Carlos Castaneda (1925-1998) est un écrivain américain d’origine péruvienne, devenu célèbre pour ses ouvrages relatant ses expériences mystiques avec un chaman yaqui.
Né à Cajamarca au Pérou le 25 décembre 1925, il immigre aux États-Unis en 1951 où il étudie l’anthropologie à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). En 1968, son mémoire de maîtrise intitulé « L’herbe du diable et la petite fumée » devient un best-seller inattendu. Dans ce livre et les suivants, il raconte sa rencontre avec don Juan Matus, un sorcier yaqui qui l’aurait initié aux pratiques chamaniques anciennes.
Bien que la véracité de ses récits ait été contestée par le monde universitaire – don Juan n’ayant jamais été retrouvé – ses livres ont connu un immense succès, vendus à 28 millions d’exemplaires et traduits en 17 langues. Il est considéré comme l’un des pères du mouvement New Age.
Dans les années 1990, il fonde l’organisation « Cleargreen Inc. » pour promouvoir la « Tensegrity », une forme moderne de mouvements chamaniques qu’il présente comme héritée des traditions toltèques.
Très discret de son vivant, évitant photos et interviews, il meurt le 27 avril 1998 à Los Angeles des suites d’un cancer du foie. Sa mort ne sera annoncée que deux mois plus tard, perpétuant jusqu’au bout le mystère qui entourait sa vie.
Voici notre sélection de ses livres majeurs.
1. L’herbe du diable et la petite fumée (1968)
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Au début des années 1960, un jeune anthropologue de l’université de Californie part dans le désert de l’Arizona pour étudier les plantes médicinales mexicaines. Carlos Castaneda y fait la rencontre de don Juan Matus, un sorcier de la tribu Yaqui, qui accepte de l’initier aux pratiques chamaniques séculaires. Pendant quatre ans, le vieil Indien guide son apprenti dans la découverte de trois substances psychotropes traditionnelles : la datura, la psilocybine et le peyotl.
Les séances d’initiation se succèdent dans le désert mexicain, mêlant rituels chronophages et préparations minutieuses des plantes sacrées. Sous l’influence de ces substances, Castaneda vit des expériences surnaturelles : il se métamorphose en corbeau, dialogue avec des entités mystiques, affronte ses peurs les plus intimes.
Publié en 1968, le livre suscite immédiatement la polémique. D’abord présenté comme une thèse universitaire en anthropologie, il est rapidement remis en question par la communauté scientifique qui le classe aujourd’hui dans la catégorie fiction. Cette classification n’a pas freiné son succès retentissant : plus de 10 millions d’exemplaires vendus aux États-Unis et une influence majeure sur toute une génération en quête de spiritualité alternative.
Aux éditions 10/18 ; 336 pages.
2. Voir – Les enseignements d’un sorcier yaqui (1971)
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Dans les années 1960, un jeune anthropologue de l’Université de Californie, Carlos Castaneda, part au Mexique pour étudier les plantes hallucinogènes. Sa rencontre avec don Juan Matus, un sorcier yaqui, bouleverse ses plans initiaux : le vieil homme accepte de le prendre comme apprenti et de lui transmettre sa connaissance ancestrale.
« Voir – Les enseignements d’un sorcier yaqui », publié en 1971, retrace cinq années d’apprentissage entre 1960 et 1965. Sous la tutelle de don Juan, Castaneda expérimente le peyotl et d’autres substances psychotropes qui modifient sa perception du monde. L’objectif n’est pas tant l’étude ethnologique des drogues que l’accès à ce que son maître nomme le « Voir » : une capacité à percevoir l’énergie qui circule dans l’univers. Le récit suit sa progression, de ses premiers pas hésitants jusqu’à sa rencontre avec un second « brujo » (sorcier), don Genaro.
Entre chamanisme et philosophie, le livre a marqué toute une génération, notamment les artistes du « mouvement psychédélique ». Sa parution soulève pourtant la controverse : plusieurs chercheurs mettent en doute l’authenticité du récit et l’existence même de don Juan. Le groupe Tool s’en inspire pour composer « Third Eye », tandis que les hippies y voient un manifeste spirituel. Cette ambiguïté entre autobiographie et fiction ne fait qu’ajouter à la puissance du texte, qui interroge les limites de notre perception ordinaire du réel.
Aux éditions FOLIO ; 349 pages.
