Charlotte Link, née le 5 octobre 1963 à Francfort-sur-le-Main, est l’une des écrivaines allemandes les plus reconnues de sa génération. Fille du juriste Horst Link et de l’autrice Almuth Link, elle fait preuve d’un talent précoce en publiant son premier roman « Die schöne Helena » à seulement 19 ans.
Sa carrière prolifique couvre divers genres littéraires : romans historiques, thrillers psychologiques, littérature jeunesse et nouvelles. Son succès est remarquable avec plus de 32 millions d’exemplaires vendus dans l’espace germanophone (en 2022). Parmi ses œuvres majeures figure la trilogie « Le Temps des orages », adaptée avec succès à la télévision. En 2007, son œuvre est récompensée par le prestigieux prix Goldene Feder.
Elle réside à Wiesbaden, où elle s’engage activement dans la protection des animaux et donne des cours de langue à des réfugiés.
Voici notre sélection de ses romans majeurs.
1. Les enquêtes de Kate Linville – L’emprise du passé (2016)
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Dans une petite ville du Yorkshire, Richard Linville, ancien inspecteur de police, est retrouvé mort à son domicile. Le crime est d’une violence inouïe. Sa fille Kate, détective à Scotland Yard, décide de prendre un congé pour élucider le meurtre de son père. Elle se heurte à la réticence de Caleb Hale, l’enquêteur local tout juste sorti d’une cure de désintoxication, qui voit d’un mauvais œil cette intrusion dans son travail.
En parallèle, un autre drame se noue. Jonas et Stella, parents adoptifs d’un petit garçon, voient resurgir la mère biologique de l’enfant. Cette femme instable s’immisce dans leur vie avec son compagnon, plus intéressé par leur train de vie confortable que par l’enfant. Les deux histoires, en apparence sans lien, vont peu à peu se rejoindre tandis que Kate découvre un père qu’elle croyait connaître mais dont le passé recèle de sombres secrets.
Ce thriller psychologique de Charlotte Link, premier tome d’une trilogie, excelle dans l’art de maintenir la tension. Les chapitres courts alternent les points de vue et font progresser l’intrigue à un rythme soutenu. Le titre original « Die Betrogene » (Les trahies) souligne d’ailleurs cette thématique centrale de la duperie qui irrigue tout le récit.
Aux éditions J’AI LU ; 384 pages.
2. Les enquêtes de Kate Linville – Les disparues de la Lande (2020)
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Dans la petite ville côtière de Scarborough, au nord de l’Angleterre, le sergent-détective Kate Linville revient sur ses terres natales pour vendre la maison familiale. Mais son séjour prend une tournure macabre : le corps de Saskia Morris, une adolescente de 14 ans disparue depuis un an, vient d’être découvert sur la lande. La victime serait morte de faim.
L’affaire rebondit avec la disparition d’Amélie Goldsby, une fille du même âge que Saskia. Kate réside justement chez ses parents qui tiennent un bed & breakfast. La jeune fille réapparaît mystérieusement quelques jours plus tard, mais reste mutique. Ces disparitions font écho à celle d’Hannah Caswell, volatilisée trois ans plus tôt. Bien que l’enquête soit menée par l’inspecteur local Caleb Hale, Kate ne peut s’empêcher de mener ses propres investigations en parallèle.
Dans une atmosphère typiquement britannique – embruns glacés, landes désertes balayées par les vents – Charlotte Link livre un polar d’une redoutable efficacité. Son héroïne s’écarte des clichés : Kate Linville n’a rien d’une super-flic. Vulnérable, en proie au doute, elle avance à tâtons dans cette enquête aux ramifications insoupçonnées.
Aux éditions J’AI LU ; 608 pages.
3. Les enquêtes de Kate Linville – Les racines de la vengeance (2022)
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Kate Linville quitte Scotland Yard pour rejoindre la police de Scarborough, sa ville natale. Elle espère y travailler aux côtés de l’inspecteur Caleb Hale, mais celui-ci vient d’être mis à pied après une intervention catastrophique. Son arrivée dans le Yorkshire coïncide avec deux agressions mystérieuses : dans un train, elle sauve in extremis une femme poursuivie par un tireur fou. Quelques jours plus tard, une professeure fait une chute à vélo et se retrouve tétraplégique après avoir reçu une balle.
Les deux victimes ne semblent avoir aucun lien entre elles, si ce n’est l’arme utilisée pour les agresser. Kate Linville se lance dans l’enquête sous la direction d’un nouveau supérieur incompétent. Elle peut toutefois compter sur l’aide officieuse de Caleb Hale, qui tente de surmonter son alcoolisme. La situation se complique davantage quand l’une des victimes disparaît. Les investigations révèlent peu à peu une sombre histoire de vengeance aux racines anciennes.
