palerme, François s’auto-diagnostique à quarante ans le syndrome de Korsakov, une maladie neurologique qui dévore la mémoire tout en suscitant la création de faux souvenirs. Plutôt que de combattre ce mal qui l’affecte, il décide d’en faire son allié pour effacer les années sombres de son enfance. Il se réfugie alors dans les souvenirs magnifiés de son grand-père adoptif Fosco, ancien maire de Gafsa en Tunisie, dont les récits enchantés ont illuminé sa jeunesse.

Autour du livre

Publié en 2004 chez Gallimard, « Korsakov » est le septième roman d’Éric Fottorino. Il puise dans l’histoire familiale de l’auteur : le personnage de Marcel/Fosco s’inspire directement de son grand-père, qui a eu le temps de lire les épreuves du livre sur son lit de mort en janvier 2004 avant de murmurer « c’est ça, c’est ça… ».

La structure du récit en trois parties fait écho aux trois temporalités qui se mélangent dans l’esprit du protagoniste : l’enfance bordelaise sous le nom d’Ardanuit, la vie adulte de neurologue à Palerme, et l’épopée tunisienne du grand-père Fosco. Cette architecture sert admirablement le propos : la maladie de Korsakov devient une métaphore du travail romanesque, où la mémoire défaillante ouvre la voie à l’invention. Les jeux sur les noms propres – Ardanuit qui attire la nuit, Maman qui se prononce « comme gitane ou frangipane » – soulignent cette réflexion sur l’identité et ses mystères.

La première partie dépeint l’atmosphère étouffante du milieu catholique bordelais, où les Ardanuit « se tiennent chaud avec des presque et des peut-être, des demain si Dieu le veut. Dieu ne veut jamais ». La deuxième partie suit l’évolution de la maladie à Palerme, tandis que la troisième s’envole vers les mirages du désert tunisien.

Les thèmes de la paternité et de la filiation traversent l’ensemble du récit. Comment être père quand on n’a pas eu de père ? La réponse vient peut-être de Marcel Signorelli : « Tu es mieux qu’un enfant voulu. Tu es un enfant choisi. Le sang est toujours un accident. Pas les élans du cœur. »

Ce grand roman sur la mémoire et l’oubli s’inscrit aux côtés de « Baisers de cinéma » comme l’une des œuvres majeures de Fottorino. S’il n’a pas obtenu le Goncourt cette année-là, la reconnaissance est venue du Prix France Télévisions, présidé par Bernard Pivot, ainsi que du Prix Nice-Baie-des-Anges l’année suivante.

Aux éditions FOLIO ; 544 pages.


6. Baisers de cinéma (2007)

Disponible sur Amazon Disponible à la Fnac

Résumé

« Je suis né à Paris de mère inconnue et mon père photographiait les héroïnes. Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baiser de cinéma. » Gilles Hector, avocat parisien, tente de percer le mystère de ses origines après le décès de son père Jean, ancien directeur de la photographie renommé de la Nouvelle Vague. Dans sa quête, il fréquente assidûment les salles obscures du Quartier Latin, scrutant les visages des actrices des années 1960 à la recherche d’une ressemblance maternelle. Sa vie bascule lorsqu’il rencontre Mayliss, une femme mariée et mère d’un jeune enfant, avec qui il entame une liaison passionnelle et destructrice. En parallèle, la découverte de bobines Super 8 dans le studio paternel de l’île Saint-Louis le mène sur la piste d’une mystérieuse patiente d’un institut psychiatrique bordelais, Marie Bordenave, qui aurait péri dans l’incendie qu’elle aurait elle-même déclenché.

Autour du livre

Prix Femina 2007, « Baisers de cinéma » entrelace habilement trois fils narratifs : la quête des origines, une histoire d’amour dévorante et un hommage au 7ème art. Éric Fottorino dresse en contrepoint le portrait du directeur de la photographie Jean Hector, figure centrale du récit inspirée des grands noms de la Nouvelle Vague dont il livre une liste-hommage en épilogue. Les critiques littéraires ont fréquemment rapproché l’atmosphère du roman de celle des livres de Patrick Modiano, notamment dans sa géographie parisienne et son thème central de la recherche des origines familiales.

Le récit joue sur le clair-obscur, alternant entre l’univers lumineux du cinéma et les zones d’ombre de l’histoire familiale. La présence obsédante des photographies en noir et blanc, des salles obscures et des actrices mythiques comme Anouk Aimée, Jeanne Moreau, Anna Karina ou Catherine Deneuve crée une atmosphère nostalgique qui transcende la simple toile de fond historique.

Le personnage de Mayliss, tout comme la mère disparue, incarne cette dualité entre ombre et lumière qui traverse le roman. Sa relation avec Gilles reproduit inconsciemment le schéma paternel, entre fascination pour les figures féminines insaisissables et incapacité à construire des liens durables. L’épisode final de l’incendie du studio fait écho au drame de Mérignac, bouclant symboliquement cette réflexion sur la transmission des schémas familiaux.

Aux éditions FOLIO ; 224 pages.

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