3. Le voyage à Ixtlan – Les leçons de don Juan (1972)
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Dans ce troisième opus publié en 1972, Carlos Castaneda poursuit son apprentissage auprès de don Juan Matus, un chaman yaqui vivant entre l’Arizona et le Mexique. Le jeune anthropologue documente ses rencontres avec ce maître énigmatique qui tente de lui enseigner une autre vision du monde, radicalement différente de sa formation universitaire occidentale. Don Juan, accompagné de son ami don Genaro, guide Carlos sur le chemin du « guerrier », un état qui transcende la perception ordinaire de la réalité.
Contrairement à ses précédents ouvrages où les plantes psychotropes occupaient une place centrale, Castaneda reconnaît ici leur rôle secondaire. L’essence de l’enseignement réside plutôt dans l’art « d’arrêter le monde », une pratique qui permet d’accéder à des états de conscience élargis. Le titre fait référence à Ixtlan, ville métaphorique représentant l’impossibilité pour celui qui s’engage sur « la voie du guerrier » de revenir à son ancienne vie.
Aux éditions FOLIO ; 340 pages.
4. Histoires de pouvoir (1974)
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Dans ce quatrième volet des enseignements de don Juan, Carlos Castaneda poursuit son apprentissage auprès du chamane yaqui dans le désert mexicain. L’histoire se déroule principalement dans des lieux urbains : places publiques, restaurants et parcs de Mexico où don Juan, vêtu en citadin, guide son disciple vers une transformation radicale de sa perception du réel.
Le récit suit la progression de Castaneda, étudiant en anthropologie, qui doit se défaire des contraintes de la raison pour devenir un « guerrier », puis un « homme de connaissance ». À travers une série d’expériences mystérieuses orchestrées par don Juan et son complice don Genaro, Castaneda découvre l’existence de réalités parallèles et apprend à naviguer entre le « tonal » (le monde ordinaire) et le « nagual » (le monde des esprits).
Le livre culmine dans un dénouement spectaculaire où don Juan dévoile enfin les secrets qui sous-tendent toutes les expériences déconcertantes vécues par Castaneda depuis le début de son apprentissage. Cette révélation finale propulse le disciple vers une ultime épreuve qui scellera sa transformation.
Publié en 1974, « Histoires de pouvoir » marque un tournant dans la série en proposant une synthèse cohérente des enseignements précédents. Une méditation puissante sur les frontières de la conscience ordinaire et les possibilités inexploitées de l’esprit humain.
Aux éditions FOLIO ; 386 pages.
5. Le second anneau de pouvoir (1977)
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Dans ce cinquième tome de la saga de don Juan, Carlos Castaneda retrouve le Mexique après avoir achevé son apprentissage auprès du chaman yaqui. À son retour, il découvre que son mentor a formé d’autres disciples en secret. Sa première rencontre avec Doña Soledad, métamorphosée par la sorcellerie, manque de lui être fatale : elle tente de le tuer pour s’emparer de son « essence vitale ».
L’intrigue se noue autour des relations complexes entre Carlos et les autres apprentis : quatre femmes surnommées « les sœurs » et trois hommes, « les Genaros ». « La Gorda », la plus accomplie du groupe, devient son mentor et l’aide à approfondir les enseignements de don Juan. Ensemble, ils affrontent « les alliés », ces entités mystérieuses que leur maître conservait dans des « gourdes invisibles ».
Ce livre constitue une mutation majeure dans le cycle de don Juan. L’accent mis sur les personnages féminins révèle une autre facette de la tradition chamanique mexicaine. La notion de « second anneau de pouvoir » renvoie à la faculté de transcender la perception ordinaire pour accéder au « Nagual », le domaine de l’inexplicable.
Aux éditions FOLIO ; 392 pages.
6. Le don de l’Aigle (1981)
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Dans ce sixième opus de sa célèbre série, Carlos Castaneda revient sur ses années d’apprentissage auprès du chaman yaqui don Juan Matus au Mexique. L’anthropologue découvre qu’une partie entière de son expérience lui avait échappé : pendant toutes ces années, don Juan l’avait régulièrement fait basculer dans un « état de conscience accrue » dont il ne gardait aucun souvenir. Ces moments oubliés resurgissent maintenant dans sa mémoire, révélant une dimension insoupçonnée de son initiation.