Cette troisième enquête de Kate Linville brille par sa construction en miroir entre passé et présent. Charlotte Link y brode une intrigue policière dense tout en développant la psychologie de ses personnages. Un fil rouge traverse tout le roman : la vengeance comme seul exutoire face aux blessures qui ne guérissent jamais.
Aux éditions J’AI LU ; 512 pages.
4. Le sceau du secret (2005)
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Dans une demeure isolée du Yorkshire, trois couples d’amis allemands perpétuent depuis des années une tradition : passer leurs vacances ensemble à Stanbury House. Jessica, fraîchement mariée à Alexander, rejoint pour la première fois ce groupe soudé en apparence. Mais sous le vernis des conversations policées et des habitudes bien réglées, elle décèle rapidement des tensions larvées.
Un matin d’avril, au retour de sa promenade quotidienne, Jessica découvre une scène d’horreur : plusieurs corps sans vie gisent dans la maison. Cette découverte macabre fait éclater au grand jour les non-dits et les rancœurs qui minent depuis longtemps ces relations. Entre l’arrivée impromptue d’un homme qui prétend être l’héritier légitime de la propriété et la résurgence de secrets longtemps enfouis, les survivants s’observent avec méfiance.
Ce thriller psychologique de Charlotte Link s’écarte des conventions du roman policier pour disséquer la mécanique des relations toxiques. Le récit progresse par strates successives, dévoile peu à peu la vraie nature des personnages et maintient le doute sur l’identité du meurtrier jusqu’aux dernières pages. La description minutieuse des tensions interpersonnelles et l’atmosphère oppressante de la demeure construisent un huis clos implacable.
Aux éditions J’AI LU ; 608 pages.
5. L’enfant de personne (2011)
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Un soir de juillet 2008, une étudiante, Amy Mills, est retrouvée morte dans une ville côtière du Yorkshire, le crâne fracassé contre un mur. Quelques mois plus tard, non loin de là, le corps sans vie de Fiona Barnes, une septuagénaire, gît dans un ravin. Son meurtrier lui a écrasé la tête à coups de pierre. Le mode opératoire similaire suggère un lien entre ces deux crimes.
L’enquête sur le passé de Fiona met au jour des zones d’ombre qui remontent à 1940. À onze ans, pendant les bombardements de Londres, elle avait été placée dans une ferme du Yorkshire. Elle s’était liée d’amitié avec Chad, le fils de sa famille d’accueil. Ensemble, ils avaient pris en grippe un orphelin handicapé mental surnommé « Nobody ». Soixante-huit ans plus tard, ce secret ressurgit et semble avoir déclenché une terrible vengeance.
L’histoire s’appuie sur un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale : l’évacuation des enfants londoniens vers les campagnes. Charlotte Link en tire un thriller psychologique qui sonde les conséquences à long terme de la cruauté enfantine. Le récit alterne entre présent et passé avec un suspense qui ne faiblit jamais.
Aux éditions J’AI LU ; 608 pages.
6. Une femme surveillée (2013)
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Dans la banlieue londonienne contemporaine, deux femmes âgées sont sauvagement assassinées à quelques jours d’intervalle, après plusieurs semaines d’intimidation. Non loin des scènes de crime, Gillian Ward habite avec son mari Tom et leur fille. Cette mère de famille mène une existence en apparence harmonieuse, mais elle doit composer avec une adolescente difficile et un époux distant.
Son voisin Samson Segal, un marginal sans emploi, passe ses journées à épier chacun de ses gestes. Il idéalise la vie de Gillian jusqu’à l’obsession. Lorsque Tom est retrouvé mort dans leur maison, tué avec la même arme que les deux précédentes victimes, tous les soupçons se portent sur Samson. Mais les apparences sont parfois trompeuses.
La narration alterne entre les points de vue et dévoile la psychologie trouble de chaque protagoniste. Les personnages secondaires prennent de l’épaisseur au fil des pages, leurs destins s’entremêlent de façon inattendue. L’atmosphère pesante s’installe dès les premiers chapitres et ne relâche jamais son emprise jusqu’à une révélation finale sidérante.
Aux éditions J’AI LU ; 640 pages.
7. La maison des sœurs (2003)
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En décembre 1996, un couple d’avocats allemands loue Westhill Farm, une vieille demeure du Yorkshire, pour tenter de sauver leur mariage. Une tempête de neige les isole rapidement du monde extérieur. Privés d’électricité et de chauffage, Barbara et Ralph doivent affronter le froid et la faim. En cherchant du bois pour la cheminée, Barbara met la main sur un mystérieux manuscrit caché sous le plancher.
Ce document révèle l’histoire de Frances Gray, qui possédait autrefois la maison. Son récit démarre en 1907 et traverse les grands bouleversements du XXe siècle : le combat des suffragettes, les deux guerres mondiales, les mutations de la société anglaise. Entre sa lutte pour les droits des femmes, sa passion contrariée pour John Leigh et les drames qui frappent sa famille, Frances porte un lourd secret qui pourrait encore aujourd’hui mettre des vies en danger.
L’alternance entre présent et passé tisse une trame narrative dense où s’entremêlent grande Histoire et drames intimes. Les 700 pages déroulent une saga familiale qui aborde la condition féminine, les traumatismes de guerre et les non-dits destructeurs. Le personnage complexe de Frances Gray, femme forte mais dure, insuffle au récit une profondeur psychologique remarquable.
Aux éditions J’AI LU ; 736 pages.
8. Le soupirant (2009)
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Une jeune femme se jette par la fenêtre sous les yeux de Leona. Cet événement tragique la frappe de plein fouet alors que son mari Wolfgang choisit ce même moment pour la quitter. Dans sa détresse, elle rencontre Robert, le prétendu frère de la suicidée. Il se montre compréhensif, attentif, séduisant. Une histoire d’amour commence.
Les premières fissures apparaissent dans le comportement de Robert. Son attention se mue en surveillance constante, sa tendresse en possessivité maladive. Leona réalise qu’elle est la proie d’un pervers narcissique aux intentions mortelles. Une course contre la montre s’engage alors qu’elle tente d’échapper à son emprise.
Le suspense s’installe dès les premières pages à travers une mécanique psychologique implacable. La force du récit réside dans sa capacité à dévoiler la vraie nature du « soupirant » sans briser la tension narrative. Le dernier tiers du livre adopte le point de vue du manipulateur et plonge dans les méandres de son esprit dérangé, pour un final aussi glaçant qu’inattendu.
Aux éditions J’AI LU ; 480 pages.
9. Une fille en cavale (2018)
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Simon, un traducteur allemand divorcé, s’apprête à passer un triste Noël en solitaire dans le Sud de la France. Ses enfants ont décliné l’invitation, sa nouvelle compagne vient de le quitter. Sur une plage déserte, il croise le chemin de Nathalie, une jeune femme hagarde qui prétend fuir des tueurs. Par compassion, il décide de l’aider sans mesurer les conséquences de son geste.
En parallèle, dans une banlieue misérable de Sofia, un couple bulgare accepte de confier sa fille aînée à une prétendue agence de mannequins. Contre quelques milliers d’euros, Ninka doit partir pour Rome et une vie meilleure. Mais les semaines passent et aucune nouvelle n’arrive. Sa mère Ivana comprend avec effroi qu’elle a livré son enfant à un réseau de prostitution.
Charlotte Link déploie une intrigue tentaculaire entre la France et l’Europe de l’Est, sur fond de trafic d’êtres humains. Le récit alterne entre les différents protagonistes, distillant la tension par petites touches. Si certains personnages manquent parfois de relief, l’efficacité du suspense et le réalisme de la trame criminelle emportent l’adhésion.
Aux éditions J’AI LU ; 640 pages.
10. Le Temps des orages (2002)
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L’été 1914 marque la fin d’une époque dans la propriété prussienne des Degnelly. Félicia, dix-huit ans, héritière d’une famille de la haute bourgeoisie allemande, ne vit que pour les bals et rêve d’amour. La déclaration de guerre pulvérise son insouciance en quelques jours. Elle doit fuir sa demeure de Lulinn devant l’avancée russe, puis s’engage comme infirmière sur le front Est, témoin impuissante de l’horreur des tranchées.
Son parcours la mène des champs de bataille aux salons berlinois, puis jusqu’au cœur de la révolution russe. Deux hommes bouleversent sa trajectoire : Maksim, un révolutionnaire bolchévique qu’elle aime éperdument, et Alex Lombard, un mari de raison qui lui ouvre les portes du monde des affaires. Dans une Allemagne vaincue, humiliée par le traité de Versailles puis frappée par la crise de 1929, Félicia se transforme en femme d’affaires implacable.
Ce premier tome d’une trilogie rappelle « Autant en emporte le vent ». La comparaison ne tient pas du hasard : même période troublée, même personnage principal féminin complexe et controversé. Mais l’originalité du livre tient dans sa perspective allemande sur ces années cruciales. Le récit se déploie avec une précision historique remarquable, sans tomber dans le piège de la simple chronique.
Aux éditions LE LIVRE DE POCHE ; 574 pages.