Ces souvenirs retrouvés dévoilent l’existence d’une communauté étendue de « guerriers-sorciers » gravitant autour de don Juan. Parmi eux, un groupe est destiné à suivre Castaneda, choisi comme nouveau Nagual (guide spirituel) pour perpétuer la lignée. Leur quête : créer un « double » parfait d’eux-mêmes à offrir à l’Aigle, entité mystique qui dévore la conscience des êtres à leur mort, afin d’échapper à ce sort.
Publié en 1981, ce livre marque un tournant dans l’œuvre de Castaneda. La cosmologie toltèque y prend une place centrale, avec l’introduction de l’Aigle comme figure divine et l’accent mis sur des pratiques ascétiques extrêmes – certains disciples passent des années en isolement total dans des caisses en bois.
Aux éditions FOLIO ; 432 pages.
7. Le feu du dedans (1984)
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Dans « Le feu du dedans », Carlos Castaneda poursuit son apprentissage auprès de don Juan, un chaman yaqui du Mexique. Le récit se déroule dans les années 1970 et relate les enseignements ésotériques transmis par don Juan sur la perception du monde et les différentes réalités accessibles aux « voyants ». Castaneda, anthropologue de formation, découvre l’existence d’un point d’assemblage dans le corps énergétique humain, capable de modifier radicalement la conscience et d’ouvrir l’accès à d’autres dimensions.
Don Juan expose la différence entre les anciens et les nouveaux voyants toltèques. Les premiers, malgré leurs immenses pouvoirs, ont succombé à la fascination de leurs découvertes. Les seconds ont développé une approche plus sage, fondée sur trois techniques : la maîtrise de la conscience, l’art du pistage et l’intention. Ces enseignements conduisent Castaneda à percevoir un univers où les êtres humains sont des cocons lumineux traversés par les « émanations de l’Aigle », force primordiale qui consume la conscience des êtres à leur mort.
Septième opus de la série, les concepts qui y sont développés trouvent aujourd’hui des échos surprenants dans certaines théories de la physique quantique, notamment sur la nature de la conscience et la multiplicité des réalités.
Aux éditions FOLIO ; 429 pages.
8. La force du silence – Nouvelles leçons de don Juan (1987)
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Dans « La force du silence », Carlos Castaneda relate ses apprentissages auprès de don Juan, un chaman mexicain qui l’initie aux mystères de la sorcellerie traditionnelle. Le récit se déroule dans les années 1980, principalement dans le désert de Sonora, où don Juan transmet à son disciple les concepts les plus abstraits de son enseignement.
Au cœur de ces leçons se trouve la notion du « point d’assemblage », une zone énergétique entourant le corps humain. Don Juan enseigne à Castaneda comment déplacer ce point pour modifier sa perception de la réalité. Il l’emmène dans des grottes sacrées, provoque des états de conscience modifiée en le frappant dans le dos, et partage l’histoire de sa propre formation auprès des naguales Elias et Julian. Progressivement, Castaneda découvre que la véritable connaissance ne passe pas par les mots mais par une compréhension silencieuse de l’intention.
Aux éditions FOLIO ; 350 pages.
9. L’art de rêver – Les quatre portes de la perception de l’univers (1993)
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Dans « L’art de rêver », Carlos Castaneda relate treize années d’apprentissage auprès de don Juan Matus, un chaman yaqui mexicain. Le livre s’ouvre sur les enseignements fondamentaux : le monde perceptible n’est qu’une construction sociale, et le rêve permet d’accéder à d’autres niveaux de conscience. Don Juan guide Castaneda à travers les « sept portes du rêve », un parcours initiatique qui débute par la prise de conscience pendant le sommeil.
L’apprentissage s’intensifie quand Castaneda pénètre dans le royaume des êtres « inorganiques », des créatures qui se nourrissent d’énergie. Fasciné par leurs promesses de connaissance, il manque de succomber à leur influence. Don Juan et Carol Tiggs interviennent pour le sauver, lui révélant les dangers de ces entités. Le récit s’achève sur une énigmatique rencontre avec le « défieur de la mort », qui l’emporte dans une expérience de neuf jours.
Christopher Nolan s’est inspiré de ce livre pour son film « Inception » en 2010. La description minutieuse des techniques de rêve lucide, notamment celle consistant à regarder ses mains pour prendre conscience que l’on rêve, influence encore aujourd’hui les pratiquants.
Aux éditions POCKET ; 318 pages.